Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie: matérialisme historique et dissémination - Calvaire

lundi, 4 octobre 2004

Submitted by Craftwork on January 24, 2017

La dissémination s’impose comme seule condition vraiment généralisée. C’est ainsi qu’une méthode matérialiste historique (postmarxiste) renouvelée et mise à jour permet de voir notre époque.

Partons donc de cette dissémination pour entrevoir sa possible synthèse théorique et son dépassement révolutionnaire...

Dans les deux premiers articles publiés ici sur le site web de Meeting, j’ai abordé le développement des nouveaux modes d’organisation, des nouvelles formes de vie et de luttes, qui selon moi peuvent s’articuler en lien avec la problématique théorique et pratique de la communisation généralisée comme révolution. J’esquisserai ici les fondements d’une refondation du matérialisme historique qui fondent la théorie de la communisation telle que je la formule. Cet article est le premier d’une série sur cette question.

Il y a ce qui fait en déterminations/dominations le monde postmoderne dans lequel nous vivons. Il y a d’un autre côté ce qui le conteste.

La constellation postmoderne des déterminations se constitue en une pluralité relativement autonome mais aussi relativement unitaire de formes de domination : le patriarcat toujours bien vivace, le capitalisme (actualisé d’une manière ultime sous sa forme néolibérale mondialisée), l’étatisme (de la droite conservatrice et réactionnaire à la gauche plurielle sociale-démocrate collabo), le règne de la gestion impériale et généralisée des modes et formes de vie (de la famille et de l’école à l’entreprise, de la psychiatrie à la prison, du syndicalisme à l’ordre communautaire démocrate radical et citoyenniste, l’écocide, le nouvel impérialisme guerrier, le racisme, l’hétérosexisme, les médias de masses...)...

La constellation postmoderne de la contestation radicale s’affirme comme généralisation des militantismes particuliers (des diverses formes de l’altermondialisme radical qui ne font que contester le grand capital et les organisations mondiales du capitalisme aux luttes radicales contre les ogm, les déportations, le sexisme, l’hétérosexisme, l’homophobie, le racisme...) ou dans sa frange d’autoorganisation dans les mouvements des autonomies (à travers les mouvements autonomes surtout en Europe et en Amérique latine), autodéterminations (les différentes luttes autonomistes), autogestions et modes de vie particularisés et atomisés (du punk aux néo-hippies, des écologistes radicaux des écovillages aux redskins...). Il existe des modes de radicalité mais disséminés. Il n’existe plus de véritable sujet (au singulier) révolutionnaire conscient de lui-même. D’où la critique incisive de la notion de prolétariat et l’affirmation du concept des multitudes comme forces disséminantes. Il n’existe plus non plus de mouvement (au singulier également) révolutionnaire qui ne serait qu’essentiellement unitaire (qui pourrait donc faire fi des singularités, des différences, de l’hétérogénéité du mouvement, de la complexité...).

Contre cette parcellisation et cette dissémination des luttes et formes de vie se posant comme changements radicaux, il existe un retour de la vieille gauche désuète qui se vit comme marxisme-léninisme, maoïsme, anarcho-communisme de la tradition (de la tradition des Bakounine, Kropotkine, Malatesta, etc.)... Cette impossible vieille gauche voudrait faire fi de la dissémination opérée qui existe comme conditions et déterminations actuelles. Elle s’enfonce dans le programmatisme de la révolution comme affirmation du prolétariat, programme prolétariste unificateur, bref comme volonté de réalisation de la société autogérée du travail et de la consommation, comme le communisme d’antan avec phase de transition étatiste ou non. Elle semble ignorer la donne fondamentale de la disparition d’une culture prolétarienne vraiment généralisée et de la dissémination du prolétariat en couches diversifiées à l’infini ou presque d’individus aux conditions et identités diverses, aux formes de travail diverses (du travailleur autonome au bureaucrate, du technicien au gestionnaire, du salarié plus traditionnel au pigiste, de l’employé de soutien à l’organisateur...) ou de sans emplois (heureux ou malheureux d’être sans emplois, sans emplois d’une manière temporaire ou plus ou moins permanente...). Elle ne fait trop souvent que contester la domination/exploitation du travail et penser son communisme. Elle regrette sa belle époque du prolétariat comme sujet relativement commun et unifié.

Il y a aussi ceux qui contestent la vieille gauche (sous le nom de programmatisme) au seul nom de la lutte révolutionnaire du prolétariat qui viserait sa propre abolition dans le mouvement de destruction du capitalisme et des classes et qui se heurtent ou se heurteront tôt ou tard aux problèmes similaires concernant la disparition du prolétariat comme classe unifiée. Cette classe unifiée que nous nommions prolétariat n’a pas à s’abolir car l’histoire l’a déjà anéantie.

Bref, la dissémination s’impose comme seule condition vraiment généralisée. C’est ainsi qu’une méthode matérialiste historique renouvelée et mise à jour permet de voir notre époque. Un matérialisme historique de la complexité, pluraliste, qui ne centralise pas son analyse autour des seules contradictions socioéconomiques dont des classes sociales vues comme assez mécaniquement antagoniques, un matérialisme historique renouvelé et mis à jour, forcément postmarxiste donc...

Partons donc de cette dissémination pour entrevoir sa possible synthèse théorique et son dépassement révolutionnaire...

Commentaires :


  • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, Lola, 8 octobre 2004

    Je veux bien qu’il faille être postmarxiste ou même postmarxien, mais il me semble que, même si le prolétariat a disparu comme "classe unifiée" et comme "sujet commun" et "conscient", les classes existent encore bel et bien, puisqu"il y a toujours rapport d’exploitation. Même si la plus value a changé de forme et que les activités non manufacturières engendrent aussi de la valeur (et de plus en plus), je ne vois pas comment tu peux réduire l’analyse du rapport d’exploitation à la "seule contradiction socioéconomique (..) des classes sociales vues comme assez mécaniquement antagoniques".

    La "dissémination" comme "seule condition généralisée" reflète, selon moi, la décomposition-recomposition d’une classe que, faute de mieux, j’appellerai encore prolétariat, et dont il me semble impossible de nier l’existence.

    Comment sinon, par quel miracle, ces sujets "disséminés" et qui ne seraient donc pas unis face à la classe des oppresseurs-exploiteurs pourraient parvenir à une "pratique de la communisation généralisée comme révolution" ?

    Lola


    • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, Calvaire, 10 octobre 2004

      ’’je ne vois pas comment tu peux réduire l’analyse du rapport d’exploitation à la "seule contradiction socioéconomique (..) des classes sociales vues comme assez mécaniquement antagoniques".’’

      Le rapport d’exploitation me semble juste plus complexe qu’un rapport mécanique entre deux classes, ou entre le prolétariat et le Capital. Comme je l’écris dans La recomposition du mouvement révolutionnaire et dans ce texte, il m’apparaît y avoir une diversité disséminée de conditions subjectives et objectives, entre autres des rapports d’exploitation et bien d’autres formes de domination.


      • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, lilou, 25 janvier 2005

        En gros c’est quoi le materialisme parce que la j’ai bo vous lire je comprend pas !!!


        • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, Calvaire, 29 janvier 2005

          Partir des conditions actuelles des déterminations ainsi que de l’état des luttes ainsi de leur histoire pour resituer la problématique révolutionnaire, faire l’histoire du point de vue des dominations ainsi que des facteurs de la reproduction de la vie sociale et des forces en présence pour situer la reconstruction du mouvement révolutionnaire... c’est ce que je résumerais comme étant faire une analyse matérialiste historique.

          ’’Le matérialisme historique est tout d’abord une explication, une conception de l’histoire, et surtout, des grands événements, des grands mouvements des peuples, des grands renversements sociaux. Chaque événement historique est composé d’actions d’hommes, d’hommes qui transforment ou luttent pour transformer le monde. Quelles sont les forces qui les poussent ? Explication de l’histoire, cela signifie donc explication des motifs, des causes qui ont obligé les hommes à agir.’’

          - Anton Pannekoek

          voir son texte sur le matérialisme historique à http://www.marxists.org/francais/pa...

          Il y aurait bien d’autres choses à dire, je reviendrai donc sur ce sujet bientôt.



  • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, leckert, 10 octobre 2004

    Camarade , tu est tombé dans le négrisme le plus total !

    En effet, il n’existe plus de sujet révolutionnaire conscient de lui-même mais ce n’est pas pour ça qu’il n’existe plus d’OBJET révolutionnaire .

    Ta théorie (qui est la même que Négri ), mettant la subjectivité comme facteur central, n’est ni "post"-marxiste ni (encore moins) matérialiste.

    Un des plus grands apports de Marx (un des seuls d’ailleurs) est la méthode d’analyse en conditions objectives et conditions subjectives.

    Force est de constater que les conditions subjectives (perceptions unitaires et commune du monde,etc...) ont bien changées . Mais ce n’est parceque la perception du monde a changée que celui-ci a changé . Tout au plus le système capitaliste à évoluer (en suivant d’ailleurs dans les grandes lignes ce que Marx avait plus ou moins démontré : destruction de la force de travail, baisse du taux de profit, etc....) . Pour ce qui est de la création de valeur par les acivités "immatérielles" excuse-moi mais c’est une grosse connerie ; l’extension de la marchandisation de tout comportement humain et l’extension mondiale du capitalisme n’est que la tentative de résister à la crise d’un système non-viable ... et là on reste toujours dans ce que Marx avait démontré.

    Comme le dit Tiqqun , on est passé du moment économique du capitaliste à un moment politique du capitalisme. Cad que toute l’organisation sociale revisitée par les cyberneticiens a pour but de maintenir politiquement le système face à son impossibilité économique . C’est dans ce sens , je crois, qu’il faut comprendre le developpement de l’économie immatérielle.

    Ce que tu appelles "disséminations" est , à mon avis (mais aussi à celui des situs, et post-situs) , une straté"gie politique de destructions des conditions subjectives du communisme .

    Ca a d’ailleurs si bien marché que même les "penseurs" de gauche radicale (comme Négri ou toi apparement ) claironnent la fin du prolétariat et donc des contradictions objectives pour mettre en avant la subjectivité .

    Le processus de communisation est à l’inverse de toute ces thèses, le processus qui visent à l’abolition du prolétariat en tant que catégorie OBJECTIVE et non en tant que catégorie SUBJECTIVE . C’est le processus qui met fin au régime de séparation généralisé qui organise la société capitaliste post-moderne .

    N’etant pas un grand théoricien et ne m’exprimant que rarement par écrit , j’espère avoir été assez clair .


    • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, Calvaire, 10 octobre 2004

      Je te répondrai en détails plus tard. Mais en attendant disons que tu me cherches des poux negristes. Tu me fais même parler de travail immatériel alors que je n’en parle pas.

      Et affirmer, n’est pas prouver :

      ’’Ce que tu appelles "disséminations" est , à mon avis (mais aussi à celui des situs, et post-situs) , une straté"gie politique de destructions des conditions subjectives du communisme.’’

      ’’Le processus de communisation est à l’inverse de toute ces thèses, le processus qui visent à l’abolition du prolétariat en tant que catégorie OBJECTIVE et non en tant que catégorie SUBJECTIVE . C’est le processus qui met fin au régime de séparation généralisé qui organise la société capitaliste post-moderne ."

      Expliques, comment tu en arrives là et on pourra débattre, cela aura moins l’air de sortir d’affirmations dogmatiques sans poids autres que l’autorité.

      ’’En effet, il n’existe plus de sujet révolutionnaire conscient de lui-même mais ce n’est pas pour ça qu’il n’existe plus d’OBJET révolutionnaire .’’

      Quel objet et quels processus ?

      "Ta théorie (qui est la même que Négri ), mettant la subjectivité comme facteur central, n’est ni "post"-marxiste ni (encore moins) matérialiste.’’

      Ce n’est pas la subjectivité qui est au centre de ma pensée mais plutôt justement quelque chose comme le rapport entre les conditions subjectives et les conditions objectives. D’ailleurs, plus que toute autre chose, la dissémination me semble la condition objective la plus flagrante de ce monde au niveau des luttes politiques. C’est que je montrais dans ce texte plus particulièrement.

      Et comme je l’exprime dans La recomposition du mouvement révolutionnaire, il existe encore des mouvements même si cette classe unitaire-sujet révolutionnaire qu’on appelait le prolétariat, fruit de l’imaginaire théorique de Marx et des autres, me semble morte et enterrée depuis déjà un certain temps.


      • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, Calvaire, 13 octobre 2004

        En ajout à la discussion, je reprends ce passage d’un autre échange.

        ’’bon le communisme est une invention, tu me diras oui da. mais pas une essence ? alors quoi ? un accident ?’’

        Ni une essence, ni un accident. Mais quelque chose dont les possibilités et les conditions émergent historiquement, dans des conditions définies. Ce peut être vu aussi comme une création sociale-historique, fruit de l’imaginaire instituant, au sens de Castoriadis...

        Le matérialisme historique au sens stalinien est bien ’’l’idéologie de gouvernement tirée des quelques bribes de marx parmi les plus malheureuses’’. Mais comme théorie et philosophie rigoureuses ayant des visées synthétiques en ce qui concerne l’analyse et la théorisation de l’histoire, c’est un travail de la pensée qui nous permet de nous-même nous saisir historiquement et de penser les modes de domination qui sont à combattre. C’est une pensée enracinée et enracinante.

        Quant à cette dernière phrase, ’’c’est un peu le pcf, ou les verts, quelque chose comme ça. la "science" sans la révolution, non ?’’

        C’est juste de la calomnie. Je dirais plus que refonder le matérialisme historique avec la pensée des conditions sociohistoriques de notre époque et les acquis théoriques de l’histoire, c’est continuer la lutte théorique que menait Marx contre les illusions idéalistes et autres dérives bourgeoises de la pensée qui toujours nous font reculer dans l’obscurité, c’est poursuivre le volet théorique de la lutte contre la domination.


      • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, Marx_en_liberté, 23 novembre 2004

        Je crois que le centre du problème dont cette théorie souffre, et dont toutes les variantes post-modernes sont pitoyablement affligées, est la classification du capitalisme comme une forme d’oppression alors que le trait fondamental du capitalisme est plutôt l’exploitation.

        C’est avec la richesse issue de l’exploitation et centralisée dans les mains de quelques-uns que le système d’oppression et d’exploitation est construit. Là réside la base matérielle la plus solide de n’importe quelle théorie révolutionnaire : pas de pouvoir sans contrôle des ressources par les gens au pouvoir. Si la bourgeoisie peut se payer la police, les prisons, les tribunaux, l’armée, les médias et toutes les autres instutions de répression et de contrôle social, c’est uniquement grâce aux richesses immenses qu’elle vole quotidiennement aux travailleurs et aux travailleuses du monde entier. Dans ce vol réside tout le pouvoir de l’ennemi.

        En ce sens, vouloir "un matérialisme historique de la complexité, pluraliste, qui ne centralise pas son analyse autour des seules contradictions socio-économiques (...)" exige de démontrer que le contrôle des ressources et des richesses n’est pas l’élément central de tout pouvoir.

        En l’absence de cette démonstration pour l’instant, force m’est de constater que puisque les travailleurs produisent toute la richesse et qu’ils ne la contrôlent pas toute, ils sont collectivement l’objet de l’exploitation capitaliste. D’où mon accord avec Leckert pour constater qu’il existe effectivement un groupe social - une classe - qui est un objet révolutionnaire, puisqu’il peut par une action communiste priver les oppresseurs et les exploiteurs de leurs ressources et de leurs richesses.

        Ayant posé que le prolétariat existe comme objet - donc tout ce qu’il y a de plus matériellement -, examinons maintenant sur quelles bases se situe la prétendue "refondation" du matérialisme historique que l’auteur semble avoir à coeur.

        Constatons d’emblée que ce que l’auteur nomme "la constellation post-moderne des déterminations" ressemble plutôt à un fourre-tout revendicateur néo-gauchiste qu’à une conception cohérente des phénomènes sociaux. On y trouve pêle-mêle l’étatisme (une idéologie), la gestion impériale (une technique de pouvoir), le capitalisme et le patriarcat (deux formes d’exploitation) sans que ne soient expliqué comment et pourquoi "ces formes de dominations" constituent "une pluralité relativement autonome mais aussi relativement unitaire".

        Fait encore plus intriguant, l’État est déconstruit en deux concepts : « l’étatisme », donc en définitive une idéologie, et « la gestion impériale et généralisée des modes et formes de vie », donc une pure et simple technique de pouvoir. On est en droit de se demander où se trouve le matérialisme dans cette conception de l’État ? On pourrait croire qu’elle est entre parenthèses (« ...de la famille et de l’école à l’entreprise, de la psychiatrie à la prison,... »), mais même cette énumération agglutine des institutions matérielles (la prison) avec des idées (le racisme) et des phénomènes sociaux (écocide).

        Avec une telle confusion sémantique, pas surprenant qu’on ne soit pas capable de définir les forces sociales en présence autrement que comme une « constellation » de « pluralités » « autonomes »et « unitaires ». Ou que l’auteur s’autorise à qualifier de « radicale » la « généralisation des militantismes particuliers » sans se demander si ces particularismes ne sont pas justement ce qui fait que la vague de contestation actuelle n’a rien de radicale. Rien de radical parce qu’on ne peut pas poser le problème de la révolution mondiale sans unifier les forces qui s’opposent matériellement à la société.

        La seule force matérielle connue capable d’unifier toutes les oppositions, l’auteur l’analyse comme s’il était un publicitaire éperdu de « market segmentation » qui croûle sous les différentes catégorisations identitaires dont les sondeurs électoraux se font une joie d’analyser le comportement dans l’isoloir. Ainsi, le prolétariat ne serait plus qu’une successions de « couches diversifiées à l’infini ou presque d’individus aux conditions et identités diverses, aux formes de travail diverses ou de sans emplois ».

        D’un côté, nous l’avons vu, on défini l’ennemi comme un ensemble de forces autonomes mais unitaires, sans expliquer où réside ni leur unité ni leur autonomie. Sans expliquer les liens que ces forces entretiennent entre elles. Sans expliquer leur provenance historique. Sans expliquer que ces forces ennemies ont, elles, ce programme honni qu’elle suivent partout dans le monde.

        D’un autre côté, on fait disparaître le prolétariat sous la baguette magique de la diversité alors que partout au monde les conditions de travail et de vie se nivellent par le bas. Alors que partout au monde les « classes moyennes » disparaîssent, les écarts de richesses se creusent, le salariat se généralise. Alors que le prolétariat, plutôt que de disparaître comme l’affirment certains, a plutôt tendance à se généraliser, alors que de plus en plus de couches sociales peu identifiées au mouvement ouvrier ont subi une prolétarisation accélérée. Les employés, le secteur des services, les enseignants, les travailleuses et travailleurs du secteur de la santé voient de plus en plus leur condition s’approcher de la condition ouvrière, au point où ces couches sociales vivent aujourd’hui dans les mêmes conditions générales que les couches ouvrières.

        Privé de conscience révolutionnaire, le prolétariat est constamment tenté par des dérives identitaires, nationales et raciales, qui paraissent pouvoir lui fournir des garanties de sécurité et de stabilité. Tant que ne renaîtra pas une conscience de classe forte, une compréhension globale de ce qui unit nécessairement les travailleurs entre eux, le prolétariat sera tenté par une fermeture et une division identitaire, malgré les forces matérielles qui de plus en plus nivellent sa condition.

        C’est là le danger de cette pseudo-théorie que des intellectuels de droite ont répandu dans les universités et qui est tellement vide de substance qu’elle est même incapable de se nommer sans faire référence à ce à quoi elle réagit. Post-moderne, post-gauchiste, post-marxiste, autant d’appellation pour « ces moutons qui se prennent et qu’on prend pour des loups (*) ».

        * Karl Marx, dans la préface de l’Idéologie Allemande


        • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, Calvaire, 23 novembre 2004

          La réponse du Marx en liberté est lumineuse et il me fait plaisir d’y répondre car elle me permet de confronter radicalement mes idées. Mais elle est vaste, souvent de mauvaise foi ou marquée par l’incompréhension mais très pertinente dans le cadre de son horizon de pensée communiste plutôt traditionnel. Une réponse demandera plus de temps.

          ’’Ainsi, le prolétariat ne serait plus qu’une successions de « couches diversifiées à l’infini ou presque d’individus aux conditions et identités diverses, aux formes de travail diverses ou de sans emplois ».’’ Le contraire demanderait également à être prouvé. Qu’est-ce que l’unité de condition et de luttes du ’’prolétariat’’ aujourd’hui ?

          Le capitalisme est effectivement un système central d’accaparement et d’exploitation de la vie en général. Mais est-il le seul mode de domination ?

          L’étatisme n’est pas dans le cadre de cette théorie une simple idéologie mais un mode de contrôle, d’accaparement, de domination, d’exploitation, par l’État, sa gouvernance et ses classes dirigeantes. « La gestion impériale et généralisée des modes et formes de vie » n’est pas seulement une technique de pouvoir mais un ensemble pluriel mais relativement autonome dans ses sphères (ceux qui en contrôlent, qui y travaillent et assurent la pérénité des institutions ne sont pas les mêmes et n’instituent pas les mêmes modalités de pouvoir et ne vaquent pas nécessairement aux mêmes intérêts : pouvoir des humainEs sur l’écologie des autres formes de vie, pouvoir sur l’instruction, pouvoir sur les malades, pouvoir sur les dits délinquants, pouvoir sur les dits fous...). Le racisme n’est pas non plus une simple idéologie. Il l’est le concret de l’oppression de catégories de personnes basée sur la catégorisation et la gestion/domination d’un groupe identitaire dominant de même que pour le sexisme, une partie du nationalisme... Et il y aurait encore tant à dire... Et certainement le capitalisme s’est construit en englobant une partie des autres formes de domination, en n’en profitant, mais la simple abolition du capitalisme à mon avis ne peut être l’abolition de toutes les formes de domination. L’Union Soviétique en est un des plus beaux exemples qui ont aboli le capitalisme comme système d’exploitation d’entreprises et d’intérêts privés (conception qui était limitée j’en conviens) pour faire perdurer un enfer de tendance totalitaire marqué par une pluralité organique mais également autonome de formes de domination.

          Je n’ai pas dit non plus que le mouvement révolutionnaire est la « généralisation des militantismes particuliers ». Mais qu’il n’existe aujourd’hui, et j’ai dit ailleurs que cela va contre le mouvement révolutionnaire, qu’une « généralisation des militantismes particuliers ». Ces militantismes posent des questions parfois radicales contre les modes de domination mais ont leur limite dans la dissémination et dans leur impuissance à détruire ces formes. Seul le communisme des formes de vie et des individus pourra détruire l’univers de la domination, le communisme comme abolition de toutes les formes de domination et de toutes les séparations hiérarchiques. Et le mouvement social de la communisation ne pourra s’unir parce que pluriel que dans la lutte révolutionnaire contre toutes les formes de domination.

          Effectivement, le qualificatif de néogauchiste me va bien. Car les gauchistes sont ceux qui de tout temps comme disait l’un des plus célèbres gauchistes (avant qu’il ne sombre dans le réformisme écologiste) sont ceux qui se sont opposés à toutes les formes de centralisation, d’exploitation et de domination. Mais le gauchisme a vue sa limite comme dissémination des formes de luttes en luttes parcellaires : la nouvelle gauche. Ma critique est aussi une tentative de compréhension et de dépassement de ce gauchisme en reprenant ces acquis.

          Mais je ne revendique pas souvent. J’exige et affirme.

          Je suis de plus en plus enclin à penser que le type de discours tenu par le soi-disant Marx en liberté est un discours de mâle blanc occidental hétérosexuel écocidaire incapable de voir plus loin que la dynamique capitaliste parce que son existence n’est pas assez visiblement encagée par les autres formes de domination.

          Suite à venir comme la deuxième partie de La refondation... qui répondra plus la question du lien entre unitaire et autonome qui caractérisent de mon point de vue les formes de domination.

          Mais disons simplement comme exemple pour l’instant que le patriarcat n’est pas la même chose que le capitalisme, qu’il a une existence propre, une relative autonomie, mais qu’il est unitaire avec le capitalisme dans la concrétisation historique du monde de la domination dans lequel nous vivons aujourd’hui. Ils sont imbriqués l’un dans l’autre. Un constat semblable est la base d’un discours qui dit, comme celui que je tiens, qu’il existe une pluralité unitaire mais aussi relativement autonome de formes de domination. C’est aussi la base d’un travail généalogique des formes de pouvoir qui habitaient des pensées comme celles attribuées à Nietzsche, à Michel Foucault et à bien d’autres, mais repris dans le contexte d’une théorie de la communisation.



  • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, jef, 25 octobre 2004

    qu’est-ce que post-moderne ?

    capitalisme à côté d’étatisme, empire disciplinaire, etc.? que toutes ces ’sphères’ soient relativement autonomes à l’intérieur du capital, à la limite...

    le prolétariat unifié a été anéanti, mais a-t-il seulement jamais été unifié ?

    qu’est-ce que le post-marxisme ? marx ? ou l’écolo-féminisme, ou les deux ?

    peut-on clarifier cette notion de dépassement ?

    toutes ces parcelles ne se désunifient-elles pas précisément parce qu’elles sont déjà la communisme, même inconséquent, là où le communisme prétendûment conséquent des organes de la classe unifiée ne représentaient celle-ci sans communisme aucun ?


    • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, Calvaire, 3 novembre 2004

      Je pense qu’en effet le dit prolétariat n’a jamais été unifié véritablement, qu’il est lui-même traversé par des conflits, des identités, des conditions et des formes diverses... Que le prolétariat uni ne fut qu’un rêve jamais actualisé et réalisable... Que seule la communisation pourrait réaliser les conditions d’une convergence révolutionnaire des multitudes. Le post-marxisme est dans ce cadre l’ouverture du cadre du matérialisme historique à l’analyse et à la contestation révolutionnaire de la diversité des conditions et des formes de la domination.

      Sur cette dernière question : « toutes ces parcelles ne se désunifient-elles pas précisément parce qu’elles sont déjà la communisme, même inconséquent, là où le communisme prétendûment conséquent des organes de la classe unifiée ne représentaient celle-ci sans communisme aucun ? »

      Je ne sais pas vraiment où tu veux en venir ?


      • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, jef, 4 novembre 2004

        1. j’ai du mal à saisir la différence entre marxisme et matérialisme historique, dès lors, je vois mal en quoi réside le post-du post-marxisme pressenti à la relève. quant à la dissémination des formes de domination, ne sont-elles pas ordonnées au maintien du dispositif central de la modernité, à savoir le salariat, qui consituerait donc le mode de domination spécifique de la modernité, eu égard auquel tous les autres ne seraient vivifiés et arrangés qu’à la fin de son maintien (sexisme, racisme, intolérance religieuse, etc.) ?

        2. les luttes dans leur dissémination me^me attestent la destruction de toute identité assimilable à l’intérieur du cadre de la société capitaliste : fini donc le prolétariat, comme la classe ouvrière, le salariat, les travailleurs et tout ce qu’on voudra dans cet ordre. c’est pourquoi elles sont le communisme en acte, mais sans la force de son hégémonisation, qUI NE PEut provenir que de leur concaténation, ou coordination. tandis que toutes les représentations passées de la classe des travailleurs (de la social-démocratie à l’extr^eme gauche) n’ont jamais visé qu’à la reconnaissance, la légalisation de la classe, comme dit edelman.


        • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, Calvaire, 6 novembre 2004

          Je suis relativement d’accord avec ton point 2, alors comment tu peux penser que les formes diverses de la domination s’articulent pour le maitien de la forme dominante que tu supposes centrale du salariat ?

          Le postmarxisme tel que je le définis se pose comme un matérialisme historique qui tend à vouloir saisir le développement matériel de l’histoire comme premier, mais qui le pense comme s’articulant dans un réseautage de formes de dominations qui conservent une certaine autonomie mais qui s’imbriquent les unes dans les autres et réalisent l’histoire de la vie dominée, exploitée, déterminée... Celle de la majorité des individus comme celle des espèces extra-humaines. Ainsi, antipatriarcat, anticapitalisme, communisme, écologisme, luttes contre les États, contre le nationalisme, contre le racisme, contre l’hétérosexisme... s’articulent aussi d’une manière autonome mais imbriquées comme luttes générales et potentiellement révolutionnaires contre l’ensemble des formes de domination, d’exploitation, de détermination...

          Marx apparaît comme celui qui a véritablement réalisé la critique révolutionnaire du capitalisme mais qui a laissé en chemin la critique théorique et en actes des autres formes de domination. Même si certains de ses premiers ouvrages furent certaines fois des critiques radicales de l’État, du droit, de la religion... Le postmarxisme hérite de Marx la critique historique et révolutionnaire de la domination mais porte la critique plus radicalement contre l’ensemble des formes de domination. De plus, contre le programmatisme de l’affirmation du prolétariat dans lequel se situait Marx, pense la révolution de la vie en général.

          Et pourquoi postmoderne ? Parce que la postmodernité est cette époque de relatif éclatement des formes de domination et des formes de luttes. Contre laquelle, tout révolutionnaire doit s’élever pour reconduire l’idéal théorique et en actes de la révolution comme synthèse de l’émancipation et comme communisation. Mais de cette époque, il m’apparaît nous devons partir car elle est l’espace/temps historique de nos vies.


          • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, jef, 8 novembre 2004

            marx ne se soucie pas de faire la critique des formes de domination non-capitalistes, parce que le capital lui-me^me se charge de le faire ! cf. le seul Manifeste. l’éclatement dont tu parles est apparent seulement. le capital dissout la pérennité des attaches traditionnelles (les décode, disaient Deleuze-Guattari) ou, mieux, les lève, pour pouvoir s’en jouer à son gré (recoder) lorsque le besoin s’en fait sentir, c’est-à-dire quand le ressort de son procès est mis à nu par les forces susceptibles dès lors de le faire sauter : la seule domination est celle de la valeur, ou travail abstrait (travail-monnaie). ex : le sexisme : il n’y a plus d’adhésion naïve au sexisme qui ne soit de mauvaise foi, et la mauvaise foi est la méthode coué négative, la lâcheté auto-castratrice. dans les périodes de forte croissance, les femmes sont promues à l’égalité avec les hommes, tout au moins accèdent au marché de la force de travail, dans les périodes de récession, il s’agit de renvoyer toute cette armée de réserve au foyer, c’est-à-dire de jouer la division hommes-femmes et de promouvoir toute une culture de culpabilisation de la femme qui prétendrait s’émanciper de son métier de mère, d’épouse et tout le tremblement. les re-codages actuels ne sont que les cache-sexes produits directement par le capital et la peur qu’il inspire, tendant non pas à dissimuler mais à faire oublier (période de réaction oblige) qu’il n’y va plus que d’une seule affaire : la valorisation de la valeur, si possible le plus fétichiste possible (dominance du A-A’ dans le cycle APM) : revivification des rapports non-capitalistes à l’intérieur de ceux-ci et aux seules fins de leur consolidation par leur escamotage. retour des rapports abstraits plus fétichisme de la marchandise porté à son comble, telle me semble être la combinaison gagnante de cette fin de tout monde.


            • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, Calvaire, 10 novembre 2004

              La foi que la seule forme de domination centrale est celle du capitalisme me semble négligée abondamment le fait que le marxisme historique (de fait surtout le marxisme-léninisme peu importe ses formes) qui défendait cette thèse, c’est noyé (avec des degrés différents) dans la continuité du patriarcat, la destruction technoindustrielle des formes de vie, la continuité de l’étatisme, le nationalisme, l’hétérosexisme, le racisme... et qu’il a suscité la réaction que fut la nouvelle gauche, l’éclatement des luttes (écologistes, féministes, gaies et lesbiennes, antiracistes...) et que cet éclatement fut un des moteurs du morcellement postmoderne de la contestation et de la perte de la théorie et du mouvement unificateurs que sont le mouvement et la théorie révolutionnaires. Ce que je cherche en conséquence, c’est de repenser ce mouvement et cette théorie comme mouvement général contre toutes les formes de domination et compréhension de la relative autonomie de ces formes et des luttes forcément qui s’y opposent. Plutôt que de continuer l’orthodoxie marxiste en négligeant tout ce qui n’est pas la critique, en actes ou non, du capitalisme.


              • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, jef, 13 novembre 2004

                ni foi ni orthodoxie marxiste qui tienne ici. que le marxisme se soit fait en gros la voix de son maître, c’est un fait, c’est me^me précisément la raison pour laquelle il a joué des divisions dont le capital même a fait ses choux gras sans y ’croire’ : racisme, sexisme, et tutti quanti. le capital se fout des races, des sexes, des religions. mais s’il les a perpétués, en réalité bien plutôt recréés, aggravés, c’est qu’il a trouvé à sa disposition toute une série de ressorts susceptibles de faire s’étriper entre soi la chair à canon de valeur. c’est pourquoi l’unification dont tu parles est capitale : celle des vélocyclistes, des ornithophiles, des homos, mais aussi des noirs états-uniens, des paysans sans terre du brésil et des femmes battues en europe et en islam ; mais tant que cette unification n’aura pas lieu sur la base de la guerre au capital, qui produit l’ensemble des conditions d’insupportabilité de la vie sous toutes ses formes, à savoir la guerre généralisée, toutes ces luttes seront au mieux l’appoint d’arrivistes en quête de strapontins gouvernementaux chargés de les relayer sans rien toucher aux conditions qui les produisent.


                • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, Calvaire, 16 novembre 2004

                  Tu es visiblement très ironique. Je ne pense pas que cela facilite la discussion. Mais disons que je pense que l’unification révolutionnaire des luttes ne peut se faire que comme guerre révolutionnaire contre toutes les formes de domination dont le Capital, avec le patriarcat, est sans doute la forme plus hégémonique et centrale. Guerre qui se joue comme autoorganisation toute autant que comme destruction des conditions de la reproduction des formes de la domination, comme pillage et utilisation des ressources capitalisées (décapitalisation) autant que comme socialisation immédiate des individuEs qui se défont de leurs identités de domination (autodestruction de ses prédicats de femmes, d’hommes, de travailleurs et de travailleuses, de sans emplois, de prolétaires, de citoyens et de citoyennes, de nos identités nationales et culturelles, de nos styles marginaux de vie...), comme réalisation et actualisation de la communisation...


                  • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, , 17 novembre 2004

                    nulle ironie, je t’assure, ma tendresse est réelle pour toutes ces formes de décalage. je ne crois d’ailleurs qu’à ça, le décalage, mais le décalage généralisé seul met en danger le pouvoir, la domination, plus exactement. je dis seulement que le capital, s’il est central comme tu dis, réarticule en les subordonnant à sa propre logique les formes de pouvoir et de domination antérieures à sa propre domination. le capital n’a pas inventé l’oppression de la femme, mais il est évident que la libération de la femme qui ne soit pas en même temps articulée à l’ensemble des luttes contre toute diminution (sic) ne peut signifier que la promotion de la femme au rang de bourgeois, de même que la légalisation de la classe ouvrière a transformé ce qui n’était rien en forme dégradée et subordonnée de la bourgeoisie. je ne fais que répéter le b-a-ba du féminisme beauvoirien, le seul qui ait un sens pour les révolutionnaires. ou bien le féminisme est révolutionnaire ou bien il est un lobby pour la parité dans les listes électorales.


                    • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, Calvaire, 19 novembre 2004

                      C’est pourquoi les luttes particulières doivent être liées aux luttes générales contre toutes les formes de domination. Que la communisation comme réalisation de l’immédiateté sociale des individus, de leurs relations, de leurs activités... ne pourra que détruire les catégories sociales en actes (classes, États, nations, races, sexes...) qui divisent et unir dans le communisme libertaire, libertaire comme purgé de toute forme de médiation identitaire, hiérarchique, autoritaire, centralisée et centraliste...



  • > Conditions de la refondation du matérialisme historique 1ère partie, Un naturaliste de passage, 12 avril 2005

    La dissémination, un vieux concept puisé dans l’analogie biologique. Un atavisme. Déjà Pierre Larousse dans son ambition encyclopédique l’avait choisie comme emblème. Stratégie r l’appelle-t-on dans la classification que les spécialistes des populations ont établi des modes de reproduction. La stratégie du pauvre, du prolétaire en son sens premier (le bourgeois serait lui plutôt cas si nous filons la métaphore K, c’est à dire soucieux des ressources et économe mais ce n’est qu’une métaphore). La première richesse, primordiale - car si on professe encore un matérialisme ce ne peut être que celui qui n’oublie pas l’ontologie phylogénétique de l’homme - est la progéniture. Disséminer est un pouvoir. Il y a la sélection aussi donc il ne faut pas non plus trop rêver. Petit poisson ne deviendra pas forcément grand. Cela rejoint une question que pose une autre contribution de ce site à l’expérience très attachant. Celle de l’unité. De l’unité du prolétariat et de la diversité des individus. La politique est-elle un art des populations ? Les gérer. Beaucoup ont ce terme en horreur qui n’en ambitionnent pas moins de participer à la programmation de notre futur. La vieille question de la téléologie est entre nos mains. Nous devrions pouvoir dans une démocratie adaptée au nouveau moyens de communication pouvoir décider s’il faut débrancher le Pape ou revendiquer nos droits historiques sur la Floride à la suite de la mort de son dernier Prince souverain. Qu’a à nous proposer le communisme en regard ? Ce qu’il y a de bien dans le capitalisme comme dans l’ancien régime c’est qu’on ne s’y ennuie pas. Enfin jamais trop longtemps. Bien sûr il y a le colonialisme, les guerres et plein d’autres choses dont l’évocation seule m’est pénible. Mais enfin voilà on est toujours là. On a même Internet. On en découvre les charmes et les joies et on écrit, on écrit. On a enfin trouvé son public. Important le public. Plus envie de prêcher dans le désert. Pas le temps. Donc disséminons, disséminons. Dieu retrouvera les siens. Il faudra que je lise ton article (devons-nous nous tutoyer ?). Je te connais peut-être. Décidément cette partie de cache cache électronique est très amusante.


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