Désaccords et convergence - Bernard Lyon

dimanche, 9 mars 2008

Submitted by Craftwork on June 15, 2017

Voici, pour commencer, quatre extraits de l’article « Accords et divergences », certes, comme toute citation d’extraits, il semblera réducteur voire tendancieux de ne se fonder explicitement que sur des bribes d’un texte pour élaborer un commentaire critique, cependant il me semble que ces très courts extraits sont essentiels à la thèse essentielle de l’article (publié ici même). :

« Le processus démarre (la communisation Nd BL) sans cesse, mais ne s’achève pas, il avorte. Roland traduit cela par un écart qui s’ouvre entre dynamique et limite, puis se referme. Si on veut une concordance entre nos deux manières de poser les choses, je dirai que chaque fois que Roland voit un écart, je vois un démarrage du processus, et chaque fois que Roland voit un retour à l’identité entre dynamique et limite de ce cycle de lutte, je vois un toussotement du moteur et un arrêt du processus. Je suis d’accord avec Roland sur un point. A l’origine du processus, il ne peut y avoir que « l’agir en tant que classe » et celui-ci se fait dans « l’horizon des catégories de reproduction du capital ». Mais là où je ne suis plus d’accord, c’est que cet agir en tant que classe produise la « remise en cause » sans que jamais cet horizon ne bouge. L’horizon bouge car nous le voyons déjà bouger et nous en posons nous-même déjà un autre, celui du communisme. Mais si nous ne le faisons bouger qu’à partir de processus avortés et sans cesse redémarrés, nous le faisons bouger quand même, c’est cela qui importe et nous apprend beaucoup sur la manière dont le processus victorieux de la production du communisme peut avoir lieu, et qui nous donne des indications sur ce que nous appelons la communisation. »
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« Certes, je pense aussi que la connaissance fine de la manière dont les luttes peuvent redécouvrir le fait théorique fonde une conception possible d’un certain type d’intervention : car il se pourrait bien que ce qui rend possible la redécouverte la plus large et la plus profonde possible du fait théorique, c’est aussi un certain rapport à la lutte, une manière de se mettre en lutte qui laisse d’avantage saisir ce que la lutte elle-même ne peut que nous apprendre sur le monde contre lequel et dans lequel elle lutte, sur le rapport social capitaliste, et qui permet par la même que la lutte elle-même se prolonge et s’étende. »
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Le propre de la théorie communiste, c’est d’être la pensée de la révolte au sein de la dynamique centrale et totalisante de l’époque. Une telle révolte ne peut se comprendre elle-même que dans une relation intime avec ce qu’elle combat. Autrement dit, sans capitalisme pas de communisme, et sans lutte à la fois « au sein de » et « contre » le mode de production capitaliste pas de production du communisme envisageable. « Au sein de » et « contre », et non pas « hors de » et « contre ». Donc pas d’extériorité du communisme par rapport au capitalisme, et pas d’alternative.
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Malgré toutes les précautions prises pour ne pas faire passer cette aire comme productrice de la question de la communisation par elle-même, indépendamment de la lutte qui ne devient plus alors que l’occasion de poser la question, il est quasiment impossible, peut-être à cause de la métaphore spatiale que le terme « aire » induit nécessairement, de ne pas voir celle-ci comme une sorte de spécialiste de la question qu’elle pose. (…)
C’est pourquoi je pense qu’il est préférable de renoncer au terme « d’aire ». Effectivement, il n’existe pas de position au sein de la lutte des classes qui pourrait se perpétuer et exister par elle-même par le seul fait qu’elle pose la question de la communisation (ou du communisme)

L’article « Accords et divergences » est fondamentalement une adaptation de la théorie de l’écart à une pratique interventionniste. « L’aire de la communisation » est abandonnée au profit de « démarrages » du processus qui est bien celui de la communisation dans les luttes de la période actuelle, dans le nouveau cycle (plus si nouveau que ça) de luttes postérieur à la restructuration des années 70 et 80.
La théorie de l’écart décrit une situation dans laquelle, au sein des luttes de classes, et entre ces luttes, la limite générale des luttes actuelles (leur caractère de classe lui-même) est très transitoirement critiquée. Cela a pu être la remise en question de l’autogestion au sein de l’autogestion en Argentine, celle l’auto -organisation du mouvement dit « des Archs » en Algérie, celle du salariat dans le mouvement des chômeurs ou du CDI dans le mouvement contre le CPE. Mais pour « A. & D ». il s’agit dans ces luttes de démarrages de la communisation, même si ces démarrages ressemblent plutôt à ceux d’un moteur qui tousse qu’à de vrais démarrages. Considérer comme des démarrages (ou des tentatives au moins) de la communisation ce qui pour TC est appelé écarts dans la limite est extrêmement important pour fonder en théorie une pratique interventionniste (« d’un certain type d’intervention »). Bien entendu ce n’est pas la présence active dans les luttes qui est ici en cause c’est l’action concertée destinée à influer sur ces luttes dans un sens révolutionnaire ou radical (« que la lutte elle-même se prolonge et s’étende. »), en somme influer sur les luttes pour qu’elles soient visiblement ces démarrages. Le caractère interventionniste c’est de poser l’action comme allant vers des luttes qui sont ainsi posée comme extérieures comme un cadre d’intervention justement.
Des participants à Meeting globalement d’accord avec ‘A&D’ appellent d’ailleurs ‘communisation’ la formation du rapport entre les personnes engagées dans une lutte contre le capital, contre tel ou tel de ses aspects ou contre telle ou telle mesure consubstantielle à l’évolution du capital restructuré mais qui n’en aura jamais fini avec sa restructuration, car telle est sa nature en ce qu’elle est l’ultime restructuration et qu’elle ne finira que lorsqu’elle entrera en crise révolutionnaire.
Le rapport de lutte contre le capital a pu s’appeler « constitution en classe » à l’époque du programme ouvrier, mais, actuellement où aucune affirmation du prolétariat n’est plus possible, il est tentant d’appeler le rapport de lutte, communisation. En se fondant sur le fait que tout rapport humain est rapport social, on peut dire : Il y a un nouveau rapport entre les « lutteurs » contre le capital, c’est la communisation des rapports entre nous dans la lutte, c’est la communisation des rapports sociaux même si elle est encore balbutiante, les rapports dans la lutte deviennent rapports immédiats entre ceux qui luttent contre l’indépendance de leurs rapports, le capital. Indiscutablement, pour moi, il y a surestimation de la profondeur de l’affrontement, surestimation qui se justifie en parlant « d’emparement » (terme qui signifie pour moi : décapitalisation sans appropriation des éléments constitutifs du capital synthétisés en société, devenant éléments de la communauté des individus en rapports immédiats entre eux) pour toute occupation d’un lieu public de la société : entreprise, fac ou rue.
L’intervention que suppose ‘A&D’ n’est en aucune façon programmatique, elle ne cherche nullement l’établissement d’une quelconque organisation de classe ou d’un quelconque « débouché politique » mais elle est intrinsèquement immédiatiste, pour avoir une certaine « force de frappe » elle s’adresse à un milieu globalement alternativiste qui a souvent une propension à opposer sa « radicalité » ou la conflictualité de son mode vie avec le capital (explicitement ou implicitement) à une soumission de fait des salariés au capital.
L’existence d’une théorie de la communisation, et donc de ses partisans, se situe dans – est produite par - la possibilité même de la formation d’écarts dans la limite actuelle des luttes de classe, c’est-à-dire dans la reproduction permanente –mais instable- du rapport capitaliste, dans le fait que tout l’être du prolétariat est sans cesse reproduit face à lui dans le capital devenu définitivement société capitaliste. Pour A&D cette situation ne constitue pas une aire de la communisation (formule géométrique objectivante), dont le contenu : « poser la question du communisme » est celui des luttes dont on peut dire qu’elles sont des démarrages (c’est du moins ce que je comprends) ou pour TC des écarts. Mais la compréhension de leurs annonce dans les luttes, comme des remises en cause réelles de leur appartenance de classe par des prolétaires, promeut un immédiatisme du communisme, avec certains et contre d’autres alternativistes (Le « contre » c’est la violente opposition à « L’appel », aux insurrectionnalistes)
Si on prend un peu de recul sur la divergence on peut dire qu’existe dans Meeting (plus exactement dans les articles de la revue Meeting et parmi les participants à ses assemblées rédactionnelles, car en dehors de ça aucune « Organisation- Meeting » ne se déclare exister) une courant essentiellement théorique publiant par ailleurs la revue TC et un courant beaucoup plus interventionniste, proche (bien que critique) de l’immédiatisme ( c’est le contenu de la thèse sur les démarrages)– dualité dont A&D - en insistant sur l’importance de sa publication expose la nécessité, cohérent en cela avec les buts exprimés de Meeting- mais sans la mettre en perspective dans une possible dynamique de la revue. Ce 2ème courant partage le principal des analyses du 1er en les articulant avec à un mode d’être en lutte dans le capital qui constitue en soi une alternative (non revendiquée).
Cette coexistence ce trouve d’abord dans la réalité sociale actuelle ; dans la revue qui est essentiellement théorique elle est problématique et doit être débattue, même si cette revue se veut « en situation » et intégrable dans sa sphère de réception bien que ne reprenant pas l’ensemble des éléments de la théorie communiste, au sens restreint d’analyse critique sociale historique du capital tant dans sa nature que dans son actualité, sa trajectoire et son devenir révolutionnaire.
Cette coexistence a été d’emblée, elle s’est installée en même temps que s’éloignait la possibilité de la coexistence dans la revue de plusieurs théories élaborées de la communisation, avec le refus de Dauvé et Nésic, le non – intérêt d’Astarian et le départ de Charrier. Les allers-retours de Patloch dont les, critiques abruptes bien que très différentes, de TC et de Denis mettent le doigt sur ces deux faits (départs et coexistence).Cette coexistence a été critiquée par Franck Degun et justifie pour lui sa non participation à Meeting Ensuite cette coexistence a toujours été confrontative avec un moment de particulière conjonction lors de l’élaboration de Meeting 3 dans et après les luttes de la fin 2005 et du début 2006. Aussitôt passée cette période les participants à TC ont critiqué l’autocritique ! rétrospective des participants parisiens à l’occupation de l’EHESS et à l’AG en lutte, autocritique essentiellement d’ordre tactique renforçant la qualification de leur action comme intervention, les participants à Tc contestent cette autocritique en pensant au contraire que la justesse de l’action s’inscrivait dans le développement spécifique et productif des contradictions aux sein de la lutte, en en partageait forcément les limites qui ne sauraient être dépassées à posteriori. Toute tentative d’élaborer après coup une autre action réifie la réalité de la lutte, la séparant en cadre, et action dans un cadre, constituant ainsi effectivement l’action en intervention, et qualifiant à l’avance toute action ultérieure d’intervention. Cette confrontation des compréhensions de l’action circonscrit le nœud de la divergence sur la pratique dans les luttes.
L’article A&D théorise cette divergence d’un point de vue interventionniste, postulant une immédiateté déjà en acte du communisme (un immédiatisme). L’article exprime le désir de faire perdurer la coexistence de ce qui peut apparaître à son auteur comme attentisme (Tc) avec ce qu’il pose comme pratique adéquate de communisateurs dans les luttes actuelles. Cette volonté de maintenir le caractère de meeting (réunion) d’approches diverses de la communisation de Meeting semble se fonder sur une compréhension de la théorie de Tc du capital, de son dépassement et de la lutte de classe comme juste, d’un point de vue « macro » et erronée d’un point de vue « micro », erreur se focalisant sur le refus par Tc de voir dans les éléments annonçant la communisation des démarrages de celle-ci, mais de simple écarts dans la limite des luttes.
Cette coexistence dans la période de ces deux compréhensions (immédiateté et immédiatisme du communisme) est théorisée par Tc mais cette coexistence dans la revue n’était pas théorisée pour elle-même, l’article le fait, d’un point de vue immédiatiste qui ne fonde pas la nécessité de l’existence des deux points de vue, tout en éloignant toute interprétation alternativiste par l’abandon la notion d’aire de la communisation qui, en effet faisait, de par son caractère géographique même, des éléments nouveaux dans les luttes une réalité politique et sociologique pérenne, un milieu.
Le concept « d’écart dans la limite des luttes » a été élaboré, dans le moment de la constitution de Meeting, non pas pour répondre à la thèse de « l’aire de la communisation » mais tout de même dans la problématique générale de la critique d’un l’alternativisme affirmé (en particulier dans le texte L’Appel) auquel cette « aire » répondait à sa manière. La théorie de l’écart s’est constituée dans la mise en perspective d’un certain nombre de faits saillants dans les luttes qui « à la lumière » des luttes en Argentine a amené Tc à considérer que si la limite des luttes n’était en aucune façon dépassée,même ponctuellement et transitoirement , par des débuts de communisation, cette limite était cependant désignée comme telle et à dépasser, par des déclarations de prolétaires en lutte remettant en cause une appartenance de classe qui leur est maintenant renvoyée par le capital restructuré comme une contingence à abolir. C’est cette théorie de l’écart dont la critique par A&D est faite en avançant l’idée de démarrages de la communisation au lieu et place de l’aire de la communisation. Cette aire de la communisation a pu être rapprochée brièvement de la « communisation externe » du texte : « communisme de l’attaque et de la défection » venu de Suède où il a provoqué explosion du groupe - revue Riff Raff mais considérer qu’il y ait des démarrages de la communisation dans les luttes c’est autre chose, il n’y a pas dans cette conception de contradiction externe (« communisation externe ») s’ajoutant à une contradiction de classe dite « communisation interne » qui à elle seule ne pourrait que mettre le capital en crise sans le dépasser.
Si cette coexistence confrontative existe dans Meeting c’est certainement qu’elle est produite dans et par la situation de la période et qu’elle répond, telle qu’elle est (confrontative), au besoin des divers participants qui même s’ils ne réalisaient plus ensemble une revue resteraient tout aussi proches et tout aussi divergeant mais probablement moins réciproquement productivement critiques. Cette coexistence peut aussi être exprimée caricaturalement : D’une part, les « interventionnistes » paraissent être le bras armé de Tc une liaison problématique mais réelle avec certaines luttes importantes et avec une sphère activiste plus ou moins immédiatiste ; d’autre part Tc est leur hinterland théorique de fond
Le point théorisé dans A&D pose qu’il se produit des démarrages, « des ratés » de la communisation dans les luttes du point de vue de Tc c’est une surestimation et une marque d’immédiatisme, mais A&D ne postule jamais que l’on puisse capitaliser des forces sur la base de ces démarrages, il dit au contraire :

« Mais ce qui est important de relever ici, c’est que la lutte doit toujours retrouver le fait théorique comme sa production propre. C’est pourquoi il n’y a pas de transcroissance, pas de capitalisation de l’acquis des luttes, etc. Rien n’est jamais acquis parce que dans le redémarrage du processus tout doit être redécouvert, même si dans les faits cette redécouverte est rarement de la pure spontanéité »

A&D précise aussi que la rupture est toujours nécessaire et à venir qu’il n’y a pas de transcroissance des luttes actuelles à la révolution…
« Que nous ayons le début du processus ne signifie pas que nous pouvons en avoir la totalité. La révolution demeure donc ce moment décisif où le processus de production du communisme passe dans une phase totalement différente, ou le communisme cesse d’être seulement projet plus ou moins clair, plus ou moins compréhensible, pour devenir réalité au travers des mesures communisatrices prises dans la lutte »
Mais c’est ici qu’il y a quelque chose qui cloche dans l’exposé car il peut d’abord y avoir démarrage sans qu’il y ait mesures communisatrice, mais ce sont ces mesures qui justement marquent « une phase totalement différente » les démarrages de A&D sont donc finalement exactement ce que Tc appelle des écarts ! Car ce caractère « non total » des démarrages en fait bien n’être que des écarts dans la limite.

Il semble donc bien qu’en dépit de l’aspect immédiatiste que pose la notion de démarrage d’A&D - imposée par le choix général d’intervention - ces démarrages soient une surestimation légitimante qui au fond n’est pas poussée au bout mais qui « sense » l’intervention, qui la dépolitise, la « dégauchise ». De ce point de vue l’exemple du « Bloquons tout » est probant, la proposition faite par ce tract n’a pas semblé pertinente à l’auteur d’ A&D car venant proposer une action avant même que le mouvement des cheminots ne commence vraiment et bien sûr en dehors de toute dynamique et de toute apparition d’une contradiction interne, de tout écart ou « démarrage ». Mais ce « dérapage » tient à l’interventionnisme qui comporte toujours une pente normativiste, on peut dire « On s’en fout des cheminots », en tant que cheminots bien sûr ! Mais toute la question est de savoir comment « l’être cheminot » pourrait se dépasser en dehors de toute dynamique et de toute « contradiction au sein du peuple ». Les partisans de la communisation, le courant communisateur ; au sens restreint, comportera vraisemblablement toujours des aspects interventionnistes marqués d’immédiatisme et tendant au normativisme, la coaction autour de l’élaboration de la théorie communisatrice, pourrait permettre l’évitement de ces dérives mais aussi l’évitement d’une dérive inverse : inéluctabiliste tout aussi normativiste, dérives symétriques, se produisant spontanément , dans le cours du cycle qui produit le dépassement. Il n’est pas possible d’imaginer échapper à ces deux dérives, elles sont consubstantielles à l’activité spécifiquement théorique, à la relation critique aux luttes actuelles. La pratique active dans les luttes et l’abstraction critique de ces luttes sont et seront toujours tiraillées entre ces deux dérives, qui de ce point de vue ne sont pas des déviations d’une hypothétique route droite et juste. L’élaboration théorique permanente (rien n’est jamais ni acquis ni fini) de la communisation intègre et devra toujours intégrer les critiques réciproques que s’adressent les deux dérives sans les considérer pour autant comme détenant chacune une part de vérité, intégrer les critiques n’est pas faire une synthèse harmonieuse, l’intégration est elle-même critique !
Pour l’heure il est urgent de critiquer la désignation de tout moment d’unité intense dans les luttes comme communisation, la mise en commun de forces ne peut être comprise comme étant déjà création d’immédiateté sociale entre les individus en lutte, en dehors de toute décapitalisation on ne peut avoir que des annonces fugaces, des écarts. Si la communisation sera la production immédiate du communisme contre le capital, cette production de nouveaux rapports se fera dans la décapitalisation des éléments constitutifs du capital, transformation de ces éléments en forces offensives pour de nouvelles décapitalisations. S’emparer des éléments du capital comportera toujours comme limite potentielle interne de pouvoir n’être que socialisation, réorganisation économique et politique, c’est l’existence même de cette dualité conflictuelle potentielle ou actuelle qui sera paradoxalement la marque même de la communisation, cela la distinguera radicalement de toute simple occupation d’espace-temps du capital.
Un autre aspect définitoire de la communisation c’est la dimension, ce sera un mouvement à la fois issu de la crise généralisée du capital, et l’aggravant en luttant contre elle à sa manière. Être un mouvement gigantesque (même seulement dans un pan géographique de l’économie - monde qu’est le capital) n’est pas un simple épithète c’est un aspect essentiel, la communisation s’attaque au rapport de production capitaliste et cette attaque a d’emblée une portée mondiale, le capital se défend sur son terrain qui est le niveau mondial - en « sous-traitant » ou pas cette défense aux Etats selon leur niveau d’articulation au cycle mondial, cette articulation hiérarchisée et en abîme implique une réponse de même type du capital - la restructuration a été mondialisation ou globalisation, bien qu’insuffisante pour caractériser la restructuration cette mondialisation en était bien un élément essentiel. Cette globalisation est un acquis définitif, le capital exploite tout segment particulier ou local du prolétariat en relation avec sa valorisation mondiale et coordonne l’exploitation des divers segments en « temps réel ». Dans la crise le cycle globalisé verra des fractures se faire entre Etats, mais aucune autarcie ni même cycle régional n’est plus possible, la hiérarchie en cascades, de l’hyper-développement aux ghettos-poubelles en passant par les zones émergentes, le tout existant dans chaque zone, nous réserve quelques conflits interprolétariens dont le dernier au Kenya est un exemple et Gaza un autre.
Ce rappel morbide n’est pas destiné à refroidir les enthousiasmes précoces mais il est certain que certaines formes anticipables de la crise mettent brutalement en perspective les luttes actuelles dans lesquelles l’interventionnisme voit de la communisation, A&D évoque ce que dit Joachim Fleur et ce n’est pas très différent de ce je dis.

Commentaires :


  • Désaccords et Convergence, D.A., 27 mars 2008

    Salut

    Questions : Si l’affirmation du prolétariat est impossible, que peut faire la théorie du prolétariat ?

    Si on dit que la communisation ne se fera pas sans décapitalisation, ne dit-on pas : il est nécéssaire d’attendre ce moment ?

    Impressions :

    L’impossible affirmation du prolétariat, c’est la caducité du programme révolutionnaire, mais est-ce que la classe ne peut s’affirmer dans la société-capital et non dans et contre le capital comme au cours de la période"programmatique" ?

    Salud y fraternidad


    • Désaccords et Convergence, , 10 août 2008

      eh bien cher ami, il faut dépasser la théorie du prolétariat, mais sans jamais la renier, en la pensant et en la vivant comme un moment ; un moment qui est terminé, car il ne peut plus penser adéquatement la réalité et prolonger les racines du futur hors de la société-communauté du capital.

      il faut à partir de cela constituer un nouveau pôle théorique et sensible, une nouvelle dynamique dont tu trouveras une formulation chez Jacques Camatte

      pagesperso-orange.fr/revueinvariance/

      bien à toi,

      f.

      http://pagesperso-orange.fr/revuein...


      • Désaccords et Convergence, Emilie, 11 décembre 2008

        Article intéressant je découvre ce site et je reviendrais ça c’est sur :)

        Citation

Comments