Déclaration de l’Anarchist Communist Group (ACG) sur les récents bombardements en Syrie par les gouvernements américain, britannique et français.
Une seule guerre, la guerre de classe !
Une centaine de missiles de croisière ont été lancés contre les installations militaires du régime d’Assad. Dans la foulée, l’ambassadeur américain auprès des Nations Unies, Nikki Haley, a déclaré que les États-Unis étaient « prêts à maintenir la pression » [“locked and loaded”]. Ensemble, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne se sont livrés à des bombardements qui ne seront d’aucune utilité pour les masses syriennes victimes du régime meurtrier de Bachar Assad.
On peut voir que les trois régimes aux États-Unis, en France et en Grande-Bretagne ont leurs propres problèmes intérieurs, et qu’une aventure militaire est toujours un bon stratagème pour détourner l’attention. Trump se débat avec l’enquête Muller en cours, les révélations de l’ancien directeur du FBI Comey et les querelles juridiques en cours avec la star du porno Stormy Daniels, et les sondages qui montrent son manque de popularité. Theresa May est confrontée à de sérieuses divisions au sein de son propre parti, ce qui aggrave les problèmes liés au Brexit, sans compter qu’elle s’accroche au pouvoir grâce à une alliance avec le DUP [Parti Unioniste Démocrate d’Irlande du Nord]. Macron fait face à une agitation croissante à domicile avec ce qui ressemble de plus en plus à une répétition de mai 1968.
Trump a été élu président sur un programme populiste, mais une partie de ce programme était qu’il retirerait les troupes d’Irak et ne serait pas impliqué dans des aventures militaires au Moyen-Orient. Il se démarquait ainsi fortement d’avec Hillary Clinton qui a maintenu une position agressive envers la Russie et appelle à une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie qui aurait provoqué une confrontation avec la Russie, l’alliée d’Assad. Maintenant, Trump a trahi sa base populiste, à la grande horreur de certains de ses anciens partisans conservateurs.
Haley a déclaré que les États-Unis maintiendraient leurs troupes en Syrie et commenceraient à imposer des sanctions contre les entreprises russes faisant des affaires avec Assad.
Certaines des critiques les plus virulentes de Trump proviennent de journaux comme le Washington Post. Juste après les bombardements, un éditorial a été publié critiquant l’attaque conjointe américaine, française et britannique comme étant inadéquate et il a attaqué Trump pour avoir dit qu’il était prêt à retirer les troupes américaines de Syrie. Des vues similaires ont été diffusées dans le journal anti-Trump New York Post. Il est clair qu’une partie substantielle de la classe dirigeante américaine souhaite poursuivre une attitude plus agressive envers la Russie et ses alliés. Ils sont préoccupés par la nouvelle alliance entre la Russie, la Turquie et l’Iran et par l’affaiblissement de l’influence américaine au Moyen-Orient.
Depuis un quart de siècle, les États-Unis et leurs alliés sont engagés dans une guerre permanente, en utilisant des excuses fabriquées comme les fausses armes de destruction massive pour démanteler le régime de leur ancien allié Saddam, pour renverser Kadhafi en Libye à cause d’un « imminent » massacre de civils et maintenant les attaques au gaz par le régime d’Assad.
Les attaques contre le régime syrien n’étaient pas une réponse de dernière minute, mais le résultat de plans préparés sur plusieurs mois, comme en témoigne le haut niveau de coordination entre les trois puissances étatiques.
De larges secteurs de la classe dirigeante américaine, y compris les chefs de l’armée, ont peu confiance en Trump pour pouvoir superviser les manœuvres contre la Russie et ses alliés. C’est pourquoi la campagne contre Trump s’intensifie en même temps que les actions agressives des États-Unis et de leurs alliés. Cela a été explicitement déclaré par les néo-conservateurs qui lient la révocation de Trump au développement des manœuvres militaires.
Aux États-Unis, en France et en Grande-Bretagne, le sentiment anti-guerre est répandu et cela a été aggravé par les bombardements. En Allemagne, des secteurs de la classe dirigeante ont exprimé le besoin de réarmer et, en même temps, de poursuivre des politiques étrangères moins dépendantes des États-Unis. Ce tournant est justifié par la louange des « hautes normes morales et humanitaires » allemandes.
Assad est un dictateur sanguinaire et il est fort possible qu’il ait utilisé des attaques au gaz contre la population syrienne. Cependant, ceux qui condamnent Assad sont les mêmes États qui justifiaient les bombardements massifs de Hambourg et de Dresde et le largage de deux bombes atomiques sur le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, l’utilisation de l’agent chimique Orange au Vietnam, ainsi que du napalm (utilisé précédemment en Grèce en 1949), et l’utilisation du phosphore blanc à Falloujah par l’armée américaine en novembre 2004. Plus récemment, le gouvernement britannique a eu peu de scrupules à fournir l’armement utilisé par l’armée saoudienne pour tuer de nombreux civils au Yémen.
Les États-Unis ont réalisé qu’ils avaient perdu de leur influence au Moyen-Orient. Au début, ils et leurs alliés ont soutenu les milices islamistes dans leurs tentatives de renverser Assad. Maintenant, l’EI est l’ombre de lui-même et Assad contrôle 75% de la Syrie. La Russie avait été avertie avant les bombardements en laissant entendre que ses propres forces et bases ne seraient pas touchées. Néanmoins, il était implicite que les États-Unis étaient toujours la seule superpuissance survivante et que la Russie ne devrait pas dépasser les bornes.
La Russie n’abandonnera pas facilement son allié, la Syrie. Elle a besoin des ports méditerranéens que la Syrie lui fournit. D’un autre côté, les États-Unis voudraient confiner la Russie à la mer Noire et s’inquiètent sérieusement de la nouvelle alliance, temporaire mais possible, entre la Turquie et la Russie et de la force croissante de l’axe chiite en Iran, en Irak et avec le Hezbollah au Liban.
Israël a lancé ses propres attaques contre son vieil ennemi, la Syrie, évidemment avec l’approbation des États-Unis. Pour sa part, la Turquie cherche à accroître son influence et sa présence en Syrie et s’est opposée à l’enclave kurde d’Afrin, en exploitant les tensions entre les grandes puissances.
Quelle qu’en soit l’issue, il est clair que les différentes puissances mondiales et régionales se préparent à plus de conflits armés. En Syrie, plus de 400.000 personnes ont été massacrées et beaucoup d’autres ont été déplacées. La situation est la même en Irak. Les masses n’ont rien à gagner des déprédations meurtrières et barbares des différents gangs armés, qu’ils soient russes, américains, turcs ou islamistes, etc. Seule une révolution visant à renverser tous ces régimes offre une alternative.
Pour l’instant, nous appelons tous les travailleurs internationalistes dotés d’une conscience de classe, communistes, anarchistes et socialistes révolutionnaires, à se rassembler sous la bannière « Une seule guerre, la guerre de classe » pour promouvoir la résistance de la classe ouvrière à la machine de guerre des patrons.
La guerre, c’est la santé de l’État !
Une seule guerre, la guerre de classe !
Article original sur le site ACG
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Big thanks for this!
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