Peut-on vraiment parler de "courant communisateur" ? Réponse à l’Invite - F.D.

lundi, 31 mai 2004

Submitted by Craftwork on January 24, 2017

1 Dans le cadre du collectif d’édition « Senonevero », j’avais il y a deux ans critiqué comme formaliste la démarche consistant à se poser d’emblée des questions sur le fonctionnement d’une éventuelle revue, avant même d’avoir défini son contenu et donc sa nécessité. Je reconnais aujourd’hui que l’invite à participer à l’élaboration d’une « revue internationale pour la communisation », judicieusement intitulée Meeting, dit mieux que le premier projet sur quelles bases et dans quel but on veut ouvrir un nouvel « espace de discussion ».

2 Qu’il existe dans les luttes actuelles des pratiques et des théories diversifiées voire opposées mais visant toutes la communisation, j’en suis bien d’accord. Je partage aussi l’idée que ces pratiques et théories ont en commun la critique de toute organisation de classe permanente, la négation de toute médiation ou transition entre la révolution et le communisme et - bien que ce point fasse tout de même un peu problème pour les anticitoyennistes - l’affirmation de la lutte des classes comme seule dynamique de la destruction du capitalisme. Je ne suis par contre pas sûr qu’on puisse à bon droit parler de « courant communisateur ».

3 En première analyse, cette formule paraît tout à fait satisfaisante. Le qualificatif « communisateur », renvoyant à « communisation », signifie que la révolution « n’est pas un programme qu’on pourrait appliquer ni même quelque chose qu’on pourrait déjà décrire », mais un processus dans lequel nous sommes embarqués et dont il faut « explorer les voies ». Le terme « courant » indique bien que les pratiques et théories tendant à la communisation sont en cours d’élaboration, dans un mouvement plus large qu’on peut comprendre à la fois comme celui de la lutte historique et comme celui de la lutte actuelle entre la classe capitaliste et le prolétariat.

4 Il y a pourtant un problème. Construire à partir des quelques positions définies dans l’invite un « courant communisateur », c’est d’abord fédérer un peu vite les différentes pratiques et théories « intéressantes » - qui ne sont d’ailleurs pas même nommées - et c’est ensuite accréditer un peu l’idée que ce courant est toujours en situation de communiser la société capitaliste, puisque ce qui le définit comme communisateur se perd dans l’abstraction de la dynamique de la lutte des classes. Or nul ne peut soutenir qu’elle approche aujourd’hui de ce point de fusion où se pose concrètement la question de l’abolition de l’exploitation et des classes ou, dit positivement, la question de la production de l’immédiateté des rapports entre individus singuliers. Le sous-titre même de Meeting, « revue pour la communisation », implique la reconnaissance de la différence entre ce qui est simplement visé et ce qui est effectivement et actuellement atteint. Sans pour autant lever l’ambiguïté du terme « communisateur ».

5 D’autre part, le mot « courant  », désignant dans le texte des individus et groupes déjà engagés dans des activités visant la communisation, pose le sujet révolutionnaire comme sujet politique virtuellement autonome. Ce qui est ici en cause, ce n’est pas la forme d’activité plus ou moins spécialisée que prend et conservera sans doute jusqu’à l’approche de la révolution cet engagement (qui n’a rien d’existentiel). Ce n’est pas non plus la nécessité actuelle de se définir aussi face à l’ennemi citoyenniste, en allant au-delà de la dénonciation anticitoyenniste. C’est la surprenante indétermination du rapport de ces pratiques et théories de rupture aux luttes actuelles du prolétariat, dans lesquelles on nous dit pourtant qu’elles se développent, et donc la non-intégration dans la définition même de la tâche théorique de ce facteur inhibant que représente l’activité pour le moment strictement défensive de la classe.

6 La double confusion tendancielle entre le but et le mouvement, d’une part, le prolétariat et ses fractions radicales, d’autre part, est sans doute provisoirement inévitable. Elle participe de l’autonomisation de la dynamique des luttes, dans ce cycle où le prolétariat produit tout son être dans le capital et donc où la reproduction du système est l’horizon quotidien de la lutte de classe. Mais cette situation actuelle de la théorie peut rendre difficile une véritable confrontation théorique. Certains camarades peuvent absolutiser le mouvement et poser la communisation comme toujours possible, sans trop chercher à déterminer où en est le processus, voire poser le processus comme en principe indéterminé, sans répondre sur le fond aux critiques de T.C. Ceux de T.C. peuvent quant à eux fort bien définir et redéfinir la communisation dans l’analyse du cours du capital et des luttes sans intégrer suffisamment ce qui dans ce cours fonde le besoin d’intervention et la conception indéterministe.

7 Des deux côtés, par manque d’un changement théoricien dans le cours des luttes, on risque d’avoir du mal à « faire travailler les textes à leur propre dépassement ». Des deux côtés, on risque de raisonner comme si la notion de « courant communisateur » ne faisait pas problème, ceci en raison même de l’éloignement de la communisation effective. Car bien que l’analyse concrète des luttes concrètes puisse en partie améliorer la précision du « préviseur », l’éloignement du but force à et permet de se contenter d’abord de l’abstraction la plus générale du processus de la communisation et d’une définition très politique du sujet communisateur.

8 Le pari de Meeting n’est donc vraiment pas gagné d’avance. Je souhaite bien sûr que la revue paraisse et devienne un organe d’échanges théoriques réguliers et fructueux au moins à l’échelle européenne, l’approfondissement du débat n’ayant rien à perdre à son élargissement. Mais je crains qu’on ne construise un sujet révolutionnaire ad hoc pour les besoins de la problématique fondatrice de la revue et j’aimerais donc que soit mise à l’ordre du jour la question du « courant communisateur ».

François

novembre 2003

Commentaires :


  • > Peut-on vraiment parler de "courant communisateur" ?, GCI, 29 novembre 2004

    VOICI NOTRE CONTRIBUTION A LA QUESTION DE LA COMMUNISATION. BONNE LECTURE...

    Communisation ?

    Une autre idéologie centriste soi-disant neuve, consiste en ce qu’on appelle aujourd’hui la "communisation". On affirme par exemple, dans le tract cité plus haut pour son intéressante critique au pseudo-anticapitalisme, et qui est signé "des libertaires" : "Pour tendre à la production de nouveaux rapports sociaux, les attaques contre le capitalisme doivent déjà contenir une communisation de la lutte et des rapports qui s’en dégagent. Il n’y a plus aucun projet positif, aucune affirmation prolétaire possible à l’intérieur du Capital."

    Bien sûr, nous sommes d’accord avec le fait que dans la lutte contre le capital nous devons développer des relations nouvelles et qu’il n’y a aucune affirmation prolétarienne possible à l’intérieur du capital. Le problème, c’est ce "petit mot", devenu à la mode dans certains milieux pseudo-révolutionnaires : "communisation". Comme si le communisme se faisait peu à peu, comme s’il pouvait se développer sans détruire préalablement le capitalisme, comme s’il pouvait surgir sans anéantir totalement le capitalisme , comme si le marché capitaliste pouvait disparaître sans qu’un despotisme humain ne s’exerce contre lui. Au fond, cette théorie n’est pas neuve non plus. Dès le début du 20ème siècle certains secteurs de la social-démocratie développèrent ce qu’ils dénommèrent alors "socialisation" : la société devait se "socialiser" peu à peu.

    Il est clair que les défenseurs de la théorie de la "communisation" considéreront ce parallèle comme une offense et protesteront en disant qu’il s’agit de quelque chose de tout à fait différent. Cependant, dans la pratique on introduit dans les deux cas une conception gradualiste, et on nie ouvertement le saut de qualité que constitue l’insurrection, la dictature contre le taux de profit et la valeur, sans lequel parler de communisation ou de socialisation ne peut que semer la confusion et servir la réaction.

    D’autre part, l’idéologie actuelle de la "communisation" surgit d’un groupe qui n’a jamais rompu avec la social-démocratie, avec le léninisme et l’eurocentrisme. Théorie Communiste est un groupe typiquement eurocentriste pour qui, tout ce qui se passe en Europe est le fait du prolétariat, et tout ce qui se passe loin d’Europe est le fait de masses populaires (ils ont été jusqu’à qualifier la révolte prolétarienne en Irak en 1991 de "soulèvement populaire" !). De même, Théorie Communiste soutient ouvertement qu’en Russie, à l’époque de Lénine, régnait la dictature du prolétariat ! Pour les révolutionnaires internationalistes, il est clair que cette dictature s’exerça contre le prolétariat et qu’il s’agissait de la vieille dictature capitaliste, comme nous l’avons démontré dans différentes analyses (52). Sur ces bases (qui assimilent le programme du prolétariat au développement du capitalisme défendu par Lénine) et sur base de la théorisation selon laquelle la question de la transition révolutionnaire serait historiquement dépassée parce que le programme du prolétariat aurait été réalisé par le capital (53), on considère que le prolétariat pourrait se nier lui-même et réaliser le communisme sans se fortifier comme classe et imposer sa dictature (ce qui est ouvertement révisionniste).

    Cette théorie pourrait sembler moderne et attirante, mais elle n’est absolument pas claire sur la question essentielle de la révolution, de l’insurrection et de l’action révolutionnaire et dictatoriale de destruction de la société bourgeoise. Comment le prolétariat pourrait-il se nier sans se constituer en force ? Certainement pas à l’intérieur du capitalisme, comme le prétend la social-démocratie. En s’organisant en dehors et contre lui. En s’organisant en dehors de ses structures, parlementaires, syndicales et contre ses cortèges et ses manifestations de moutons, en se constituant en force antagonique à tout ce cirque. Ce n’est qu’en se constituant en force internationale, en parti révolutionnaire de destruction du monde bourgeois que le prolétariat peut, dans le même processus, se nier et détruire le capital et l’Etat. Faire croire que le monde pourrait être communisé en dehors de la puissance organisée du prolétariat en parti, c’est collaborer avec tout le spectre politique gauchiste bourgeois qui s’applique à nier justement le plus important : la rupture violente et totale de l’ordre capitaliste par la révolution ; le saut de qualité, la conspiration révolutionnaire et l’insurrection, l’organisation internationale du prolétariat en parti communiste, son œuvre destructrice de toute la société bourgeoise. Parler de communisme sans se référer à tout cela est utopique et réactionnaire.

    Si la terminologie classique des révolutionnaires en lutte pour le parti révolutionnaire, pour la dictature révolutionnaire du prolétariat ou pour un semi-état prolétarien,... dérange les camarades "libertaires" qui écrivent ce tract, qu’ils en choisissent une autre, mais surtout qu’ils ne renoncent pas à l’essentiel : la lutte insurrectionnelle, la destruction par la violence du capitalisme. De nombreux révolutionnaires, de Bakounine à Flores Magón utilisèrent des termes tels que dictature des frères internationaux, dictature de l’anarchie, dictature des conseils ouvriers et même "parti libéral", sans pour autant (et c’est en cela qu’ils étaient révolutionnaires) renoncer à l’essentiel : la nécessité de la concentration de la violence révolutionnaire, de la lutte armée révolutionnaire, la nécessité de liquider le capitalisme par la violence de classe.

    Dans le milieu où évoluent nos camarades "libertaires", il ne s’agit pas d’une question de mots. En envisageant une communisation sans dictature révolutionnaire du prolétariat, ces camarades renoncent réellement à la révolution sociale (54).

    http://www.geocities.com/icgcikg


    • > Peut-on vraiment parler de "courant communisateur" ?, Calvaire, 3 décembre 2004

      Je pense personnellement que le GCI devrait apprendre à lire plus loin que le bout de leur dogmatique nez. Leur commentaire est plein d’incompréhension manifeste des théories développées autour du concept de communisation dans la revue Meeting et de leur diversité.

      Je prendrai juste un exemple, le premier jet de l’incompréhension manifeste.

      ’’Le problème, c’est ce "petit mot", devenu à la mode dans certains milieux pseudo-révolutionnaires : "communisation". Comme si le communisme se faisait peu à peu, comme s’il pouvait se développer sans détruire préalablement le capitalisme, comme s’il pouvait surgir sans anéantir totalement le capitalisme , comme si le marché capitaliste pouvait disparaître sans qu’un despotisme humain ne s’exerce contre lui. Au fond, cette théorie n’est pas neuve non plus. Dès le début du 20ème siècle certains secteurs de la social-démocratie développèrent ce qu’ils dénommèrent alors "socialisation" : la société devait se "socialiser" peu à peu.’’

      Ce passage commence par un jugement de valeur sans arguments : ’’devenu à la mode dans certains milieux pseudo-révolutionnaires’’.

      Puis, l’incompréhension globale du concept de communisation :

      ’’Comme si le communisme se faisait peu à peu, comme s’il pouvait se développer sans détruire préalablement le capitalisme, comme s’il pouvait surgir sans anéantir totalement le capitalisme , comme si le marché capitaliste pouvait disparaître sans qu’un despotisme humain ne s’exerce contre lui’’.

      Comme il n’y a pas de transcroissance entre les luttes particulières, les luttes quotidiennes ou encore les luttes de classe et la révolution, la communisation ne peut se réaliser dans le cadre du capitalisme car la communisation est le moment de rupture et de destruction totales du monde capitaliste. Comme le dit Christian Charrier : ’’La prochaine révolution sera communisation de la société, c’est-à-dire sa destruction, sans "période de transition" ni "dictature du prolétariat", destruction des classes et du salariat, de toute forme d’État ou de totalité subsumant les individus...’’ Dans ce cadre, la communisation ne peut exister avec le capitalisme ou dans ses marges car la communisation est destruction de la société et de tout ce qui la fonde. Il ne faut pas confondre immédiateté sociale des individus se réalisant dans la destruction des médiations capitalistes, marchandes, salariales... et immédiatisme qui parle plus d’une révolution du quotidien dans le monde capitaliste. Comme le dit François Danel : ’’C’est cette pratique immédiatiste - la révolution comme mode de vie, la révolution en marche dans nos vies, au quotidien - qui, née d’une mauvaise compréhension de ce qu’est le capital et nous dedans, reproduit en retour cette mauvaise compréhension comme idéologie de la révolte’’. Il n’a rien de commun entre immédiatisme et l’immédiateté sociale de la communisation. Je n’ai pas entendu non plus qui que ce soit développant les théories de la communisation et participant à Meeting dire que la révolution sera un dîner de gala et qu’elle se fera sans qu’un mouvement révolutionnaire ne détruise la société, ce que vous appelez très généralement avec des propos quasi humanistes, du moins référant à une humanitude, de despotisme ’’humain’’.

      Aussi, la communisation comme destruction, révolution, abolition des classes... n’a rien à voir avec la sociale-démocratie qui se vit comme l’aile molle du programmatisme, de l’affirmation/émancipation du prolétariat comme classe et du travail comme sa composante essentielle, et qui voudrait concilier tout au plus le capitalisme et la société du travail autogéré par les prolétaires, bref qui voudrait tout au plus que l’autogestion du capitalisme. La communisation est la destruction de la société et de ce qui la fonde dont principalement dans ce cadre le capitalisme et non l’autogestion de celle-ci et encore moins l’affirmation à travers la politique électoraliste bourgeoise du pouvoir ouvrier, pouvoir que nous savons s’exercer contre les travailleurs et les travailleuses plus souvent qu’autrement.

      Je suis d’ailleurs probablement un des seuls à prendre en considération véritable l’immédiatisme comme plus qu’une erreur.

      Cette réponse n’est qu’un début...


      • Pouvoir et révolution, GCI, 7 décembre 2004

        Nous allons tenter d’exposer ici, en quelques lignes, l’antagonisme global existant entre la conception de la révolution sociale et l’idéologie aujourd’hui particulièrement à la mode qui voudrait changer le monde sans détruire le pouvoir du capital.

        L’ennemi cherche en permanence à déformer la conception révolutionnaire. C’est pour cette raison que les partisans des thèses de la non lutte pour le pouvoir s’obstinent à affirmer que la différence entre réforme et révolution est dépassée. C’est faux, rien n’a été dépassé ! Tant que la révolution sociale n’aura pas eu lieu, subsistera l’antagonisme entre révolution et sauvetage du capitalisme à l’aide de réformes ! Ce qui se passe en réalité, c’est que ces réformistes n’osent tout simplement pas assumer ce qu’ils sont. Ils savent que pour semer efficacement la confusion sur le plan idéologique, ils doivent se présenter comme un doux mélange de réformisme et de révolution. Mais même sur ce point, ils ne font preuve d’aucune originalité ! Kautsky a passé sa vie à faire de l’équilibrisme entre ce qu’on appelait alors réforme et révolution et, pratiquement, sa conception a agi comme l’un des freins idéologiques les plus puissants, c’est-à-dire comme une des meilleures armes de la contre-révolution.

        Nous l’avons relevé dans les différents exemples de cette revue : ce n’est pas seulement la lutte pour le pouvoir que ces gens repoussent, non, ce qu’ils rejettent par dessus tout, c’est la lutte pour la destruction du pouvoir bourgeois et, par conséquent, la lutte pour la constitution d’un pouvoir prolétarien, la lutte révolutionaire dans sa totalité.

        Et de fait, la lutte révolutionnaire est obligatoirement une lutte pour le pouvoir. Ou le pouvoir est entre les mains du capital, ou c’est la révolution qui le détient. Il n’y a pas de demi-mesure ! Même si, régionalement, il peut y avoir une brève période correspondant à ce qui a été défini au cours de l’histoire comme la dualité des pouvoirs (par exemple, en Russie 1917) -et en laissant ici de côté le fait que ce concept n’a jamais servi la révolution mais a toujours été source de confusion- nous devons affirmer qu’une telle situation ne peut perdurer, elle doit nécessairement se résoudre, soit en faveur de la conservation de l’ordre, soit pour la révolution sociale : si l’on ne détruit pas le pouvoir du capital, celui-ci détruit nécessairement le pouvoir surgi de la révolte. Toute illusion de contre ?pouvoir sans action destructive du pouvoir du capital ne peut que favoriser la réorganisation de ce dernier. Voilà ce que les actuels partisans de la théorie du contre-pouvoir passent volontairement sous silence. Ils omettent également de dire qu’aucune des situations actuelles n’est comparable à une situation définie comme dualité des pouvoirs. Et ce serait faire preuve d’une totale ingénuité -si ce n’était pure propagande bourrgeoise- que de prétendre que les Colimaçons zapatistes pourraient un jour devenir un véritable contre-pouvoir ! Pour que le contraste soit encore plus évident, rappelons qu’en Russie en 1917, il s’agissait d’une insurrection prolétarienne contre l’Etat bourgeois et que, si l’on peut trouver un sens à parler de “double pouvoir”, cela faisait référence à la décomposition révolutionnaire des forces répressives qui refusaient de plus en plus ouvertement les ordres de l’Etat et qui, par régiments entiers, se soulevaient, se mettaient au service des organes prolétariens que la révolution créait au fur et à mesure de son développement.

        Ceci étant dit, en cette période où le manque de connaissance du programme de la part du prolétariat et des avant-gardes qui s’affirment dans la rue est tout à fait tragique, il nous paraît indispensable d’affirmer quelques éléments centraux de la lutte révolutionnaire qu’occultent ou défigurent systématiquement l’ensemble des théories actuelles voulant “changer le monde sans prendre le pouvoir” ou prônant la “socialisation ou la communisation du monde” sans destruction du pouvoir du capital.

        La révolution sociale implique deux aspects inséparables :

        • la destruction de l’appareil armé de la bourgeoisie et plus globalement celle de l’Etat capitaliste dans sa totalité, ce qui inclut évidement toutes les institutions qui assurent la reproduction de la domination de classe et l’exploitation (partis, syndicats, églises, prisons, armés, écoles,...)

        • la destruction de la dictature économique du capital, dictature qui se nourrit de l’autonomie des structures productives, des décisions autonomes prises par les unités productives basées sur la propriété privée des moyens de production.

        Si le premier point est bien connu des avant-gardes internationalistes, le second est malheureusement moins connu et a été très peu explicité par les différents groupes révolutionnaires au cours de l’histoire. Tout au long de son œuvre, Marx met en évidence que la clé de la société marchande (et le capitalisme est la société marchande généralisée !) réside dans le fait que la production est privée et qu’elle ne devient sociale qu’au travers de l’échange. L’indispensable destruction de la production pour l’échange implique la destruction du caractère privé de la production, et donc, la destruction des décisions autonomes des entreprises ainsi que des entreprises elles-même, en tant que sujet de décision libre et indépendante, base des droits démocratiques. Cela ne peut se réaliser que si la production est directement sociale ce qui implique la centralisation organique de toutes les décisions concernant la production, c’est-à-dire la dictature révolutionnaire des producteurs associés. La révolution ne doit pas seulement détruire le mode de distribution (comme voudrait le faire tout socialisme bourgeois), elle doit aussi détruire le mode et le contenu de la production et décider sur des bases totalement différentes quoi produire et comment le produire.

        Autrement dit, la barbarie de la société capitaliste ne réside pas seulement dans le fait que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, comme se fatigue à le répéter le socialisme vulgaire. La barbarie de la société capitaliste réside dans le fait que l’objectif de la production n’est pas l’être humain mais le profit. Depuis des siècles, les marchandises produites ne sont que la caricature de ce dont l’être humain a besoin (les valeurs d’usage ne sont rien d’autre qu’un support pour la valeur !). Les choses et les services produits comme marchandises, contiennent la marque indélébile de la production privée de marchandises, une production dont le but est de réduire l’homme en esclavage. Non seulement les objets de consommation sont contaminés par la dictature historique du taux de profit –ils sont créés, non pas pour la vie humaine, mais pour être vendus-, mais les moyens de production eux-mêmes ont été conçus non pas pour épargner du travail mais pour augmenter le taux de profit. C’est pour cela que la révolution sociale implique la remise en question de la totalité de la production matérielle, la liquidation de toute décision autonome (d’entreprise, municipale, d’assemblée...) qui se prend nécessairement en fonction des possibilités d’échange. La base de la révolution sociale ne peut être que le changement total de l’ensemble des rapports de production et de l’objectif de la production, sans quoi tout discours sur la “ nouvelle société ” n’est que masturbation idéaliste. La profondeur de la révolution sociale se mesurera précisément à sa capacité à transformer radicalement (à la racine !) l’ensemble de la production, à sa capacité à abolir les décisions autonomes de la propriété privée et par conséquent les relations d’exploitation, à sa capacité à imposer organiquement et de façon généralisée des besoins humains qui fassent de toute production une production humaine. Pour la première fois, l’être humain ne sera plus déterminé par les rapports de production, ce sera lui qui, en décidant de tous les aspects de la production matérielle, anéantira la domination qu’exerce sur lui le monde objectif (l’économie) et pourra commencer à vivre sa véritable histoire en tant qu’humanité consciente.

        Les réformistes, avec leurs théories de non lutte pour le pouvoir, nient l’ensemble des aspects de la lutte révolutionnaire : ils nient non seulement la nécessité de détruire le capital comme force politique, répressive et idéologique, ce qui est évidemment déjà très grave, mais ils récusent également la nécessité la détruire la production privée, dont le principe d’autonomie de décision constitue pourtant la clé de la production pour l’échange, l’essence du capitalisme comme mode de production marchand généralisé. Ils rejettent la destruction du capitalisme, mais aussi la construction conséquente et incontournable d’une force politique révolutionnaire centralisée. Le grand vide théorique qu’on retrouve chez ces réformistes à propos de l’Etat de la période de transition découle évidemment de leur idéologie de non destruction de l’Etat bourgeois et de leur rejet (implicite ou explicite selon les cas) de la dictature du prolétariat, qui est la négation en acte de tout Etat.

        L’apologie des unités autonomes (ou des gouvernements locaux autonomes dans le cas de Marcos & Cie), de l’occupation et de la gestion autonome des entreprises, de l’autogestion de quartier, locale, productive, distributive et le concept même de défense de tous les particularismes en une entité supérieure (la multitude !), l’apologie des réseaux d’échange, des réseaux diffus, ne fait que pousser au développement de ces bases autonomes et de fait nécessairement privées, qui constituent la clé de la société marchande, de la société bourgeoise. Multitudes, réseaux diffus, autogestions, réseaux d’échange ne peuvent rien faire d’autre que produire en tant qu’unités privées autonomes, ils ne peuvent que reproduire le caractère privé de la production. Le maximum auquel cette très “libertaire” société multiple d’échange puisse aspirer est une petite réforme distributive (et même cela, nous le voyons tout à fait limité car le réformisme actuel, en pleine catastrophe sociale, est incapable de changements véritables), et encore, uniquement si cette petite réforme ne dérange pas trop l’une ou l’autre force du capital armé. Mais unités multiples et variées, Conseils de bons ou de mauvais gouvernements, “Caracoles” ou coopératives, entreprises grandes ou petites, fermes écologiques et/ou autogérées, occupées ou sous contrôle ouvrier, tous et toutes chercheront irrémédiablement à devenir rentables et se révéleront donc absolument impuissants face à l’absurde (inhumaine) production actuelle, fruit de siècles de dictature de la valeur ayant réduit l’être humain en esclavage. La dictature du taux de profit continuera à diriger ce qui est produit et comment on le produit.

        La dictature révolutionnaire du prolétariat, au contraire, liquidera les racines mêmes de cette société, elle imposera la dictature des besoins humains contre toute production autonome et contre le mercantilisme qui en découle, elle liquidera la production pour l’échange (et donc pour le profit) et remettra en question la totalité des “choses” produites (qui, de fait, ont été conçues sur base de critères inhumains), afin de forger une production matérielle enfin décidée par l’être humain, enfin conçue pour libérer l’homme du travail, une production en fonction de ses véritables besoins et désirs humains. Jusqu’à présent, l’homme n’a jamais décidé de sa propre histoire, ce sont les contradictions matérielles, et en particulier les rapports sociaux de production, qui se sont imposés à lui. Sans destruction du capital, la liberté de l’homme et l’autonomie de décision ne sont rien d’autre que dictature de la valeur sur l’espèce humaine. La condition pour que l’être humain entreprenne sa propre histoire est, justement, qu’il impose ses réels besoins d’être humain et qu’il détruise violemment et sans aucune complaisance la loi économique qui se dissimule derrière les mots liberté, autonomie, démocratie, autogestion... : la loi de la valeur.

        extrait de notre revue centrale Communisme N°56

        http://www.geocities.com/icgcikg


        • > Pouvoir et révolution, Calvaire, 8 décembre 2004

          ’’Nous allons tenter d’exposer ici, en quelques lignes, l’antagonisme global existant entre la conception de la révolution sociale et l’idéologie aujourd’hui particulièrement à la mode qui voudrait changer le monde sans détruire le pouvoir du capital.’’

          Je ne sais pas à qui répond ici le GCI car personne qui participe à Meeting pense que la révolution peut s’opérer sans détruire le Capital. Et personne non plus pense qu’un simplement changement social en-dehors de la révolution comme communisation est vraiment suffisamment intéressant.


        • > Pouvoir et révolution, , 8 décembre 2004

          Je suis allé sur le site du GCI, les guides et organisateurs du communisme, pour y placer le texte de l’Invite et peut être quelques éléments tirés des deux textes sur la communisation (en respectant le nombre de caractères de leur message, il faut être correct), il faut s’entraider entre révolutionnaires, je suis toujours favorable à l’échange entre amis, mais cela est impossible. Aucun texte n’est prévu pour qu’on puisse en discuter, seul un courrier est prêvu... C’est dommage, leurs lecteurs ne pourront profiter du caractère fructueux de tous les échanges comme peuvent le faire les lecteurs du site de Meeting. Je propose que l’on ouvre sur Meeting une rubrique-concours de la bêtise satisfaite qui décernerai le trophée du Gros Curé Imbu. Entre les lauréats, par tirage au sort en présence des huissiers Pannekoek et Bordiga sera désigné le futur prolétaire-dictateur controlé par la base et constamment renouvelable à condition qu’il soit membre du GCI ou d’un organisme affilié ou similaire.

          RS


      • > Peut-on vraiment parler de "courant communisateur" ?, , 9 décembre 2004

        Réponse de TC à la critique du GCI publiée dans le numéro 18

        Réponse à l’ " Organe Central en français "du " Groupe Communiste Internationaliste ”, " Guide et organisateur de l’action communiste "(sic)

        Chers guides et organisateurs

        Il va sans dire que cette lettre n’est qu’une mise au point publiée dans TC et n’a jamais été envoyée au GCI avec lequel nous n’entamons aucune discussion.

        Pourquoi vous êtes-vous soudainement intéressés à nous ? Il est évident que nous ne méritons pas les quelques pages que vous nous consacrez dans la mesure où nous sommes dans l’incapacité de vous répondre car la question de la construction du Grand-Parti-Révolutionnaire-Prolétarien est sortie de l’histoire il y a maintenant presque un siècle et des préoccupation théoriques il y a une trentaine d’années. La théorie a toujours un peu de retard à l’allumage, la vôtre exceptée qui est définitivement éteinte. Centristes, droitiers, gauchistes, sociaux-démocrates, gradualistes, nous succombons et implorons un peu d’indulgence. Nous nous consolons en pensant que vous n’avez jamais ouvert un numéro de Théorie communiste (voir plus bas) et nous vous en remercions.

        Mais alors, pourquoi ? Voyons voir, réfléchissons, nous avons comme un doute. Ne serait-ce point dans ces quelques arpents de neige que l’on appelle le Québec que se trouverait la solution ? Depuis des années vous labourez ces terres et voilà que là-bas, coup sur coup, certains ont l’ingratitude de parfois s’intéresser à d’autres qu’à vous. Et pourtant que d’efforts et de mansuétude ! Par exemple, les auteurs de la " Belle province "peuvent continuer à se dire " libertaires ”, mais à condition qu’ils soient pour le Parti, et pas pour la communisation, et même s’ils se disent " libertaires "vous les trouvez gentils ... à condition qu’ils viennent chez vous.

        Une telle abnégation doit vous coûter et vous méritez amplement votre autoproclamation comme " guides et organisateurs de l’action communiste ”. De notre côté, nous sommes un " petit groupe restreint d’initiés ”, comme vous le dites si bien dans votre fatuité, et n’ayant aucune ambition organisationnelle nous ne pouvons que constater ce que d’autres font d’idées puisées dans TC. Nous nous en réjouissons parfois, et nous critiquons souvent. A ce propos, votre excommunication de TC s’orne de deux citations. Pour la première vous précisez la référence, mais cela a beau ressembler à du TC, cela n’en est pas (ce qui n’empêche que, malgré de nombreuses réserves sur ce texte, c’est avec plaisir que nous pourrions discuter avec ses auteurs) ; pour la seconde c’est, d’après vous, une " perle "qui se passe tellement de commentaires, qu’elle se passe également de références. Là où vous êtes fourbes c’est quand votre façon de l’introduire dans votre texte ne peut que laisser comprendre que c’est une citation de TC. Or, elle se trouve page 17 d’une brochure intitulée " Catastrophe et révolution "qui n’est pas une production de TC et qui fut même longuement critiquée, cette citation même, dans TC 16 (à ce propos prenez-vous vos lecteurs pour de tels imbéciles non-initiés que vous rajoutez à cette citation la signification des sigles ONU et FMI ? ). Là également, sur la base de ce texte et de notre critique, nous entrenons des rapports théoriques et amicaux forts agréables avec son auteur. C’est certainement un effet de notre opportunisme doctrinal.

        On ne saurait être guides sans être magnanimes, dites nous, s’il-vous-plait, ce qui l’emporte chez vous de la bêtise ou de la malhonnêteté. Pour vous aider à répondre à cette délicate question voici quelques citations de Théorie Communiste à propos de nos monstrueuses déviances.

        " Eurocentrisme ”

        * " Cela ne nous gêne pas d’appeler mouvement du prolétariat cette série de luttes (en Equateur) incluant celles du "mouvement indien" essentiellement paysan. Non seulement ces dernières s’inscrivent dans des luttes urbaines et industrielles récurrentes et ne prennent leur ampleur que dans ce contexte. Mais encore nous appelons prolétariat la polarisation sociale de la contradiction qu’est la baisse tendancielle du taux de profit en activités contradictoires ”. (TC 16, p.16)

        * " Les émeutes de 88 (en Algérie) ont avant tout une origine ouvrière, fin septembre, début octobre, les grèves se multiplient et une grève générale est prévue pour le 5 octobre. Face à l’augmentation des prix, les salaires sont toujours bloqués : les émeutes éclatent les 5 et 6 octobre 88. "(TC 11, p. 82)

        * "L’histoire et l’analyse de l’Intifada, c’est l’histoire et l’analyse d’un mouvement prolétarien et de sa limite intrinsèque : le nationalisme. (...) L’hitoire de l’Intifada est une perpétuelle tension entre sa nature fondamentale de mouvement prolétarien et le nationalisme. "(TC 11, p. 115)

        * " Tout d’abord le pouvoir en Irak ne change pas, il aurait fallu pour cela trouver un compromis national, chose impossible, quel principe de développement et de rapport au capital mondial aurait pu servir de base à ce compromis ? Il est bien plus préférable de laisser le pouvoir central massacrer la révolte ouvrière chiite du sud (cf. ‘La guerre des Shuras ”, brochure parue à Montréal), ce qui donne un avertissement à l’Iran et aux ouvriers du secteur pétrolier dans les pétromonarchies (...). (TC 11, p. 162)

        * " A partir de la fin 78 et au début 79 (en Iran), le mouvement déterminant de la période est le vaste mouvement de luttes du prolétariat ". (TC 11, p. 97)

        " Gradualisme ”

        * " La communisation est une action révolutionnaire produisant immédiatement de nouveaux rapports comme lutte contre le capital, elle n’est en aucune façon un état social. Elle ne peut créer d’enclaves, elle ne peut que l’emporter mondialement ou disparaître totalement. Il n’y a pas de différence entre l’action révolutionnaire et son but, les mesures de communisation sont des mesures de lutte, chaque mesure ne s’effectue que comme anticipation de la mesure suivante, elles n’existent que comme dynamique, cours accéléré de la révolution se répandant. La victoire ou la défaite de la révolution sera rapide, mais des éclatements se produiront à répétition en divers points du monde jusqu’à ce qu’un éclatement ou sans doute plusieurs éclatements simultanés ne l’emportent, mais il n’y aura pas de révolution partielle, il n’y aura pas d’acquis à défendre. "(TC 16, p. 10-11)

        * " Nos orientations dans la période actuelle, c’est la critique des rapports de production capitalistes restucturés, c’est donc la critique de l’alternativisme, c’est l’affirmation que le communisme n’est pas démocratie vraie, n’est pas économie sociale, qu’il ne répond pas à la question de comment relier les individus entre eux ; c’est l’affirmation de la rupture révolutionnaire comme incontournable.

        C’est l’affirmation enfin que la révolution communiste est révolution prolétarienne, que c’est le prolétariat en tant que classe qui abolit les classes en produisant le communisme, qu’il trouve dans ce qu’il est contre le capital la capacité de communiser la société. "(TC 13, p. 3)

        * " Le prolétariat met à jour dans sa lutte contre le capital les notions de salaire et de profit, pose par sa lutte la richesse produite et accumulée dans sa forme sociale de capital, c’est-à-dire impliquant l’existence du salariat, de la plus-value, de la marchandise, qui le définissent lui-même ; il commence à s’emparer des moyens de production comme mesure de sa lutte contre le capital. On est alors au stade où le mouvement comme lutte quotidienne atteint son point de fusion, l’eau va se mettre à bouillir, à changer d’état. Le moment du saut qualitatif est celui où, à partir de là, la classe, dans la lutte contre le capital, produit le propre fait d’être une classe comme une contrainte extériorisée, imposée par le capital. C’est le moment déterminant de la lutte des classes. Mais l’eau a beau bouillir, a beau avoir changé d’état c’est toujours de l’eau, heureusement.

        Heureusement, car dans cette situation où l’appartenance de classe est la relation conflictuelle avec le capital, le prolétariat lorsqu’il "s’empare des moyens de production”, le fait comme mesure dont la forme et le contenu lui sont fournis par ce qu’il est : abolition de l’échange, de la valeur, de la propriété, de la division du travail, des classes, etc. ; sur la base de l’échange, de la valeur, etc. C’est le moment où son action de classe n’a pour contenu que l’abolition des classes, la communisation de la société. L’eau cesse alors d’être de l’eau, même sous forme de vapeur.

        La crise est ce moment de l’histoire du mode de production capitaliste où se noue l’irréconciliabilité absolue entre la logique de l’accumulation capitaliste et les revendications ouvrières que cette accumulation même implique, parce qu’elle les fait siennes en tant que mouvement nécessairement contradictoire de l’exploitation. La révolution ne procède pas directement de la résistance quotidienne, des luttes revendicatives, elle en est l’aboutissement non comme une transcroissance, mais comme dépassement produit de cette irréconciliabilité. "(TC 13, p. 27)

        " Le peuple ”

        * " Tant que le mode de production capitaliste se reproduit, le prolétariat est nécessairement soumis à ses formes d’existence car le capital est le sujet constamment renouvelé de la reproduction du rapport, et la contradiction du prolétariat avec le capital trouve tout aussi nécessairement ses limites, qui peuvent aller jusqu’au nationalisme et au racisme, dans les formes de l’autoprésupposition du capital. "(TC 16, p. 4)

        * " Le populisme se nourrit et se revivifie continuellement aux limites des luttes du prolétariat, quand celui-ci ne peut se dégager soit des contradictions relatives à une reproduction non spécifiquement capitaliste de la force de travail, soit d’une fixation de la contradiction entre prolétariat et capital au niveau de la reproduction d’une force de travail potentielle, soit du cadre d’une économie duelle où l’articulation entre les deux secteurs n’apparaît dans leur implication réciproque que comme misère et richesse, soit, et c’est souvent le cas, de tout cela à la fois . "(TC 11, p. 99)

        " Léninisme ”

        * " La compréhension de la prise du pouvoir par les Bolchéviks comme la victoire de la révolution prolétarienne est le point où se bloquent toutes les dynamiques théoriques de la Gauche "italienne”, son "trou noir”. Ce n’est qu’après la deuxième guerre mondiale qu’une partie de la Gauche abandonne la notion "d’Etat prolétarien”. Par là la Gauche se condamne à n’avoir qu’une compréhension critique théorique de type politique de la montée en puissance de la classe comme affrontant son affirmation autonome. Sinon c’est reconnaître la prise du pouvoir par les Bolchéviks comme contre-révolution.

        C’est pour avoir franchi ce pas, ayant été pratiquement contrainte dans le cours de la révolution de s’opposer au bolchévisme et à l’Internationale, que la dynamique ouverte par la Gauche germano-hollandaise fut infiniment plus porteuse et productive et par là-même, plus erratique. "(TC 14, p. 44)

        * " Les Gauches, même la Gauche germano-hollandaise, ne saisissent jamais la véritable nature de la révolution russe : révolution programmatique ayant pour contenu l’affirmation autonome de la classe et par là-même trouvant dans la capacité du travail à revendiquer la gestion de la société capitaliste, donc dans ce qui est sa puissance même à l’intérieur du capital, acquise dans le passage en subsomption réelle, sa limite se formalisant contre elle-même comme une contre-révolution que les partis issus de la seconde internationale sont plus ou moins aptes, selon leur situation spécifique, à prendre en charge, à formaliser.

        Quand la Gauche germano-hollandaise pose la révolution bolchévique comme révolution bourgeoise et contre-révolution, elle passe à côté de l’essentiel de cette révolution bourgeoise : sa spécificité en tant que contre-révolution. Elle n’existe comme révolution bourgeoise, dans sa possibilité même et ses caractéristiques, que comme contre-révolution, sur les limites de la révolution prolétarienne programmatique. Quand l’ultra-gauche voit le côté contre-révolutionnaire du bolchévisme (Otto Rühle), c’est simplement pour opposer dans la révolution russe, de façon non liée, la révolution bourgeoise et "l’élément prolétarien”, ou pour parler d’une révolution bourgeoise s’appuyant sur le prolétariat (G.I.C.), sans déterminer théoriquement le contenu et le déroulement de cet appui, sans le caractériser. "(TC 14, p. 46)

        * " Si la critique de la contre-révolution bolchévique demeure formelle, c’est qu’elle n’est pas reliée au contenu de la révolution dans cette phase historique de la contradiction entre le prolétariat et le capital, phase dans laquelle elle ne pouvait que déboucher sur la montée en puissance de la classe à l’intérieur du capital et son affirmation comme pôle dominant de la société. La contre-révolution bolchévique s’articule alors nécessairement avec la révolution. Les Gauches, même la Gauche germano-hollandaise, ne saisirent jamais la véritable nature de la révolution russe : révolution ayant pour contenu l’affirmation autonome de la classe et par là-même trouvant, dans la capacité du travail à revendiquer la gestion de la société, donc dans ce qui est sa puissance même à l’intérieur du capital, acquise dans le passage en subsomption réelle, sa limite se formalisant contre elle-même, comme une contre-révolution que les partis issus de la Seconde Internationale sont plus ou moins aptes, selon leur situation spécifique, à prendre en charge, à formaliser. Implacablement, la révolution comme affirmation de la classe se transforme en gestion du capital, se renverse en contre-révolution à laquelle elle fournit son propre contenu. "(TC15, p. 75)

        Voir la suite sur le site de TC http://www.theoriecommuniste.org

        au numéro 18 de la revue


    • > Peut-on vraiment parler de "courant communisateur" ?, GCI, 6 décembre 2004

      Ooops ! il manquait les notes 52, 53 et 54 de notre contribution à la critique de la "communisation".

      52. Voir à ce sujet notre série d’articles sur la période 1917-1923 in "Le Communiste : Russie, contre-révolution et développement du capitalisme" n°28, décembre 1988, et plus particulièrement les articles intitulés "La conception social-démocrate de la transition au socialisme" et "Contre le mythe de la transformation socialiste. La politique économique et sociale des bolcheviques".

      53. Voici une perle qui se passe de commentaires : "De toute façon, le programme du prolétariat avait été réalisé par le capital ! La république démocratique universelle on l’avait : c’était l’ONU (Organisation des Nations Unies) plus le FMI (Fond Monétaire International). Le développement des forces productives aussi : c’étaient les cadences infernales plus l’automation."

      54. Il ne nous semble pas important, ni pertinent d’approfondir les élucubrations de Théorie Communiste, parce que ce petit groupe d’initiés s’est amusé a redéfinir tous les concepts, et entrer dans les détails nécessiterait de trop longs éclaircissements terminologiques. Disons simplement que les aspects les plus caricaturaux de leur programme, tels la théorie du dépassement du programmatisme, le dépassement historique de la transition, la théorie de l’auto-négation du prolétariat sans son affirmation en tant que classe, découlent du fait que, par "programme", Théorie Communiste entend le programme de la social-démocratie ; par "transition", la transition léniniste, par "affirmation du prolétariat", l’affirmation du pouvoir des bolcheviques en Russie... Toute cette construction se base sur les concepts social-démocrates, et perd tout intérêt dès le moment où on définit ces termes en fonction de la critique communiste des bolcheviques, telle qu’elle fut notamment reprise au sein de la Troisième Internationale par ce qui s’appelait la Gauche Communiste allemande, italienne,... et en général internationale.

      http://www.geocities.com/icgcikg


      • > Peut-on vraiment parler de "courant communisateur" ?, Calvaire, 9 décembre 2004

        (Voir le point 54 de la critique du GCI)

        Franchement, le GCI dépasse tout en terme d’argumentation. TC est trop complexe pour que cela vale la peine d’approfondir leur pensée et comme ils ne pensent pas dans les mêmes termes que la Gauche communiste, ils perdent tout intérêt. Franchement... Cela est bien piètre comme analyse marxiste.



  • >Anti-spam, le webmestre, 9 décembre 2004

    le racisme et la xénophobie véhiculés par les blagues belges ne passeront pas par nous, en conséquence nous arrêterons là la pollution des forums du site par les spams du GCI. A bon entendeur, basta !


Comments