Biographie - Nestor Makhno 1889-1934

Nestor Makhno 1889-1934
Nestor Makhno 1889-1934

Nestor Makhno – 25/07/1934
Une courte biographie de l’anarchiste, meneur de guérilla Nestor Makhno, qui a mené l’armée d’insurrection d’Ukraine, connu comme le mouvement Makhnoviste.

Submitted by Rafaelle on September 10, 2020

Ce mouvement a été la manifestation de la révolution russe de 1917 en Ukraine, où elle a pris une forme libertaire, et où les travailleuses ont combattu à la fois les forces contre-révolutionnaires du tsar, et l’autorité des bolcheviks.

Nestor Ivanovitch Makhno

Né en Ukraine le 27 octobre 1889, mort en France le 25 juillet 1934

Le mouvement Makhnoviste a pris son nom d’après Nestor Makhno, révolutionnaire ukrainien anarchiste, il avait joué un rôle clé dans le mouvement dès son début. En effet, Makhnovshchina a la signification littérale de « mouvement de Makhno », et son prénom est pour toujours associé à la révolution dans le sud-est de l’Ukraine. Donc, qui était Makhno ?

Nestor Ivanovich Makhno est né le 27 octobre 1889, dans la ville de Hulyai Pole, ville d’une habitation d’environ 30 000 personnes, avec plusieurs entreprises et plusieurs écoles.

Makhno était le fils d’une famille paysanne. Son père était mort alors qu’il avait seulement 10 mois, le laissant, lui et ses quatre frères, être en charge par sa mère. Du fait de la pauvreté extrême de la famille, il a dû commencer à travailler comme berger à l’âge de 7 ans. A 8 ans, il a commencé à aller à la deuxième école primaire de Hulyai Pole, pendant l’hiver, et à travailler pour des propriétaires terriens l’été. À l’âge de 12 ans, il a quitté l’école, et a commencé un emploi sur les terres cultivées de personnes nobles, ainsi que sur les terres de riches colons Germains, les kulaks (paysans riches). À l’âge de 17 ans, il a commencé à vraiment travailler dans Hulyai Pole, d’abord comme un apprenti peintre, ensuite en tant que travailleur non qualifié dans une forge locale. Finalement, il a travaillé comme forgeron dans la même entreprise.

C’était alors qu’il travaillait dans cette forge qu’il s’est impliqué dans les politiques révolutionnaires. Dans les années perturbées qui ont suivi la révolution de 1905, Makhno s’est impliqué dans les politiques révolutionnaires. Cette décision était basée sur sa propre expérience des injustices sur son lieu de travail et voyant la terreur infligée par le régime russe pendant les événements de 1905 (à Hulyai Pole, aucun événement de grande importance n’était arrivé, mais le régime avait tout de même envoyé un détachement de la police montée pour réprimer les rassemblements dans la ville, ce qui avait terrorisé la population, fouettant les personnes dans les rues, et frappant les personnes avec les crosses des fusils). En 1906, Makhno avait pris la décision de rejoindre le groupe anarchiste de Hulyai Pole, qui avait été formé l’année précédente, et qui consistait principalement en les fils de la paysannerie pauvre.
À la fin de l’année 1906 et en 1907, Makhno avait été arrêté, étant accusée d’assassinat politique, mais il avait été relâché car cela manquait de preuves. En 1908, du fait d’une dénonciation d’un espion de la police dans le groupe anarchiste, il avait été arrêté et mis en prison. En mars 1910, en même temps que 13 autres personnes, Makhno avait été devant la justice militaire, et avait été condamné à mort par pendaison. Parce qu’il était jeune, et du fait des efforts de sa mère, la condamnation à mort avait été changée en une peine de prison et de travaux forcés à vie. Il a purgé sa peine à la prison de Butyrki, résistant aux autorités pénitentiaires de toutes les manières qu’il pouvait. Du fait de sa prestance, la majeure partie du temps passé en présente aura été enchaîné ou confiné au froid dans des zones humides. Cette période a assuré que Makhno nourrice une haine véritable de la prison (plus tard, pendant la révolution, alors qu’il entrait dans une ville, la première chose qu’il faisait était de libérer toutes les personnes prisonnières et de détruire les pénitenciers)

C’est pendant cette période que Makhno a rencontré Peter Arshinov, un camarade anarchiste prisonnier, plus tard activiste et historien du mouvement Makhnoviste. Arshinov était né en 1887, dans la ville industrielle ukrainienne de Katerinoslav. Son père, travailleur d’entreprise, était travailleur du métal. Originellement Bolchevique, il était devenu anarchiste en 1906, jouant une part majeure dans le fait d’organiser les personnes travaillant dans l’entreprise, ainsi que les mouvances contre le régime. En 1907, il avait été arrêté et avait été condamné à mort, s’échappant vers l’Europe occidentale. En 1909, il était retourné en Russie, et y avait à nouveau été arrêté et placé en détention à la prison de Butykri, dans laquelle il avait rencontré Makhno. Les deux anarchistes avaient nourri une grande amitié personnelle comme politique, Arshinov aidant Makhno à développer et à approfondir des idées anarchistes.

Le 2 mars 1917, après avoir passé huit années et huit mois en prison, Makhno avait été libéré, avec toutes les autres prisonnières politiques, comme résultat de la révolution de février. Après avoir passé trois semaines dans Moscou en compagnie des anarchistes moscovites, Makhno était retourné à Hyulnai Pole. En tant que seule personne prisonnière politique à avoir été remise à sa famille pendant la révolution, il était devenu très respecté dans sa ville d’origine. Après plusieurs années d’emprisonnement, et ayant souffert mais ayant beaucoup appris,
Makhno n’était plus un jeune activiste sans expérience mais un militant anarchiste chevronné, qui avait à la fois une forte volonté, et des grandes idées en ce qui concernait les conflits sociaux et les politiques révolutionnaires – idées qu’il a directement appliquées.

Une fois revenu chez lui, à Hulyai Pole, Makhno a immédiatement dévolu sa vie au travail révolutionnaire. Les personnes restantes du groupe anarchiste, comme beaucoup de personnes de la paysannerie, venaient le voir. Après avoir discuté d’idées avec ces personnes, Makhno avait proposé la mise en place d’un travail d’organisation, dans le but de renforcer les liens existants entre le milieu paysan et les groupes anarchistes de la région. Les 28 et 29 mars, un syndicat paysan avait été créé et Makhno en assurait la présidence. Dans le même temps, il avait organisé des syndicats similaires dans d’autres villes, d’autres villages des alentours. Il avait également joué un grand rôle dans des grèves par des personnes travaillant dans les milieux du bois et du métal, dans une entreprise qui était détenue par ses anciens patrons (cette défaite avait amené à ce que les autres patrons accèdent également aux demandes des travailleuses). Dans le même temps, la paysannerie avait refusé de payer les loyers aux propriétaires terriens. Des assemblées régionales de la paysannerie ont été appelées dans la région, à Huylai Pole comme ailleurs, et les 5 à 7 août, le congrès provincial de Katerinoslav avait décidé de réorganiser les syndicats de la paysannerie en des soviets (des conseils) des paysannes et des travailleuses de la paysannerie.

De cette manière, “Makhno et ses associés ont délivré une façon socio-économique de régler les problèmes quotidiens des personnes. En échange, ces efforts ont été aidés espérant, d’une manière large, une expropriation ». À Huyai Pole, la révolution bougeait plus rapidement qu’ailleurs (par exemple, pendant que le soviet de Alexandrovsk supportait les actions du gouvernement provisoire des mois de juillet à Petrograd, un rassemblement à Hulyai Pole avait salué les soldats rebelles, et les travailleuses). La paysannerie s’était rassemblée à Hulyai Pole, pour des conseils et de l’aide de la part du volost de l’endroit (district administratif). La paysannerie voulait prendre possession des terres sur les propriétaires terriens et sur les koulaks (partie de la paysannerie possédant plus d’une certaine quantité de terres). Makhno avait fait état de cette demande dès la première session régionale du soviet, qui avait eu lieu à Hulyai Pole. En août, Makhno avait appelé les propriétaires terriens et les paysans riches (les koulaks) à se réunir, et tous les documents qui concernaient la propriété (sur la terre, l’équipement et le bétail) leur avaient été pris. Un inventaire de ces propriétés avait été noté, et cela avait été rapporté lors de la session locale du soviet, puis dans un rassemblement régional. Un accord avait été trouvé que tout ce qui avait un rapport avec la propriété (toutes les terres, tout le bétail et les équipements) leur soit confisqué. Un inventaire de tout cela avait été réalisé jusqu’au soviet local et un rassemblement régional. Un accord avait été trouvé pour que toutes les terres, le bétail, tous les équipements, soient divisés de manière équitable, cette division incluant les anciens propriétaires. Cela représentait le centre du programme du mouvement agraire, à savoir la liquidation de la propriété des propriétaires terriens et des koulaks. Personne n’avait le droit d’avoir en sa possession plus de terres qu’il ne pouvait en travailler. Tout cela étant en défiance claire du gouvernement provisoire qui avait insisté sur le fait que des questions de ce genre devaient être laissées à l’assemblée consultative. Des communes libres ont aussi été créées sur des anciennes terres de propriétaires.
Il n’a pas été surprenant que la mise en place de ces décisions soit décalée du fait de l’opposition par les propriétaires terriens ainsi que par les koulaks. Ceux-là avaient prévu une organisation, et faisaient appel aux autorités. Quand le général Kornilov avait essayé de marcher sur Petrograd, et de prendre le pouvoir, le soviet de Hulyai Pole avait alors pris l’initiative de former un « comité de sauvegarde de la révolution » dont Makhno était à la tête. Le but véritable de tout cela était de désarmer les ennemis locaux potentiels (les propriétaires terriens, les capitalistes, les koulaks) tout en expropriant le pouvoir qu’ils avaient sur les richesses des personnes : les terres, les entreprises, les installations d’impression, les entrepôts, les théâtres, etc… Le 25 septembre, un congrès volost des soviets et des organisations paysannes avait eu lieu à Huylai Pole, qui avait proclamé la confiscation des terres des propriétaires terriens et leur transformation en propriétés sociales. Des raids sur les propriétés et les paysans riches ont eu lieu, ce qui incluait des colons allemands, et l’expropriation des expropriateurs a commencé.

Les activités de Makhno se sont arrêtées au printemps suivant quand le gouvernement de Vladimir Lénine a signé le traité de Brest-Litovsk (note de la traductrice : traité de « paix » sur le front de l’est lors de la 1ère guerre mondiale). Le traité prévoyait que l’empire russe accepte l’invasion d’une partie de l’Ukraine, de l’Allemagne et de l’Autriche, en échange de la paix. Le traité permettait aussi l’invasion de l’Ukraine par un grand nombre des troupes allemande ou autrichienne qui avait conquit le territoire en moins de 3 mois. Makhno avait réussi à créer plusieurs unités militaires, ce qui constituait 1700 personnes, mais qui n’avaient pas put empêcher la prise de Hulyai Pole. Après tenue d’un congrès anarchiste à la fin avril à Taganrog, il avait été décidé l’organisation de petites unités de combat de 5 à 10 paysannes et travailleuses pour collecter des armes à l’ennemi, et de préparer un soulèvement paysan général contre les troupes austro-germaniques, et de finalement envoyer un petit groupe vers la Russie soviétique, pour voir de première main ce qui arrivait là-bas, aussi bien à la révolution qu’aux anarchistes soumis aux réglementations bolcheviks. Makhno faisait partie de ce groupe.

En juin, Makhno était arrivé à Moscou. Immédiatement, il avait rendu visite à un certain nombre d’anarchistes russes, ce qui comprenait son vieil ami Peter Arshinov. Le mouvement anarchiste moscovite était intimidé, et cela était dû à la Cheka (les services secrets bolchevik) qui avaient fait une trève pendant le mois d’avril, ce pour briser ce qui faisait le mouvement, donc mettant fin à une potentielle menace venant de la gauche envers les bolcheviks. Pour Nestor Makhno, qui venaient d’endroits où les libertés d’expression et d’organisation étaient naturelles, le faible niveau d’activisme a été un choc. Pour lui « Moscou était ‘la capitale de la révolution de papier’, une grande communauté de résolution vides et de slogans, pendant qu’un parti politique, en utilisant la force et la fraude, s’élevait en posture de classe dominante » Makhno avait également rendu visite à son ami Peter Kropotkin, lui demandant des conseils à propos du travail révolutionnaire et de la situation en Ukraine.

Alors qu’il était à Moscou, Makhno a rencontré Lénine. Cette rencontre est arrivée par chance, visitant le Kremlin pour avoir une autorisation de pension et de logement gratuite, il avait rencontré le président du Comité Exécutif Central Panrusse, Jakov M. Sverdlov, qui lui avait arrangé une entrevue avec Lénine. Ce dernier lui avait demandé : « comment la paysannerie de ton secteur comprend elle le slogan ‘tout le pouvoir aux soviets des villages ’? » Et Makhno avait répondu que Lénine « avait été étonné » par sa réponse :
« La paysannerie a compris cela à sa manière. D’après leur interprétation, tout le pouvoir, dans toutes les zones de la ville, doit être compris avec la volonté et la conscience du prolétariat. La paysannerie a compris que les soviets de travailleuses et de paysannes dans les villages, à la campagne et dans les districts, ne sont ni plus ni moins que l’organisation révolutionnaire et l’autogestion économique du prolétariat lors des luttes contre la bourgeoisie et ses laquais, les socialistes de droite, et leur gouvernement de coalition.
À cela, Lénine avait répondu : « eh bien, alors, la paysannerie de ta région est infectée par l’anarchisme » plus tard dans l’interview, Lénine a déclaré : « est-ce que les anarchistes ont déjà remarqué leur manque de réalisme dans la vie quotidienne ? Évidemment que non, iels n’y pensent même pas. » Ce à quoi Makhno avait répondu :
« Mais je dois vous dire, camarade Lénine, que votre sentiment selon lequel les anarchistes ne comprennent pas « le présent » de manière réaliste, qu’elles n’ont aucune connexion réelle avec cela etc, est fondamentalement faux. En Ukraine, l’anarcho-communisme… a déjà donné de nombreuses preuves d’être clairement implanté dans « le présent ». Tout le combat dans les campagnes ukrainiennes contre le conseil central d’Ukraine a été conservé sous l’égide idéologique de l’anarcho-communisme, et également partie par les socialistes révolutionnaires… Vos bolcheviks n’ont presque aucune présence dans nos villages. Là où ils sont arrivés, leur influence est minime. Presque toutes les communes ou toutes les organisations paysannes ont été formées sous l’instigation d’anarcho-communistes. La lutte armée par le prolétariat contre les contre-révolutionnaires en général et contre l’invasion austro-germanique plus particulièrement a été entreprise exclusivement sous l’égide des anarcho-communistes.
Bien sûr, il n’est pas dans l’intérêt de votre parti de nous donner du crédit, mais voilà les faits, et vous n’y pouvez rien. Vous savez parfaitement bien, je comprends tout à fait et la force, et les capacités de combat de la force révolutionnaire du livre d’Ukraine. Il n’est pas sans raison que vous avez évoquées, le courage avec lequel elles ont défendu de manière héroïque la moindre conquête révolutionnaire. Parmi celles-là, au moins une a combattu sous le drapeau anarchiste.
Camarade Lénine, cela montre à quel point vous vous trompez en disant que les anarcho-communistes ne sont pas réalistes et que notre attitude envers « le présent » est déplorable, que nous sommes trop attachées à rêver à propos du futur. Ce que j’ai à vous dire pendant cet échange ne peut être remis en question car cela est la vérité. Le compte rendu que je viens de vous faire contredit les conclusions que vous exprimez à notre encontre. Tout le monde peut voir que nous sommes fermement implantées dans « le présent », que nous travaillons et trouvons des moyens pour que le futur que nous désirons arrive et qu’en fait, nous traitons ce problème de manière très sérieuse. » Ce à quoi Lénine avait répondu : « peut-être que je me trompe. »

Les bolcheviks avaient aidé Makhno à retourner en Ukraine. Le voyage avait été fait avec une difficulté certaine. Une fois, Makhno avait même frôlé la mort. Il avait même été arrêté par les troupes d’Autriche et d’Allemagne, alors qu’il transportait des pamphlets libertaires. Une habitante juive de Hulyai Pole, qui avait connu Makhno un certain temps avait réussi à le sauver en payant une somme considérable pour sa libération. Une fois revenu à Huylai Pole, il avait commencé à organiser la résistance face aux forces de l’occupation par l’Autriche et l’Allemagne, ainsi que par leurs poupées qui étaient dirigées par Hetman Skoropadsky. On peut dire que le mouvement par Makhno est né avec ce mouvement de résistance. Depuis juillet 1918 jusqu’en août 1921, Makhno a mené la lutte du prolétariat pour la liberté contre toutes les oppressions, que ce soient des bolcheviks, des Blancs (les forces contre-révolutionnaires pendant la révolution russe) où les nationalistes. Pendant ses études, il a prouvé être « un meneur de la guérilla aux compétences exceptionnelles ».

Après la défaite du mouvement Makhnoviste en 1921, Makhno avait été envoyé en exil en Europe de l’Ouest. En 1925, il avait fini dans Paris, où il avait vécu le restant de ses jours. Pendant qu’il était là-bas, il était resté politiquement actif dans la mouvance anarchiste, remplaçant son sabre par un stylo
(Utilisant l’expression colorée de Alexander Skirda), Makhno avait apporté sa contribution à de nombreux journaux anarchistes, en particulier à Dielo Trudar (la voix du travail), une publication anarcho-communiste qui avait été commencée dans Paris par Peter Arshinov (beaucoup de ces articles ayant étant publié dans le livre The Struggle Against the State and Other Essays – La lutte contre l’État, et autres essais). Il était resté actif dans le mouvement anarchiste jusqu’à la fin.
Quand il était à Paris, il avait rencontré les anarchistes célèbres Buenaventura Durruti et Fransisco Ascaso en 1927. Il avait soutenu l’idée qu’en Espagne, « les conditions pour une révolution ayant un contenu anarchiste fort sont plus grandes qu’en Russie » car non seulement il y avait « une tradition prolétarienne et révolutionnaire dont la maturité politique est montrée dans ses réactions », les anarchistes d’Espagne ayant « un sens de l’organisation qui manque en Russie. C’est l’organisation qui assure le succès en profondeur de toute révolution. » Makhno avait raconté l’histoire du groupe anarchiste Hulyai Pole et les événements dans l’Ukraine révolutionnaire :
« Notre commune agraire avait été dans le même temps le centre vital économique et agricole de notre système social. Les sociétés n’étaient pas basées sur un égoïsme individuel, mais sur des principes communs, et une solidarité locale et régionale. Dans le même temps, alors que les membres de la communauté était solidaire de son prochain, chaque communauté était fédérée aux autres… Contre le système existant en Ukraine, il est dit que cela était possible seulement par ce que c’était basé sur des fondements paysans. Ce n’est pas vrai. Nos communautés étaient un mélange d’agriculture et d’industrie, et même certaines d’entre elles étaient seulement industrielles. Tout le monde combattait et travaillait. Les assemblées populaires prenaient des décisions. Dans la ville militaire, c’était le comité de guerre, composé par des délégations de chaque détachement de la guérilla qui prenait des décisions. Pour résumer, tout le monde agissait dans un travail collectif, pour éviter la naissance d’une classe dirigeante qui aurait monopolisé le pouvoir. Nous avons réussi à faire cela. »
En 1936, avec le commencement de la guerre civile espagnole et de la révolution, un grand nombre des vétérans de l’armée d’inspections de Makhno sont parties pour combattre dans la colonne Durruti. Malheureusement, la mort de Makhno en 1934 avait empêché sa participation à cela, ce qui avait amené à la conclusion : « Makhno n’a jamais refusé le combat, si je suis vivant quand tu commences à combattre, alors je serai à tes côtés » (cité par Paz, Op. Cit., p. 90)
Pendant son exil, l’activité la plus célèbre de Makhno avait été son association avec La Plate-forme Organisationnelle des Communistes Libertaires (qui était connue comme « la plate-forme »).
La plate-forme était un essai pour évaluer ce qui était mal allé pendant la révolution russe, pour imaginer une organisation anarchiste meilleure dans le futur. Cette idée avait provoqué un débat intense après que cette tribune soit publiée, la majorité des anarchistes rejetant cela. Ce débat avait régulièrement amené à des polémiques amères, telles que Voline s’opposant à la plate-forme. Cela dit, jusqu’à sa mort en 1934, il était resté un anarchiste.
Le matin du 25 juillet, Makhno était mort, et il avait été incinéré trois jours plus tard, ses cendres étant placées dans une urne au cimetière du Père-Lachaise, cimetière dans lequel 500 personnes membres de la Commune de Paris, des personnes françaises, des Russes, des Espagnoles, des Italiennes, avaient assisté aux funérailles. Pendant celles-là, l’anarchiste français Pierre Besnard, avec Voline, avait pris la parole (à cette occasion, Voline avait réfuté les allégations d’antisémitisme du bolchevisme). La femme de Makhno, Halyna, avait été trop dépassée par les événements pour prendre la parole.
Ainsi avait fini la vie de l’un des grands combattants de la liberté du prolétariat, ce qui permet de totalement expliquer les mots de Durruti pendant les funérailles de Makhno : « nous sommes venus te saluer, symbole de toutes les personnes révolutionnaires qui combattent pour la réalisation des idéaux anarchistes en Russie. Nous venons également montrer notre respect pour ce que l’Ukraine a vécu. »

Article tiré de la FAQ Anarchiste
traduction par Rafaelle Bisbarre

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