Chronique(s) de la lutte contre le CPE

lundi, 20 mars 2006

Submitted by Craftwork on June 15, 2017

Cet article sert de fil pour regrouper les textes qui (d’après vous) ont trait à la lutte en cours.

N’hésitez pas à poster des réponses, donc !

Les textes sans mention d’auteur dans le titre sont de source externe (Indymédia, liste de diffusion, etc.)

merci de "mettre en forme" les textes pour publication. Les mails "brut de décoffrage" ne vont pas.


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Commentaires :


  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE [20/03/06], , 20 mars 2006

    Quelques comtpe-rendus sur la manif du 18 glannés ici et là ... (sources :

    Forum CNT-AIT Caen, Indymedia Toulouse, contacts directs, l’en-dehors ...)

    une chose est sure : ca a été énorme. Et on sent un vent de radicalisation

    se lever ...


    CAEN


    Compte-rendu rapide de la manif’ de cet a-m.

    L’AG de lutte contre la précarité, avec sa banderole "Ils précarisent... On

    s’organise", s’est une nouvelle fois placée en tête de cortège, au grand

    désarroi des syndicats (ces derniers semblaient d’ailleurs, dans un premier

    temps, ne pas vouloir suivre !).

    Progressivement, de plus en plus de personnes ont rejoint le cortège de

    l’AG, le préférant sans doute aux cortèges syndicaux qui suivaient et où les

    sonos se battaient à celle qui gueulerait le plus fort.

    Les slogans du cortège de l’AG les plus repris en coeur : "Grève(s),

    blocages, occupations, jusqu’au retrait du CPE" et "Grève générale ! Grève

    générale !", laissant certains passants étonnés et pantois face au discours

    de la jeunesse.

    Avec un parcours de manif’ improvisé (ce qui a donné un peu de fil à

    retordre aux différents SO - syndicats, police, RG), le cortège a poursuivi

    après la préfecture, lieu habituel à Caen pour les fins de manifestation au

    goût amer, obligeant un nouvelle fois les syndicats et partis à pousser au

    delà du parcours officiel...

    Seul le cortège de l’AG s’est finalement présenté aux portes de la mairie de

    Caen, les camionettes des syndicats (et leurs militants !!) restant bloquées

    à l’entrée du parvis de la mairie !

    Point de vue chiffre : entre 8700 (dont 2000 étudiants, selon la police), et

    20 000 (selon les "organisateurs" !) manifestants.

    Pas vraiment de surprise (cela dit on s’en tape !) d’entendre le soir-même

    la CGT affirmer que la mobilisation se caractérisait "par la détermination

    des salariés", ignorant comme il faut la véritable mobilisation : celle de

    l’AG de lutte contre la précarité, qui s’active depuis un mois (rappel : la

    fac est toujours occupée, au moins jusqu’à mercredi).

    Bref, y’avait du monde et la mobilisation autonome avait fière allure.

    Prochaine AG : lundi prochain 20 mars


    BORDEAUX :

    Témoignage de la manif bordelaise du 18/03

    Petite victoire symbolique : 2 manifestants arrêtes et libérés du

    commissariat de Bordeaux par la solidarité d’une centaine d’autonomes. Et

    grandes trahisons des syndicats réformistes : CGT et UNEF

    Pour Commencer, on était nombreux : entre 22000 et 55000 (source AFP). L
    _ ?énergie était là mais une tension se ressentait... lassitude de ces

    "défilés" ?... besoin d ?actions plus radicales ?... En tout cas, nos

    ressentis à travers les discussions et les slogans témoignent d’une ambiance

    générale de revendications plus globale que celle du CPE... Cependant, dans

    la réalité des faits, cette volonté d’union n’a pas pu se constituer pour

    lutter efficacement contre les petits soldats de la répression.

    Pour parler plus concrètement, au moment de la dispersion de la manif, on

    s’engageait dans la rue Saint Catherine (l’artère commerciale principale du

    centre ville de Bordeaux). Alors que nous voulions agiter cette rue endormie

    et symbolique, les services d’ordre de la CGT ont fait barrage...altercation

    entre les militants et les gorilles de la CGT qui gazent a coup de lacrimo

    les deux manifestants forçant le passage...les cochons bleus profitent alors

    de l’agitation pour les embarquer... Et tout ça devant la passivité du S.O.

    de la CG T ! ! ! (Il est aussi à noter que l’UNEF à donner à la police les

    noms de certains militants libertaires... sans commentaire...)

    Non loin du camion qui les enfermait, un petit groupe s’est constitué

    spontanément pour faire pression sur les forces de l’ordre afin de les

    libérer. On n’était pas assez nombreux dans ce rapport de force. Alors ils

    les ont emmené "pépère" au commissariat central. Par solidarité, nous voilà

    donc parti à la rescousse de nos camarades. On était une centaine de

    personnes à prendre conscience qu’en nombre, une pression est possible même

    pour une arrestation. Au bout d’une heure et demi de blocage de la

    circulation, de percussions, de chants et de patience, le commissaire après

    entretien téléphonique avec le préfet les a finalement libéré sans poursuite

    judiciaire. La vidéo des RG prouvait qu’ils n’étaient coupables de rien.

    Finalement, vers 21 heures, nous sommes repartis plein d’énergie qu’on a

    canalisé sur des poubelles et sur nos casseroles... Bref, un joyeux bordel !
    _ ! ! Ca donne donc de l’espoir pour la suite...

    Prenons le comme une expérience, il est claire que nous devons sur bordeaux

    mieux nous organiser de manière autonome et, SURTOUT, nous méfier de plus en

    plus des syndicats réformistes et toutes les structures qui cherchent à

    récupérer le mouvement.

    Pour finir, ne nous laissons pas diviser par la morale bourgeoise qui

    réapparaît dans les débats lorsque la violence policière refait surface (il

    n’ y a pas de "casseurs", juste des individus qui s’insurgent contre un

    système en déclin).

    On arrêtetout


    RENNES

    Samedi 18 mars La manifestation interprofessionnelle débute à 11H30. Trajet
    _ : de la gare à la gare. A l’arrivée, comme la semaine précédente, un service

    d’ordre inter-syndical protège avec la police, l’entrée de la gare. Il se

    relâchera au bout d’un quart d’heure ne voyant aucune intention de la part

    des manifestants d’y pénétrer. Ensuite, au moment où un syndicaliste, muni d

    ’un mégaphone, annonce qu’il faut constituer un bureau pour commencer l’AG

    interpro prévue sur la place de la gare, une fanfare se met à jouer et par

    sa puissance magique, emmène les manifestants sur les rails. Nous y

    resterons une heure.

    Cette fois-ci nous en sommes sortis tout seul pour anticiper la charge et

    les gaz des gardes mobiles afin de les affronter dans la rue, lieu plus

    propice.

    Une seconde manifestation s’est constituée sans service d’ordre, sans

    leader, sans trajet. Les services de police quelques peu désorientés

    bouchaient toutes les rues donnant accès à la préfecture. Nous nous sommes

    alors dirigés place de Bretagne. Dix pacifistes ont alors tenté une

    opération hostile au mouvement, en criant : " les casseurs dehors, les

    casseurs tout seuls " et ont tenté d’emmener le cortège ailleurs. Personne

    ne les a suivi. Des slogans leur ont répondu tels que " nous faisons la

    guerre au capitalisme, nous n’sommes pas des pacifistes " ou " nous sommes

    tous des casseurs ".

    Cinq minutes plus tard, l’ensemble des manifestants, y compris les

    pacifistes, se dirigea à quelques pas de là vers l’UMP, où des affrontements

    ont commencé par une charge des manifestants à coups de bouteilles et de

    cailloux. Rapidement les forces de l’ordre ont répondu par des gaz et des

    tirs de flashball. Un pacifiste a été touché à la jambe. Des vitrines ont

    été émaillées, un RG chassé. Les gardes mobiles ont tenté en masse un

    encerclement qui a scindé les manifestants en groupes épars. Jusqu’à 20H30

    des regroupements se forment à de multiples reprises, attaquent et sont de

    nouveau dispersés. Le bitume a fondu sous la chaleur des poubelles en feu,

    le sol est jonché de palets lacrymogènes, de bouteilles brisées et de

    cailloux, un peu partout en ville.

    Ces derniers jours ont marqué l’impossibilité pour les media, les

    bureaucrates et les voix de l’ordre établi, de diviser le mouvement en "

    casseurs " et " étudiants ". Car comment masquer le fait que les

    affrontements concernent des milliers de personnes ? Et ce depuis plusieurs

    semaines à Rennes. Ici, il n’y a plus de manifestation sans affrontements et

    actions. Un principe d’une action au moins par manifestation a même été voté

    par l’AG de Rennes II. La cagoule, l’écharpe, le citron, le sérum

    physiologique, le caillou, deviennent les objets communs d’un nouveau monde.

    Des manifestants s’organisent en groupes et chargent ce qui a trait à la

    police et certaines cibles liées à l’existence métropolitaine. Une

    communauté de lutte est née -qui n’est pas sans luttes internes- qui s’

    organise au sein de l’hostilité policière de la métropole. Et ce qui anime

    cette communauté se situe déjà bien au-delà du simple CPE.

    A bientôt. Rennes, le dimanche 19 Mars. Mireille et Mathieu.


    LYON

    Les LOUPS GRIS Turcs à Lyon

    La manifestation anti-cpe à Lyon a rassemblé plus de 15.000 personnes

    (25.000 selon les organisateurs), manif classique très planplan, encadrée

    par un SO et la BAC. Ca devient un soucis ces bénévoles de la sécurité qui

    remplacent les forces de l’ordre officielles : ca va faire des chômeurs !

    C’est bien de se battre contre le cpe, c’est moins bien de se battre pour le

    travail sans rémunération.

    Départ 11h00 place Bellecour, tout petit tour, et retour 13h00 place

    Bellecour.

    La tête de manif était sympa, composée essentiellement de Lycéen-ne-s et

    d’étudiant-e-s, ensuite les badgé-e-s, c’était super(chiant), chacun-e-s

    sous SON drapeau : ATTAC, CGT, CNT-Vignoles, FO, CFDT, VERTS, LCR, LO, les

    Alternatifs, PS (au moins 10 militant-e-s estampillé-e-s)..., parait que

    c’est ça l’Unité.

    bref, rien de transcendant...

    et on se disperse petit à petit dans le calme et voilà ti pas que se pointe

    une grosse nouvelle manif, très chaude, dynamique et énervée, plein de

    drapeaux Turc et 2 ou 3 drapeaux français et Européen.

    ET surtout des pancartes "LE GENOCIDE ARMENIEN N’A PAS EXISTE"

    "NOS ENCETRES NE SONT PAS DES ASSASSINS MAIS DES VICTIMES"

    "PAS DE SENTENCE AVANT UN JUGEMENT"

    ....

    On va les voir, et ils nous apprenent qu’un monument à la mémoire du

    génocide Arménien va être inauguré le 24 avril dans le centre de Lyon et

    qu’ils considèrent cela comme une insulte envers le peuple Turc, et donc ils

    manifestent contre.

    On tente de discuter un peu et là ils deviennent très agressifs et

    insultants et j’en vois pleins qui font le signe des LOUPS GRIS (index et

    auriculaire brandis, majeur et annulaire repliés avec le pouce dessus), je

    les connais parce que j’ai vécu 5 ans avec un turc. ILs sont ultra-violents

    et d’extrême droite. http://fr.wikipedia.org/wiki/Loups_gris

    Ils arrivent de plus en plus nombreux, en bus, de toute la région et de

    France, et aussi d’Autriche. Ils ont un énorme SO, plus de 200 en jaune fluo

    qui les encadrent et tente de calmer les plus énervés.

    Quelques Arméniens sont là en pleurs, les ultra-nationalistes Turc sont

    maintenant plus de 2.000 très remontés, le reste des manifestants anti-cpe

    décident une contre manif à 200, on rappelle ceux qui sont partis, on arrive

    à 500. ON se fait face, s’est tendu, des insultes fusent. Les "forces de

    l’ordre" s’interposent... MAIS contre nous et nous repouse.

    NOS slogans "DEVOIR DE MEMOIRE"

    "NOUS SOMMES TOUS DES ARMENIENS"

    "ASSUMEZ"

    "LE FACHISME NE PASSERA PAS"

    "ON AIME LE PEUPLE TURC MAIS PAS VOUS"

    "NEGATIONISTES"

    Les Turcs nous chargent une première fois, des coups sont échangés et pour

    nous séparer les forces de l’ordre nous chargent ! et vas-y que je te

    matraque, que je te gaze sous les applaudissements des fachos Turcs.

    ON résiste, on parle aussi avec les keufs, je leur demande ce qu’il ferait

    si un rassemblement de néonazis avec des pancartes niant le génocide juif

    était autorisé... malaise. Mais les flics se reprennent "on obéit aux

    ordres, on défend LA République", je leur dis que les français qui

    obéissaient aux ordres entre 1940-45 sont aujourd’hui considérés comme des

    collabos et que ceux qui on eu le courage de refuser d’obéir sont des

    résistants encensés (je ne suis pas sur qu’ils aient vraiment compris, ni

    que leur République était collaborationniste, ni quelle se dirige

    tranquillement vers un néofachisme soft).

    Les fachos Turc partent en manif, tout est parfaitement prévu et autorisé

    par la préfecture.

    On les précéde et on arrive avant eux à la place des TERREAUX (la Mairie),

    là encore "les forces de l’ordre" nous repousse sans ménagement pour faire

    place nette pour permettre aux fachos Turc de prendre tranquillement

    possesions de la place.

    Nouvelle charge des Turcs, les CRS n’en mènent pas large et seraient

    incapables de les repousser sans l’intervention de l’énorme SO des Turcs.

    ILs ne souhaitent pas que ça dégénérent en affrontements trop violents.

    La collaboration entre les forces de l’ordre et le SO Turc a été totale.

    C’est fini.

    (un toulousain de passage à Lyon)


    GRENOBLE

    Grenoble : de vilaines bannières noires

    Après un blocage particulièrement efficace au lycée de Vizille un grand

    nombre de lycéens s’est rendu devant la gare de Grenoble aux alentours de

    dix heures afin de former un groupe indépendant et asyndical dans la manif.

    Nous nous sommes d’emblée placés en tête de ce cortège plat et formaté,

    précédés de près par nos chers camarades de la CGT, dont le service d’ordre

    a tenté pendant un bon quart-d’heure de nous déloger à coup de "Une manif,

    ça doit être organisé" (qu’il faut traduire par "Mais ?! Ma visibilité

    médiatique va en prendre un sacré coup ! Comment je vais faire si je ne

    passe pas au JT pour manipuler et instrumentaliser la lutte de lycéens et

    d’étudiants autonomes ?" ou encore par "La préfecture et l’État, dont je

    suis le bras droit, va me faire les gros yeux si je laisse ces

    nihilisto-révolutionnaires foutre la pagaille et m’empêcher de paralyser la

    lutte !"). Nous avons rapidement été rejoints par de nombreux nouveaux

    arrivants armés de vilaines bannières noires (en arborer une m’a ailleurs

    valu d’être traité de "bushiste" par une brave cégétiste) et certains

    camarades de SUD ou de la CNT-Vignolles.

    Quelques signes de la main aux RG plus tard, nous arrivions devant de la

    Préfecture (le terminus de toute manif-promenade cégétiste qui se respecte),

    où le mouvement s’est dissous.

    La vue du symbole du pouvoir étatiste a suffi pour calmer les plus tendus de

    chez FO et la CGT : "Oui, nous avons été de bons élèves, nous n’avons rien à

    nous reprocher, nous gardons notre place bien au chaud au service du

    pouvoir", se sont-ils dit, en achevant de scander leurs mélodieux et

    inventifs slogans de lutte pour "plus de CDI"...


    TOULOUSE

    le matin manif des syndicats mais débordée par les jeunes, sans autocollants

    ni bannières, avec des slogans tels que "cette société on n’en veut pas" ...

    Après midi : rassemblement des Sans Papiers et carnaval des insoumis. Au

    plus fort, plus de 1000 personnes rassemblées (dont plusieurs centaines

    déguisées). Manif bonne enfant et festive, farine et oeufs de rigueur,

    notament contre les bleus, qui semblaient avoir moins d’humour que les

    manifestants ...

    La mobilisation ne faiblit pas dans la ville rose ...


    PARIS

    Raz de marée énorme. beaucoup de monde, surtout lycéens et étudiants.

    On s’était donné RDV avec les copains d’AC et du RTO mais on s’est paumé vu

    le monde qu’il y avait !

    Sur le passage de la prison de la santé, les prisonniers faisaient des

    signes de solidarité avec la manif. Qui ne le leur rendait pas toujours ...

    (nos appels à la solidarité avec les prisonniers n’ont pas toujours

    rencontré l’écho escompté ...)

    Avec notre banderolle "NI CPE/CNE, NI CDI, GREVE GENERALE ILLIMITEE" on

    passait quand même un peu pour des martiens dans des cortèges qui ne cessait

    de réclamer un "vrai" CDI (pour les "vrais" jeunes ajouterait sarko ?)

    Néanmoins nos nouveaux slogans semblaient quand même bien compris : "Après

    le CPE, y’aura un aut’contrat ... ABOLITION DU SALARIAT" ou encore "C chomme

    chômage, P comme Précaire, E comme Exploité, c’est la définition du travail

    salarié".

    J’ai même entendu un syndiqué CFDT les reprendre et dire hilare à sa copine

    "si mon délégué m’entend reprendre ça, il va faire la jaunisse !" ...

    Au apssage devant le cortège du PS, on a profité d’un blanc dans la sono

    pour leur a rappeler qu’ils avaient été les précuseurs du CPE avec les TUC,

    CES et cie ... Agacement perceptible ...

    Arrivée à Nation, petits amusements de fins de manifs qui tendent à devenir

    systématiques à Paris. Quand on sait que Saint Maclou [nom du magasin

    déménagé] vient du mot "Machutus", issu du breton "march" (orage) et "luh"

    (lumière)" on, ne peut que reprendre en coeur la pub "Saint Maclou,

    évidement !" Toutefois, comme les autres soirs, nos amis en bleu encaissent

    "sans rien dire" jusqu’à une certaine heure (le temps que les "vrais"

    manifestants chers à Sarko soient partis se coucher ?). Puis quand la récré

    est finie - coup de sifflet-top départ. La place a été nettoyé en 45 minutes

    avec une violence incroyable. il sembler qu’on postier de SUD en ait

    malheureusement fait les frais.

    Moralité : lire Sun tzu (l’art de la guerre). Ne pas sous estimer l’ennemi.

    Et être là où il ne nous attend pas (c’est à dire ce soir là : pas à la

    sorbonne, où on se serait cru en pleine occupation : mur métallique qui

    bouche la place de la sorbonne avec canon à eau prépositionné prêt à noyer

    le moindre canard migrateur qui viendrait à se poser par ici, nuée de

    poulets en civil rendant l’air irrespirable, gardes mobiles quadrillant le

    quartier ...)


    ST NAZAIRE

    Les compagnons de ST Nazaire se sont tenus sur le coté avec une banderolle
    _ :"NOUS VOULONS DES EMPLOIS FICTIFS, DES LOGEMENTS DE FONCTION ET DES

    LIMOUSINES." ça a plutôt amusé le monde qui souvent en rajoutait une couche,

    sauf les élus qui n’ont pas ri et un nous a meme dit en passant"C’EST COMME

    CA QU’ON CASSE UN MOUVEMENT !"

    Je suppose qu’ils étaient tristes car ils comptaient un bulletin de vote par

    contestataire :-)

    bonne nuit


    Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

    http://liste.cnt-ait.info

    http://cnt-ait.info

    [email protected]



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, BL, 20 mars 2006

    Etrange texte cityenniste se référant aux émeutes de banlieues !

    Salut BL

    kepon kaillera même combat

    LA RUE AVEC LES ETUDIANTS : TOUS ENSEMBLE CONTRE LE CPE.

    Le Cpe n’est qu’une feuille morte au milieu d’un champ de ronce, aller chercher cette feuille morte nécessite de débrousailler le champ des possible. Après le 21 avril 2002, le 29 mai 2005, Novembre 2005, la lutte anti CPE s’intègre dans un processus de refus du pouvoir d’un chef de l’Etat illégitime, du refus de la mondialisation néolibérale qui précarise nos vies et du refus d’un gouvernement qui n’assume pas ses dérapages.

    Les citoyens français vont-ils oublier ? Les médias dominant sont-ils assez puissant pour nous hypnotiser ? En tout cas, le mouvement ne

    s’essoufle pas, et à force de ne pas vouloir lacher prise sur le CPE, les mobilisés ne pensent plus au retrait d’une loi voté en force, mais à la démission du gouvernement, et à la mise à plat de la cinquième république. L’Etat d’Urgence instauré en Novembre 2005 a constitué le point culminant d’une grave crise sociale, économique et politique.

    L’Etat d’urgence sociale ne doit pas être oublié, nous appelons l’ensemble des mouvements sociaux à rejoindre les nombreuses mobilisations, les nombreux blocages des noeuds de communication

    (gare, autoraute, route nationale...) et des batiments publics (préféctures, mairies, CCI...). De nombreux lieux de vie sont ouvert dans les universités, ces lieux sont libérés pour accueillir l’ensemble des citoyens qui souhaite s’investir dans la construction

    d’une autre France. La projection de films, l’organisation de débats et d’ateliers, la tenue de concerts, sont l’expression d’un désir de changement. Chacun à la responsabilité de travailler dans ce sens, et de mettre tous les moyens en sa possession pour construire ici et maintenant.. La diffusion de communiqués, la création de textes, d’images et de vidéos peuvent être des manière de participer à rassembler des idées, des propositions pour qu’émergent d’autres manières de faire de

    la politique.

    La ligne d’horizon se rapproche et une autre campagne est en train de naitre en France, refusons la légitimité du pouvoir en place, jusqu’à qu’ils partent, construisons nos alternatives, et préparons-nous à

    imaginer quelle peut être la place de la France dans la mondialisation des peuples et des luttes.

    Regardons du coté de l’amérique du sud, organisons-nous pour que le Forum social européen d’Athènes

    puissse être un temps important pour la construction d’une Europe de solidarité et d’alternative face au capitalisme.

    La Rage du Peuple est un mouvement citoyen indépendant local et international. Nous exprimons ici notre solidarité avec tous les mouvements sociaux contre le cpe et les invitons à se rassembler lors des blocages des universités.

    Ne ratons pas l’occasion.

    Marseille, le 20 mars 2006

    Contact : [email protected]



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, BL, 20 mars 2006

    "Violence", vous avez dit violence ?

    Au fur et à mesure que le mouvement s’étend, et que les actions directes se font plus présentes, la question de la "violence" refait inévitablement surface. Si certaines interventions, catégoriques & ignorantes ("la violence, c’est mal !") ne valent guère la peine que l’on s’y arrête, nombre d’autres s’interrogent avec honnêteté sur la violence & son utilité.. Question pertinente, la violence n’allant pas de soi, et, comme forme d’expression pour le moins dure, devant être pensée. Voici donc quelques pistes pour contribuer à la réflexion & l’action.

    Qu’aurait été l’évacuation de la Sorbonne sans la résistance active & spectaculaire d’une partie des occupant·e·s ? Ce n’est pas tous les jours que les flics se prennent des tables sur la tronche, et ce moment est vite devenu un mythe, qui anime les solidarités en France comme à l’étranger, profitant directement à ceux qui sont pourtant les plus prompts à critiquer ces actions, les "pacifistes". D’une manière générale, les actions "dures", quand elles accompagnent un large mouvement de contestation, sont autant d’outils permettant à celui-ci de s’imposer, d’empêcher les tentatives d’étouffement d’un gouvernement, de se faire entendre ! L’État ne craint pas les marches pantouflardes qui jalonnent les mouvements sociaux depuis des années pour demander une petite part de gateau. Elles constituent la routine du théâtre démocratique, et n’obtiennent jamais rien de *significatif* (l’histoire des mouvements ouvriers montre beaucoup moins de frilosité de leur côté). L’État craint, au contraire, le dérapage, la perte de contrôle, le potentiel de colère d’un mouvement inflexible, à plus forte raison s’il est capable d’agréger d’autres révolté·e·s (ce que Sarkozy semble, à raison, particulièrement redouter !).

    Demandons-nous ce qui fonde notre appréciation d’une action. Le seul regard filtré des caméras, aux ordres du gouvernement, comme l’ont montré les expériences pratiques de luttes depuis des années, comme la sociologie critique ? S’il est important de penser à l’intelligibilité des actions, en donnant de la visibilité à des idées, à des revendications, via banderoles, slogans, graffitis ("cassons le CPE !") & choix de cibles claires, il serait bon de ne pas oublier la dimension libératrice & révolutionnaire, à une échelle personnelle & collective, de ces moments. L’expérience pratique de la résistance permet non seulement de sortir les violences quotidiennes accumulées face à la l’autorité, mais aussi et surtout de vivre un moment d’intensité _ensemble_, lors duquel le temps est suspendu, lors duquel le jeu change de règles. C’est assurémment un moment galvanisant que de briser l’isolement habituel, pour se sentir fort·e·s ensemble, légitimes dans la colère, et refuser le confinement imposé par la flicaille, bras armé de l’État, qui, on le sait, n’est là que pour décourager, démobiliser, semer la terreur, fracasser des gueules, bref, casser (les gens, le mouvement) ; et non pour nous protéger ( ! ! !), comme certain·e·s osent encore le bêler !

    On dit souvent que la violence, si elle est légitime, est difficilement compréhensible, audible pour le citoyen. À vrai dire, c’est évident.. Quoique. Comme modes d’action, l’insoumission (refuser le confinement policier et l’enfoncer), la résistance active (caillaisser, entre autres choses) & le sabotage (briser des vitres pénibles à regarder) sont aussi des expressions qui parlent à des catégories de la population, "qui ont délaissé la politique, parce que la politique les a délaissés". Quoi qu’il en soit, si bien des gens refusent la "violence" (bien que celle des manifestant·e·s demeure en tout point inférieure à celle du gouvernement), ne peuvent s’y identifier ; si bien des gens s’en vont la rejetter en bloc, fustigeant les casseurs (pure invention policière & médiatique, visant à décrédibiliser ceux & celles qui expriment de manière radicale & déterminée leur opposition, en les faisant passer pour des opportunistes sans rapport avec les manifestations, ce qui est mensonge éhonté), faut-il se demander pourquoi, ou, plutôt, comment remédier à cela ?

    Et si tou·te·s les manifestant·e·s occupé·e·s à dénoncer leurs voisin·e·s lanceurs & lanceuses de pavés, sous prétexte que "personne ne va comprendre", consacraient un dixième de ce temps là à _expliquer_, à faire en sorte que les personnes en question puissent comprendre ; à se montrer en solidarité, à assumer ces actions comme composante du mouvement ? Que l’on soit clair : il ne s’agit pas nécessairement que tout le monde se transforme en émeutier·e ; à chacun sa manière d’agir, selon son confort personnel & ses envies, dans le respect des autres tactiques ; mais ce dont il s’agit, à l’évidence, c’est de refuser la stratégie de division du gouvernement, qui va sans hésiter distribuer des bons points aux gentil·le·s manifestant·e·s, inoffensifs, pour durcir la matraque contre les autres. Le fait même qu’un gouvernement hostile flatte les étudiant·e·s les plus dociles, opposés à sa politique, devrait mettre la puce à l’oreille à quiconque se méfie. Cessons donc de jouer le jeu de Sarkozy, et de vouloir être premiers de la classe ! Désertons son monde & ses logiques autoritaires, et nourrissons une opposition plurielle, insolente, qu’elle soit ou non violente ! Nous avons tou·te·s à y gagner, sauf le gouvernement.

    Reste à savoir si le mouvement anti-CPE veut avoir l’intelligence de s’ouvrir à d’autres mécontentements, pour dépasser la revendication limitée du CPE, qui, il est vrai, ne fait que compléter un dispositif d’exploitation déjà largement rodé. S’opposer radicalement au CPE et faire en sorte qu’il ne ressurgisse pas sous un autre nom, c’est forcément poser la question du monde qui l’a généré, et lutter pour en construire un autre, fruit de nos envies, des pratiques collectives que l’occupation des FAC permet d’ores & déjà d’explorer, sans oublier l’inspiration que peuvent nous procurer les expériences & projets autogestionnaires qui existent depuis des années, mettant en relation recherche d’égalité dans le vivre-ensemble & pratiques d’autonomie vis à vis des systèmes étatique & marchand.

    Alors, qu’est-ce qu’on attend ?

    un étudiant ("casseur" à ses heures)



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE [Y. Coleman] [English], RS, 20 mars 2006

    This text has been written hastily and probably contains many mistakes. But as Greek comrades asked me to answer to a number of questions I tried to do my best as quickly as possible. All comrades (including French comrades obviously) are invited to post their comments, informations, etc.

    1) Is France in front of a new May 68 ?

    Today (March20th) I would answer NO but everything can change if the working class (and specially those of the private sector) decides to make a move.

    Here are a number of differences with May 68.

    + University students are divided about the methods of action. Even if the majority of them and the majority of French people (70 % according to the polls) are against the CPE (Contrat première embauche, First job contract), they dont all approve the occupation anc blocking of the universities.

    The medias and the Right are trying to convince the most moderate anti-CPE students that blocking and occupying the universities is not a good solution :

    -  because the votes are not democratic (only a minority votes and generally the votes are public and not organized in the secret of the urns, which is presented as a guarantee of « democracy »)

    -  the poorest students will be more affected if they miss their exams.

    The strikers answer that the only way to oblige the students to come to general assemblies, discuss and vote is to block the university (that’s also true in the high schools) ; if the strikers were not paralyzing the universities they would not be able to organize mass discussions, including about the continuation of the strike itself. (The majority of university students are not spontaneously revolted individuals. They tend to obey to their teachers, to the university administration and to their parents who finance their studies.) The second aim of the strikers is to involve the university teachers. Obviously if the teachers were engaged in a general strike, then the university system would be totally blocked.

    + In 1968 12 % of the youth had the « baccaulauréat » (exam at the end of high school studies). Today 70 % of the youth has the baccalauréat. So the perspectives to be integrated in the socalled middle classes are very small. And at the same time the risks taken by the students are much higher.

    + In 1968, the Far Left and the anarchists and all sorts of libertarians succeeded to dominate ideologically and materially the student movement. They could talk hours about revolution and be taken seriously or least not contradicted. They did not ask for a university reform, they wanted the disappearance of the university system, the end of the division of labour, etc. ; they had an anti-authoritarian rhetoric and at least wanted to control the content of the classes, to introduce revolutionary pedagogical methods, to make counter-classes, etc. As they said, they did not want to be the « foremen » or the « lackeys » of the capitalist class.

    Almost 40 years have passed. The Far Left (what is left : the Trotskyists, the Maoists, as such, have almost disappeared or are now in the main trade unions or the small anarchosyndicalist trade union) has become famous for its ability to manipulate general assemblies, to use movements for its own political aims (i.e. to pressure the Left to unite and come to power once more) and then, for some of them, to enter the SP or the State apparatus to make a traditional political career, etc.

    Already in the 1986 movement, it was obvious that the students did not criticize anymore the ideological content of the studies, did not mind about of the reactionary pedagogy of their teachers. They did not want to change society and were looking for good jobs. They wanted more grants, more teachers, bigger classrooms, etc. But there was something positive and new : they did not want the Far Left groups to manipulate them and tried to have democratic procedures in the general assemblies, even if they did not always succeed. They created « Coordinations » which were supposedly independent from the parties and trade unions.

    That’s why today instead of having only the tiny bureaucratic student trade unions and the « revolutionary » grouplets in front of the struggle, there are student coordinations which are trying to limit the maneuvers of the professionals of politics.

    The national student coordination meets each time in a different town and the number of delegates has doubled in size, from 200 to 400.

    The demands of the coordination dont only concern the suppression of the CPE, but also a general amnesty for all the persons condemned in the November riots, the suppression of all laws favouring precarity, etc. The students coordination is trying to build links with high school students but also with small groups of precarious workers to enlarge the movement and its aims.

    + The fact that today most university students have no more « wealthy » parents should push the poorest to oppose radical methods threatening their professional future : strangely enough it does not seem to be the case for the moment. Although this argument is developed in the medias and by the Right ,the wealthiest students (those who have less objectively to loose) are the ones who are the most opposed to the occupation and the « poorest » those who are ready to take risks. At least that’s the information I got from comrades in Tours a French middle town which is not usually in the vanguard of student movements and where for the first time Law and Economy university students (until now dominated by an extreme right and violent trade union) went on strike, made general assemblies, etc. Nevertheless there is a significant group of students between the richest and the poorest which is hesitating and dont want the struggle to ruin their studies and future « career ». That’s why, even if around 60 universities over 84 are blocked, there are a still tensions among the students. These tensions come not only from the tiny Far Right groups or from the traditional right wing students (who are themselves divided), they appear inside the opponents to the law itself.

    + Today the fear of unemployment dominates in the youth even among the teenagers, there is a growing feeling of insecurity. A feeling which did not exist at all in 1968. This feeling fuels the movement (both for the sons of workers and of the middle classes who dont want to become workers) but can also limit it.

    + Next year (2007) is an electoral year : the SP and the trade unions are ready to give a socalled « political perspective » to this movement. If the governement is intelligent enough to withdraw this law and start discussions with the trade unions, then the Left (SP, CP, Greens) will say to the youth that they have to wait for next year and make the « right » choice when they will have to choose their ballot. That’s exactly what they did after the October-November riots when the most « courageous » of the reformists dared to come to the suburbs and campaign for the youth to be inscribed on electoral lits. Whether this political trick will work is to be seen. For the moment the government seems to think that the peak was reached last Saturday and that the movement will rot.

    2) What is this new law about youth employment called and what it is about.

    The Contrat Première Embauche is a new Contract voted by the Parliament. It enables bosses to hire people under 26 for 2 years and during this period they can fire them without giving them any reason. In other terms it’s a first breach against the Labour Code.

    In France that there many kinds of contracts but the model, the norm, the ideal contract is called a CDI (Contrat à durée indéterminée, Undetermined length contract). During the last 30 years, the number of people enjoying a CDI has progressively diminished. In fact the people between 30 and 50 are the ones who « benefit » from these contracts. Under 30, they have all sorts of temporary contracts justified by the difficulties of their « insertion in the labour market ». After 50 (years old) the mass of those who have temporary contracts are those who have been collectively sacked from companies which are bankrupt, externalize their production, merge and downsize their staff, etc.

    2) What are the differences between this new law and the old one they had tried to pass in 1994 and which had also been confronted with demonstrations and riots ?

    35 different measures have been taken concerning youth unemployment during the last 30 years.

    The CIP was presented by Prime minister Balladur in 1994. It was aimed at young people under 26 who had a « baccalauréat » (end of the high school exam) or a two-year university diploma and had difficulties to find a job. The bosses were allowed to pay 20 % less than the minimum wage if the employees had a baccaulauréat or a 2-year university diploma, or even more than 20% of the minimum wage if the young employeees had no diploma at all.

    Recently the governement has passed 2 new laws concerning the CPE (First Job contract) and the CNE (New Job contract)

    The CPE concerns the companies which have more than 20 employees, the CNE the companies who have less than 20 employees.

    The CPE concerns people who are less than 26 and the CNE all wage earners.

    During the first 2 years those who have a CPE and a CNE can be fired very easily.

    The companies who hire people with a CNE or CPE wont pay taxes for 3 years.

    The training periods superior to 3 months will be payed a minimum of 360 euros (this is a fraud, as most young people who do a training period in a company work for less than 3 months… and for free).

    Untill the CPE and CNE the law was rather vague about the « trial period » (the period during which you are tested by your employer and you dont know if you’ll get the job). By extending the trial period to 24 months the government gives a lethal legal tool to the bosses.

    The CPE is clearly a way of installing the youth in precarity, both inside the company (to accept the bosses discipline, not to strike, to accept dangerous working conditions, to work very quick, etc.) and outside the company (it will be difficult during 2 years to leave his/her parents, probably impossible to rent a room or a flat, etc)

    3) What is the class composition of the demonstrations these days ? Is it only young workers and students ?

    The movement started in the universities, then spread to the secondary schools (both the high schools « lycées d’enseignement général » leading to the universities and the professional or technical high schools « lycées techniques »). The tactics of the student trade unions was to look for the support of precarious workers organisations and of the other wage-earners trade unions. So the trade unions organized a day of action on the 7th of March and will probably organize a second one this week the if the government does not withdraw its project.

    4) What about the occupations of universities and secondary schools ?

    The occupations concern a bit more than half of the universities. I dont know how many secondary schools. As usual the occupation is not voted by 100 % of the students (generally by 20 % of them or even less) but until now, the majority of the students who participate to the general assemblies wants to go on. The presidents of the universities are panicking and more and more of them ask the government to withdraw the law. Officially, they are preoccupied by the tensions between the strikers and non strikers which may lead to dangerous physical fights. But obviously they are worried by the political consequences of a total blocking of the university system. Actually the minister of the Interior (Sarkozy, a vicious rightwing liberal) has the same fear and would like to avoid what happened in 1986 : the cops beat up a young guy (Malik Oussekine) and he died because he had a heart attack. The government was obliged to step back in front of the row provoked by this murder and to withdraw some hours after Malik’s death.

    5) Do you think they are strong enough to force the government to take the law back ?

    If the Prime Minister and President were intelligent, they would withdraw the law. The Center Party, Socialist Party, Communist Party and all the trade unions are against the law introducing this new contract. For the moment each national day of struggle gathers more people. I dont know if the movement is at its peak but everybody compared the 18th of March with the 2002 demonstrations between the 2 turns of the Presidential elections. The Left (in the broadest sense) is nationally mobilised against this new contract and the mobilisation touches all generations. It seems that the Right does not want to make any compromise for the moment.

    6) What is the attitude of the banlieue kids who had rioted a few months ago towards the demonstrators ?

    I’m unable to answer your question. I can just give you some hypothesis.

    The banlieue kids were mainly engaged in an « anticop » struggle, against all racist discriminations, targeting state institutions (schools, post offices, kindergartens, public transports, etc.) or state forces of repression with no demands, no political, trade union or autonomous organisations. As individuals they may well join the protests, but as organized groups or « gangs » they cant be accepted. So if they really want to go down town to have « some fun » with the cops, they take advantage of the biggest demonstrations to start physical fights with the cops and destroy some shops and burning some cars.

    As usual the cops rarely arrest the « right » guys, take advantage to arrest revolutionaries who did not participate to street fights (7 anarchosyndicalists of the CNT were arrested in the tube) and spread confusion saying that post-demo fights were the fact of both fascists and leftists (very small fascist or far right groups have tried to attack strikers on several occasions).

    From what appears on TV and in the medias it seems that a small minority of the banlieue kids are participating to the end-of-demos confrontation with the cops, which have become a kind of tradition – even it concerns a few hundred people and is probably not approved by the mass of the moderate demonstrators.

    7) What about the unions ?

    They want to have a « true discussion » with the government. Basically they ask the governement to finance a permanent training fund during all the wage-earners life. In other words their model is flex-security like in Danmark or Sweden. So they dont criticize flexibility which according to them is « imposed by the present globalization » but they want the State to create a security net for all wage-earners from their first to their last job. They also want the State to give subsidies (or tax advantages) to the companies which will hire young people with no qualification (20 % of the youth) for a CDI (Contrat à durée indéterminée, Undetermined duration contract) as opposed to the CDD (Limited duration contract).

    Until now a boss (including the State) was not allowed to give more than 3 successives CDD’s to an employee and risked a fine if he did.

    As the government did not discuss with the wage-earners and student unions before presenting the law concerning the CPE, its attitude pushed the most moderate trade unions (CFDT, CFTC) to unite with the most « radical » unions (CGT, FO, UNSA, Groupe des Dix which includes the Sud trade unions). Obviously the second group of unions are not radical at all from our point of view, but they have sometimes a radical language or a radical image in the public. Their traditional ties either with the CP (CGT), either with the Far Left (Groupe des Dix) or their demagogy (FO) lead them to call for one-day strike actions more often than the CFDT and CFTC (Christian moderate trade unions ; the CFDT is linked to the Socialist Party) which are always complaining that the government does not discuss with them.

    The CGT, FO, Groupe des Dix and UNSA are rooted in the public sector and more able to have a relatively efficient one-day strike.



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 20 mars 2006

    Rouen : Ni CPE, ni récupérateurs !

    Ce matin les récupérateurs du mouvement, qui ne se montrent qu’en AG pour

    tenter de s’approprier ce à quoi ils n’ont participé que de loin, lorsqu’ils

    n’ont pas tenté de le saboter, ont tenté de faire élire un comité de

    mobilisation (ou de grève, ou de coordination, ça restait assez flou) pour

    représenter le mvt à la coordination nationale. Après un débat entre les

    étudiants de tous les UFR et des lycéens dans un amphi bondé, l’AG a rejeté

    en masse la représentation, la rigidification, la récupération du mvt qui se

    passe très bien de gestionnaires et de petits-chefs.

    Les lycéens de Rouen Rive Droite ont bloquer leurs lycées, avec succès dans

    au moins trois établissements. Pas mal étaient présents à la fac (ce qui

    leur a donné l’occasion de découvrir les joies de l’auto-réduction dans les

    transports en commun) et ils ont eux aussi exprimé leur désir de ne pas être

    encadrés, leur refus de l’aile paternaliste que les orgas veulent étendre

    au-dessus d’eux. Cette après-midi manifestation avec à nouveau plusieurs

    cortèges, hier le blocage de l’agglo était assez impressionnant... Un seul

    mot d’ordre : spontanéité ! En même temps il a été rappelé qu’il fallait

    faire bloc et ne pas laisser les flics faire des coups de filets ciblés..

    Nous ne laisserons pas nos camarades seuls face à la répression.

    Ni CPE, ni récupération, vive l’auto-organisation du mouvement !

    ****************************************************************

    Extrait du journal de la lutte autonome de Rouen : LE POTAGE

    Une couille dans le potage

    De la récupération à la manipulation, il n’y a qu’un pas.

    Bref rappel :

    Le Contrat Première Embauche est une mesure de plus visant à nous rendre la

    misère du travail salarié plus inconfortable encore, en instaurant une

    période d’essai de 2 ans, rendant l’employé jetable pendant ce laps de temps
    _ ; nous ferons fi du préavis d’un mois - des miettes, encore des miettes.. Qu’

    on en tire les conséquences.

    C’est aujourd’hui le cinquième jour de blocage depuis le mardi 7 mars, jour

    où ceux qui occupaient depuis la veille l’amphi Axelrad mirent à exécution

    la décision prise en AG de bloquer le fonctionnement de la fac. D’abord

    relativement peu nombreux, ils furent rejoints au cours des blocages,

    actions, soirées d’occupation, par d’autres personnes déterminées à se

    battre contre le CPE. Jusqu’à jeudi dernier le mouvement était

    auto-organisé, et ce qui permettait la confrontation de sensibilités et d’

    opinions diverses - spontanéité et affirmation des positions - faisait,

    malgré le manque de clarté qui pouvait en résulter, sa force. Jusqu’à ce

    que.

    Écoutons donc un des porte-parole des récupérateurs qui veulent tenter de

    cadrer ce qu’il y a de vivant dans ce bouillonnement collectif, « l’un des

    meneurs », Choco de la Gauche Révolutionnaire : « Il y a une grande AG

    prévue [vendredi] matin à 12h dans l’Amphi 600 des STAPS [.] On veut se

    réunir et choisir de manière démocratique ce que nous allons faire par la

    suite. Nous sommes décidés à nous battre contre le CNE et le CPE mais de

    manière pacifique. Le but de l’AG sera donc de structurer le mouvement. »

    (Pourrie-Normandie du vendredi 10 mars). La tentative de décrédibilisation

    du mouvement autonome et de sa récupération par ces tristes-sires avait déjà

    été exposée au grand jour (cf Parution #1 : Une cheveu dans la soupe).

    Calomnie, menaces personnelles, manigances de coulisses, censure, tout

    semble bon à ces fumiers pour arriver à leurs fins. Mais voyons donc la

    portée et le but réels de cette « grande AG » : après avoir feint d’ignorer

    l’Assemblée Générale de l’Amphi Axelrad (qui s’y déroule pourtant

    quotidiennement à 10h depuis une semaine, et il le sait), Choco tente de

    faire élire, par les quelques IUTiens qu’il a réussi à diriger vers l’Amphi

    600 et une poignée d’autres étudiants, une délégation sensée représenter l’

    Université de Rouen à la coordination nationale de Poitiers qui se tenait

    samedi. Résultat : Une vingtaine de personnes ont débarqué pendant l’AG pour

    empêcher qu’elle se tienne, raconte [Choco]. Cela s’est fini en bagarre.. C’

    est vraiment dommage d’en arriver là. En tous cas, ils ont réussi ce qu’ils

    voulaient : saboter l’AG. » (P-N des samedi 11 et dimanche 12 mars). La « 

    vingtaine de personnes » était en fait majoritaire dans cet amphi.

    Cette démarche étant inacceptable, il était bien évidemment hors de question

    qu’elle puisse être menée à « bien » impunément. On ne s’étonnera pas que

    ceux qui espèrent récupérer la tête du mouvement (et même, à vrai dire, la

    créer de toute pièce) déplorent que leurs minables manouvres soient

    contrecarrées. La volonté de pouvoir n’a pas sa place dans un mouvement qui

    depuis le début ne reconnaît pas de chef, et laisse toute latitude à une

    élaboration collective de la pensée et de l’action. Ceux qui veulent se

    faire mousser et assouvir leur soif de contrôle n’ont qu’à continuer leurs

    actions clientélistes et leurs petites intrigues de parti ailleurs, par

    exemple en allant jouer les « partenaires sociaux » (comprenez « collabos

    briseurs de grève ») chez Villepin. Il va de soi que la vérité sera toujours

    rétablie.

    Mais laissons de côté ces rebuts de l’histoire. Le mouvement continue de s’

    auto-organiser, comme il l’a fait depuis son commencement. Aujourd’hui lors

    du blocage, des projections, tables de presse, groupes de discussion et de

    décoration se mettent en place : le blocage ne doit pas être synonyme de fac

    morte, mais bien plutôt de réappropriation de l’espace universitaire par

    ceux qui le font vivre - le personnel de l’Université, qu’on n’entend pas

    assez depuis le début du mouvement, est d’ailleurs vivement invité à prendre

    part aux débats. Outre ces activités qui se tiendront sur le campus, des

    collages et diffs de tracts se sont tenus ce week-end et continuent de s’

    organiser en ville, devant les les lycées, les ANPE, pour que ce mouvement

    ne se cantonne pas à un débat universitaire, entre universitaires. Pour

    aller jusqu’au bout contre le CPE et penser de façon globale, ce ne sera pas

    sans les lycéens, chômeurs, travailleurs, que nous devons agir, mais bien en

    lien avec tous ceux qui peuvent être nos alliés dans la lutte.

    Contre la précarisation et l’isolement : élaboration d’une pensée et d’une

    action collectives

    AG QUOTIDIENNE 10H AMPHI AXELRAD

    Non au CPE - Non aux petits-chefs - Vive l’auto-organisation du mouvement !


    Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

    http://liste.cnt-ait.info

    http://cnt-ait.info

    [email protected]

    Reproduction, diffusion et traductions encouragées



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, BL, 20 mars 2006

    Récit de la sorbonne occupée

    Le vent tourne

    La moitié des universités est occupée en France.

    Vendredi après-midi, une vitre brisée a suffi à ce que des centaines de personnes se réapproprient la Sorbonne enfin débarrassée des vigiles et des appariteurs. Des chômeurs, des précaires, des intermittents et autres damnés de la terre ont alors pu nous rejoindre. À la tombée de la nuit, des centaines d’autres personnes participaient également à l’occupation de l’extérieur : entre barricades, fanfares et feux de joie le mouvement prenait un nouveau souffle.

    À l’intérieur le vent était en train de tourner. Déjà, un peu plus tôt dans la journée, des tentatives de récupération étaient déjouées. Mélenchon (PS) en visite, fut contraint de quitter l’amphi. Mais, il a fallu du temps pour que quelqu’un se dresse sur une table et prenne la parole. C’est alors que les apprentis bureaucrates ont flanché, eux qui voulaient voter jusqu’à l’absurde et encadrer à tout prix.

    Vers 1h00 du matin nous avons pu nous déprendre définitivement des formes usées de la tribune, des prises de parole contrôlées. La discussion s’est enfin libérée, personne ne parlait pour personne, toute représentation est devenue impossible. Les contradictions de classe ont traversé l’assemblée. Il y a eu des embrouilles, des tensions, des prises de gueules, des conneries et des montées de testostérone. Pourtant l’assemblée a continué. Les points de vue n’étaient pas homogènes, mais on a tenté de penser et s’organiser collectivement.

    Les revendications se sont multipliées, et pas simplement contre le cpe ou la loi sur l’égalité des chances, certains ont évoqué les sans papiers et la répression contre les émeutiers de novembre. La liste s’est allongée jusqu’à rendre vaine toute idée de revendication. Non pas que les discussions devenaient absurdes, au contraire elles gagnaient progressivement en contenu. Nous avons alors parlé du partage du savoir et de l’évidence de la sélection sociale. Certains ont évoqué le fait que toutes les formes de travail salarié posent problème, et que le CDI c’est aussi l’exploitation.

    Le vent tourne : c’est un Tout que nous refusons, le retrait du cpe ne suffira pas.

    Les dirigeants et journaleux de tout bord l’ont bien perçu. Ils s’acharnent à séparer étudiants et vandales, casseurs et non-violents. Pourtant, de l’intérieur, nous avons senti que cette distinction ne pouvait pas exister à ce moment-là.

    Ce vendredi soir, beaucoup se sont débarrassés de leur peur et de l’infantilisation.

    Le mouvement prend de l’ampleur et dépasse les clivages , ne nous laissons pas imposer ces distinctions, nous avons des choses importantes à faire ensemble.



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 20 mars 2006

    Et, pour compléter, un peu de prose auto-organisatrice pour animer nos débats (idem Indymedias) :

    Un cheveu sur la soupe

    De la grève sauvage à l’auto-organisation

    Cela fait maintenant cinq jours que la Fac de Rouen a rejoint le mouvement anti-CPE qui se propage partout en France. Si jusqu’à maintenant celui-ci s’était constitué de manière autonome, il n’aura pas fallu longtemps pour que les professionnels du militantisme viennent nous vendre leur soupe, confessant vouloir « nous restructurer ». Dans de nombreuses villes des milliers d’étudiants ont refusé d’écouter les sermons des petits-chefs et s’auto-organisent : fatigués d’êtres menés en pâture, leur spontanéité l’a emporté.

    Ce que la manifestation d’hier a montré, c’est que s’opposer aux dirigeants de ce pays signifie aussi que nous ne voulons pas être dirigés. Du jeune-cool au poncho qui rêve que sa grand-mère le reconnaisse « à la tête » des étudiants en première page du Paris-Normandie, aux politicards de service qui espèrent nous enrôler dans leurs organisations trotskistes, c’est le même désir de contrôle, la même volonté d’encadrer ce qu’il y a de vivant dans la résistance. Or, c’est cette vitalité qui jusqu’à présent a fait la force du mouvement anti-CPE. Hier, les « animateurs » de la manif ont préféré marcher main dans la main avec la police qui leur dictait le parcours, plutôt que de suivre les « méchants incontrôlés » qui allaient spontanément chercher les lycéens enfermés à quelques mètres, pour aller se désagréger place de l’Hôtel de Ville, après le traditionnel discours. Pourtant les lycées avaient déjà montré leur détermination à la manifestation du 7 mars, débordant là aussi le cordon syndicaliste. Depuis, les contacts se sont multipliés et les liens ne demandent qu’à se renforcer dans l’action.

    Par « auto-organisation » nous n’entendons pas la confusion et la dispersion, mais bien plutôt le libre jeu, l’articulation entre les différentes positions dans une perspective commune, sans l’aplatissement à tout prix des antagonismes. « Grève sauvage » des A.G. sans tribune, des blocages dans la joie, des banquets collectifs et des rires sans intentions. Pas besoin de trouver un consensus pour mettre en place des actions, dès lors que suffisamment de personnes sont déterminées à les mener, ni de modérateurs lors des débats passionnés, où même s’il est bon d’établir une base d’accord, les divergences doivent s’exprimer.

    Appelons donc à reconduire la grève, pour que puisse continuer à s’élaborer la lutte autonome contre le CPE, et ce jusqu’à son retrait. Organisons-nous dès aujourd’hui pour continuer le mouvement sur la fac, sans oublier bien évidemment les lycéens, chômeurs, travailleurs, tous ceux avec qui nous pouvons nous allier dans la lutte.

    AG à 10h Amphi AXELRAD

    Propositions à débattre en A.G. :

    - Reconduction de la grève à l’Université

    - Blocage dès lundi matin de tous les UFR

    - AG quotidienne à 10h

    - Débrayage dans les lycées du centre-ville le midi

    - Manifestation autonome dans la foulée



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, Patlotch, 20 mars 2006

    Merci pour cette heureuse initiative (autant le dire, puisque je l’avais souhaité en considérant, comme d’autres, que Meeting pourrait accueillir ce genre de témoignages, complétant les textes de fond).

    J’ai ouvert une rubrique sur mon site Partant des luttes anti-CPE, et j’ai regroupé des textes Révoltes en France novembre 2005. Mes appréciations sur anti-CPE sont dans mon fil quotidien, mais désolé, un peu mélangées : Passages du Temps

    Faut qu’ça tourne !

    Vu d’où je suis, il me semble que ça ne décolle(ra ?) pas facilement dans le monde salarié (sauf en tant que parents) et cela pourrait confirmer une idée de RS (Ballade en novembre) sur des coupures voire des oppositions au sein de la classe des prolétaires : pas de perspective d’"unité" comme le clament les organisations. C’est pourquoi je souscris à l’idée du camarade étudiant : « Nourrissons une opposition plurielle insolente, qu’elle soit ou non violente ». La quantité s’oppose à la qualité, si on vise l’unité homogène ; c’était frappant à la manif parisienne du 18 mars, comme si tout le monde était tiré vers le bas par les mots d’ordre les plus timorés, limités au retrait du CPE. Mais ce n’est qu’une manif et ce n’est que mon impression...

    Amical’

    Patlotch, 20 mars



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, BL, 20 mars 2006

    Ouvrir la brèche.

    Le Chaos Pour nos Enfants

    Leur Contrat Première Embauche en est la preuve supplémentaire : la guerre éclair menée par les capitalistes pour réduire le salariat à l’état de sous-classe d’esclaves ira jusqu’à son terme si rien n’est fait pour y mettre obstacle.

    Dans ce combat, ceux qui ont encore des illusions sur un avenir proche garantissant le confort dans l’asservissement, à l’abri de la dictature, de la guerre, des radiations, de la pénurie d’alimentation et d’énergie, sont suicidaires. Ceux qui croient encore aux appareils politiques, spécialisés ou non dans la contestation spectaculaire, sont des naïfs. Inutile de chercher à réformer le Capitalisme, encore moins quand celui-ci se trouve en phase terminale.

    Tu ne t’intégreras pas à cette société, c’est cette société qui te désintégrera. Elle s’acharne d’ailleurs à t’amputer de ton intelligence pour que tu sois incapable de constater cette évidence. Si tu t’entêtes à te conformer à l’ordre social, ta vie va continuer à se détériorer rapidement et tes enfants ne survivront pas. Bientôt, tu ne pourras plus faire semblant de t’adapter facilement à cette existence, construite sur un seul modèle possible : celui de la production de nuisances dans la contrainte, celui de la consommation de ces nuisances dans l’ennui et la restriction croissante. Es-tu certain, d’ailleurs, qu’en faisant le larbin aujourd’hui, tu garantis ton avenir ? QUEL AVENIR ?

    Ta seule solution est de renouer avec la tradition de lutte portée par la classe ouvrière et les mouvements d’avant garde. Le moment de prendre conscience c’est maintenant. L’instant où tu dois abandonner ton scepticisme, ta résignation, tes fausses préoccupations sur ton ego, afin de combattre pour la survie de l’humanité, la tienne, c’est tout de suite. N’attends pas pour te réveiller d’avoir la puce dans le bras qui remplacera le flic dans ta tête. N’attends pas de crever du cancer, comme un nombre croissant de tes proches, pour cesser de philosopher passivement sur la pollution (si du moins tu philosophes) et envisager le sauvetage de ce qui reste de la nature. N’attends pas d’être un serial consommatueur et d’avoir perdu tous sentiments humains pour ouvrir les yeux et entreprendre de changer les rapports entre les gens. N’attends pas d’être en incapacité de lutter pour commencer à le faire. Il sera trop tard demain si tu ne reviens pas à la racine de toi-même dès à présent, si tu ne te radicalises pas. Le camp d’en face, lui, l’a déjà fait. Et n’oublies pas qu’à chaque minute c’est un peu plus de ce qui peut encore assurer la survie biologique de l’espèce qui disparaît, anéanti définitivement par la logique capitaliste.

    Le temps joue contre toi.

    Contrer leur Programme d’Extermination

    Les fanatiques qui sont au pouvoir n’avaient pas prévu que la révolte de la jeunesse atteindrait une telle ampleur.

    Leur empressement à appliquer le programme de destruction de la civilisation conforme à l’agenda imposé par les transnationales les conduit à confondre la masse avec cette avant-garde de la bêtise qui monopolise quotidiennement l’espace médiatique. Cette erreur stratégique pousse la bourgeoisie à se rigidifier sur ses positions. Ne pouvant plus convaincre de rien, le Pouvoir est résolu à mater toute contestation.

    Dans ces circonstances, il faut que l’unité entre tous les exploités se consolide et se radicalise. Il est nécessaire, pour ce faire, que tu sois conscient d’être un prolétaire, dans une époque où le système éducatif n’est principalement qu’une usine à formater le bétail salarié aux conditions de production.

    La contestation doit dépasser le cadre de la revendication. Il est primordial de tenir à distance les organisations syndicales dont tout le programme se résume aujourd’hui à mettre en échec la contre-attaque prolétarienne potentielle qu’exigent les enjeux catastrophiques de notre temps. Cette situation d’affrontement nous offre la précieuse occasion d’ouvrir à nouveau les champs pratiques et théoriques obstrués depuis 30 ans, pour reposer la question d’un nouveau monde. Des actions autonomes, des débats libres ont d’ores et déjà été amorcés.

    Consolidons les contacts entre salariés, étudiants, lycéens, chômeurs et autres galériens et organisons l’action des groupes autonomes de défense !

    La question de la Révolution doit rejaillir au centre des débats, mais évitons les formules érodées héritées des échecs du passé. En ce sens, il est incontournable de dresser l’inventaire des apories de la pensée révolutionnaire, pour échanger sur la façon de mener victorieusement la société vers une remise en cause fondamentale. Discutons des normes que nous entendons substituer à celles qui sont en vigueur aujourd’hui, des principes que nous comptons proposer aux hommes pour remplacer les lois iniques du marché...

    L’homme retrouvera à tâtons le fil perdu.

    François LONCHAMPT RAPACES

    [http://rapaces.zone-mondiale.org/pa...]



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 21 mars 2006

    EHESS OUVERTE A TOUS

    Venez le plus tôt possible pour rejoindre les

    occupants en lutte. Débats ouverts à tous.

    Les locaux de l’HESS du 105 bd Raspail sont occupés

    depuis ce lundi 20 mars. Pour un ensemble de gens,

    déjà précaires ou en voie de l’être, il semblait

    nécessaire de se donner un lieu et des moyens pour que

    notre hétérogénéité s’agence et s’organise. Il s’agit

    de moins se réapproprier une école que d’en faire un

    lieu ouvert, sans propriétaire ni corporatisme (y

    compris étudiant), où nous tenterons d’inventer des

    formes de luttes adaptées à la situation. Plutôt que

    de lever la main pour exposer des revendications

    catégorielles ou attendre la permission de la tribune

    pour étaler ses opinions individuelles, il s’agit de

    se donner le temps de s’organiser pour prendre part à

    la bataille actuelle. Nous ne sommes pas là pour

    pleurnicher. Sur le grignotage de ns acquis sociaux

    conquis de « haute lutte » par le Front Populaire, la

    gauche plurielle et autres gestionnaires de tous poils

    qui nous promettent un salariat plus sympa. Nous ne

    pouvons plus nous limiter à la lutte contre le CNE et

    le CPE parce qu’il s’agit en effet moins de d’une

    perte de nos acquis qu’une avancée logique de

    précarisation et d’optimisation de la mise au travail

    de tous. L’ampleur et la radicalisation du mouvement

    nous amènent à ouvrir à tous ce lieu de discussion,

    d’actions et de lutte.

    Soyons toujours plus nombreux.

    AG en Lutte

    Débats ouverts



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 21 mars 2006

    Quelques nouvelles de la lutte dans le 93

    C’est une dépeche d’agence de presse qui donne ces news, mais comme on n’en a pas d’autres...

    Seine-Saint-Denis : une mobilisation anti-CPE éparpillée et plus violente

    La mobilisation lycéenne anti-CPE a touché mardi 25 des 64 lycées publics de Seine-Saint-Denis, dont huit ont été fermés par sécurité, a-t-on appris auprès de la police et de l’Inspection d’académie (IA), qui font état de dégradations croissantes sur les voies publiques. Selon l’IA, huit lycées ont été fermés par mesure de sécurité : Paul-Le-Rolland (Drancy), Jacques-Brel (La Courneuve), Arthur-Rimbaud (La Courneuve), Feyder (Epinay-sur-Seine), Marcel-Cachin (Saint-Ouen), Olympe-de-Gouge (Noisy-le-Sec), Moulin-Fondu (Noisy-le-Sec) et Paul-Robert (Les Lilas). Le lycée Henri-Sellier (Noisy-le-Sec), annoncé fermé par l’IA dans un premier temps, ne l’a pas été. A Drancy, où plusieurs voitures avaient été incendiées la veille, des incidents ont de nouveau opposé jeunes et forces de l’ordre peu après 8H00. Des CRS quadrillaient en fin de matinée les rues autour des lycées Paul-Le-Rolland et Eugène-Delacroix devant lequel étaient rassemblées plusieurs centaines d’élèves, venus notamment de Bobigny, a constaté un journaliste de l’AFP. Des affrontements ont également eu lieu dans la matinée à Clichy-sous-Bois, devant le lycée Alfred-Nobel où avaient convergé plusieurs centaines de lycéens de Livry-Gargan. La police a répondu par des tirs de flash-balls à des jets de bouteilles, selon Antoine Germa, professeur du lycée Nobel, pour qui "la désorganisation du mouvement lycéen est inquiétante". A La Courneuve, le lycée Jacques-Brel a de nouveau été caillassé, avant d’être fermé. "Nous avons franchi aujourd’hui un stade", faisait remarquer un policier, qui estime que 1.500 lycéens issus de 25 établissements étaient dans la rue mardi. "Des jeunes sillonnent les rues par groupes pour aller débaucher d’autres lycéens mais n’hésitent pas pour certains à aller au contact des policiers, ou à s’approvisionner dans les magasins au passage", précise-t-il. L’IA souligne elle aussi une évolution des actions lycéennes, "avec moins de blocages ou de barrages filtrants et plus de manifestations en villes, avec parfois la volonté d’en découdre avec l’autorité". A Montreuil, en revanche, où les lycéens sont très mobilisés depuis quinze jours, des élèves de Jean-Jaurès et Condorcet ont seulement procédé au blocage de leurs établissements et se sont réunis en assemblée générale avant de rejoindre la manifestation parisienne, a-t-on appris auprès d’élèves. Lundi, des élus communistes s’étaient publiquement inquiétés de la situation. Ils en appelaient à la "vigilance" du préfet pour qu’aucun "amalgame" ne soit fait avec "des provocations impulsées par des individus qui utilisent la lutte pour le retrait du CPE pour saccager des biens publics et privés".



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE , , 21 mars 2006

    Ce texte je veux l’écrire depuis plusieurs jours, mais remit au lendemain devant les nombreux textes - hors réseau sentant - qui circulent sur le mouvement anti-cpe

    Brièvement, je ne vais pas reprendre toutes les réflexions de mon camarade Maxime en réponse au texte de Guy S, seulement rappeler les points qui me paraissent essentiels et que je désirs extraire de sa lettre.

    - la notion de restructuration du capital depuis maintenant 30 ans et qui a entraîné la disparition de l’identité ouvrière ( en non pas des prolétaires )

    Mai 68 marquant la fin d’une époque et donc comme le soulignait très justement Greg le début d’une autre,

    ( lire le point 3 des notes de Maxime )

    - la révolution ne se pose pas en fonction du déclin du capitalisme mais de l’existence même du capitalisme.

    la preuve du communisme c’est le capital

    - la fin du modèle fordien : le modèle aujourd’hui, c’est la flexibilité extrême - la segmentation du prolétariat

    la précarisation institué comme règle de fonctionnement

    - invoquer le modèle des luttes ouvrières passées, c’est se raccroché à un passé révolu. ce n’est pas oeuvrer pour la révolution

    l’agréation nouvelle, c’est découvrir, diffuser et développer au sein des luttes, dans le procès de travail comme dans les sphère de la reproduction des rapports sociaux capitalistes toutes les pratiques qui mettent peu ou prou directement le salariat, flexible et précaire ou non sur toute la planète

    En ce qui concerne le mouvement anti-cpe , quelques réflexions :

    - c’est le premier mouvement d’ampleur contre le développement de la précarité

    - ce mvt me semble à l’heure actuel en deçà de celui de 2003 sur les retraites, qui implicitement se battait contre l’allongement de la durée du travail

    - le poids du démocratisme de le mvt actuel ( voir les infos sur les étudiants qui brandissent leurs cartes universitaires pour démontrer - à la bourgeoise - qu’ils ne sont pas des éléments extérieurs

    - dans sa large majorité ce mvt ne rejettent pas par dans ses mots d’ordre - "retrait du cpe" - la logique capitaliste

    - illusions sur un vrai travail

    Cela me rappel le mvt altermondialiste avec son mots d’ordre " nous ne sommes pas une marchandise" alors que depuis l’apparation du capital les prolétaires ont du toujours vendrent leur force de travail

    - illusion sur la violence : affrontement avec les forces de l’ordre alors que c’est les force syndicales d’encadrement qui sabotent

    - le constat que les défaites successives ces dernières décennies pèsent fortement sur la partie salariée -

    peu ou pas de réaction ( la politique des syndicats n’expliquent pas tout et toujours )

    Ce qui il y a de positif, c’est sur les marges si l’on peut employer cette expression

    - les quelques AG ouvertes aux extérieurs ( chômeurs, précaires, zonard et autres pédés dixit un tract glané sur indymédia )

    l’appel à l’auto organisation et le refus d’être récupérés ( Rouen )

    Voila c’est court comme à mon habitude

    Fraternellement Christian le 20 mars 2006



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, BL, 21 mars 2006

    trouvésur le site d’AC !

    TENDANCE GREVISTE NI CPE, NI CDI

    un texte venu de rennes en lutte...

    daté du 8 mars 2006 par AC ! Paris Air Libre

    Appel du 22 février :

    Les grévistes de Rennes II sont unis en tant qu’ils considèrent que la grève avec blocage de l’université est pour ceux qui y étudient la condition sine qua non d’une lutte contre le CPE ; non que cela suffise, mais cela libère le temps et l’énergie sans lesquels il n’y aurait pas de lutte, mais une simple divergence d’opinions.

    Ils sont également unis en tant que pour eux la grève avec blocage est le seul moyen de provoquer le débat politique sur le CPE en dehors des joutes oratoires feutrées des parlements.

    Ce débat politique sur le CPE a permis de constater au sein du mouvement une forte tendance à ne pas se satisfaire de slogans tels que " non au CPE, pour plus de CDI ", qui suggèrent que le CDI serait en soi un contrat équilibré, favorable aux salariés, qu’il s’agirait de défendre comme un acquis, une position de force conquise par les luttes passées. Il apparaît pourtant que tout contrat de travail garantit seulement les modalités d’une exploitation. Nous considérons que rejeter une réforme qui aggrave nos conditions de vie ne doit pas signifier la valorisation unilatérale de l’état de chose préexistant.

    On nous parle de prudence, nous disant qu’il ne faut pas effrayer " la grande masse des gens ". Pourtant, la grande masse vit quotidiennement la réalité du CDI. Lui faudrait-il cesser de lutter, de faire grève, sous prétexte qu’elle jouirait de privilèges auxquels tous les précaires rêveraient d’accéder ? On connaît ce raisonnement, c’est celui par lequel on combat la révolte en prétendant que seul le pire la justifie, et que le pire est toujours ailleurs.

    Nous prétendons que revendiquer plus de CDI contribue à la fabrique du consentement à l’égard de ce qui est.

    Curieusement, c’est ceux qui veulent que l’horizon du mouvement ne se limite pas au retrait du CPE qui prennent le plus ce mouvement au sérieux, qui sont les plus déterminés à lutter jusqu’au bout, à lutter, quoi qu’il en coûte, jusqu’à son retrait.

    Ne nous leurrons pas : le CPE ne sera pas retiré si nous commençons à nous dire qu’il faudra peut-être reprendre les cours si le gouvernement ne cède pas très vite.

    IL ne sera retiré que si, partout, est reprise l’idée qu’il faudra la police pour nous faire plier, que nous n’accepterons pas que l’imIl mobilisme et la lassitude de ceux qui restent spectateurs du mouvement décident pour nous.

    L’épuisement, nous ne le connaissons pas. La liberté n’est pas épuisante, mais exigeante.

    Nous sommes contre le CPE parce qu’une certaine idée de la précarité nous est chère ; pas celle des tracasseries quotidiennes pour trouver et conserver un emploi plus ou moins désagréable mais toujours subordonné à la nécessité de se vendre comme force de travail pour survivre ; mais la précarité de l’existence et de la pensée que ne vient garantir nulle autorité à laquelle se soumettre, nulle communauté à laquelle appartenir, famille, entreprise ou état. Qu’on ne voie là nulle célébration libérale de la " mobilité ", cette liberté d’aller d’expérience en expérience ; au contraire, puissants sont nos attachements, et c’est parce que nous ne voulons pas y renoncer que nous pouvons prendre le risque de tout perdre.

    C’est parce que nous ne voulons pas d’une joie garantie durable qui se marchande à coups de renoncements quotidiens et que nous savons que cette joie de lutter ensemble a pour fond la politique, la discorde, la fragilité des règnes, que nous assumons la précarité comme la vérité de notre condition.

    D’autres parlent de l’épanouissement par le travail et de la reconnaissance qui lui est liée. Mais comment ne pas voir qu’il s’agit toujours à un moment donné de renoncer à être pleinement fidèle à ce qui nous anime quand par exemple nous enseignons, soignons, créons, et d’accepter de faire avec l’ordre des choses, de nous y adapter, jusqu’au point où suivre nos désirs signifie concourir au maintien de cet ordre ?

    Derrière le refus du CPE, on entend d’abord la peur, la peur de ceux qui se savent isolés, d’être encore plus dépourvus face aux pouvoirs, face à la suprématie de l’économie ; et cette peur ne trouve d’autre voie que de se traduire en demande de sécurité.

    C’est la même logique qui demande à l’état plus de flics contre l’insécurité et plus d’emplois contre " l’insécurité sociale ". Encore et toujours nous supplions l’état de bien vouloir nous protéger. Car nous sommes maintenus, de par l’effet d’une politique qui n’a rien d’hasardeux, dans une situation où il nous faut choisir entre la grande pauvreté des allocations et l’emploi de toute notre vie au service de projets entrepreneuriaux.

    À cette demande de sécurité, nous opposons la confiance dans la communauté de ceux qui refusent la politique libérale. Et qui pensent que refuser avec conséquence implique d’en finir avec l’isolement de chacun, de mettre en partage moyens matériels, expériences et affects pour rompre avec la logique libérale dont le CPE n’est qu’un symptôme. La question de subvenir à nos besoins devient alors une question collective : celle de constituer entre nous des rapports qui ne soient pas des rapports d’exploitation contractuelle. Et de faire que ce Nous ne soit pas celui d’un groupe restreint, mais le Nous de l’affirmation révolutionnaire.

    Tendance gréviste ni CPE ni CDI



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE [origine inconnue], BL, 22 mars 2006

    manifestation anti-CPE du 18 mars à Marseille telle que je l’ai vécu..

    Le drapeau noir et rouge flotte sur Marseille

    Voici un compte rendu de la manifestation anti-CPE du 18 mars à Marseille

    telle que je l’ai vécu.

    L’arrivée

    J’arrive à 15h10 à la porte d’Aix, via la gare. On est très nombreux :

    Il y a les lycéens et les étudiants biens sur, les classiques CGT-FO, CFDT,

    et même CFTC et CGC. Des orgas de sans papiers et divers groupes non

    identifiés. Il y a aussi Attac, la LCR, le PC et LO, ainsi PS en toute fin

    peloton. Je remarque une présence cénétiste bien plus forte que ce qui était

    visible il y a quelques années.

    La manifestation

    La manif s’ébranle vers 15h20/15h30 de la porte d’Aix. On passe sous la gare

    Saint-Charles, direction Canebière. Avant d’y arriver, la manif bifurque

    vers les Réformés puis redescend le long de la Canebière pour finir sur le

    Vieux-Port, notre destination finale.

    Cela ce confirme, on est vraiment très très nombreux : quand les premiers

    manifestants arrivent sur le vieux port, les derniers viennent de partir de

    la porte d’Aix, notre point de depart. C’est léquivalent des grosses manifs

    de 95. On doit être au moins entre 100.000 et 150.000, voire 200.000.

    Le soir, les chiffre des syndicats est de 130.000 manifestants, celui de la

    police de 7000 (oui, sept milles), un chiffre tellement ridicule que la

    plupart des journaux et des agences de presse ne le reprennent pas.

    Pendant le défilé, divers slogans sont chantés (dont un Villepin au chomage,

    Sarko au tapin), diverses banderoles sont exhibés, bref du classique.

    A noté cependant, un petit crochet fait par une partie de la manifestation

    (surtout des jeunes) vers l’immeuble du MEDEF. Panique du SO, course pour

    essayer de les bloquer, pendant ce temps les CRS garés à coté préfèrent

    s’éloigner. Peine perdu pour le SO, la pression suffit à passer.

    Arrivé sous l’immeuble : jets d’oeufs et de ballons remplis de peinture sur

    la façade (note : technique à revoir les jeunes, la moitié des ballons ont

    rebondit dans la rue sans éclater ).

    Ceci dit tout s’est bien passé dans la manif, pas de violence, rien.

    A l’arrivée vieux-port (quai sud pour le groupe précédent), annonce de la

    dissolution de la manif, qui s’effectue très paresseusement. D’autant plus

    que les manifestants arrivent encore. Aprés un moment, je revient en arrière
    _ : la queue de la manif est encore aux Réformés !

    Je redescend alors sur le vieux port où il y a encore beaucoup de personnes.

    Une sorte de mini-meeting dans un camion sono s’est semble-t-il improvisé..

    L’échauffourée.

    Je ne reste pas car je préfère suivre un important groupe de personne avec

    des banderolles se dirigeant vers la mairie. Qui n’est, fort opportunément,

    pas protégées. Les manifestants se ruent sur les quelques barrières

    présentes et les enlève.

    Un fort contingent (plutot jeune) occupe le parvis en chantant et en criant

    des slogans, beaucoup de monde de tout ages reste aux alentours. Il n’y a

    pas de violence, pas de tentatives d’effractions dans la mairie.

    A un moment, les CRS arrivent. Ils chargent sans sommation. Evacuation du

    parvis et de la portede la mairie, reflux des manifestants. Des civils se

    retrouvent avec les CRS mais cela ne semble emouvoir personne autour de moi

    (qui sont ils ? journalistes, flics en civils, manifestants arrétés ?).

    Après avoir echappée à la première charge, on revient sur les CRS, et

    quelques bouteilles vides leur sont lancées dessus.

    Ils nous lancent des lacrymogènes, chargent, on reprend le terrain, le tout

    à plusieurs reprise. Je m’aperçois alors qu’un jeune gars a escaladé le mur

    de la mairie et se trouve sur le balcon.

    Il descend les drapeaux français, européeen et marseillais (croix bleue sur

    fond blanc) qui flottent au vent et installe à la place un drapeau noir et

    rouge barrée de ’inscription JA (Jeunesse anarchiste ?) à la place, le tout

    à la grande joie et sous les applaudissements de ceux qui sont restés en

    bas.

    Lorsque que notre acrobate essait de desescaladé la mairie,les CRS charges

    dans l’évidente intention de l’arrêter à l’arrivée. La solidarité joue alors

    sont plein et les manifestants à qui ça fout vraiment les boules

    contre-chargent. On reprend un peut de terrain.

    Le jeune arrive à redescendre , juste a temps avant qu’un autre contingent

    de CRS arrive d’un autre coté (par l’esplanade).

    Je commence a revenir en arrière. Un contingent de CRS (5-6 camions) arrive

    par le quai des belges, ce qui prend un fort groupe en sandwich. Les CRS

    sortent. Tension. Ils finissent par remonter dans les camions et repartent.

    Je reviens vers les manifestants qui ont été coincés. Les gens partent petit

    à petit. Le groupe principal de manifestants bloque la rue en formant une

    double ligne, un nombre non négligeable de personnes restant dispersé sur le

    coté. Les CRS sont assez loin. Une moto de police est à terre, les clés sur

    le contact, des appels à ne pas la bruler retentissent, quelqu’un récupère

    les clefs. La double ligne recule pas à pas, cela me semble la fin, je part.

    Note 1 : Je n’en ai pas vu, mais les agences de presse parlent d’une

    demi-douzaines d’arrestations, est-ce quelqu’un à plus de nouvelles ?

    Note 2 : Il y a eu plusieurs vidéos et photos de réalisées, ça serait bien

    de les publier sur le web (surtout le drapeau sur la mairie)

    Note 3 : En annonçant 7000 participants, la police se ridiculise une fois

    encore.

    Note 4 : Reflexions sur la relation CRS-violence. On a pu constater que

    l’attitude de la police joue un rôle important si ce n’est prépondérant dans

    l’apparition de violence pendant une manif. Lors du peinturlurage du siège

    local du MEDEF, ils ont laissé faire (et ne se sont même pas montrés), il

    n’y a pas eu de problèmes. Lors de l’occupation du parvi de la mairie, tout

    était calme avant leur arrivée. Il a fallut qu’ils provoquent inutilement la

    foule en chargeant pour que ça dégénère. De même lorsque les CRS en pris en

    sandwich les manifestant puis sont partis en laissant la place libre sans

    attaqué, il n’y a pas eu de violences de la part des manifestants.



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 23 mars 2006

    Tract distribué à Avignon lors de la manifestation du 18 mars.

    DES SORBONNES PARTOUT !

    DANS LES FACS, LES LYCEES, LES USINES...

    NI CPE NI CDI !

    Si nous luttons contre le CPE, nous ne défendons pas le CDI, nous nous défendons face à une attaque du patronat et de ses sbires. Le CDI n’est qu’un morceau de Droit, un contrat qui reflète les rapports de forces, de classes, de notre société. Le code du travail fait partie du droit bourgeois, au service des patrons, il accorde quelques maigres protections aux salariés pour qu’ils y croient, le défendent, et triment docilement. Dans les boites, les salariés sont exploités, écrasés, précarisés par les patrons qui maintiennent l’offensive car le rapport de force est aujourd’hui en leur faveur… le droit (ici la modification du code du travail avec l’instauration du CPE) ne fait que transcrire sur le papier ce rapport de force entre nous, qui sommes obligés de travailler, de nous salarier, pour vivre, et eux qui nous embauchent et nous exploitent. Cela porte un nom : la lutte des classes.

    Les syndicats se présentent aujourd’hui en ordre de marche, se positionnent, prêts à endosser leur costume de « partenaires sociaux », prêts à négocier l’éventuelle modification du CPE mais surtout l’instauration du contrat unique dont le CPE n’est que l’amorce, modèle qui va se trouver généralisé à l’ensemble des salariés.

    ETUDIANTS OU FLICS IL VA FALLOIR CHOISIR

    La lutte anti-cpe (et limitée à cette revendication) reste pour l’instant centrée dans les facs. Sur Avignon, il semble que deux conceptions (conscientes ou pas) s’affrontent autour du rôle de l’AG et de la notion de démocratie.

    L’AG perçue comme « AG des étudiants », qui s’enferme dans le catégoriel, ne peut y aboutir qu’à une sclérose du mouvement par le rejet de tout ce qui n’est pas étudiants, replie sur des intérêts catégorielles, partiels, vision amputée… (on remarquera que cette position, si elle est de toute évidence « contre-révolutionnaire », s’oppose même aux principes de l’Université bourgeoise telle que nous la connaissons puisque celle-ci se perçoit encore un peu comme ouverte sur le monde, les cours, les bâtiments, la bibliothèque étant par principe « lieu de savoir et de culture », ouverts à tous, étudiants ou pas… ce dont a rêvé les plus réactionnaires, les fachos de tous poils, une fac fliquée et ultra-contrôlée, les soit-disant grévistes sont en train de le mettre en place mieux que des vigiles. L’obligation de montrer sa carte d’étudiant pour pénétrer dans la fac est en fait à l’initiative d’un groupe qui a décidé seul d’imposer sa vision à l’AG (qui avait décidé d’admettre en son sein les non-étudiants).

    L’AG conçue comme une « AG de lutte », AG des étudiants en lutte et de ceux qui s’associent à la lutte (lycéens, enseignants, personnels atos, chômeurs, salariés… ) va au-delà du catégorielle, plus ouverte, plus efficace, plus riche, tend vers l’AG interprofessionnelle (décision d’accepter le vote des non-étudiants, vote d’une motion en soutien aux émeutiers de novembre).

    PAS D’AMELIORATION, PAS DE NEGOCIATION, RUPTURE !

    Nous sommes aujourd’hui à un point critique du mouvement, soit le mouvement s’essouffle, soit le mouvement s’amplifie, les syndicats et le gouvernement en sont conscients. Le timing gouvernemental n’a évidemment rien d’innocent, le CPE n’est en, fait qu’un contre-feux. Villepin peut tenter de proposer une modification/amélioration du CPE ou même le retirer. Mais, dans tous les cas, il va proposer, avant juin, la mise ne place du « contrat unique ». D’ici là, nous seront tous, ou presque, devant la télé. Villepin aura gagné. Il ne faut donc pas se limiter au simple retrait du CPE, aux cadres catégoriels (estudiantins, public/privé…) mais être bien plus offensif. C’est à la logique même du système qu’il faut s’attaquer !

    Ce sont nos méthodes de lutte qu’il faut réviser, réinventer, sans cela mouvement entrera dans une impasse. Contrairement à ce que nous assènent les bureaucrates, nous n’avons pas « que le pacifisme à opposer à la violence du CPE », ceux qui le clament cherchent à contenir le mouvement dans des formes qui leur semblent souhaitables, profitables, dans des formes contrôlables. Ces connards cherchent à nous imposer leur vision en fustigeant par exemple les « casseurs » qu’ils n’ont jama1is vu que sur TF1 et qu’ils utilisent comme épouvantails alors qu’il s’agit juste de camarades qui n’ont pas renoncé à d’autres modes d’actions et d’expressions dans cette lutte.

    C’est justement en devenant incontrôlable (pour les partis et les syndicats) que le mouvement peut devenir dangereux pour le gouvernement et le faire reculer. Les journées de grève de 24H ou les manifestations le samedi n’ont jamais servi le mouvement, c’est toujours le « minimum syndical ». L’appel à la grève générale interprofessionnelle est une nécessité vitale, immédiate pour la poursuite du mouvement.

    Nous sommes en guerre, le vieux monde et ses séquelles, nous voulons les balayer !

    Nous n’avons rien a y défendre, rien a sauver, tout a détruire !

    Nous voulons construire autre-chose… … une société où serait abolis, l’argent, le salariat, la valeur, l’Etat…

    c’est un bon point de départ pour ébaucher des trucs ensemble.

    AMNISTIE POUR TOUS LES EMEUTIERS DE NOVEMBRE !

    LIBERATION IMMEDIATE DE TOUS LES INCARCERES DU MOUVEMENT ANTI-CPE !

    POUR LA GREVE GENERALE ! AUTONOMIE DES LUTTES

    [email protected]

    En note : Contrairement à ceux qui clament des slogans faciles homophobes, sexistes et réactionnaires, Villepin nous, on a pas envie de l’enculer ! On ne fait pas de nos désirs, fantasmes et pratiques sexuelles des insultes.



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 23 mars 2006

    Pousser le monde qui s’écroule... Affiche +tract

    Un déjà paru, mais remis en page et surtout réécrit ; à télécharger : Une affiche A3 et un tract A4 rectoverso

    Nous voulons la grève générale, que la machine s’arrête, que la routine soit cassée. Nous voyons déjà les sourires, la joie qui animent celleux qui en veulent à ce monde, celles qui sont déjà en lutte. Nous voyons le mépris des têtes syndicales qui ne proposent qu’une énième journée de grève et le dégoût qu’il suscite chez les plus énervé-es qu’illes soient syndicalistes ou non.

    Il n’y a jamais de casse ou de violences « gratuites ». Certes, certaines sont stupides ou peu stratégiques, mais toutes traduisent une rage, une détermination qui avait disparu depuis des années. Nous y trouvons de l’espoir, mais nous en voulons pas nous en contenter. Nous voulons parler, élargir et donner de l’épaisseur au mouvement en cours. Nous ne souhaitons pas reproduire les conditions et les erreurs qui ont fait échouer les mouvements précédents : séparation entre nous et avec le monde qui nous entoure, jonction impossible avec les salarié-e-s, invisibilisation de l’au-delà que nous portons, stigmatisation médiatique et citoyenne des minorités violentes. Ne laissons pas dispositifs et dispositions jouer contre nous. Pour cela il est nécessaire d’éclaircir certaines positions et parti pris.

    Que Villepin ne retire pas son texte, ni aujourd’hui, ni demain, ni dans une semaine, qu’il s’obstine, c’est ce que nous voulons tou-te-s : que la lutte perdure, que les discussions déjà amorcées se développent, s’amplifient... et que chacun prenne enfin position : pour ou contre le monde que l’on nous propose et que subissent les plus précaires, celleux qui n’en peuvent plus de leur boulot, de leur patron, de leur vie. Car nous sentons partout, dans l’air et dans les mots, un soutien, des questionnements, une envie que ça explose.

    Nous cherchons un lieu (ou plusieurs) qui puisse devenir un point de ralliement, un lieu de convergence où tou-te-s les grévistes, du public comme du privé, les précaires, les activistes et les autres pourraient se rencontrer, partager leurs expériences, leurs souffrances, leurs espoirs et repartir avec l’envie de continuer, de pousser plus loin le combat que nous avons commencé. L’Ehess peut être un temps un lieu, mais d’autres lieux, vides et imprenables à peu nombreux-ses, nous permettraient de nous installer dans le long terme. Nous voulons la grève générale, que la machine s’arrête, que la routine soit cassée. Nous voyons déjà les sourires, la joie qui animent celleux qui en veulent à ce monde, celles qui sont déjà en lutte. Nous voyons le mépris des têtes syndicales qui ne proposent qu’une énième journée de grève et le dégoût qu’il suscite chez les plus énervé-es qu’illes soient syndicalistes ou non.

    Nous nous reconnaissons dans la rue sans nous connaître. Nous ne sommes plus des anonymes. Sans faire de l’émeute un mythe, la concrétisation de notre force nous lie plus à chaque confrontation.

    Nous ne voulons pas de chefs, ni de porte-parole. Celleux qui existent, nous ne les reconnaissons pas. Que certain-e-s s’assoient à la table du gouvernement et illes seront désavoué-e-s. Nous n’avons rien à négocier et tout à prendre. Nous le savons maintenant plus que jamais.

    Chirac a été élu contre Le Pen, sa majorité s’est installée grâce à l’abstention de l’électorat de gauche. Les lois, les décrets, les ordonnances appliquées depuis sont illégitimes, comme les gouvernements qui se sont succédés.

    Tout est passé : des politiques qui s’attaquaient aux plus faibles, aux plus dominé-e-s (sans-papiers, chômeur-se-s, rmistes...), des lois qui, pourtant, avaient réussi à former contre elles de véritables mouvements (retraites, réforme Fillon...), des mesures policières « d’exception » qui sont devenues la règle. Nous avons vécu l’Etat d’urgence et la répression des émeutes d’Octobre-Novembre 2005. Passif-ve-s. Cela n’arrivera plus.

    Nous voulons faire plus qu’un « coup d’arrêt ». Nous critiquons ce monde et les valeurs, les évidences qu’il porte en lui. Nous critiquons l’Ecole et la formation, le salariat, la société industrielle, la croissance et le « plein emploi », le progrès et son cortège de destructions. Nous critiquons les rôles que la société voudraient nous faire jouer : nous ne serons pas des cyniques sans pitié, des « gagnants » prêts à écraser les autres, des consommateurs passifs ou des esclaves.

    Nous ne combattons pas que la précarité, nous combattons l’exploitation et le travail forcé. Nous savons qu’illes sont nombreu-ses-x celleux qui n’osent plus s’opposer. Et illes n’ont ni un CPE, ni un CNE, mais un CDI ou un contrat précaire. La multiplication des dispositifs de mise au travail que sont les CPE, CNE, RMA, le contrôle mensuel des chômeur-ses ne signale pas qu’une offensive idéologique en faveur de la « valeur travail », ils révèlent une résistance à l’asservissement, l’humiliation quotidienne de celleux qui travaillent ou pas en entreprise (qu’elle soit publique ou privée, rappelons-le).

    Nous ne nous laisserons pas adapter !

    Nous combattons pour une dignité bafouée, piétinée sur l’autel de la compétition capitaliste et du productivisme. En cela nous ne détachons pas du vécu « matériel » des plus précaires : l’impossibilité de boucler les fins de mois, de se projeter dans l’avenir sont les conséquences des réorganisations successives du travail.

    ’Nous savons qu’il n’y a pas d’alternative à gauche pour 2007, que les urnes ne nous amèneront que de nouvelles déceptions, que tout est à faire ici et maintenant de manière autonome, sans compter ni sur les syndicats, ni sur les partis.

    Nous n’avons aucune confiance dans les médias et nous ferons tout pour mettre à nu les mensonges qu’ils répandent. C’est par les prises de parole, les inscriptions sur les murs et dans le métro, le bouche-à-oreille et les médias alternatifs que nous rétablierons la vérité, que nous créerons des liens, des connivences, et par nos actes que nous prouverons notre maturité (que ce soit dans la casse ou dans le combat contre les flics).

    Le mouvement que nous avons lancé ne doit pas s’arrêter : les interpelé-e-s, les inculpé-e-s de ces derniers jours, de Novembre, de tous les mouvements sociaux de ces dernières années ont besoin de notre soutien total pour qu’une amnistie soit possible. C’est en continuant la lutte présente que nous ne nous enliserons pas dans la lutte contre la répression. La flicaille vient d’envoyer dans le coma un syndicaliste. Nous pensons à lui et à son entourage et crions tout-e-s à la vengeance..

    Nous ne lâcherons rien (ni personne) !

    Solidarité entre tou-te-s les insurgé-e-s quels que soient leurs modes d’action ou d’intervention !

    Un occupant de l’Ehess, le 21/03/06.

    P.S. : ce "nous" est celui de tou-te-s celleux qui se reconnaîtront dans ce texte et de celleux qui me l’ont inspiré... Vous pouvez en faire ce que vous voulez : tract, appel ou autres... Je n’en suis pas le maître.



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 24 mars 2006

    http://rebellyon.info/article1825.html

    Le 23/03 à Lyon, c’est l’esprit de subversion

    Publié jeudi 23 mars 2006

    La montée à Paris pour une manifestation monstre était l’enjeu de la journée. La SNCF, obstinée et réactionnaire pour l’occasion, ayant refusé de laisser monter gratuitement les manifestants à Paris, le Parti Socialiste, conscient des enjeux de 2007 et soucieux de se mettre les anti-CPE dans la poche, a payé 380 places de train. Les politicards s’entendent bien entre eux, et c’est donc malgré le refus d’une AG interfac de monter à Paris si tout le monde ne peut pas monter que les politicens étudiants, LO et LCR en tête, se sont partagés les billets.

    Jeudi matin, c’est dès 6h30 que des courageux se sont réunis place Carnot, face à Perrache. Entre 7h00 et 7h30 les personnes ayant récupéré des billets sont partis sur Paris, laissant un nombre important de personnes sur la place. Peu après 8h00, c’est un milliers d’étudiants, lycéens, travailleurs et précaire qui est entré dans la gare Perrache au pas de charge, décidé à en découdre avec la SNCF jusqu’a l’obtention de trains pour tous et gratuits. Mais nous sommes rapidement bloqués à l’entrée de la gare sur la passerelle par quelques rangs de CRS. Attendant une hypothétique réponse positive de la SNCF, les manifestant-es sont peu à peu encerclé-es par les CRS qui sont arrivés en masse au pied de la passerelle après qu’un petit groupe a tenté de rejoindre les quais par l’exterieur. Atteindre les quai n’aurait servi à rien, la SNCF ne veut pas mettre de train et à déplacé ceux allant sur Paris vers la gare de la Part-dieu. Après une heure à crier des slogans contre, en vrac, le CPE, les flics, les patrons, l’État et la SNCF, nous quittons la gare de Perrache pour nous regouper place Carnot. Pendant l’action une personne à visiblement été interpellée mais son identité nous reste inconnue.

    La décision est rapidement prise. Grisé-es par notre nombre qui augmente et énervé-es par les CRS et l’absence de train, nous partons en courant vers le périph à la sortie de Perrache. Nous nous installons rapidement sur les voies et bloquons rapidement les voitures. C’est 1 200 personnes qui s’installent face aux voitures pendant environ ½ heure. Mais le périph’ est un lieu sensible et c’est un dispositif de CRS démesuré qui nous est envoyé. Après quelques altercation, et la poursuite par les CRS de quelques copains s’étant écartés, nous sommes encerclé-es par la force de répression. Après quelques sommations, la police nous charge. Boucliers de CRS contre épaules de manifestants, les flics nous repoussent et nous enserrent. Quelques coups de matraques fusent puis c’est la lacrymo en bombe qui nous asphyxie. Sous la charge et la lacrymo nous quittons les voies ; des copains déjà plus loin jettent ce qu’ils trouvent sur la flicaille. Nous nous redirigeons vers la place Carnot en échangeant les sérums physiologiques, les bouteilles d’eau et les citrons pour imbiber les écharpes.

    Sur la place nous sommes déjà 2 000, énervé-es et déterminé-es. Après un temps de repos, nous repartons vers le lycée Récamier pour en faire sortir les lycéens. L’arrivée sur les quais des CRS qui nous avaient gazé-es peu avant nous fait repartir. Mais, et il n’y comprirent rien, c’est vers eux que nous nous sommes partis. Passé-es entre les camion des chiens de gardes du capital, nous rejoignons les quais du Rhône où nous manifestons jusqu’à la Guillotière. C’est là que nous traversons le Rhône. Arrivé-es de l’autre côté du fleuve, nous nous rassemblons rapidement, nous sommes entre 2 000 et 3 000 ! Les plus pacifistes s’écartent et les autres montent une barricade au bout du pont pour bloquer la centaine de CRS qui progressent en formation vers nous. Le chantier du carrefour nous fournit de quoi bloquer la police : grilles, plots et blocs de ciment. Ce qui est trop petit pour servir à la barricade vole pour retomber sur les CRS. Après quelques minutes, c’est les CRS qui nous envoient leur lacrymos. Nous fuyons vers lyon II et Lyon III sur les quais en montant barricade et obstacles sur notre chemin. C’est d’ailleurs ce que fera cette manifestation sauvage jusqu’à son arrivée et sa dissolution (rapide en raison de la présence agressive des flics) place Guichard.

    Face à la racaille du patronnat, des politiciens et des flics, c’est l’expression spontanée de notre contestation qui s’est montré ce matin. Plus de S.O., plus de cadres pour nos luttes, vive la spontanéité.

    Union, Action, Autogestion ! La lutte continue cette après-midi à 14h00 place Bellecour.



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 24 mars 2006

    Compte rendu et tract distribué à la manif de ce jour à toulouse.


    MANIFESTATION du 23 MARS TOULOUSE

    Trés bonne ambiance , un cortége de plusieurs milliers de personnes s’est

    formé en avant du camion sono et du SO assuré par FO.

    Trés bon acceuil du tract du comité de lutte .

    Une agence ADDECCO visitée par des jeunes anxieux de trouver un emploi de

    merde payé des miettes , SO et journalistes enfarinés, tribunal décoré .

    Mots d’ordre de circonstances, "confinez les poulets , libérez les

    émeutiers ! " (devant les cordons de gardes immobiles) " So collabo" quand

    le SO se plaçait en protection (!) des gardes immobiles et devant les

    agences d’intérim puis "ni cpe ni cdi on veut plus de patrons du tout"

    A ma connaissance et a l’heure qu’il est aucun blessé ni interpellé .

    Le concombre masqué


    ILS SONT GARDES SOYONS MOBILES

    Le 18 Mars 2005 nous étions très nombreux à remettre en cause le CPE et

    la précarité, à vouloir rejeter cette société qui organise la misère.

    Beaucoup pensaient encore que les directions syndicales donneraient le

    coup de grâce à ce système en encourageant les travailleurs à rejoindre

    rapidement le mouvement … Maintenant nous savons que la grève

    générale est nécessaire mais qu’elle aura lieu contre la volonté des

    dirigeants syndicaux et par l’action à la base. C’est parce que les

    travailleurs auront envie de lutter que nous gagnerons tous parce que

    alors la grève sera sauvage et générale et qu’elle touchera l’Etat et

    le Patronat là où cela fait mal, en paralysant l’économie. …Et que

    tout sera alors possible. Mais si notre objectif est donc de donner

    envie aux salariés de se battre à nos côtés, le pouvoir a précisément

    l’objectif inverse par le pourrissement et l’isolement du mouvement de

    lutte.

    Sa stratégie repose sur la temporisation et la focalisation (c’est en ce

    sens que le discours officiel des syndicats est parfaitement adapté à la

    stratégie du pouvoir).

    En effet, la seule exigence du retrait du CPE reste une stratégie

    défensive … Alors que la meilleure défense c’est l’attaque. Les

    revendications des travailleurs et de la population quelles sont-elles ?

    Se limitent-elles au retrait du CPE ? Si l’on demande à l’ensemble de la

    population de se battre, la moindre des choses serait d’élargir

    clairement les revendications à l’ensemble du champ social et sociétal

    contre toute forme de domination qu’elle soit économique ou autre ...

    Nous ne devons donc pas rester assiégés dans une forteresse

    anti-CPE car avec le temps qu’il gagne le pouvoir va nous isoler, en

    désinformant et en créant des réflexes de peur et de lassitude, son but

    est de décourager toute dynamique de masse. Les actions que nous

    devons mener doivent au contraire encourager cette dynamique, supprimer

    les craintes et affaiblir le pouvoir. En ce sens nous pensons qu’il faut

    éviter toute confrontation directe avec les forces répressives, nous

    pensons qu’il faut les ridiculiser …Montrer que si eux sont gardés,

    nous, sommes mobiles.

    Dans la rue … En attendant le 28 MARS

    Des occupations de ANPE, agences d’intérims, mairies, édifices publics,

    centres des impôts, tribunaux, ont déjà eu lieu avec succès, on a vu

    qu’il suffit de s’organiser en groupes mobiles (par lycées, par UFR ,..)

    qui partent dès qu’ils n’ont plus le rapport de force. De même, les

    opérations de gratuité de péage ou de transport en commun sont

    favorables à la popularisation de la lutte.

    A Rennes, par exemple, de multiples actions de ce type ont été menées

    et continuent à l’être de puis le début du mouvement : des jets de

    peinture sur différentes agences (immobilier, intérim, assurances…), des

    déménagements du mobilier d’ANPE , des débordements des manifestations

    plan- plan pour bloquer la circulation des trains, des actions de

    solidarités avec des ouvriers en lutte...

    Dans tous les cas évitons de nous laisser identifier, n’oublions pas

    que nous sommes en période de carnaval. Et amenons de la farine et des

    œufs …

    Le 28 Mars 2005 sera une étape décisive, il faut avant tout que les

    gens en lutte essaient de prendre contact directement avec les

    travailleurs (pas avec leurs « représentants » ...) pour préparer

    directement le blocage des transports, des entreprises et des lieux

    publics, pour qu’émergent les revendications qui permettront à la grève

    de se généraliser et de lui donner une structure durable.

    COMITÉ CHÔMEUR PRÉCAIRE ÉTUDIANTS / TENDANCE NI CPE NI CDI

    Rendez-vous :

    - VENDREDI 24/03 : 20 h réunion Ni CPE NI CDI au 7 rue Saint Rémésy

    (proche des Carmes) à Toulouse

    - SAMEDI 25/03 : 14h à LAVAUR au CARNAVAL ANTICARCÉRAL

    - LUNDI 27 /03 : 20h SOUPE DES ENRAGÉS PLACE DU CAPITOLE


    Actualité de l’Anarcho-syndicalisme

    http://liste.cnt-ait.info

    http://cnt-ait.info

    [email protected]

    Reproduction, diffusion et traductions encouragées



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 24 mars 2006

    Sur une des nombreuses listes de profs qui traînent en Seine Saint Denis , j’ai trouvé ce "récit". Ses considérations n’engagent que l’auteur. Mais par contre, sur qui tape qui, où et pourquoi, il est mieux informé que l’AFP et même les Indy.

    Pour situer : Alfred Nobel est le lycée de Clichy sous Bois qui accueille ceux qui ne vont pas au Raincy, la ville chic du 93 . L’ATAC de Montfermeil se situe à la limite de Montfermeil et de Clichy entre la cité d’où venaient ceux qui ont été électrocutés et les Bosquets, cité connue de Montfermeil.

    "Les élèves du lycée Alfred Nobel-presque 300- sont partis en manifestation

    encadrés par un SO puissant qu’ils avaient constitué après une AG

    (parfaite)au

    lycée. Les élèves ne sont donc pas descendus au Raincy où quatre cars de

    CRS

    les attendaient. Le mouvement semblait réellement se structurer : Tam-tam,

    ambiance détendue, slogans et banderoles...

    les affrontements très violents de mardi devant le lycée Alfred Nobel qui

    ont opposé des lycéens de livry, Gagny et de Clichy à la police (avec

    après le

    pillage de l’ATAC de Montfermeil) semblaient n’être plus qu’un mauvais

    souvenir

    (de plus)... mais en fin de manifestation, aujourd’hui à Invalides, un

    individu

    isolé -provocateur, tête-brulée incontrôlable ?- a poignardé un de nos

    élèves

    (qui ne sait pas pourquoi il l’a été. il est blessé au bras) : la réplique

    a

    été immédiate. Les jeunes de Clichy ont tapé tous les ceux qui se

    trouvaient

    place des Invalides et se sont affrontés collectivement avec les CRS (

    début

    des incidents aujourd’hui) : la violence des affrontements fut

    impressionnante.Beaucoup d’élèves manquent au retour. L’ambiance est

    maintenant

    explosive...

    La situation va évidemment devenir ingérable...Inconscience politique ou

    calcul

    machiavélique de ce gouvernement ?

    @+

    antoine germa. "



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, BL, 24 mars 2006

    Les jeunes de banlieue volent leur futur patron !

    "Les invalides" n’ont jamais aussi bien porté leur nom jeudi 23 mars, après que ce lieu eût été le théatre de plusieurs agressions de manifestants de la part de quelques jeunes de banlieue.Ces actes peuvent être condamnés par les victimes de ces agressions, par les témoins médusés, les policiers impuissants ou les politiques, toujours autant éloignés du peuple et de la rue (idéologiquement et physiquement).

    Mais ces jeunes sont avant tout les premières victimes de cette société : victimes de la misère, de l’entassement dans des immeubles insalubres, de l’éloignement des centres villes et des paillettes parisiennes, de la répression policière, de la discrimination et du racisme. leur force ? : Leur nombre, leur mobilté, leur solidarité, leur rage..

    Les manifestants scandent des slogans débiles contre le CPE, comme si celui-ci était le mal suprême de notre société. Ils ne retourneront certainement plus dans la rue lorsqu’il sera retiré. La misère et les inégalités resteront. Des slogans prônent le changement de cette société par le changement de nos dirigeants mais il est inutile d’épiloguer longuement pour comprendre qu’ils ne sont que des pions interchangeables, au service aveugle d’une société ultra capitaliste basée sur la croissance, l’individualisme, la mise en concurrence de chacun d’entre nous et la répression.

    Les syndicats ont encore prouvé qu’ils étaient à la botte de l’Etat en acceptant de rencontrer le 1er ministre et en refusant d’appeller à la grêve générale. Leur service d’ordre a montré qu’il jouait un rôle policier et répressif en canalisant la révolte des jeunes dans leur rang et en matraquant les autres.. Les partis ou organisations se présentant comme révolutionnaires ont aussi montré leurs limites. Au lieu de profiter de ces évènements pour tenter des actions, ils ont préféré rester en retrait...une absence qui en dit long... On sait désormais qu’il est inutile de compter sur eux.

    CERTAINS ont vu de jeunes manifestants innocents se faire dépouiller de leurs biens par des casseurs violents et immoraux. J’AI VU des jeunes de banlieue qui règlaient leurs comptes à une couche de la société à laquelle ils n’appartiendront jamais, à l’élite de demain, à leur futur patron..

    CERTAINS ont vu des voitures endommagées puis brûlées, des vitres brisées et des magasins pillés par de jeunes racailles sans foi ni loi.. J’AI VU un peuple révolté dans les faits et dans leurs actes, loin des discours et des blablas des intellectuels révolutionnaires aux discours flamboyants mais aux actions inexistantes. Je préfère ceux qui cassent à ce qui est cassé.

    CERTAINS ont vu une atteinte à la liberté de la presse dans l’agression de pauvres journalistes, caillassés ou dépouillés de leur appareil photo. J’AI VU des jeunes enfin conscients de la position malsaine du journaliste : Il y a d’abord le journaliste au service du pouvoir, qui utilise ses clichés ou ses images pour illustrer un article simpliste condamnant les violences, celui qui se positionne concrêtement contre ceux qui ne se contentent pas des manifestations planplan..Il y a aussi le journaliste qui se dit solidaire des jeunes et des manifestants. Si c’était vraiment le cas, pourquoi ne les voit-on jamais dans les rangs de ceux qui s’opposent au forces de l’ordre ?.. Enfin, il y a le journaliste qui se veut objectif et sans parti-pris, juste là pour couvrir l’actualité. C’est certainement la position la plus inconfortable, la plus détestable. Messieurs les journalistes, vous ne pourrez pas toute votre vie nager entre deux eaux, près de tout mais loin de tout, sans prendre parti.. Choisissez votre camp !

    CERTAINS ont vu des hordes de jeunes sauvages complètement dépolitisés JE N’AI VU au contraire que des actes politiques car, même si cela relève de l’inconscient pour certains, ils ont compris ce qui est inéluctable : Le changement ne peut avoir lieu dans les urnes ou au coté des professionnels de la contestation irrémédiablement inefficaces.......



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, BL, 24 mars 2006

    Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les casseurs et leurs détracteurs ! Choses entendues, dans les médias mais aussi dans les facs, suite à la manif du 23 Mars à Marseille

    « A Marseille la manifestation s’est arrêtée plus tôt que prévu du fait d’individus extérieurs au mouvement qui s’en sont pris aux forces de l’ordre à la gare St Charles » (sources : infos nationales, régionales, locales, papiers, télés, radios - manifestants )

    1) Petit rappel des faits : La manifestation du 23 Mars est partie du Vieux Port et devait se terminer à la Porte d’Aix, or, à l’arrivée à la gare St Charles, un cordon de CRS bloque le parcours de la manifestation. La provocation est flagrante et tout un tas de gens du cortège vont à l’avant de la manif pour constater. Au bout de plusieurs minutes, des projectiles au moins aussi dangereux que des missiles mais camouflés en bouts de bois, canettes, cailloux,. volent en direction des flics qui n’ont comme d’habitude que des foulards déchirés pour se protéger de ces attaques sauvages : restrictions budgétaires obligent.

    2) Mais qui sont donc ces « individus extérieurs au mouvement » ? Et surtout qui sont les individus patentés « intérieurs au mouvement » qui ont cette occulte prérogative de déterminer qui est intérieur et qui est extérieur. ? Le Che Guevara, la LCR, les RG, le SO de la CGT, celui de la FIDL, ou celui de Fac en lutte,. ? J’sais pas moi, je m’informe c’est tout .

    « Les casseurs décrédibilisent le mouvement » (sources : trop nombreuses et multiples pour être citées)

    1) Mais qui sont donc ces casseurs . ? Moi qui insulte les flics ? Toi charge tes poches de pierres parce que y’en a trop marre des provocs de ces connards qui ne sont là que pour protéger les bourgeois ? Ce lycéen qui balance une canette en direction des CRS ? Ce jeune qui s’est fait chopé parce qu’il a « une tête d’arabe » (propos d’un flic au moment d’une arrestation) ? Celui qui a explosé ces magnifiques panneaux de pub ? Le MEDEF ? Les flics qui tabassent (c’est-à-dire tous) ? Gaudin et son tramway : ça fait des débris partout et ça coûte plein de thunes pour tout remettre en état ensuite ? J’sais pas, j’demande juste.

    2) C’est quoi un mouvement crédible ? Un service d’ordre qui protège le local du MEDEF au passage de la manif (ces syndicalistes qui prennent le travail des flics et qui protestent ensuite contre les hausses des chiffres du chômage, c’est pas juste !) ? Un mouvement qui sait prendre fin surtout quand il n’a rien obtenu mais au nom du fait qu’il faille « être responsable » ? Des partenaires sociaux qui savent magner la plume pour signer au bas des accords issus des négociations plutôt que d’appeler à la grève générale ? Des manifestants qui n’ont rien d’autres à dire que « la manif continue vers la droite ! » quand la moitié des gens se font charger et coffrer sur leur gauche ? Ceux qui rentrent chez eux ? Les bureaucrates de la révolution qui savent négocier avec les flics pour « les leurs » puissent se casser d’un cortège qui se fait charger ? Des gens qui pensent que les « CRS de la gare ils ont exagéré mais ceux du port ça allait » (propos véridique entendu mais peut être que c’est l’inverse je sais plus) ? ! Un mouvement qui met en pratique le fait que le CPE n’est que le symptôme d’une logique qui le déborde largement ? Des gens qui savent, parce qu’on le vit tout le temps, que les flics, la justice, les gouvernements, les patrons, sont des ennemis et qui réagissent en conséquence ?

    3) Crédible auprès de qui ? De Villepin qui y met depuis le départ de la bonne volonté si seulement il n’y avait pas ces « casseurs » ? De TF1 ? De ceux qui freinerons toujours des quatre fers le jour où on sera des millions à rompre avec tout ce qui existe .. ? Quoi ? ! Crédible serait en fait synonyme de cadrable, gérable par les responsables politiques et syndicaux. Non, c’est pas possible.

    « C’est normal que la police réprime puisqu’il y en a qui les attaque ! » ( Source : propos d’un anonyme alors que la manif se fait charger à la gare St Charles)

    Bé oui hein et puis surtout pas prendre partie, on sait bien que dans les deux cas c’est de la violence qui engendre la violence qui engendre la violence qui engendre la violence.. C’est comme la drogue, c’est la spirale infernale quoi ! Un flic avec un flashball c’est pareil qu’un manifestant avec une canette. C’est des êtres humains comme tout le monde, jveux dire les canettes c’est vachement violent, en plus moi j’habite dans le 8ème , mon père est prof de socio à la fac et j’ai jamais eu de problèmes avec les flics donc bon faut se méfier de ce qu’on dit. Peace brother, c’est une manif pacifiste, tu sais on peut aussi faire la révolution avec des fleurs et des politiciens.

    « Les occupants de l’EHESS à paris sont les mêmes que ceux de la Sorbonne : ce sont des casseurs. »( Source : France Info)

    Là on avance : en fait le terme « casseurs » désigne une catégorie très hétérogène de gens dont le signe extérieur le plus reconnaissable est qu’ils ne portent pas d’autocollants ou de drapeau contrairement à ce que veut la tradition militante et qu’ils n’en réfèrent pas à des responsables avant d’agir, d’où le qualificatif communément admis pour les désigner : « irresponsables ».

    « On va pas se fatiguer et risquer d’avoir des ennuis, de toutes façons ceux qui ont été interpellés sont des casseurs et s’il y a de vrais manifestants ils seront relâchés. » (Source : non c’est pas Sarkozy c’est la réaction d’un anonyme suite à un appel diffusé sur une liste internet marseillaise anti-CPE pour se rendre au tribunal en soutien aux interpellés lors de leurs comparutions immédiates)

    C’est l’interpellation, ou mieux la condamnation, qui atteste, en dernier ressort, de l’identité de casseur : intéressant non ? ! Bref, no comment.

    « ALLEZ CAMARADES, ENCORE UN EFFORT : TOUS ENSEMBLE, TOUS ENSEMBLE, OUAIS ! OUAIS ! »


    • Chronique(s) de la lutte contre le CPE [Aux larmes, etc.], J., 24 mars 2006

      La manif Marseillaise a duré 45 minutes avant les premières lacrymos à la gare. Il n’y a que la tête de cortège (quelques milliers de lycéens) qui aient été pris dans l’affrontement. Il n’y aucun doute sur la volonté délibérée des CRS de bloquer la manif : les troupes stationnées autour de la gare (ON avait évoqué un possible envahissement) se sont déployées en travers de la rue. De là...

      Lorsque 30 minutes plus tard et quelques cavalcades, le SO musclé des syndicalistes qui piétinaient 3 rues plus bas a séchement fait reculer les jeunes (en larmes...), la manif s’est reportée sur le Vieux Port. 2 heures plus tard, alors que les centaines de manifestants se prélassaient sur les pelouses du Vieux-Port, les CRS sont venus finir le boulot : Encerclement et lacrymos, matraques, arrestations, bref, la classique.

      Il n’y a jamais eu quoi que ce soit "en marge" des manifs. C’est dedans et bien dedans que tout s’est déroulé. Une différence avec Paris, toutefois : ici personne ne semble envisager qu’existent des "bandes", des "casseurs" qui viendraient d’un "ailleurs" , comme on semble l’évoquer pour les Invalides.

      Lecture différente ou histoire différée ? Les émeutes de Novembre ou leur absence semblent produire les mêmes échos...



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE [Tract bordigoïde], BL, 24 mars 2006

    MOUVEMENT ÉTUDIANT"

    "CECI N’EST PAS UN MOUVEMENT ÉTUDIANT" (PRISE DE POSITION SUR LES ACTUELLES LUTTES EN FRANCE - 24 MARS 2006)

    "Le grand battage médiatique autour du dit "mouvement étudiant" ne peut nous faire oublier cette chose essentielle qu’il n’existe pas de mouvement étudiant, que celui-ci n’a jamais existé et ne saurait exister. Et cela pour une raison : c’est qu’il n’existe ni classe ni projet social étudiant !"

    Depuis quelques semaines, des centaines de milliers de "jeunes" (qui ne sont pour le Capital qu’autant de marchandises/forces de travail en formation et qui devront jouer des coudes pour se vendre, une fois soumis aux lois de la concurrence sur un marché du travail déjà amplement saturé !) et de moins "jeunes" prolétaires que la bourgeoisie se plaît à nommer des "déclassés" et "précarisés" (chômeurs, smicards, RMIstes, intérimaires, etc.) descendent dans la rue pour crier leur refus de la misère, cette misère qu’ils sont condamnés à vivre toujours plus intensément en cette période de crise, d’austérité, de restructurations, etc. Pour imposer (même très faiblement !) la satisfaction de leurs besoins, ces prolétaires, non encore complètement (ou plus du tout !) intégrés à l’appareil productif, s’affrontent à l’Etat, à ses forces de l’ordre : ses flics, ses syndicats, ses assistants sociaux, ses journalistes, etc.

    L’actuelle lutte "contre le CPE/CNE" (Contrat première embauche/ Contrat nouvelle embauche) en France s’inscrit dans un mouvement plus vaste contre les mêmes mesures d’austérité, de rigueur, de baisses de salaires, d’augmentation de notre exploitation, de l’extorsion de plus-value et autres saloperies que la bourgeoisie est obligée de nous imposer pour maintenir à flot le navire capitaliste qui chavire ! Pour mémoire, rappelez-vous les luttes "contre le CIP" (Contrat d’insertion professionnelle) en mars... 1994 ! Nous ne pouvons nous empêcher de reprendre les mots que de jeunes prolétaires de Nantes ont écrits à l’époque dans un de leurs tracts (intitulé "Un mouvement à tout casser !") : "Ce monde n’a rien à nous offrir, avec ou sans diplômes, que la violence du mépris et de l’exploitation. A la faveur du mouvement antiCIP, nous sommes de plus en plus nombreux à avoir manifesté dans la rue notre refus de cette violence-là. L’épreuve de force engagée dépasse largement la question du CIP. Les manifestants ont retrouvé dans la rue la répression et la solidarité, ils ne doivent oublier ni l’une ni l’autre. Tous les casseurs, de vitrines, de flics et de CIP sont nos camarades. NI JUGES, NI PRISONS N’ARRÊTERONT NOS RÉBELLIONS ! LE CIP EST MORT, ANTI-CIPONS ENCORE ! NI CHOMAGE, NI ESCLAVAGE SALARIÉ !"

    "CE N’EST QU’UN COMBAT, CONTINUONS LE DÉBUT !"

    OUI ! Nous n’en avons rien à foutre du CPE ou de la défense du Code du Travail bourgeois ; nous n’en avons rien à foutre de passer notre vie au chômage ou à bosser comme des esclaves salariés. Les plans d’austérité et de renforcement de notre misère concoctés par la bourgeoisie n’ont rien "d’original" ! Ils sont à chaque fois une énième version des nécessaires mesures qu’elle doit nous imposer pour relancer son taux de profit ! En cela, la réponse des prolétaires à ces attaques directes contre leurs conditions de survie ne présente pas de contenu plus "moderne" qu’à chaque fois que notre classe a pris les armes pour défendre sa peau et affronter les forces de l’ordre du vieux-monde !

    Mondialement comme historiquement, la bourgeoisie, toutes fractions confondues, n’a qu’une seule et unique politique à offrir au prolétariat : le serrage de ceinture ! De la gauche à la droite, le programme est toujours le même ! L’avenir qu’ils nous promettent, c’est l’austérité, la misère, le chômage, l’esclavage salarié et... la GUERRE ! Mondialement comme historiquement, le prolétariat ne peut répondre qu’en reprenant ses armes de classes : la lutte intransigeante pour la défense de ses intérêts égoïstes de classe, la grève, l’émeute, le pillage, la destruction de la marchandise, l’organisation des minorités révolutionnaires, la décantation des perspectives de renversement de cette société de misère, l’affrontement à l’Etat, l’insurrection... la RÉVOLUTION !

    La lutte du prolétariat s’exprime donc à différents niveaux de matérialisation, de rupture avec l’ordre bourgeois. Il est clair que dans une période encore globalement marquée par la contre-révolution, le niveau de notre affrontement à l’Etat ne peut qu’être fortement marqué par les scories du monde de la séparation. Jusque dans ses luttes, même si celles-ci sont une tentative pratique de faire éclater tous les carcans, le prolétariat porte encore cette dynamique de la parcellisation. Ainsi en est-il du dit mouvement "étudiant", de la lutte "des jeunes" ! Cette division du prolétariat en catégories, en secteurs "particuliers" (jeunes/vieux, chômeurs/travailleurs, banlieusards/citadins, immigrés/autochtones, etc.) ne permet pas encore de produire un réel saut de qualité dans nos luttes, de faire émerger de fortes minorités classistes, des avant-gardes capables de se réapproprier nos ruptures historiques, etc. Car derrière toutes ces catégories et ces divisions, il n’y a bel et bien qu’une seule réalité de classe : l’attaque bourgeoise de nos conditions de survie et la réponse prolétarienne qui en est le produit !

    La lutte de cette frange plus jeune du prolétariat (en France comme partout dans le monde, sous le soleil noir du capitalisme) s’inscrit également dans la dominante qui caractérise toujours plus profondément les éruptions de notre classe. Les éléments les plus jeunes (et même très jeunes !), les moins intégrés à l’appareil productif, les moins liés à la défense d’un outil de travail, d’une entreprise particulière, ceux qui n’ont comme seul terrain de lutte que la rue, bref des "jeunes" prolétaires précisément se montrent les plus combatifs, ce sont eux qui relèvent plus rageusement et impatiemment la tête !

    Aux jeunes prolétaires "étudiants" et "lycéens" qui s’engage dans la lutte, qui occupent leurs facs et leurs bahuts, qui manifestent, bloquent les gares et mènent des actions directes contre des boîtes d’intérim (par exemple), nous leur disons que ce n’est pas suffisant. Remettez l’ensemble de cette société de mort en question ! A quoi sert l’école dans laquelle vous galérez sinon à vous préparer au rythme infernal du travail ! Levés tôt, couchés tard, en rangs ou pas en rangs mais parqués entre quatre murs, huit heures par jour, avec à la clé contrôles, sanctions, exclusions... comme au travail, comme au chômage ! De nous, l’école fait des machines bien rodées, aimant la discipline, soumises au petit-chef, tenant la concurrence de tous contre tous comme unique horizon. Ce qu’on apprend ? Le dégoût de tout apprentissage, l’ignorance, le manque d’amour, de solidarité... Ils nous mentent, ils nous étouffent en faisant de nous de gentils petits pions voués à n’exister que pour faire du fric.

    Dans chaque lutte du prolétariat se trouve déjà la perspective du communisme ! Ce danger, ce spectre hante la bourgeoisie de manière historique, et même plus fortement encore de manière cyclique. Elle le comprend très bien car à chaque coup, à chaque révolte de "jeunes" prolétaires, elle nous ressert, par la bouche d’égout putride d’un de ses politiciens ou sociologues faisandés, son plat réchauffé de "Mai 68" ! Et c’est vrai qu’elle s’inquiète, elle s’angoisse, elle pète de trouille, elle craint de plus en plus par ces temps difficiles une "explosion sociale" plus forte que les précédentes ; le véritable cauchemar de la bourgeoisie, c’est la réaffirmation avec force de la lutte des classes dans une période où globalement, surtout depuis la chute du mur à l’Est et la faillite d’un modèle de gestion, la bourgeoisie nous a fait croire à "la fin de l’histoire", à la "fin des antagonismes", à la pérennité du règne de sa Démocratie !

    De manière générale, beaucoup de luttes aujourd’hui dépassent la vision restreinte imposée par toutes les fractions bourgeoises confondues. Jusques et y compris à l’intérieur de chaque mouvement, celles-ci freinent des quatre fers pour trouver une "solution", pour ébaucher une réforme et escamoter toute la subversivité potentielle d’une telle révolte, pour présenter une alternative valable, crédible,... responsable ! Le CPE aujourd’hui (comme le CIP hier) n’est que l’étincelle qui sert de catalyseur à l’émergence d’une lame de fond bien plus puissante qui s’exprime par un refus de tous les sacrifices et un rejet de toutes les organisations "ouvrières" chargées de nous les imposer ! Cette lutte contre une mesure spécifique et particulière représente une lutte contre toutes les mesures d’austérité ! Cette lutte n’est donc en rien un mouvement spécifiquement "étudiant" !

    "EN-DEHORS ET CONTRE LES SYNDICATS !"

    En-dehors des journées de "manifestations nationales" (cf. les promenades dans toute la France des 7, 16 et 18 mars) qui rassemblent à chaque fois des cortèges imposants de plusieurs centaines de milliers de manifestants, des manifs plus minoritaires, des occupations, des blocages de gares, des actions directes contre divers objectifs se multiplient contre le contrôle direct des syndicats. Ceux-ci doivent littéralement courir après le mouvement en organisant de grands cortèges afin d’assumer leur tâche primordiale : casser la lutte en canalisant les mécontentements sur des objectifs raisonnables et surtout négociables, séparer les prolétaires radicaux de la masse !

    La fonction de toujours des syndicats se révèle plus ouvertement dans ces moments de lutte, par leur empressement à éteindre l’incendie social ! Les syndicats, dont le rôle est précisément de prévenir ce genre d’explosion, de servir de tampon et au besoin d’encadrer toute expression autonome de notre classe, tentent de freiner la lutte en feignant d’organiser ce qui les dépasse ! Les syndicalistes n’ont plus vraiment la cote, le mouvement se déroule en-dehors d’eux. Mais derrière ce simple rejet des syndicalistes, s’exprime bien sûr clairement l’une des grandes limites du mouvement : la tolérance vis-à-vis des syndicats et non pas la lutte à mort contre ces pompiers sociaux ! Les "jeunes" prolétaires n’ont pas eu la force de se réapproprier la totalité des leçons tirées précédemment par notre classe ! S’organiser en-dehors des syndicats et de tous les appareils d’Etat (coordinations, conseils, etc.), ne suffit pas ! C’est surtout CONTRE eux qu’il faut mener sa lutte ! C’est de façon ultra-minoritaire que des prolétaires plus organisés désigneront plus clairement les syndicats comme des ennemis irréductibles qu’il faut abattre !

    Voilà pourquoi, les syndicats peuvent néanmoins exercer presque impunément leur sabotage en appelant systématiquement à chaque fin de manif à la dispersion, en dénonçant les prolétaires les plus déterminés à prolonger la lutte et en indiquant aux flics QUI réprimer ! Cette division du travail entre les différents appareils d’Etat permet à la répression de s’abattre sur nous ! Les syndicats dévoilent ainsi encore plus clairement et ouvertement leur véritable fonction : saboter nos luttes ! ORGANISONS-NOUS EN-DEHORS ET CONTRE LES SYNDICATS !

    En tant que militants communistes, nous ne pouvons faire l’économie d’une critique du mouvement actuel. Ses faiblesses ne sont pas spécifiques à la France, mais touchent tout le prolétariat dans cette période encore fortement marquée du sceau de l’individualisme, de la résignation, de la soumission, de l’absence de perspectives révolutionnaires claires, etc. La faiblesse actuelle de l’affrontement entre le prolétariat et la bourgeoisie, entre les deux projets, communisme contre capitalisme, laisse la place à l’aile gauche de la bourgeoisie, à la social-démocratie, pour occuper tout le terrain ! Jusque dans les faibles tentatives du prolétariat de faire réémerger son programme historique (l’abolition définitive des sociétés de classe et l’avènement de la véritable communauté humaine mondiale), nous sommes confrontés à la force d’inertie que fait encore peser aujourd’hui la contre-révolution, à sa capacité d’intégrer nos luttes, et au besoin d’en prendre la tête pour mieux les contrôler et les vider de toute substance subversive ! C’est là la tâche essentielle de tous les partis de la social-démocratie et de ses syndicats !

    L’un des contenus de cette stratégie de la bourgeoisie, c’est la tendance à la personnalisation des cibles de la lutte ! A la lutte des prolétaires contre les mesures d’austérité, la bourgeoisie répondra toujours en envoyant ses gauchistes et ses syndicalistes pour dévier le mouvement d’une lutte potentiellement globale contre la misère, contre le salariat vers son contraire : le renforcement de cette misère ! En sabotant toutes les tentatives d’extension de la lutte à d’autres secteurs du prolétariat, les gauchistes désignent d’autres cibles dont le prolétariat n’a rien à foutre ! Aujourd’hui encore, ils ramènent la lutte de notre classe à la très gauchiste alternative politique : "Villepin démission !", en personnifiant, en diabolisant quelques bourgeois cooptés par l’être anonyme qu’est le Capital ! Après l’"anti-sarkozyisme" (très à la mode durant la récente "crise des banlieues"), c’est maintenant l’"anti-villepinnisme" qui fait fureur, mais cela ne résout rien quant à nos perspectives de lutte ! Derrière le sinistre personnage du "premier flic de France" ou du plus "avenant" et présentable "premier de la classe", c’est tout le programme impersonnel de cette société anonyme "Capital" qui doit s’appliquer avec rigueur, et qu’eux, leurs prédécesseurs et leurs successeurs (de gôche comme de droite ou de l’extrême centre) appliquent, ont appliqué et appliqueront ! L’action des sociaux-démocrates consiste donc à pousser le prolétariat à soutenir un autre projet de gestion du Capital, soit à changer d’équipe gouvernementale, en repolarisant entre la gauche et la droite, et non pas entre les deux projets de classe antagonistes !

    La forme que prend généralement cette reprise en mains et qui se retrouve dans toutes les luttes actuelles, c’est ce que nous appelons globalement le parlementarisme ouvrier ! Même lorsque des luttes éclatent sur base d’une rupture formelle avec les syndicats, même si un certain niveau de violence est assumé par les prolétaires, jamais cette rupture n’est consommée globalement, poussée jusqu’à ses ultimes conséquences : càd s’organiser non pas seulement en-dehors des syndicats, mais aussi CONTRE eux ! Ce qui signifie rompre radicalement non seulement avec des organisations, mais surtout avec une PRATIQUE : le syndicalisme !

    C’est cette pratique du démocratisme, de l’assembléisme, du fétichisme de la massivité dans les structures de luttes qui marque véritablement un frein à l’extension et à la radicalisation des luttes ! Si les prolétaires rejettent les syndicats, cela ne suffit pas puisqu’ils reproduisent au sein de leurs "coordinations" la même pratique syndicale, réformiste, etc. L’émergence des "coordinations", la tenue de larges AG ouvertes à tous, ne signifie rien d’autre que la pratique du syndicalisme sans syndicat ! Les AG, avec leur "magie" des délégués "élus et révocables à tout moment", n’ont jamais constitué aucune garantie formelle quant à la "pureté" de la lutte. Historiquement, notre seule garantie, c’est notre pratique sociale intransigeante en opposition à cette société de malheur. Ce n’est jamais la forme qui prime, mais toujours le contenu ! Notre lutte réelle contre tous les aspects du rapport social s’oppose violemment à la mise en valeur d’un Capital purifié, éradiqué de ses aspects "négatifs", ce qui non seulement constitue une impossibilité, mais est une utopie réactionnaire !

    En outre, le démocratisme ambiant dans ce genre de coordinations et autres AG fait que tout le monde peut s’exprimer "librement", les grévistes comme les anti-grévistes ! A quoi cela rime-t-il de voter de grandes résolutions "très radicales" (comme "en finir avec le capitalisme") si le prolétariat ne casse pas les forces d’inertie qui bloquent l’extension et le développement de la lutte ! On ne discute pas avec les "jaunes", les briseurs de grèves et on les laisse encore moins s’exprimer : on leur casse la gueule et on les fout dehors ! C’est cela la véritable violence prolétarienne ! Toute notre histoire de classe est marquée du sceau d’une telle pratique ! Il faut briser ce fétichisme de la majorité, qui n’est que circonstanciellement en notre faveur, et peut se retourner contre nous suivant le rapport de force. Si demain une majorité se dessine contre les besoins de la lutte, alors il faudra aussi se plier à sa loi !

    NON ! Nous revendiquons justement tout ce qui va à l’encontre de ce fonctionnement, tout ce qui rompt avec ce pacifisme bêlant et syndicaliste qui se développe dans la lutte. Notre mouvement, c’est la rupture avec la grève les bras croisés, la grève social-démocrate. Nous revendiquons les aspects de rupture contre la social-démocratie qui met toujours en avant "l’unité à tout prix", nous poussons au travail de fraction, en appuyant le développement des positions communistes pour dégager des minorités d’avant-garde et éviter le nivellement démocratique par le bas. Nous soulignons, revendiquons et tentons de centraliser tout ce qui rompt avec le modèle social-démocrate des masses qui défilent en rangs d’oignons, qui font non pas grève, mais s’arrêtent de travailler, ce qui correspond (que la majorité des protagonistes le veuillent ou non !) au fonctionnement normal du capital. Notre communauté de lutte n’a rien à voir avec cela, notre communauté de lutte, là où le prolétariat retrouve sa force collective et son identité, c’est dans la rupture avec tout ce cirque. Camarades, revendiquons, encourageons, dirigeons les pillages, sabotages, piquets volants, fraternisations,...

    Toutes ces revendications demandant le "retrait du CPE" ou contre des "emplois au rabais" n’attaquent nullement la valeur, mais au contraire la renforce puisque la bourgeoisie peut aisément faire quelques concessions sur le salaire nominal ou le partage du temps de travail qui renforceront toujours notre exploitation. Dans un contexte de luttes beaucoup plus radicales, l’augmentation de salaire (relatif et non nominal) devra être un mot d’ordre révolutionnaire contenant les germes du programme communiste d’abolition du salariat par une diminution drastique du temps de travail. A ce moment-là, il ne s’agira pas de "demander" une augmentation de salaire, mais d’imposer par la force et la solidarité prolétarienne, la dictature de notre classe sur celle du profit.

    "Ce à quoi on renonce dans le travail ne nous est jamais rendu."

    La lutte est un rapport de force, ORGANISONS-LE :

    .. continuons la grève, empêchons la reprise des cours, . mobilisons-nous dans toutes les grèves et appelons à la grève générale, . bloquons la circulation des marchandises aux carrefours, gares, aéroports, etc., . bloquons la production en organisant des piquets devant les usines, les bureaux, les lycées...

    Aucun sacrifice ! L’économie est malade, qu’elle crève ! A bas la paix sociale !

    Syndicats = briseurs de grèves ! Organisons-nous en-dehors et contre eux !

    Rien à foutre du CPE, des "emplois au rabais" et du "Code du Travail" ! A bas le travail ! Généralisons la lutte à tous les secteurs du prolétariat ! A bas l’exploitation ! A bas le capitalisme !

    A la violence de l’Etat, opposons la violence prolétarienne ! Sortons des banlieues, sortons des manifs-promenades, sortons des AG, sortons, sortons...

    On veut tout et tout de suite ! A bas l’esclavage salarié ! Vive la révolution sociale mondiale !

    Détruisons ce qui nous détruit ! Organisons-nous pour nous défendre contre le capital et son Etat !

    Force contre force ! Prolétariat contre bourgeoisie !

    NOSOTROS Email : [email protected]



  • De "l’enlisement" de la théorie, et des "luttes théoriciennes" : théorie et pratique , Patlotch, 25 mars 2006

    Ce texte d’intervention est à comprendre et relativiser, du fait que je l’ai écrit dans une polémique et pour un lectorat d’abord démocratique, d’obédience LCR-PCF etc.

    S’il est une chose que je ne regrette pas, c’est d’avoir eu connaissance des réseaux de théoriciens communistes, et de rendre compte depuis de leurs travaux, y compris à travers mes errements. Ce qui se passe en France donne tort à ceux qui les croient dans un splendide isolement, voire qui bêtement les prétendent absents de la pratique. Ces travaux sont en prise sur les luttes qui les alimentent, la théorie est "embarquée", et pour ma part, je considère que c’est un élément nouveau, qualitatif comme quantitatif. Ce n’est qu’un début...

    Hugo ou Marx ?

    Quant à la nécessité de participer aux luttes, elle est évidente, mais ne donne aucune garantie pour l’analyse, qui repose sur une bonne information : il est stupide de considérer qu’il faudrait être aux premières loges pour dire quelque chose de pertinent, tout simplement parce que personne ne peut être partout, et qu’on ne voit que ce qu’on veut ou peut voir, selon les lunettes qu’on porte. Mais pour analyser en communiste, il faut vouloir le communisme, pas l’aménagement de la société-capital. Ce n’est pas un passeport pour "la vérité", mais cela préserve de la collaboration.

    Marx n’a pas écrit en France Les Luttes de classes en France, mais ses écrits sur 48 ont moins vieilli que ceux de Victor Hugo, qui était pourtant sur place, il est vrai comme envoyé parlementaire pour négocier avec les insurgés, et ceci malgré les pages magnifiques sur les barricades. Choisir les insurgés de la Commune, c’est encore avec Marx contre Hugo, même si celui-ci se bat après coup pour l’amnistie. Pas plus qu’avec 68, nous ne sommes des folkloristes. De la Commune, nous ne voulons pas retenir que l’échec, et si nous honorons les morts, c’est pour ce qu’ils ont tenté et vécu.

    Il est au demeurant surprenant ou significatif que ceux qui ont bâti leur prestige sur la lutte armée dans la résistance au nazisme puissent refuser de voir comment se présente la guerre sociale, ce qui devient incontournable dans les formes d’affrontements que génèrent les limites de la reproduction du capital. Serait bien naïf qui penserait que nous pourrons éviter cette question, qui n’a rien à voir avec une quelconque apologie de la violence dans laquelle s’investissent aujourd’hui ceux qui la trouvent plus "révolutionnaire", sans parler des "casseurs Sarkozy". Toujours est-il que la question d’articuler des formes multiples d’interventions est désormais posée en grand, et que ce mouvement y contribue grandement.

    Que se passe-t-il ?

    Pour comprendre ce que le mouvement actuel comporte et porte de nouveau, il faut le replacer dans son contexte.

    Ce contexte, c’est la restructuration du capital et la tendance du prolétariat à être défini par le précariat (par le chômage dit TC), ce qui a renversé historiquement la base conceptuelle sur laquelle était fondé le mouvement ouvrier jusqu’aux années 60-70, avec sa stratégie globalement "programmatique" (de la social-démocratie au conseillisme en passant par le bolchévisme), et le type d’organisations qu’il se donnait pour cela, avec les séparations syndicats et partis, luttes revendicatives et luttes politiques (pour l’Etat) [voir 22 mars].

    La question révolutionnaire est aujourd’hui évacuée, par les mêmes qui considèrent que l’URSS fut un socialisme criminel ou un Etat ouvrier dégénéré, et non en gros un capitalisme d’Etat. Un libéral peut partager ce point de vue. Un révolutionnaire, non. Si, n’ayant pas le complexe du Grand soir ou de la dictature du prolétariat, un révolutionnaire n’est pas un démocrate, c’est parce que la démocratie ne pourra rien contre le capital, qui l’a produite comme Etat et comme idéologie économique et politique. Ce n’est pas dire que la révolution est à l’ordre du jour.

    Il ne faut pas oublier, si j’ose dire, qu’en France, la précarité déjà là touche une dizaine de millions de personnes, alors que ne sont syndiqués que deux millions dans des couches salariées plus stables qui ne sont pas (encore ?) dans ce mouvement, et que ne votent plus que 60% des personnes en âge de le faire (si l’on tient compte des non-inscrits). Il est donc normal que, dans le premier mouvement massif, en France, qui s’en prend explicitement à la précarité généralisée, de nouvelles caractéristiques des luttes apparaissent ou se confirment. Encore faut-il les discerner, et nous sommes d’évidence confrontés à des difficultés, en théorie comme en pratique, que ne résoudrons pas des services d’ordres intellectuels ou physiques.

    Dans ce contexte et son évolution, les grilles d’analyse qui projettent sur les faits sociaux-politiques une idéologie héritière des catégories dépassées par le capital actuel et les luttes en son sein, grilles politisées a priori par leurs présupposés démocratiques, ne permettent pas de lire dans ces événements la même chose que les analyses communistes, sans quoi la théorie révolutionnaire ne serait, comme pâle reflet de la sociologie politique, qu’otage de l’idéologie.

    Quelles luttes ? Formes et contenu

    Poser la question de la révolution serait "utopique", mais pas les fantasmes néo-keynésiens de la relève de gauche radicale, dont le discours sur "les provocateurs" rejoint celui des flics, des politiques et des journalistes sur "les casseurs", dans un amalgame où il s’agit de condamner toutes formes illégales de luttes violentes ou pas. Il faudrait vouloir que les choses ne soient pas ce qu’elles sont, préférer qu’elles se passent autrement : démocratiquement. Voilà la grande sagesse de l’objectivisme militant : « Vous devez faire ceci et pas cela, comme ci et pas comme ça, vous vous trompez... ». Contre vents et marées, les démocrates radicaux veulent nous vendre leur "stratégie", et ils nous font des prix pour leurs oeillères. Il n’est pas dit que la LCR notamment en ressorte aussi vierge qu’en 68, tant elle s’avère, sur le terrain, à côté de la plaque. Non seulement des camarades auraient tort de se battre comme ils l’entendent et y sont parfois obligés dans le déroulement de la lutte, mais la réalité du combat de classe serait fausse de n’être pas démocratique. Que certains le regrettent est une chose, sauf qu’ici (re)commence le mensonge.

    Pour comprendre quelque chose à ce qui se passe, il faudrait cesser de considérer que l’essence des rapports sociaux se présente en toute pureté dans les faits. C’est Jacques Wajnsztejn, sauf erreur, qui remarquait combien les badges d’organisations sur les poitrines défilantes sont le digne reflet de la mode des marques dans la jeunesse. Voilà un rapprochement intéressant : lesquels en sont davantage, de cette société ? Et lesquels veulent ou ne veulent pas en sortir ?

    Il faudra bien, un jour, comme dit François Lonchamps, ouvrir la brèche !

    Amical’

    Patlotch, 25 mars

    des luttes contre le CPE


  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 26 mars 2006

    Appel au blocage des voies de circulation tôt le matin

    24 heures de grève, et après :

    La lutte, entamée depuis des semaines dans la rues,

    les facs et les lycées, ne peut pas se contenter d’une

    journée de grève. D’abord parce que la révolte qui

    grandit dépasse largement, dans sa forme et ses

    implications, les enjeux d’un seul nouveau type de

    contrat de travail. Ensuite parce que nous

    n’accepterons pas que les syndicats, à la traine

    depuis le début du mouvement, nous dictent à nous

    tous, précarisés (salariés, étudiants, chômeurs et

    tous ceux qui n’acceptent pas les conditions qui leurs

    sont faites), la forme et les moyens de mener cette

    lutte, une lutte qui n’a jamais appartenu qu’à ceux

    qui se battent. Le gouvernement joue l’inflexibilité,

    comme un autre aurait joué la négociation, il ne nous

    laisse que le choix entre toujours plus d’écrasement

    et une révolte qui assume ses raisons et ses moyens de

    se généraliser. La grève générale, sauvage et

    illimitée, s’impose.

    Le blocage qui s’actualise depuis le début dans les

    occupations comme pratique essentielle du mouvement

    nous apparaît comme un moyen efficace de mettre des

    bâtons dans les rouages de l’économie. Le blocage de

    voies de circulation a été pratiqué par des

    manifestants à de nombreuses reprises : comme

    l’aéroport de Lannion au début du mouvement, les gares

    de Rennes, Caen et Nantes ont été bloquées par des

    manifestants. Des grands axes de circulation routières

    ont aussi été investis à Lyon et à Fontenay-sous-Bois.

    Nous proposons donc, pour que se poursuive la lutte

    au-delà de la journée du mardi et pour éventuellement

    libérer un peu de temps habituellement pris par le

    travail, de bloquer, le mercredi 29 mars tôt le matin,

    avant l’heure de départ au travail, les voies de

    circulation qui sont le lieu de passage concret des

    flux de marchandises dont la plus importante : la

    force de travail. Pour envoyer valser leurs réformes,

    pour les faire reculer jusqu’à ce qu’ils tombent,

    parce qu’ils doivent tomber. Maintenant se défendre,

    c’est attaquer. Tous ensemble.

    AG en lutte, Paris



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE [APPEL de RASPAIL], , 26 mars 2006

    APPEL de RASPAIL


    aux étudiants, chômeurs, salariés plus ou moins précaires,

    de France et de Navarre,

    à tous ceux qui sont ces jours-ci en lutte

    contre le Contrat Première Embauche,

    et peut-être contre bien plus que ça…


    Puisque nous parvenons de plus en plus précisément à envisager le moment où la

    Terre sera entièrement consumée par notre mode de vie,

    Puisque les scientifiques en sont réduit à nous promettre la colonisation d’autres

    planètes à consommer,

    Nous, salariés et étudiants, stabilisés ou occasionnels, de la région parisienne

    et d’ailleurs, occupants du Centre d’Étude des Modes d’Industrialisation au 4è étage

    de l’EHESS en ce premier jour du printemps, voulons réfléchir à ce que pourrait

    être une vie pérenne et souhaitable dans un autre monde fini.

    Il nous semble impossible de poser la question de la précarité des emplois et des

    revenus monétaires sans poser aussi celle de la précarité de la survie humaine globale. En

    ces temps de désastre écologique très avancé, nous pensons qu’aucune position

    politique et aucune revendication qui n’intègre pas le caractère d’impasse du

    développement économique, de la croissance, ne peuvent avoir la moindre valeur.

    Nous sommes donc à la fois fantastiquement utopistes et radicalement

    pragmatiques, bien plus pragmatiques au fond que tous les gestionnaires

    « crédibles » du capitalisme et des mouvements sociaux (quand UNEF rime avec

    MEDEF…).

    Nous voulons briser le culte dont sont l’objet les créateurs d’emplois et de

    richesse, réhabilités avec le concours de la gauche dans les années 1980. Aucun

    discours sur l’exploitation et la précarité n’a de sens et d’efficacité s’il s’interdit de

    malmener comme ils le méritent ces « bienfaiteurs de la collectivité ».

    Nous voulons aussi lever le tabou de ce mouvement anti-CPE : la perspective

    du plein-emploi, qui sous-tend la plupart des mots d’ordre et des revendications, n’est ni

    réaliste ni désirable.

    Le travail humain, en Occident, est supprimé massivement par les machines

    et les ordinateurs depuis plusieurs dizaines d’années. Il n’a certes jamais été autre

    chose qu’une marchandise pour le capital, mais ce qui a changé au stade actuel du

    « progrès » technologique c’est que l’accumulation d’argent exige moins d’humains

    à exploiter qu’avant. Il faut se mettre dans la tête que le capitalisme ne peut plus

    créer assez d’emplois pour tous. Et reconnaître qu’en plus, ceux qu’il crée encore

    péniblement sont de plus en plus vides, déconnectés de nos besoins fondamentaux.

    Dans ce système, la production matérielle est délocalisée vers les pays « en

    voie de développement », où se concentre ainsi le désastre écologique (même si

    nous ne sommes pas en reste…). Et chez nous, dans notre économie de services

    prétendument immatérielle, fleurissent les emplois de serviteurs : esclaves des

    cadences robotiques, domestiques des « services à la personne » (voir les récents

    plans Borloo), petits soldats du management.

    Ce mouvement ne sera fort et porteur d’avenir que s’il fait entendre une

    critique lucide du travail moderne. Et s’il permet d’établir définitivement qu’il n’y

    aura pas de sortie de crise. Loin de nous laisser abattre, nous voulons faire de ce

    constat une chance. Nous pensons qu’un mouvement social conséquent doit se

    donner pour but d’aider l’économie à s’effondrer. Le monde actuel ne connaît pas

    d’en-dehors, on ne peut pas espérer le fuir. Il faut donc patiemment y constituer des

    milieux de vie où l’on puisse produire ses moyens de subsistance sans le concours

    de la machinerie industrielle, et où émergent de nouveaux rapports humains,

    dégagés d’elle. Il faut dans le même temps entreprendre le démantèlement de pans

    entiers de l’appareil de production existant, inutiles ou nuisibles. Bien sûr, tout cela

    exige, dans nos discours comme dans nos pratiques, un rejet résolu de l’Etat et de

    ses représentants, qui seront presque toujours des obstacles à nos projets

    d’autonomie.

    Cessons de réclamer un emploi stable

    pour chacun !

    (même s’il arrive à tout le monde de chercher du boulot ou de l’argent)

    Que la crise s’aggrave !

    Que la vie l’emporte !

    Les occupants du Centre d’Etude des Modes d’Industrialisation

    (à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, bd Raspail à Paris),

    constitués en Comité Pour la Désindustrialisation du Monde,

    entre l’aube du 21 mars 2006 et le milieu de la nuit suivante.



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 26 mars 2006

    A Rennes, le mouvement anti-CPE dérive vers la violence

    Le mouvement anti-CPE se radicalise à Rennes, bastion de la contestation, où étudiants et lycéens commencent à revendiquer ouvertement le recours à la violence comme seul moyen de se faire entendre.

    Alors que la manifestation se forme jeudi matin près de la gare de Rennes, des étudiants et lycéens évoquent déjà ouvertement des actions violentes dans l’après-midi. "Il y aura de la violence en fin de manifestation et c’est voulu", confie Benoît, un ex-lycéen au chômage, membre du service d’ordre du Comité d’action lycéen. Selon lui, "le service d’ordre est là pour calmer les choses pendant la manifestation, mais après..."

    S’il ne participera pas directement aux incidents, Benoît ne cache pas son soutien tacite aux casseurs. D’ailleurs, selon lui, "il ne faut pas dire casseurs, ce sont plutôt des +insoumis+".

    Hugo, étudiant à Rennes 2, revendique le recours à la violence. Il était présent le jeudi 16 mars lors des premiers heurts entre jeunes et CRS dans les rues de la capitale bretonne. A l’issue de la manifestation, il s’apprête à recommencer.

    "La radicalisation du mouvement est en cours. On n’a plus peur de parler de ça. La question désormais c’est +quel degré de violence on met dans le mouvement ?+", explique ce militant de la LCR et du syndicat SUD Etudiant. Selon lui, "un mix est progressivement en train de s’opérer entre la crise des banlieues et le mouvement anti-CPE. Depuis une semaine des jeunes des banlieues viennent défiler avec nous et participent aux violences".

    Pour Hugo, qui n’avait jamais participé à des combats de rue avant jeudi dernier, l’attitude du gouvernement a légitimé le recours à la force. "On a fait de nombreuses manifestations, il y a eu un ultimatum des syndicats de salariés... et rien ne se passe. Alors que doit-on faire pour se faire entendre ?"

    L’assemblée générale des étudiants de Rennes 2, en grève depuis le 7 février, a d’ailleurs revendiqué mercredi la responsabilité des violences dans un communiqué. "Les +exactions+ sont majoritairement des actions menées par les manifestants, conformément à ce qui a précédemment été voté en AG par des milliers d’étudiants. Les affrontements pouvant parfois en découler sont liés à notre mouvement", indique le texte.

    Depuis quelques jours, des banderoles "Nous sommes tous des casseurs" ont fait leur apparition dans les cortèges.

    Thibault Boyer-Baret, élu Unef à Rennes 2, veut toutefois nuancer. "Depuis 2002 on s’est pris des claques dans tous les mouvements sociaux. Les gens ne savent plus comment être écoutés", analyse-t-il. "La question maintenant, c’est comment laisser cette radicalisation s’exprimer, sans en passer par la violence. On essaie au maximum de contenir le phénomène de casseurs".

    En début d’après-midi, à l’issue de la manifestation rassemblant entre 6.000 et 12.000 personnes, une occupation des Galeries Lafayette dégénère avec une porte en verre brisée, des projectiles et fumigènes lancés dans le magasin. Une heure plus tard, une manifestation devant le siège de l’UMP tourne à l’affrontement entre jeunes et CRS, comme jeudi dernier.

    Source :http://www.vousnousils.fr/page.php ?



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 28 mars 2006

    voici le texte d’une affiche retrouvée collée devant les lycées : Rouen

    Jusqu’au retrait du CPE : la MANIF SAUVAGE, pardi !

    Une manif c’est quoi ?

    Il est facile pour commencer d’énoncer ce qu’une manif ne doit pas être : une procession de moutons, une marche funèbre de vaincus. La manif est un moment de l’élaboration collective au sein d’un mouvement (ici contre le CPE). Il s’agit de ressentir une puissance collective, de rompre avec nos habitudes des foules solitaires, et non d’être « tous seuls ensemble ». Il est nécessaire, pour faire l’expérience de cette puissance, de laisser libre cours à la spontanéité, à l’intensité, aux coups d’éclat, à la joie collective, aux initiatives partagées. Assez de toutes ces manifs où chacun regarde tristement le désarroi de tous ! Où les slogans mille fois entendus beuglés au mégaphone, jusqu’à l’extinction de voix, ne sont plus un message

    de révolte, mais une simple bande-son !

    Une manif pour quoi faire ?

    Le but d’une manif n’est pas d’être (plus ou moins) nombreux, de marcher (plus ou moins) longtemps, d’écouter le discours des syndicats en fin de parcours, puis de rentrer chacun chez soi pour regarder à la télé « combien on était ». Tout rassemblement doit être non pas un spectacle, une représentation de l’unité et de la lutte, mais une occasion de constituer une force, fut-elle limitée à la durée de la manif. Pour cela, un programme minimal : que l’événement surgisse du non-événement qu’est habituellement la

    manifestation. On se dit intuitivement qu’une manifestation est réussie lorsqu’elle dérange le cours normal des choses : faisons donc en sorte que ce dérangement soit le plus intense possible, et que l’on ne se souvienne non pas du nombre des manifestants mais de leur détermination et de leur force.

    Une manif. sauvage !

    La manif sauvage, c’est le moment où l’ennui disparaît, où le mégaphone n’ est plus qu’un bruit parasite, où les traîne-savates sont dépassés, où une vitalité intense l’emporte sur le banal défilé. La manif sauvage, c’est quand on part en courant en se prenant la main, qu’on oublie les syndicats et leurs foutus cordons de service d’ordre, qu’on se fout du parcours que tracent les flics et ceux qui les suivent. La manif sauvage, on sait seulement d’où elle part, et on ne peut que la faire vivre, nul ne décide de son déroulement ni de sa fin que ceux qui y participent. La manif sauvage, c ’est quand on arrête de se demander « quand est-ce que ça finit », qu’on a envie que ça continue toujours. Pas de chef, pas de mot d’ordre écrit d’

    avance, juste des sauvages maîtres de leurs mouvements. Manif sauvage des accélérations, manif sauvage des flics qui tournent en bourrique, manif sauvage des rires collectifs et du bonheur d’être là, d’investir enfin la rue avec autre chose que de l’ennui.



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 30 mars 2006

    Grenoble : Manif et émeutes du mardi 28 mars

    news : 200 personnes ont été interpellés, une soixantaine ont passés la nuit

    en GAV



    A 10h ce matin, mardi 28, sous la pluie, une énorme manifestation anti-CPE

    partait de la gare en direction du Palais des Sports (au parc Mistral). 60

    000 personnes disent les syndicats, ce qui paraît crédible tant il y avait

    de monde.

    De gros cortèges lycéens et étudiants, mais les travailleur-euse-s se sont

    aussi mobilisé-e-s en masse ! On dirait que tout le monde est là, même le

    Parti Socialiste, dont on se serait bien passé (quand est-ce qu’on fait

    dégager ces salauds de nos manifs ?). Rapidement, des centaines de personnes

    se regroupent en tête de cortège, devançant la banderole intersyndicale

    "Retrait du CPE" censée ouvrir la manif. Des drapeaux noirs et des tas de

    manifestant-e-s affluent ainsi en tête de manif, avec derrière eux-elles un

    service d’ordre (S.O.) tout aussi intersyndical que la banderole, mais

    beaucoup moins marrant (pourtant la banderole n’est pas spécialement drôle).

    Un S.O. tendu, qui fait la chaîne de façon permanente, histoire de bien se

    dissocier du bon millier de personnes qui marche en tête de manif. Les

    manifestant-e-s peuvent lire des graffiti "Nous sommes tous des casseurs"

    sur les murs au fur et à mesure de l’avancée de la manif. A sa tête, ça

    parle de faire dévier le cortège en direction de la préf’, de façon à ne pas

    tomber dans le piège du concert-buvette proposé à l’arrivée par la CGT, mais

    à partir des grands boulevards, les rues menant à la préfecture sont

    bloquées par des cordons de CRS ou de gardes-mobiles, de nombreux mecs de la

    BAC surveillant en groupe les abords du parc Mistral.

    Sur le boulevard Clémenceau, la manif stagne un peu, puis finit par

    rejoindre vers 12h le concert-buvette de la CGT sur le parc Mistral. Le même

    cégétiste que d’habitude s’empare du micro de la sono et gueule sans

    conviction "Retrait, retrait, retrait du CPE" et annonce la bonne nouvelle

    censée nous endormir : "on est 60 000 à Grenoble !". Au programme : merguez,

    bières, groupes de rock et prises de parole contrôlées et limitées. Des

    manifestant-e-s demandent à prendre la parole et se font rembarrer par le

    S.O. de la CGT, qui encercle la scène de façon à ce que personne n’y accède.

    Des barrières de "sécurité" en métal entourent aussi la scène, c’est très

    accueillant tout ça, ça donne très envie de faire la fête...

    Des manifestant-e-s commencent alors à harceler les abords de la scène du

    concert, en criant notamment "Grève générale" tandis que le MC de la CGT

    gueule "Retrait du CPE" (faut bien les remettre à leur place ces jeunes

    révolutionnaires !). Lors des concerts, il règne une ambiance assez moisie,

    un membre d’un groupe de rock fait part de sa surprise quant au fait que les

    cégétistes lui aient demandé de ne pas s’exprimer entre les morceaux...

    Un peu plus tard, la sono est sauvagement débranchée. Une fille en profite

    pour prendre un mégaphone et appeler à repartir en manif (en rappelant que

    "l’heure n’est pas au divertissement"), en direction de la préfecture. Le

    temps que tout le monde se rassemble, et voici que vers 13h, un ou deux

    milliers de personnes traversent le parc Mistral jusqu’à la rue Haxo,

    bloquée rapidement par de nombreux flics au niveau de la préf’. Nous

    apercevons alors une énorme banderole anti-CPE déployée sur la Bastille, sur

    les hauteurs de la Chartreuse. La manifestation devient sauvage et s’engage

    dans la rue Jean Bocq, jusqu’à la place Paul Vallier, où se trouve le local

    de l’UMP ! Quelques dizaines de personnes s’engouffrent dans l’entrée

    d’immeuble où se trouve le local, tentent d’en défoncer la porte d’entrée,

    puis finissent par ressortir suite aux menaces d’intervention policière. Les

    plaques de présentation de l’UMP (et de l’UDF, ils font local commun, faut

    croire) sont graffitées. Des volets du local de l’UMP sont ouverts, les

    fenêtres brisées.

    A ce moment là, la confrontation entre flics et manifestant-e-s commence

    vraiment, et ne s’arrêtera pas avant de longues heures. Une ou deux grenades

    lacrymogènes sont lancées et une première dispersion a lieu.

    La majeure partie des manifestant-e-s se retrouvent non loin de la Chambre

    de Commerce et d’Industrie, au coin du boulevard du Maréchal Lyautey et de

    la rue Hoche. Les flics se ramènent, de plus en plus nombreux, déjà. Nous

    sommes déjà moins nombreux, et nous avançons sans conviction dans la rue

    Hoche. Des tas de flics gardent les entrées de la CCI (après que celles-ci

    aient été forcées, en vain, par quelques manifestant-e-s).

    Rue Hoche, une voiture de police nationale est à l’arrêt, face à nous. Il

    n’y a qu’un policier à son bord, mais la manif n’est pas encore chaude, ça

    observe avant tout. La moitié des manifestant-e-s doublent la voiture de

    police, puis celle-ci est caillassée et bousculée. Le flic sort et balance

    en vrac deux trois grenades lacrymos, aidé dans la foulée par les CRS qui

    gardent la CCI un peu plus loin. Nouvelle séparation de la manif, tout le

    monde court, une moitié a le temps de s’engager sur la gauche, boulevard

    Gambetta (je me trouve dans ce groupe, si d’autres veulent raconter un peu

    comment ça s’est passé dans l’autre groupe...). Des CRS coupent la rue à ce

    moment là et l’autre partie de la manif part de l’autre côté.

    Nous prenons donc le Boulevard Gambetta jusqu’à la place Gustave Rivet, les

    flics aux trousses : nouvelle dispersion. Je fais partie de celles et ceux

    qui se sauvent par l’avenue Albert 1er de Belgique. Les flics ne sont pas

    loin derrière, on est de moins en moins nombreux, plusieurs d’entre nous

    trouvant des planques en attendant de se retrouver, plus tard...

    Nous arrivons essoufflé-e-s dans le parc Mistral en passant à côté de la

    Halle Clémenceau, et nous nous apercevons que deux motards de la police

    nationale nous suivent de près ! Ils arrêtent l’un d’entre nous, et entre

    l’épuisement et notre faible nombre, nous ne pouvons réagir. Dégoûté-e-s,

    mais pas abattu-e-s, nous rejoignons la "fête" cégétiste, et là, on

    s’aperçoit qu’il n’y a plus personne, à part quelques zélés du S.O. ! On

    peut dire que sur les 60 000 personnes susceptibles d’assister au fameux

    concert, pas grand monde n’a jugé intéressant de le faire (pourtant, la sono

    avait été remise en état de marche). Quelques autres manifestant-e-s

    arrivent sur le parc, on discute un peu de la suite, on se refile des

    conseils et des infos. Puis on se dirige en petits groupes vers la préf’, le

    centre-ville... On y croise d’abord des tas de flics, puis pas mal de

    manifestant-e-s éparpillé-e-s. Il se passe quelque chose en même temps,

    c’est sûr, mais on ne sait pas bien quoi encore.

    Nous rejoignons un important groupe de manifestant-e-s avenue

    Alsace-Lorraine. Des odeurs de lacrymos, ça a chargé, caillassé,

    lacrymogéné, du côté de la gare, puis sur le cours Berriat. Avenue

    Alsace-Lorraine aussi. Nous bloquons le croisement Alsace-Lorraine / Jean

    Jaurès, mais la flicaille arrive de tous les côtés, notamment la BAC qui

    déboule du nord du cours Jean Jaurès. Nous filons vers le boulevard Gambetta

    par des petites rues. Là, l’ambiance est déjà bien chaude, et c’est loin

    d’être fini !

    Tout le monde se rassemble au fur et à mesure sur la place Victor Hugo, qui

    devient spontanément le point de ralliement des manifestant-e-s. Toutes les

    issues n’y sont pas bloquées. A chaque fois que les flics s’y pointeront,

    ils seront caillassés avec divers projectiles trouvés sur place. L’ambiance

    est plus que bonne entre les manifestant-e-s, ça discute de partout, on

    s’encourage, on s’entraide (le sérum phy’ et le citron, contre les

    lacrymos - lacrymos dont les flics ont fait grand usage ce jour là).

    Des affrontements sporadiques ont lieu entre la place Victor Hugo et les

    petites rues du centre-ville. les flics ripostent à la lacrymo et en

    chargeant. Un groupe important de manifestant-e-s s’éloigne sur le boulevard

    Agutte Sembat en direction de la CCI. Des poubelles sont renversées en

    travers de la route ainsi que toute sorte de mobilier urbain, pour bloquer

    la circulation, car pendant tout ce temps de confrontation, les voitures

    circulent tant bien que mal, et c’est parfois dangereux... Arrivé-e-s au

    coin de la CCI, les manifestant-e-s continuent de mettre un max de trucs en

    travers de la route. Un automobiliste fait son show et agresse quelqu’un qui

    mettait une barrière de chantier en travers de la route. L’agression est de

    courte durée car tou-te-s les manifestant-e-s alors présent-e-s soutiennent

    l’action du blocage. Quelques minutes plus tard, des flics arrivent en masse

    et coursent tout le monde. Nouvelle dispersion. Je me réfugie dans un

    immeuble, ouvert par un manifestant, qui y cache quelques personnes pendant

    un moment. Rencontres, discussions, on veut tou-te-s continuer, on est

    chaud-e-s !

    Nous retournons vers la place Victor Hugo, qui se remplit de monde à

    nouveau. Les flics sont là, armés jusqu’aux dents. La rage est là, "c’est la

    guerre", ça parle guérilla urbaine et dépassement de la question du CPE. On

    apprend qu’il y a déjà eu un paquet d’interpellations, que la plupart des

    personnes arrêtées sont des jeunes maghrébins, ça parle haine de la police

    et de la justice raciste.

    Les lacrymos volent par dizaines, mais la place ne se vide pas. Les

    projectiles volent également nombreux vers la flicaille. Une dizaine de mecs

    de la BAC font parfois de courtes apparitions, flashballés et casqués,

    sortant de la rue du Dr Mazet, mais n’interviennent pas. On se demande à un

    moment s’ils viennent protéger le magasin d’Air France parce qu’ils bloquent

    devant pendant quelques minutes, mais finissent par le quitter en marche

    arrière, pas vraiment rassurés.

    A force de charges et d’incessants ballets de lacrymos, les esprits

    s’échauffent. Quelques voitures en subissent les conséquences. Les vitrines

    du Quick tremblent, mais ne cèdent pas. Lors d’une salve de lacrymos, une

    grenade atterrit sur le toit du chapiteau d’une patisserie, qui s’embrase.

    Par ailleurs, une vitrine de magasin serait tombée en se prenant une balle

    de flashball. Après la grenade lancée par erreur jeudi dernier chez des

    particuliers du côté de la préf’, ça fait des bonnes bourdes à l’actif de la

    police (rires).

    L’heure avance, au fil des affrontements, la place Victor Hugo se remplit,

    puis se vide, puis se remplit. Fatigués de balancer des lacrymos en vain,

    les flics jouent le jeu de l’apaisement et de nombreux cars de CRS se

    retirent. Deux ou trois élu-e-s se ramènent avec leurs écharpes

    bleu-blanc-rouge. A part quelques citoyen-ne-s, tout le monde s’en fout. En

    tout cas, on sent que des syndicalistes et autres gauchistes sont

    arrivé-e-s, puisque des "Retrait, retrait, retrait du CPE" sont entonnés.

    Auparavant, les quelques slogans criés pendant la manif sauvage étaient

    plutôt "La rue, la rue nous appartient" ou "L’Etat assassine, assassinons

    l’Etat".

    Les syndicalistes (Sud, essentiellement) et les élu-e-s poussent pour partir

    en manif "tranquille", ça suit, mais les manifestant-e-s restent dans

    l’ensemble très énervé-e-s. Non seulement rien n’assure que le CPE sera

    retiré, mais il est clair pour tou-te-s que nous ne sommes pas là seulement

    contre le CPE. Nous sommes là pour exprimer un ras-le-bol bien plus global,

    que même la démission d’un gouvernement ne calmera pas. "On va tout niquer,

    sérieux !" Des poubelles sont renversées à nouveau sur le boulevard Agutte

    Sembat mais des manifestant-e-s citoyen-ne-s insistent pour les ramasser et

    les remettre sur le trottoir. Des discussions s’engagent dans le cortège sur

    l’intérêt ou non de caillasser les flics, de mettre du bordel dans les rues,

    etc. mais ce n’est pas toujours le bon moment, des flics en civil pouvant se

    balader dans la manif avec une oreille indiscrète...

    Arrivé-e-s au croisement du tram Chavant, des barricades de fortune sont

    installées avec les barrières de chantier qui s’y trouvent. La plupart des

    voies sont bloquées, laissant des espaces pour pouvoir passer à pieds. Un

    moment d’hésitation divise la foule. La bande à syndicalistes et pacifistes

    (LCR et autres citoyen-ne-s) veulent nous emmener jusqu’au parc Mistral (un

    nouveau stand bière-merguez ?), on se demande pourquoi... Une rumeur dit que

    les élu-e-s voulaient négocier avec les flics la libération des personnes

    interpellées, mais personne ne captait bien avec qui illes allaient bien

    pouvoir négocier dans un parc. Négociations ou pas, la plupart des

    manifestant-e-s (jeunes des cités, anarchistes, autonomes, révolutionnaires

    de tous poils, et autres !) appellent à se diriger vers le commissariat,

    parce que c’est bien là que nos potes sont enfermé-e-s. "Police partout,

    justice nulle part", ou justice de classe et justice raciste partout

    aussi... Deux bons tiers des manifestant-e-s se dirigent donc vers le comico

    en prenant par le boulevard Jean Pain, mais la flicaille bloque. Quelques

    pierres volent vers les flics, qui ripostent assez vite à la lacrymo, en

    inondant le croisement jusque dans la rue Jean Bistési et l’avenue Jean

    Perrot, toutes deux empruntées par différents groupes de manifestant-e-s.

    La place Pasteur est barricadée vite fait avec du mobilier urbain. les flics

    se ramènent peu à peu, chargent ou feignent de charger, ça se disperse peu à

    peu vers le sud, direction le lycée Mounier pour certain-e-s, place Gustave

    Rivet pour d’autres, sous la menace de la BAC, arrivée en force de l’autre

    côté du boulevard du Maréchal Joffre. La dispersion paraît définitive à ce

    moment là, il était 18h30, mais franchement, je n’en suis pas sûr...

    Peut-être que ça a continué du côté de Mounier ?

    Ce qui est sûr, c’est que la ville entière pue la lacrymo, que la ville est

    jonchée de débris de grenades lacrymo, de cartouches et de balles de

    flashball, de canettes et d’autres projectiles, ainsi que de poubelles et de

    leurs déchets déversés, de barrages routiers improvisés avec du mobilier

    urbain, etc. D’après une dépêche de l’Associated Press, "au moins une

    voiture* a été renversée et plusieurs autres ont eu leurs vitres cassées.

    Des incidents moins violents ont également eu lieu en centre-ville où deux

    vitrines ont été brisées ainsi que dans le secteur de la gare". La violence

    n’aura pas été extrême mais Grenoble a vécu aujourd’hui une série de petites

    émeutes, dans toute la ville. Les caillassages et les blocages de rue ont

    été très fréquents, l’impunité policière a pris un coup sur sa sale gueule,

    ce qui n’est pas une fin en soi, mais si on veut en finir avec ce monde de

    merde, il va falloir de toute façon en finir avec sa police (entre autres).

    Autre aspect et non des moindres, la plupart des grenoblois-es qui nous

    croisaient faisaient part parfois d’une rage envers les flics similaire à la

    nôtre. Petite anecdote, une fille rentrait chez elle cet après-m’ et les crs

    lui ont balancé de la lacrymo. Elle a gueulé et ils lui ont répondu "vote à

    droite !" (rires). La lutte contre le CPE focalise pas mal de mécontentement

    contre le gouvernement, ou plus largement contre l’Etat et l’organisation

    sociale du système dont nous sommes dépendant-e-s (notons que la gauche ne

    sera pas non plus une solution à ces problèmes).

    Ce que j’ai trouvé génial et que je tiens à signaler pour contredire les

    rumeurs sur les "casseurs" et les "cailleras" qui terroriseraient les

    "gentil-le-s étudiant-e-s", c’est l’excellente ambiance entre tou-te-s les

    manifestant-e-s (ou entre tou-te-s les "casseur-euse-s", si vous préférez).

    On était des centaines, des milliers, même, pendant cinq heures on a bougé

    tou-te-s ensemble, au-delà de nos clivages et de nos statuts ("cailleras,

    keupons, même combat !"), uni-e-s contre les flics et l’Etat, avec un peu de

    temps pour avoir de bonnes conversations et, surtout, beaucoup de plaisir à

    agir ensemble. Il n’y a eu aucune agression entre manifestant-e-s. Il y a eu

    beaucoup d’entraide. Et il faudra encore plus d’entraide et de luttes

    communes pour briser la séparation qui existe entre nous, nos vécus, nos

    parcours, selon qu’on est étudiant-e ou déscolarisé-e, blanc-he ou

    maghrébin-e ou reunoi-e ou autre. Ce qui est sûr, c’est que dans ces moments

    ces différences sont invisibilisées entre nous, mais pas aux yeux des flics,

    qui conservent une mentalité et des réflexes racistes permanents.

    La solidarité active doit s’accroître ! La lutte continue !

    Ni l’Etat ni la municipalité ne nous feront taire, NI SARKO NI DESTOT,

    INSURRECTION !



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 30 mars 2006

    Les autonomes sont de retour

    Ils paraient vraiment incroyable que le cortège déguisè soit attribué à la CNT AIT. Comme s’ils étaient 200 ! D’ailleurs malgré des positions politiques trés intéressantes (Abstention en 2002, soutien aux émeutiers en Novembre...) force est de constater qu’ils sont un peu mou dans l’action. Ce cortège des clowns et autres a déja été experimenté dans bien des manifs dans le monde. Cela sert à mettre les rieurs de notre côté, faire chier les journalistes et autres flics SO. Si nous mettons des masques c’est que chacun est pris pour ce qu’il est : dans sa pratique, sa pensée et non sur des à prioris. En ce qui concerne Mardi à Toulouse les SO ont fait une grave erreur ils s’en sont pris à des jeunes apprentis du Batiment. Ce que les abrutis du Mirail dénomment pudiquement comme lascar pour cacher leur haine des pauvres qui se sentent libres dans les manifs, sont en fait des jeunes gens trés politisés. En s’adressant au SO : "Vous êtes contre nous, les flics c’est vous, nous on veut plus travailler...). A la prochaine manif certains feraient mieux de se planquer car ça va chauffer sévére. L’éducateur débile de la LCR devrait s’abstenir de venir. Les syndicats sont contre les ouvriers rien de nouveau. Les syndicats étudiants sont contre les pauvres, preuve en est pour Novembre où ils n’ont pas cru bon de bloquer la fac en protestation à la loi martiale qui sévissait à 50 métres de leur fac chérie. Que tous ces gens qui propagent des rumeurs débiles fassent attention des camarades autonomes sont étudiants. Ils savent d’où ça vient. A bon entendeur, Vive la révolution, mort à TOUS les syndicats, Autonomie ! ! !



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 30 mars 2006

    COMMUNE INSURRECTION

    Il est dangereux de laisser trop longtemps des étudiants bloquer leur université. On se rassure en se disant qu’il n’y a pas là de perte majeure pour l’économie. Pourtant, il n’est pas de pire calamité pour les gouvernements que cette bonne nouvelle qu’il s’agit maintenant, pour nous grévistes, d’annoncer à qui l’ignore encore. Nous avons durablement pris goût à cette situation d’exception qu’est la grève. Il n’y a jamais eu pour nous de joie commune, de liberté politique plus grande. L’interruption illimitée de la production a fait naître le désir de ne jamais s’arrêter, d’étendre cette liberté et d’abattre ce qui l’entrave. Le mouvement nous a appris que nul mode de vie n’est en soi une forme de lutte, que nul engagement politique individuel n’est capable à lui seul de dépasser la médiocrité de l’existence libérale contemporaine. Aujourd’hui pour la plupart des grévistes, vivre et lutter ne font plus qu’un.

    Le mouvement n’est plus un surgissement de colère sans lendemain, il est le cours pris collectivement par des milliers de vies, à Rennes et ailleurs. Nous avons constitué dans l’urgence un front commun contre le CPE-CNE, la loi sur l’égalité des chances, et de la solidarité mal dégrossie de ce front s’est dégagée, affinée, une communauté de lutte, plus déterminée encore. Une communauté politique peu sensible aux bruits de couloirs ministériels sur « l’aménagement » du CPE, indifférente aux tractations et manœuvres présentes et à venir entre gouvernants et dirigeants syndicaux qui depuis longtemps ne représentent plus rien. Ceux qui appelleraient à l’arrêt de la grève sans que nous obtenions au moins ce que demande l’AG passeraient immanquablement pour des traîtres. On ne peut plus négocier impunément.

    Au fil des semaines, la fac est devenue notre lieu. Les anti-grévistes ont perdu l’espoir de reprendre les cours. Les conservateurs, le parti de l’ordre, tous ceux qui tiennent par quelque côté au maintien de l’état de choses, ont fui le campus, ou se cachent ; leurs quelques alliés dans le mouvement cherchent, le plus souvent, à passer inaperçus. Aujourd’hui, presque toutes les facs ont leur hall B, leur commune en puissance, dont il ne saurait, pour le moment, n’y avoir de reprise en main que par voie policière. La commune, c’est le processus de dissolution des institutions politico-économiques, et en vérité, il n’y a plus ci d’université, fut-elle « libre », « populaire » ou « autogérée », mais seulement une communauté d’étudiants en lutte qui réfléchissent en situation, pressés non de reprendre les cours, mais de lutter au côté des chômeurs, des précaires, des ouvriers. La commune, c’est la sécession collective d’avec la légalité et les titres de propriété qui ont cours dans le capitalisme, c’est la mise en commun des biens, idées et affects : la constitution d’un monde commun. Elle est déjà là, c’est à dire : elle est à construire.

    Le mouvement par lequel, avant la grève, nous allions du hall B à la gare, au Colombier, aux boîtes d’intérim d’Henri Fréville, était celui de notre sollicitation subjective permanente par le capital : la mobilité d’une force de travail occupée à s’entretenir, s’optimiser, s’auto-exploiter ; aujourd’hui, les piquets de grève de la commune interrompent tout, circulation des marchandises, paisible socialité désincarnée des centre-ville et spectacles culturels corollaires, tragique banalité du contrôle social et de l’exploitation.

    Ainsi l’évidence se fait-elle jour que la commune est l’insurrection même, qu’il n’y a de commune qu’insurrectionnelle, trouvant à s’alimenter dans le foyer qui l’a vu naître, ne se satisfaisant ni des limites d’un territoire, ni des manifestations symboliques qui ne dérangent personne, mais continuant, sous des formes variées, une offensive ininterrompue contre les dispositifs de l’ennemi. Parmi ceux-ci, on rencontre la classique opération de division entre « casseurs » et « manifestants pacifiques ». A l’heure où le gouvernement ne cache plus sa volonté d’anéantir, comme en novembre, le mouvement par des vagues massives d’arrestations et de condamnations, il est plus que jamais nécessaire de rappeler, par delà l’hétérogénéité certaine de ses expressions, l’exigence d’unité du mouvement contre ceux qui veulent l’étouffer.

    Le mouvement, depuis sept semaines, va de seuil en seuil : il rejette la médiation de la Présidence, désavoue le dogmatisme de la non-violence en toutes circonstances, percevant bien en quoi une telle « position » pet contribuer au succès des tentatives gouvernementales pour casser le mouvement. Les modalités d’un blocage de l’économie rennaise sont désormais envisagées ; l’AG s’est, à plusieurs reprises, prononcée pour une rupture avec le capitalisme. Après sept semaines de blocage, plusieurs jours et plusieurs nuits d’affrontements et une détermination intacte, la question à l’ordre du jour est bien celle de l’insurrection.

    Mesurons dès maintenant qu’il n’y aura de grève générale que malgré les directions syndicales ; celles là n’en veulent pas, parce que la grève générale, c’est l’insurrection, c’est à dire la fin des négociations, et donc des négociateurs. Cessons de croire aux interpros qui ne sont que des intersyndicales, à la distribution aux portes des usines de tracts qui se contentent d’informer sur notre mouvement et d’appeler abstraitement à une « mobilisation » sans contenus ni perspectives. Ce qu’attendent nombre de précaires et de salariés pour nous rejoindre, c’est que nous nous donnions les moyens de provoquer une crise majeure du régime, et par delà le retrait ou non du CPE, de renouer avec la puissance révolutionnaire du mouvement ouvrier, qui lui permettait d’imposer à la bourgeoisie des reculs successifs et durables. Cette fois-ci pourtant, le bocage de l’économie, l’interruption des flux de marchandises ne sera pas la conséquence, mais le préalable de la grève générale. Il s’agit pour nous de rendre sensible, par la généralisation du blocage, la possibilité pour tout un chacun de s’arrêter, de ne pas aller travailler. De rendre tangible la possibilité révolutionnaire contenue dans le mouvement, comme une proposition adressée à tous, d’y participer ou non.

    La grève générale, ça n’est pas défiler à deux ou trois millions une fois par semaine, c’est la situation où en tous lieux, comme ici à Villejean, l’autorité des patrons est destituée, où en tous lieux s’affirme la commune comme processus d’indistinction entre vie et lutte collective, se substituant à la poursuite de l’activité économique. Le mouvement, chacun le perçoit, va bien au delà de contester un certain type de contrat, demander des créations d’emplois ou défendre tel ou tel secteur d’emplois menacé de disparaître, pour la simple raison que ceux qui le composent s’emploient à renverser un ordre qui borne l’horizon existentiel de chacun à ce triste sort : « trouver un emploi ».

    Quel que soit le devenir du mouvement, il nous aura appris que la première exigence pour qui veut constituer une force politique est de fonder la question de la subsistance matérielle et affective comme question collective, et non comme un point de faiblesse par lequel nous serions perpétuellement acculés, chacun, isolément, à se vendre à un employeur, à retourner à sa vie privée. Il nous faudra nous employer aussi à ce que le travail, l’argent, les biens et denrées circulent dans le mouvement de manière à ce que nous soyons pleinement disponibles à ce que la situation exige de nous. Il n’y a, assurément, rien de mieux à faire que s’organiser en vue de confrontations d’une autre envergure.

    Enfin, à ceux qui veulent nous distraire avec des questions du type « Et par quoi remplaceriez vous ce capitalisme que vous détestez tant ? », enjoignons les à regarder mieux, à voir que nous le dissolvons dès maintenant comme réalité éthique, en nous, parmi nous, et que nous n’aurons de cesse qu’il en soit ainsi partout.

    L’alternative est ici même, dans le devenir insurrectionnel du mouvement

    Rennes, le 27 Mars 2006



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 1er avril 2006

    "C’est par les prises de parole, les inscriptions sur les murs et dans le métro, le bouche-à-oreille et les médias alternatifs que nous rétablierons la vérité, que nous créerons des liens, des connivences."

    Voilà une semaine que des affrontements opposent des gentes déterminé- e-s aux forces casquées du gouvernement.

    Depuis la prise de la Sorbonne et son évacuation, les unes des journaux figent le mouvement « anti-cpe » dans une phase « violente », oeuvre de « casseurs » (uniquement des hommes bien entendu...).

    Depuis une semaine, je discute avec mes voisin-e-s du métro ou du RER, avec la plupart des employé-e-s assis-es derrière les caisses de supermarché, des conducteurs de transports en commun que j’utilise. J’ai toujours reçu du soutien envers la lutte que nous menons.

    Certes j’ai dû souvent expliquer l’usage spectaculaire du mot « casseurs » par les médias, expliquer qu’il s’agit bien de manifestant- e-s (et nombreu-ses-x de surcroît), qu’il n’y a rien de gratuit dans ces actes, qu’ils montrent juste la détermination d’un mouvement qui ne souhaite pas connaître les mêmes échecs que les précédents, qui vise à tout prix à éviter les mêmes erreurs.

    Que Villepin ne retire pas son texte, ni aujourd’hui, ni demain, ni dans une semaine, qu’il s’obstine, c’est ce que nous voulons tou-te- s : que la lutte perdure, que les discussions déjà amorcées se développent, s’amplifient... et que chacun prenne enfin position : pour ou contre le monde que l’on propose et que subissent les plus précaires, celleux qui n’en peuvent plus de leur boulot, de leur patron, de leur vie.

    Car nous sentons partout, dans l’air et dans les mots, un soutien, des questionnements, une envie que ça explose.

    Nous cherchons un lieu (ou plusieurs) qui puisse devenir un point de ralliement, un lieu de convergence où tou-te-s les grévistes, du public comme du privé, les précaires, les activistes et les autres pourraient se rencontrer, partager leurs expériences, leurs souffrances, leurs espoirs et repartir avec l’envie de continuer, de pousser plus loin le combat que nous avons commencé.

    Nous voulons la grève générale, que la machine s’arrête, que la routine soit cassée. Nous voyons déjà les sourires, la joie qui animent celleux qui en veulent à ce monde, celles qui sont déjà en lutte.

    Nous nous reconnaissons dans la rue sans nous connaître. Nous ne sommes plus des anonymes.

    Nous ne voulons pas de chefs, ni de porte-parole. Celleux qui existent, nous ne les reconnaissons pas. Que certain-e-s s’assoient à la table du gouvernement et illes seront désavoué-e-s. Nous n’avons rien à négocier et tout à prendre. Nous le savons maintenant plus que jamais.

    Chirac a été élu contre Le Pen, sa majorité s’est installée grâce à l’abstention de l’électorat de gauche.

    Les lois, les décrets, les ordonnances appliquées depuis sont illégitimes, comme les gouvernements qui se sont succédés.

    Tout est passé : des politiques qui s’attaquaient aux plus faibles, aux plus dominé-e-s (sans-papiers, chômeur-se-s, rmistes...), des lois qui, pourtant, avaient réussi à former contre elles de véritables mouvements (retraites, réforme Fillon...), des mesures policières « d’exception » qui sont devenues la règle.

    Nous avons vécu l’Etat d’urgence et la répression des émeutes d’Octobre-Novembre 2005. Passif-ve-s. Cela n’arrivera plus.

    Nous voulons faire plus qu’un « coup d’arrêt. » Nous critiquons ce monde et les valeurs, les évidences qu’il porte en lui. Nous critiquons l’Ecole et la formation, le salariat, la croissance et le « plein emploi », le progrès et son cortège de destruction. Nous critiquons les rôles que la société voudraient nous faire jouer : nous ne serons pas des cyniques sans pitié, des « gagnants » prêts à écraser les autres, des consommateurs passifs ou des esclaves.

    Nous ne combattons pas que la précarité, nous combattons l’exploitation et la soumission obligatoire. Nous savons qu’illes sont nombreu-ses-x celleux qui n’osent plus s’opposer. Et illes n’ont ni un CPE, ni un CNE, mais un CDI ou un contrat précaire.

    Nous combattons pour une dignité bafouée, piétinée sur l’autel de la compétition capitaliste.

    Voilà pourquoi les soutiens affluent, la colère mûrit et une grêve générale s’annonce (peut-être).

    Nous savons qu’il n’y a pas d’alternative à gauche pour 2007, que les urnes ne nous amèneront que de nouvelles déceptions, que tout est à faire ici et maintenant de manière autonome, sans compter ni sur les syndicats, ni sur les partis.

    Nous n’avons aucune confiance dans les médias et nous ferons tout pour mettre à nu les mensonges qu’ils répandent.

    C’est par les prises de parole, les inscriptions sur les murs et dans le métro, le bouche-à-oreille et les médias alternatifs que nous rétablierons la vérité, que nous créerons des liens, des connivences.

    Enfin, la lutte ne doit pas s’arrêter aujourd’hui pour une autre raison : les interpelé-e-s, les inculpé-e-s de ces derniers jours, de novembre, de tous les mouvements sociaux de ces dernières années ont besoin de notre soutien total pour qu’une amnistie soit possible.

    Nous ne lâcherons rien (ni personne) !

    Solidarité entre tou-te-s les insurgé-e-s quelque soit leurs modes d’action ou d’intervention !

    PS - Ce « nous » est celui de tou-te-s celleux qui se reconnaîtront dans ce texte et de celleux qui me l’ont inpiré... Vous pouvez en faire ce que vous voulez : tract, appel


    • Pour tuer l’argent, brûlons tous les diplômes ! (tract diffusé à partir du 10 mars 2006), , 1er avril 2006

      Pour tuer l’argent, brûlons tous les diplômes !

      Le soulèvement de novembre 2005 a été un soulèvement contre l’exploitation et l’humiliation subies par plusieurs générations de prolétaires. La critique en acte des inégalités sociales a été menée par les fractions les plus fragilisées de la société de classes contre le désir de cette société de se perpétuer dans le mensonge de l’égalitarisme républicain. Dorénavant, le CPE consacre officiellement la dévalorisation marchande des études et des diplômes et remet en cause les vieilles bases de l’inégalité et de l’exploitation sociales pour les radicaliser.

      Aujourd’hui, défendre la valeur des diplômes, c’est défendre la logique d’un contrat social et d’une société qui nous a menés tout droit au CPE. Il n’y aura donc pas de retour a des formes antérieures et masquées de l’exploitation, l’exploitation marchande doit se poursuivre dans des formes collectives toujours plus visibles.

      Ici et là, une certaine candeur veut encore croire à l’avenir possible d’une société humainereposant sur l’élimination systématique des pauvres. Mais aucun gouvernement de droite ou de gauche, ni aucun projet de réforme sociale de l’économie, n’ont pu et ne pourront mettre fin à la violence physique des inégalités réelles subies chaque jour par des millions d’individus isolés. S’attacher à défendre un système basé sur la sélection sociale au nom de règles soi-disant équitables et scientifiques, c’est accepter un monde divisé en perdants et en gagnants.

      La seule arithmétique qui opère en ce monde, c’est la régulation de tout échange humain sous le règne de l’argent. L’argent dirige toutes les possibilités, toute élaboration de l’existence. Aucun marchandage des diplômes ne nous préservera du nivellement généralisé de la vie à son équation marchande. Contre cela, la seule égalité qui vaille c’est le refus organisé des institutions de reproduction du patrimoine et de la propriété privée dont l’Université est un des maillons. La mixité sociale au détriment des pauvres n’est que la continuation de l’égalitarisme républicain.

      Vouloir un autre monde possible avec la conservation des chances d’accéder à un statut économique confortable condamne le plus grand nombre d’entre nous à la misère capitaliste. Car dans la société marchande, il n’y a pas de satisfaction économique sans sacrifices humains. Un mouvement qui se limiterait au seule retrait d’un projet de sélection sociale radicalisé comme le CPE serait le maintien du mythe de l’humanisme marchand.

      Le mouvement contre la sélection sociale doit maintenant partir de toutes les sphères de la société s’il ne veut pas mourir. Chômeurs, travailleurs pauvres, immigrés, non-diplômés, étudiants ont un seul et même ennemi à abattre : la démocratie des exploiteurs marchands.

      Des esclaves sans diplômes solidaires des esclaves diplômés.



  • Une pensée pour les émeutiers..., , 2 avril 2006

    Aucune revendication pour les banlieusards dans les AG. Personne ne se sent concerné par les évènements de novembre et décembre, pas même les étudiants. Alors rendez-vous prochainement, lorsque ceux qui ont tout misé sur leurs études pour s’en sortir et qui se retrouvent le bec dans l’eau décideront d’agir.

    Déçu et dépité...

    Je constate qu’une fois encore, nous, banlieusards, nous sommes seuls...

    Lorsque qu’on essaye de parler des émeutes qui ont secoué le pays ces derniers temps, on nous rétorque que cela n’a rien à voir avec le mouvement anti-cpe. C’est vite oublier que cette proposition gouvernementale est apparue suite à ces évènements. C’est vite oublier aussi que la précarité, c’est nous qui la subissons en premier lieu et que les émeutes étaient la conséquence de cet état de fait.

    C’est vrai, j’oubliais que cela était le fait de délinquants qui ne pensent qu’à semer le désordre. Merci la propagande !

    J’ai été déçu de ne pas avoir à ce moment le soutien des étudiant et je suis déçu de voir que même maintenant vous ne vous sentez pas concerné.. J’aurais aimé que vous nous apportiez votre maturité politique et votre sens de l’orgnisation. Y’a-t-il eu ne serait-ce qu’une tentaive d’AG à ce moment-là ?

    Si, pardon, certains pensent à nous uniquement lorsque qu’ils sentent le mouvement se durcir et qu’ils ont besoin chair à matraque. Et vous ferez quoi lorsque certains seront emprisonnés ou renvoyés dans leurs pays ?

    Je suis contre le CPE même si je sais qu’au fond, quoiqu’il arrive, on sera toujours les premiers exploités et précarisés. Je n’ai plus d’illusions...

    Maintenant, puisque le message que je ressens autour de moi c’est "débrouillez-vous", je tiens à tous vous mettre en garde.

    Une génération de banlieusards se trouve désoeuvrée car on leur à toujours dit que les études leurs permettront de s’en sortir. Cette génération a eu accès au savoir et à la culture politique. C’est cette génération qui tente d’étouffer sa rage en espérant des jours meilleurs. Mais un jour ou l’autre elle est confrontée aux discriminations et à l’injustice.

    Cette rage, un jour, explosera.

    Ne vous attendez pas à un mouvement soft car ce qui est contenu durant 20 ou 30 ans ne saurait être controlable. Ne vous attendez pas non plus à des émeutes car nous avons compris que les premières victimes, c’est nous.. Les actions seront organisées, ciblées, calculées et légitimmées par des argumentations politiques et je vous assure qu’elles prendront vite une tournure violente. Que vous le vouliez ou non, vous serez concerné car ce mouvement ne se cantonneras pas qu’aux cités.

    Tant que tout le monde fait la sourde oreille et nous fait comprendre que l’on est toujours les brebis galeuses de cette société, notre rage s’en trouve que grandie. L’issue ne peut être que tragique.

    Tant que les revendications étudiantes ne préciserons pas la libération et le retrour en France des émeutiers, j’ai du mal à me sentir concerné puisque je le répète, CPE ou non, cela ne changera rien pour nous.

    Lorsque nous nous reveillerons, nous, étudiants venant de cités, vous pourrez nous traiter de tous les noms : racailles, délinquants, casseurs, terroristes et j’en passe. Mais, en mon âme et conscience, j’en aurais plus rien à foutre.

    On nous laisse guère le choix...



  • Ballade nocturne dans Paris, , 3 avril 2006

    Un rassemblement avait été appelé par les syndicats

    étudiants et lycéens place de la Bastille.

    Peu après huit heures, un premier cortège quitte la

    Bastille par la rue de Rivoli en direction de

    l’Elysée. Arrivé devant les grilles de l’Assemblée

    après avoir passé le pont de la Concorde, le cortège

    rebroussait chemin et reprenait la rue de Rivoli en

    sens inverse.

    Pendant ce temps, un second cortège parti de la

    Bastille avec environ une heure de retard sur le

    précédent empruntait lui aussi la rue de Rivoli. Les

    deux cortèges qui progressaient donc en sens inverse

    se rejoignaient devant le Louvre.

    Comme les quais semblaient occupé par les flics, le

    cortège prenait la direction du Nord par la rue du

    Louvre. Arrivé aux grands Boulevard, le cortège

    bifurquait vers la gauche en direction de l’Opéra.

    Sur cette partie du parcours, la LCR, seule

    organisation visiblement présente, prenait beaucoup de

    place : banderole, drapeaux, camion son et surtout

    service d’ordre tentant d’encadrer la manif sous les

    huées d’une bonne partie des manifestants.

    De l’autre côté de la place de l’Opéra, le chemin est

    barré par une ligne de CRS. Le cortège prend donc la

    première rue sur la droite, puis tourne à gauche pour

    contourner le barrage. Arrivé place de la Concorde, le

    cortège ignore les rangées de flics qui barre l’accès

    à l’Elysée et fonce vers le pont pour atteindre les

    grilles de l’Assemblée Nationale. Les cars de flics,

    toute sirènes hurlantes, tentent de prendre position

    et parviennent à couper le cortège en deux sur le

    pont. Pendant ce temps, les premiers manifestants font

    face au grilles, sur lesquelles une banderole est

    attachée. Certains tentent de les escalader. Un cordon

    de flics fend soudain la foule pour l’écarter du

    voisinage immédiat des grilles.

    Le cortège repart par le boulevard Saint-germain aux

    cris de « à la Sorbonne ! ». Toutefois, nouvelle

    bifurcation rue de Rennes puis en direction du Sénat.

    L’accès à la porte principale du Sénat est bloqué par

    les flics qui barrent la rue. Devant eux, le SO de la

    LCR forme une ligne : ce sera la dernière fois qu’on

    le verra de la soirée. Sur les arrières, une petite

    porte qui donne dans le Sénat est sur le point de

    céder sous les assauts des manifestants : mais le

    cortège avance et les assaillants renoncent. La porte

    est légèrement entrebaillée.

    Ayant tourné à droite, le cortège rejoint le Boulevard

    Saint Germain au niveau de l’Odéon. Les manifestants

    se précipitent à la Sorbonne, ou ils retrouvent la

    seconde partie du cortège qui avait été séparée vers

    la Concorde. Les grilles devant la Sorbonne sont

    attaquées, et les flics répliquent par des gaz

    lacrymogènes.

    Après un temps de flottement, le cortège rebrousse

    chemin sur le Boulevard Saint-Michel et prend la

    direction de Châtelet. Il est alors presque minuit et

    demi, et la déambulation dure depuis trois heures. Il

    est difficile d’évaluer le nombre de gens qui

    participent à la manifestation nocturne. Le cortège

    s’étire : il y a plusieurs milliers de personnes

    peut-être.

    Passé l’île de la cité, la manifestation change de

    nature. Toute trace de la LCR a disparu. En arrivant

    dans des quartiers populaires, de nouveaux

    manifestants viennent se joindre au cortège. Sur le

    boulevard de Sébastopol, les manifestants renversent

    des poubelles et érigent de petites barricades pour

    retarder la progression des flics qui commencent à

    suivre le cortège dans leurs camions.

    Le cortège prend le Boulevard Magenta et certains

    manifestants commencent à choisir des cibles : des

    agences d’intérim, puis un Mac Do sont attaqués. Les

    poubelles sont toujours renversées et des barricades

    sommaires dressées.

    Arrivé à Barbés, le cortège tourne à gauche sur le

    Boulevard et progresse jusqu’à Pigalle. Puis il prend

    à droite et commence à escalader la butte Monmartre.

    Les manifestants, qui marchent d’un pas encore vif

    malgré le chemin parcouru, arpentent les rues aux cris

    de : « Paris debout ! réveille-toi ! ».

    Enfin, c’est l’arrivée devant le Sacré-Coeur.

    Immédiatement, celui-ci est couvert d’inscriptions : « 

    la commune vaincra », « 1871 – 2006 », etc... Des

    manifestants cherchent à enfoncer la porte ou à

    endommager le bâtiment, symbole de la semaine

    sanglante. Un feu est allumé sur l’esplanade qui

    domine Paris. Mais très vite, les CRS avancent en

    nombre. Après un peu d’hésitation, la foule repart en

    descendant les escaliers de l’autre côté de

    l’esplanade. Il est alors environ deux heures moins le

    quart. La foule est toujours impressionnante : il y a

    encore des centaines, peut-être des milliers de

    personnes, malgré l’heure tardive. Mais arrivé en bas

    des escaliers le cortège s’étire. Certains restent en

    arrière, d’autres avancent et retournent sur le

    boulevard. Les vitres d’un Mac Do volent en éclat.

    Petit à petit, une dispersion tout aussi spontanée que

    la manif elle-même s’esquisse. Il est alors un peu

    plus de trois heures du matin et la manif sauvage dure

    depuis presque sept heures...

    Quelques irréductibles allument un feu sur le

    boulevard Rochechouard, d’autres repartent dans

    différentes direction. Les Bacs en tenue anti-émeutes

    arrivent, et les flics commencent à sillonner les

    rues. On apprendra le lendemain qu’un cortège est

    tombé sur la permanence de Pierre Lellouche et l’a

    ruinée. Une centaine de personnes ont été arrêtées, et

    il y a eu plusieurs garde à vue.



  • BIFURCATION, , 3 avril 2006

    Dans ce mouvement, la révolte n’est pas feinte, ni

    tout à fait encadrée. Des actions non-symboliques,

    comme le bloquage des routes et des gares, se

    multiplient, ainsi que les affrontements durant les

    manifestations.

    Pourtant, il nous paraît impossible de nous contenter

    de manifester comme nous l’avons fait jusqu’à présent.

    D’abord, parce que nous revenons toujours frustrés de

    ces défilés où les mots d’ordre ne sont pas les

    nôtres, où nos déplacement sont contrôlés, où les

    organisateurs voudraient nous disperser à l’heure

    dite. Ensuite parce que ces manifestations sont

    dangereuses pour tout le monde, la police et les

    syndicats se mettant d’accord sur le parcours et

    surtout sur le fait de finir dans un cul de sac, dans

    une nasse pour faire du chiffre ENSEMBLE, pour

    interpeller le plus possible parmi ceux qui refusent

    de se disperser et d’attendre la prochaine "journée

    d’action". Au cours des 4 derniers défilés, ce sont

    près de 1 300 interpellations qui ont eu lieu. Rien

    que lors de la manifestation du 28 mars, où la

    collaboration entre la police et les services d’ordre

    des syndicats nous a été présentée comme optimale, ce

    sont 600 manifestants qui ont été arrêtés.

    MANIF SAUVAGE

    Si vous souhaitez sortir des rangs et participer à une

    manifestation sauvage, joignez vous au cortège

    derrière le grand drapeau rouge et le grand drapeau

    noir.

    Tenez vous prêts !

    PARIS, DEBOUT, REVEILLE TOI !

    AG en lutte Paris, 3 avril 2006



  • L’angoisse du manifestant au moment des arrestations, J., 4 avril 2006

    Il est 13h30. La fin du cortège de la manif marseillaise passe place Castellane. La dispersion est 500 mètres plus loin. Sur la fontaine, un peu comme sur la photo, il y a une bande de cinq types assez jeunes qui agitent des fumigènes orangés.

    Ils se passent l’objet, à tour de rôle, et l’agitent quelques secondes. On les regarde, je les regarde. Je suis à trois mètres. Dans mon dos, deux types avec lunettes de soleil et talkie-walkie les regardent. Il fait chaud. L’ambiance est détendue. 200 000 personnes ont défilé jusqu’à cette place. J’en suis content de les voir se marrer tous les cinq. Ils ne savent pas bien les faire marcher leurs trucs, ils tatonnent, ils tapotent, ils argumentent. Ce sont presque des gamins. Des minots. Comme sur la banderole que j’ai vu sur le parcours : des minots, qu’on "ne laissera pas tomber".

    Quand le dernier fumigène tombe dans l’eau de la fontaine, le PCF passe devant nous en chantant l’Internationale. Tiens tiens... C’est assez peu courant...Je me retourne, et les flics ont doucement empoigné les gamins et les amènent sans heurts, sans cris, sans bousculade de l’autre côté de la place. C’est feutré, ou presque. Il y a là-bas une voiture de patrouille qui barre la rue. Je les suis et je dis à mes copains qu’on est en train de les embarquer. Je m’approche. Des civils arrivent. La BAC et ses matraques, pubis en avant. Autour des gamains, peut-être 15 flics. Autour des flics, on est quoi 6, 8, 10 ? Je me dis que je vais crier un truc genre "police partout, justice nulle part !", que quelqu’un va crier. Des centaines de personnes passent autour de nous en revenant de la manif. Ils passent et personne ne s’arrête. Il n’y a pas de raison de s’arrêter. Je regarde mes potes, plus loin et en fait, eux et moi, on a peur. Je suis tout près des flics et je me rend compte que je suis tout seul, que je peux me prendre un coup de matraque en quelques secondes.

    Il fait toujours très beau. Les gens autour passent, de retour d’une manif réussie. Ils ne peuvent pas voir ce qui se passe, parce que ça n’a rien de spectaculaire. Quelques flics et quelques jeunes. Des anars passent de l’autre côté de la place.

    Une voiture bleue arrive. On fourre les jeunes dedans. La voiture part. J’ai mal au bide.



  • APPEL DE L’ASSEMBLÉE DU 4 AVRIL 2006, , 5 avril 2006

    APPEL DE L’ASSEMBLÉE DU 4 AVRIL 2006 tenue à l’annexe

    occupée de la Bourse du Travail rue de Turbigo

    L’assemblée, réunie ce jour, constituée de lycéens,

    étudiants, précaires, chômeurs, travailleurs et

    ex-travailleurs, appelle à la grêve générale illimitée

    et au blocage des moyens de production et des axes de

    circulation.

    L’assemblée appelle aussi à ne pas suivre les

    consignes syndicales qui proclameraient la fin du

    mouvement et le début de la négociation. Elle invite à

    poursuivre la formation de collectifs dans les

    quartiers, les lieux d’étude, les lieux de travail, et

    à leur coordination.

    Bien au-delà du CPE et de la loi sur l’égalité des

    chances, cette lutte ne se limite pas à la demande de

    garanties supplémentaires face à la précarité

    croissante et constitutive de ce système. Elle remet

    en question les bases mêmes de sa légitimité. Notre

    situation dans le capitalisme ne peut de toutes façons

    aller qu’en s’empirant.



  • A bientôt cpe [Indymedia], , 13 avril 2006

    Même pour ceux qui voudraient que ça s’arrete ça continue et ça les concerne

    ayé le cpe disparait mais il reviendra, plus tard, sous une autre forme ou par petits bouts. en attendant il est remplacé par une mesure qui ne concerne que les non diplômés, autrement dit ceux qui n’avaient pas de koi se payer des études, ceux ki n’ont pas suporté l’école, ceux qui ne parlent pas français, et d’autres... est-ce pour les aidés à s’integrer ou pour les jetter en patûre aux profiteurs sans vergognes ? au regard de bcp d’éléments on pourrait pencher pour la 2e réponse. quand bien même on voudrait les "integrer", les integrer à quoi ?

    les politiques nous brandissent un nombre incroyable de pretextes (integration, chômage, terrorisme) pour nous faire accepter un nombre encore plus incroyable de mesures restrictives, de controles, de soumission (cpe, caméras, flics avec les pleins pouvoirs, fichier STIC...)

    le combat continu qu’on le veuille ou non, car on est pas prets de ne plus recevoir de coups. libre a chacun de se laisser faire. ceux dans les hautes spheres qui qualifient ce "remplacement" de victoire sont ceux qui ont tout interet a ce que la situation se calme, ou qui veulent tirer profit de l’afaiblissement du gouvernement a des fins personnelles.

    A-t-on réellement envi de s’integrer à cette "société" ? cette chose qu’on nous désigne comme le seul ordre viable et durable, la seule maniere d’exister qui ne déshonore pas notre nature d’humain. pourtant on sait, on voit, on sent, on vit cette état de fait comme nuisible. nuisible individuelement, pour une immense majorité, et collectivement, pour notre espece, notre environnement.

    bref jarrete la de vous rabacher ce que vous savez tous déjà, je voulais juste dire que pr moi la question de la continuation ou pas du mouvement ne se pose meme pas. les raisons de se battre sont toujours là. evidemment la situation et l’issue ne sera pas la même si nous sommes 5000 ou 500 (ou 20 comme lautre jour), mais le combat continu de fait.

    ces 2 mois de mouvement et toute les discussions auxquelles g participé ou que jai entendu, m’ont à la fois donné de l’espoir et fait prendre conscience de l’ampleur de la tâche à accomplir. g compri que si on dressait la liste de tout ce qu’il faut changer en profondeur, elle ferait des kilometres. s’attaquer à la base me semble impratiquable ajd. il faut continuer juska ce ke les mouvements prennent de l’ampleur et se rejoignent pour submerger le capitalisme, l’injustice, l’inégalité, la domination/soumission, le mépris.

    les raisons immédiates de se battre sont bien là : luttons pour le retrait de la loi sur l’(in)égalité des chances, le CNE, l’immigration choisie, le fichier illégal de sarko, les expulsions de sans papiers, les rafles policieres, la repression abusive...

    ou comme le dis ce texte, ne revendiquons rien, prenons, occupons.

    notre rage suffit comme raison



  • Le travail est fini, finissons-le !, , 17 avril 2006

    Je ne parle évidemment pas du travail contre le « C’est peu » ou les récentes lois capitalistes connexes, parce qu’il ne s’agit pas là d’un travail, tout au contraire. Notre printemps 2006 aura été une lutte centrée sur la notion de travail, et, par certains aspects, il fut même une révolte contre le travail réel dans la perspective de sa fin définitive.

    Comme le disait un ami pendant la phase ascendante du « mouvement » (je n’utilise cette appellation que dans le strict sens que lui confère le tract « Avril 2006 – Mouvement » signé Le Gang Déprimeur) : « Plus il prend de l’ampleur, plus un petit bout devient intéressant. » Ce bout, le plus actif et créatif, ne combattait pas la forme juridique du contrat. Il n’avait que faire d’atténuer le caractère absolument inégal de la relation entre travailleur et patron au profit exclusif de ce dernier pour deux ans. Il était d’ailleurs évident, dès le 7 mars, que des représentants viendraient intermédier cette relation pour cogérer cette précarité, déjà bien réelle. Il s’agissait plutôt, et le bourgeonnement révolutionnaire des spectres de mars vint de là, de se saisir de cet aveu de toute-puissance pour « pousser le monde qui s’écroule » (titre d’un autre tract). Les diverses sauvageries de mars, comme celles de novembre, sont les conséquences nécessaires d’une fin du travail devenue palpable, et non plus seulement désirée comme en 1968.

    La vérité subjective de 68 – « Ne travaillez jamais », « Jouissez sans entrave » – rencontre un contexte objectif généralisé où la fin du travail entre dans les mœurs. Car la sophistication des appareils de production a désormais atteint un point de non-retour tel que l’amenuisement du temps travaillé oblige les représentants à cogérer le temps libéré pour le rattacher au nœud salarial. Parallèlement, les entraves aux désirs nous sautent non seulement aux yeux dans nos urbanismes aseptisés des centres et carcéraux des périphéries, d’où le sens de la casse. En perdurant, le capitalisme ne peut que nous engloutir encore sous le tas de merdes de marchandises sans qualité et directement ou indirectement mortelles.

    Par son indiscipline volontaire, l’activité du printemps 2006 aura cherché à compenser son incapacité à générer une grève authentique de salariés interrompant réellement le rapport salarial et le travail. Aux canalisations représentationnelles de la contestation, ont été opposées des AG occupationnelles où la démocratie avait si peu besoin de s’invoquer et de se régler pour s’exercer qu’elle en dénia son nom même et où s’analysait la situation et se décidaient les actions. Ces formes avaient toutes le rapport salarial et ses effets pour cibles et leur dépassement pour perspective. Ces expériences vécues finissaient le travail comme on achève un mort. Elles le firent certes brièvement et en peu d’endroits, mais elles le firent.

    http://paris.indymedia.org/article....


    • Le travail n’est pas fini, puisque l’argent existe !, , 19 avril 2006

      Camarades,

      Modérez vos transports !Quand bien même vous vous en priveriez, ce sont ceux de votre entourage qui devraient pourvoir à votre entretien, encore avec de l’argent. Tout se paye et donc le travail existe (sous d’autres formes certes). La production est infinie dans ses transformations. Encore aujourd’hui, les esclaves travaillent pour survivre. L’argent détermine les possibilités de survie. Vous-mêmes n’êtes pas sortis de l’argent et de la nécessité d’en avoir. Comment pouvez-vous dire que "le travail est fini" ? Mais peut-être parliez-vous de l’idéologie du travail, ce qui n’est pas le même plan de l’existence ni affronter et combattre le même genre de difficulté. En effet, sur le plan idéologique, tout s’use assez rapidement, post-modernité oblige. On ne fait jamais que pousser des branches pourries quand on s’en prend aux idéologies. C’est facile et agréable. Cela ne mange pas de pain et chacun conserve son statut économique...Car sur le plan des rapports sociaux réels c’est une autre paire de manche. Les "persistances rétiniènes" sont innombrables. Tant qu’il existe un seul homme devant travailler pour se nourrir et se loger, le travail triomphe. La proposition "le travail est fini" est donc fausse. Prenons l’habitude de ne plus trahir la réalité pour pouvoir être en mesure de la combattre et de la détruire. Sinon nous risquons de nous opposer à de purs fantasmes. Dépasser un ennemi fantasmé n’est pas dépasser un ennemi réel. Les conditions ne sont pas de même nature.

      Amicalement.


      • Finitude et finition, Apnée, 19 avril 2006

        Il y a une provocation volontaire à affirmer la fin du travail au présent de l’indicatif. C’est bien pour désigner la contradiction de notre situation historique que cette assertion est immédiatement contredite par notre impératif selon lequel il nous faut le finir, c’est-à-dire en finir avec le rapport salarial.

        Le travail est fini au sens où il l’est tendanciellement, mais déjà de manière palpable là où les richesses et les marchandises sont les plus accumulées. L’avenir immédiat de ces endroits consistera à travailler de moins en moins souvent. Pour autant, tu as raison, le lien salarial n’est pas rompu, comment le serait-il de soi-même sans que nous le rompions ? Bien entendu, nous travaillons encore trop souvent et trop durement, et à certains égards plus que jamais. Et même il se trame, ce lien, à distance continue du travail réel, via les obligations de formation et les émiettements de la condition de chômeur que nous concoctent nos représentants.

        Une société où à l’appropriation des appareils de production se substituerait un usage loisible et volontaire des moyens de production renverserait complètement la notion de travail, jusqu’à l’abolir. De toutes autres fins, y compris qualitatives, aux efforts consentis d’élaborations se substitueraient aux marchandises. Et la surproduction serait impossible. Or, la sophistication des appareils de production accélère l’avènement d’une telle situation et, ce faisant, la subjectivité des rapports sociaux, non seulement entre classes. L’affaire du « C’est peu » a révélé, même confusément, un moment de vertige historique où la condition de travailleur apparaît comme un vide. Notre avenir immédiat consisterait à souffrir en travaillant ou à souffrir sans travailler. Et en même temps, les travaux productifs ou coercitifs que nous sommes sommés d’exécuter aboutissent à un amoncellement d’immondices marchandes qui emprisonne nos vies de manière si évidente que le refus subjectif du travail est palpable au sein même des entreprises.

        Seule la nécessité de l’argent nous contraint à travailler, l’heureux stakanovisme et la fierté de l’ouvrier aliéné envers « sa » Peugeot a laissé la place aux opportunismes carriéristes et aux assemblages de bagnoles identiques. Mais l’argent ne disparaîtra que si le rapport salarial (que je ne considère pas comme une « idéologie » mais comme une réalité à laquelle je suis aussi confronté), et les rapports sociaux qui en dépendent, est rompu et que de ce creux émanent d’autres relations aptes à faire correspondre nos efforts à nos loisirs.

        J’inverserais donc ta proposition : « L’argent disparaîtra lorsque nous en aurons fini avec le travail ».

        Amicalement


        • Finitude et finition, , 20 avril 2006

          Le renversement de "ma" proposition me convient tout à fait. Commençons par là où notre désir nous porte.

          Salud.



  • Compte rendu de l’AG en lutte du 18 avril 2006, , 20 avril 2006

    L’Assemblée générale en lutte s’est réuni hier au local de la Serre volante 52 rue Servan après la libération des occupants du quotidien La Tribune. L’AG a donc commencé effectivement vers 20 heures 30 avec quelques 60 ou 70 personnes, nouvelles pour la majorité d’entre elles.

    Les discussions ont commencé sur l’action fraîchement entreprise et ont continué sur le déroulement actuel du mouvement ses perspectives et ses possibilités. Le retour de vacances semble être attendu par certains avec une certaine inquiétude en raison du risque d’un retour massif dans les études et la rupture que cela provoquera. La question de la participation des salariés a également été abordée, celle-ci constituant selon certains la condition indispensable pour une continuation du mouvement.

    Des échanges ont porté sur l’identité actuelle du mouvement, sa dimension étudiante et son dépassement. Certains voulant insister que le fait que ce mouvement partait effectivement du secteur étudiant, usine à produire des futurs salariés, d’autres considérant qu’il fallait justement dépasser cette identification.

    Ensuite, il a été abordé la question d’un lieu permanent ouvert sur l’extérieur ou étudiants, salariés, précaires et divers pourraient se retrouver pour la discussion et la lutte.

    Cet aspect sera à nouveau abordé, un texte sera rédigé à ce propos.

    L’AG en lutte se réunit les lundi, mercredi et jeudi vers 18h 30 et le dimanche à 16heures 30 au local la Serre Volante ; 52 rue Servan à Paris 19e métro Saint Maur.



  • Nous voulons détruire la gauche, anti gauche, 23 avril 2006

    Nous voulons détruire la gauche

    Nous voulons détruire la gauche

    Nous voulons la mort de la gauche pour aider la lutte, nous voulons la mort de la gauche tout autant que celle de la droite et du capitalisme.

    Nous voulons détruire la gauche car elle empêche toute prise de conscience collective, elle freine toute initiative de renversement d’une société que nous rejetons tous : toute initiative révolutionnaire.

    Nous voulons détruire la gauche

    Nous voulons la mort de la gauche pour aider la lutte, nous voulons la mort de la gauche tout autant que celle de la droite et du capitalisme.

    Nous voulons détruire la gauche car elle empêche toute prise de conscience collective, elle freine toute initiative de renversement d’une société que nous rejetons tous : toute initiative révolutionnaire.

    Non, ce texte n’a pas pour but de s’attaquer aux partis déjà haïs de la gauche plurielle. Car nous savons déjà que cette gauche est critiquable de par ses positions, de par ses actions, et de par le simple fait d’exister en tant que partis politiques, par le simple fait de réclamer le pouvoir.

    Ce texte a été écrit pour critiquer la gauche, quelle qu’elle soit. Son existence même.

    La gauche telle qu’elle est en 2003, dans ses partis, dans ses mouvements (l’altermondialisation pour n’en citer qu’un). La gauche qu’elle soit institutionnelle ou non. Pas seulement celle qui expulse les squatteur- euses et les sans- papier- e- s, qui se fout des travailleurs, qui pactise avec le Medef, qui lutte pour le pouvoir, qui use de tous les artifices de la société capitaliste.

    Toute la gauche. Celle qui milite. Celle qui réclame, qui proteste gentiment, qui veut réformer le capitalisme... Celle qui se dit libertaire, qui se complait dans le tourisme militant et dans ses revendications... Cette gauche est à détruire par le simple fait qu’elle plait, qu’elle séduit dans son fonctionnement actuel.

    Nous savons que les rassemblements militants de la gauche, d’Evian au FSE, en passant par le Larzac ne mènent à rien. Nous savons tous que les manifestations ponctuelles, les grèves d’un jour n’apportent rien. Et nous savons aussi que cet état de fait est en grande partie dommageable aux partis, aux syndicats et aux organisations de gauche.

    Ces organisations qui ne souhaitent pas la disparition d’un système qui les fait vivre ; tout autant que les collectifs qui se complaisent dans l’attente du grand soir. Pourtant, malgré cela, la gauche arrive toujours àcréer l’illusion d’un changement possible. Un changement qui devrait passer par elle. La gauche récupère.

    La gauche phagocyte tout mouvement, d’où qu’il vienne.La gauche récupère volontairement, de par son fonctionnement même. Etinvolontairement de par son existence, de par la façon dont elle est perçue par le reste du monde

    Un drapeau de la LCR dans un mouvement suffit pour que ce dernier y soit entièrement associé par les médias bourgeois (ou non).

    Actuellement tout mouvement DOIT être associé à la gauche. Sinon il perturbe. La gauche est associée aux mouvements car elle est active.Oui la gauche est active. La gauche critique ceux qui ne sont pas actifs. Mais tout en restant impuissante.

    Pourtant il ne suffit plus de montrer aux gens cette impuissance de la gauche. Il faut détruire la gauche, en commençant par détruire la vision qu’ont les gens de la gauche.

    Car par son activité débordante, qu’on ne peut nier, la gauche nuit à toute initiative révolutionnaire.

    La gauche est un grand canalisateur, un grand abrutisseur. La gauche est la télé, la religion des gens qui se sentent éveillés. Ces gens n’ont plus besoin de bouger, de vouloir. Leur activité militante leur suffit. Certain-e-s se laissent mener par la gauche. N’agissent que par elle. Mais qu’illes se laissent guider complètement ou non par la gauche, illes pensent toujours que leur activité, que leur appartenance à la gauche sert à quelque chose. Et c’est ce qui rend la gauche dangereuse.

    Pour détruire la gauche commençons déjà par ne plus être la gauche. Cessons de reproduire les schémas que nous critiquons. Cessons de revendiquer et de s’activer. Cessons de nous chercher des noms.

    Cessons de penser à notre image. Seule l’action compte. Maintenant il faut agir. Cessons de soutenir inconsciemment la gauche, cessons de participer à leur activité, il faut arrêter de cultiver cette image de gauche utile.

    Enfin empêchons la gauche de jouer ce rôle de récupérateur et de canalisateur.

    Systématiquement, la gauche doit devenir inexistante dans un mouvement qu’elle n’a pas insufflée.

    Commençons par détruire tout symbole de la gauche qui pourrait s’immiscer dans une lutte et qui participe à un phénomène de récupération, parfois inconscient mais inexorable.

    Quand la contagion de la gauche sera maîtrisée, il n’y aura plus qu’à la détruire, cesser l’aliénation.

    Pour que l’individu- e qui lutte existe en tant que tel, pour qu’une lutte ne soit plus associée qu’à sa cause et non à ceux qui la maintiennent.

    Pour que les gens ne se complaisent plus dans une activité militante inefficace.

    Le changement se fera sans la gauche ou ne se fera pas.

    anti-gauche


    • Nous voulons détruire la gauche, Caroline V , 26 avril 2006

      Sauf à croire que les luttes contre le patriarcat, l’Homo phobie ou la religion doivent se taire

      devant la lutte contre le capitalisme ou l’Etat ou pire qu’elles n’ont pas de réalité, il faut faire avec la gauche politique non telle qu’elle est représenté au parlement mais comme une façon de changer les choses, tout en se gardant de toutes manipulations de quelque partis de gauche que ce soit.


      • Nous voulons détruire la gauche, , 29 avril 2006

        et les manipulations des bureaucraties syndicales et communautaires ?

        et le réformisme de la gauche ?

        Et la gauche du système comme aménagement de la misère ?

        La gauche est décidément ennemie de la révolution : c’est pourquoi il faut détruire la gauche.


        • Nous voulons détruire la gauche, Caroline V , 6 mai 2006

          Je pense que tu confonds le mythe de la gauche comme régulatrice de conflits, ce que j’appellerais la gauche de pouvoir avec la gauche extrême ou ultra qui s’appuierais sur une critique radical du pouvoir tout en gardant en tête qu’elle se fait grâce au fameux clivage entre sécurité et liberté, la critique de la religion et des discriminations de toutes sortes ( homophobie, sexisme, racisme. )


          • Nous voulons détruire la gauche, , 8 mai 2006

            La gauche sans autre qualificatif c’est pas nécessairement l’ultra-gauche ou l’extrême-gauche révolutionnaire


            • Nous voulons détruire la gauche, jef, 9 mai 2006

              la gauche c’est l’accumulation de gauche, point barre. encore 100 ans de débats sur le socialstalinisme ? pas d’autres chats à fouetter ? on ferait mieux de lire les operaïstes : le communisme c’est l’interruption du développement capitaliste, qu’il soit de droite de gauche du centre du haut ou du bas ;

              alors, jusqu’à quand la tempête au bassin des enfants ?


            • Nous voulons détruire la gauche, Caroline V , 10 mai 2006

              Il s’agit malheureusement de la même gauche qui vous permet de questionner le monde pourtant. Sauf à militer avec les Indigènes De La République qui nie les rapports de classes et les clivages politiques ou à nier les luttes parcellaires force est pourtant de constater qu’il s’agit de la même gauche, qu’elle soit extrême ou ultra ne change pas grand chose. Ce que je regrette c’est que j’appellerais l’économisme qui refuse de voir les autres formes de dominations ou d’exploitations qui préexistait à la lutte des classes et qui lui survivront comme le racisme ou le sexisme et dont le combat est de gauche. .


              • Nous voulons détruire la gauche, , 11 mai 2006

                Là-dessus je suis d’accord avec toi mais la destruction de tout rapport de domination passe par la destruction de son aménagement donc par la destruction d’une gestion gauchiste de la domination.


    • La gauche ne sera détruite qu’en détruisant le capital et l’Etat, Patlotch, 9 mai 2006

      Sans dénier toute vertu à cette déclaration d’intention provocante, je pense qu’elle porte des ambiguïtés, parce qu’elle sous-tend une question plus pertinente qu’elle tend à masquer : « Nous voulons détruire le capital ». Elle s’inscrit dans une dénonciation de l’idéologie démocratique dans ses variantes qui se présentent sous le label de gauche. Elle est un peu l’équivalent de « Nous voulons détruire la démocratie » ou « Nous voulons détruire l’Etat ». Elle dénonce les formes politiciennes, la représentation, la tradition républicaine, les formes d’organisation héritées du mouvement ouvrier et reformulées dans le "spectacle" y compris de façon "libertaire" ; mais elle dénonce ces formes sans dire de quoi elles sont le contenu, c’est-à-dire, pour faire simple, la politique et l’Etat, la société civile et l’idéologie, en tant qu’elles sont produites comme adéquates au capital comme société. C’est pourquoi elle dénonce ces formes comme idéologie dans un combat d’idées, sans voir que ce combat ne sera gagné que matériellement, contre le capital et ses caractéristiques, et non en tant que combat d’idées, sur le terrain de la lutte contre l’idéologie comme reflet.

      Cette discussion pourrait inviter à un questionnement plus approfondi, à condition de sortir de la question formulée, d’une part donc sur les liens qui précèdent entre contenus du capital et formes politiques, d’autre part sur les labels d’"extrême-gauche révolutionnaire" et "d’ultra-gauche", qui distingueraient la gauche qu’il faut détruire de celle qu’il faudrait préserver.

      Je ne suis pas qualifié comme historien de la gauche, mais il me semble que le concept est né en France dans celui de république à l’occasion de la révolution bourgeoise de 1789. Autrement dit, la critique de la gauche devrait être faite fondamentalement comme celle des concepts liés à cette période historique comme naissance du capitalisme, avec le succès et les échecs des combats du prolétariat pour la démocratie, le prolétariat utilisant pour son propre compte les méthodes et principes de la démocratie bourgeoise, dans l’idée d’une transition social-démocrate ou socialiste : prendre démocratiquement le pouvoir d’Etat pour s’en servir comme outil d’abolition du capital.

      Il me semble que c’est relativement à la caducité de cette stratégie programmatiste du mouvement ouvrier que la séparation, en politique, de la gauche et de la droite n’a plus de vertu révolutionnaire, c’est-à-dire de vertu pour abolir le capital. Être de gauche, c’est autant qu’être de droite appeler l’Etat, y compris dans les formes les plus radicalement démocratiques ; et appeler l’Etat, c’est conserver le capital.

      On ne fait pas l’économie de la critique théorique pour comprendre la nature de ce problème, et c’est bien la vertu des formes de luttes actuelles que d’inviter à y refonder cette critique.

      En résumé, le problème est dans la question, qui ne peut qu’enfermer les réponses... La gauche, comme la démocratie et la politique qui l’ont inventée, seront détruites par les luttes de classes en tant qu’affrontement matériel dans le capital, et non sur le terrain des idées, du moins si celles-ci ne trouvent pas dans ces luttes les ingrédients de la théorie révolutionnaire.

      Patlotch, 9 mai


      • La gauche ne sera détruite qu’en détruisant le capital et l’Etat, , 11 mai 2006

        Généralement d’accord avec toi P.,

        ’’Il me semble que c’est relativement à la caducité de cette stratégie programmatiste du mouvement ouvrier que la séparation, en politique, de la gauche et de la droite n’a plus de vertu révolutionnaire, c’est-à-dire de vertu pour abolir le capital. Être de gauche, c’est autant qu’être de droite appeler l’Etat, y compris dans les formes les plus radicalement démocratiques ; et appeler l’Etat, c’est conserver le capital.’’

        Gauche et droite, c’est du même avec des différents. Et les deux sont voués à la destruction qu’est aussi la communisation


        • La gauche ne sera détruite qu’en détruisant le capital et l’Etat, Caroline V , 13 mai 2006

          La question des clivages entre la sécurité et la liberté, la distinction ou l’égalité, la tradition ou la sécularisation réglé à une question de communisation ou de programmatisme, c’est simple, peut être même un peu trop... on dirait presque la vulgate du PC des années soixante dix, c’est à s’y méprendre.


        • le capital et l’Etat ne seront détruits qu’en détruisant la gauche, N. , 14 mai 2006

          Bonjour,

          Ça ne fait guère avancer les choses que de répéter, chaque fois qu’un effort est fait pour esquisser les lignes d’une force d’une nouvelle politique communiste, comme "détruire la gauche", de répéter ad nauseam la formule : destruction du Capital et de l’Etat. Cela manque cruellement, en fait, de sens stratégique. Qui, dans "nos" milieux voudrait se déclarer en désaccord avec une telle formule ? Le seul problème est que son degré de consensualité la prive au bout du compte de toute force, de toute consistance et qu’elle n’est plus qu’un affect triste, un réflexe psychologique hautement conditionné dont la fonction est essentiellement de rassurer, de conforter, d’immobiliser des devenirs, dirais-je. Bref, du militantisme.

          Je soutiens que le mot d’ordre" détruire la gauche" est juste et porteur d’une véritable puissance critique. Pourquoi ? Parce que l’Empire est fondamentalement de gauche. Je veux dire par là que la doctrine exclusive du l’Empire, sur tous les plans - économiques, politiques, culturelles, militaires et par dessus tout, les englobant tous d’un seul mouvement, existentiels - est le libéralisme social - qui est une invention de la gauche. Et le libéralisme social ne fonctionne si bien que parce qu’il est le parachèvement historique de toutes les idéologies du passé, son syncrétisme le plus élaboré et le plus invisible. Plus exactement, le libéralisme social est la synthèse théorique et pratique du socialisme et du capitalisme du cycle antérieur. C’est là toute sa force : avoir réconcilié ce qui semblait absolument et irréductiblement antagoniste. En ce sens, le 21e siècle impérial sera de gauche ou ne sera pas - pour autant que la fin de l’Histoire, au sens où l’On veut nous la faire comprendre - soit effectivement le dernier mot de l’Empire.

          Détruire la gauche, cela doit alors s’entendre comme la volonté de discréditer sur les plans théoriques et pragmatiques, toutes les promesses de la gauche, tous ses programmes, son être même, en montrer la sublime indigence pour nos existences réelles. En ce sens, "détruire" n’est peut-être pas le terme le plus approprié. Il s’agirait plutôt de dévoiler le néant de la gauche, de dire seulement, et au sens le plus strict du terme : la gauche n’est rien. De ce monde, elle est le Rien. Ainsi compris, "détruire la gauche", c’est bel et bien détruire le dernier point d’appui du Capital, sa dernière chance. C’est pour cela que l’on peut légitimement affirmer : détruire la gauche pour détruire l’Etat et la Capital, leur police, leur civilisation, leur métaphysique. Et non l’inverse ! Soyons un peu logiques !

          N.

          P-S : J’ai indiqué ci-dessous une adresse email valide, mais "jetable", temporaire, afin d’éviter le "spamming" et toutes le pratiques inhérentes au grand bavardage psychiatrique mondial qu’est le "chat" sur internet.


          • le capital et l’Etat ne seront détruits qu’en détruisant la gauche, Patlotch, 14 mai 2006

            Je ne crois pas être concerné par cette réponse qui sollicite ce que je crois avoir dit, en reposant le problème sur ses pieds "matérialistes". Cela ne signifie pas, pour moi en tout cas, qu’il n’y ait pas à mener le combat aussi sur le terrain des idées, dans le cours de la lutte de classes. Pour être clair, je ne rejette pas tout "militantisme", et forcément, quand on intervient, on se heurte à ceux qui portent les idées qu’on combat. Je partage par exemple la remarque de Louis Martin dans son texte Le point de rupture de la communisation : « Nous devons repérer et désigner tous ces points de rupture de la revendication comme étant des dynamiques de lutte qui sont nôtres, des lieux d’activité théorique (militante) »

            Et comme je venais justement de mettre en ligne le type d’intervention que je crois nécessaire, le voici :

            Quel sens à mes interventions politiques ?

            Il n’est pas aisé de suivre mes interventions, en relation avec leurs présupposés théoriques et les questions qu’ils me posent (cf. 3) POUR LE "COMMUNISME" Interventions 2006) relativement au dit « courant communisateur ». Pour simplifier, elles s’inscrivent encore néanmoins, et grosso-modo, dans la perspective ouverte par l’éditorial de Théorie communiste n°13, en décembre 1996, sous le titre La révolution est redevenue un sujet polémique, et les débats suscités depuis dans les luttes, ou autour de la revue Meeting.

            1. Le programmatisme

            2. Le démocratisme radical

            3. Comment allier la polémique avec la critique positive du démocratisme radical ?

            On n’aura pas manqué de vérifier, au fur et à mesure que les luttes en contenus comme en formes donnaient à ces concepts une présence nouvelle, la lucidité de cette phrase de dix ans :

            « Il est bon d’être attaqué par ses ennemis ; nous avions envisagé dans un premier temps que le démocratisme radical, contrairement au programmatisme pouvait nous permettre une intervention critique positive. Nous savons maintenant qu’il s’agira aussi, outre cette intervention, d’une polémique très dure.[...] »

            Dans leurs aspects plus politiques que théoriques, mes interventions relèvent de cette démarche, qui pour l’essentiel me semble validée par ce qui s’est produit depuis, avec la confirmation de la structuration du discours des organisations porteuses de l’idéologie démocrate radicale :

            « La polémique doit s’exercer contre :

            1° : Les attaques destinées à exclure du champ les positions de rupture révolutionnaire sous les prétextes les plus divers : élitisme, division du front "antifasciste", maximalisme, théoricisme, archaïsme, purisme..., cela en exposant les véritables enjeux du conflit : alternative ou révolution.

            2° : Contre les stratégies de rattachement de tout ce courant à l’électoralisme suivant la double équation :

            - les "petites gauches" unies équilibrent le P.C.F

            - les "petites gauches"+ le P.C.F équilibrent le P.S.

            Sur ces axes polémiques, il est possible de s’adresser à ceux pour qui l’alternative n’est pas un grignotage du mode de production capitaliste, ne subsume pas, ne résoud pas la contradiction entre les classes au fur et à mesure de ses progrès, n’est pas un petit morceau de monde libéré, mais n’est que revendication de l’autonomie de la classe (vouée maintenant à l’échec —ce qui ne l’empêche pas d’exister et de se renouveler—), et qui font de celle-ci leur combat. »

            A cet égard, mon tort aura été j’en conviens de m’adresser, au delà du possible, « à ceux pour qui l’alternative n’est qu’un grignotage du mode de production capitaliste... » et par conséquent de me perdre en polémiques certes dures, mais vaines.

            Je ne sais pas exactement ce que d’autres ici ont à redire sur cette position qui a dix ans, dans la mesure où les leurs ont évolué depuis et que cette question traverse tout ce qui a pu être dit ici sur le « que faire ? ».

            Cela dit, je pourrais préciser, mon titre étant ambigüe, que la destruction de la gauche se fera dans le mouvement des luttes de classes contre le Capital et l’Etat.

            14 mai

            Patlotch


            • le capital et l’Etat ne seront détruits qu’en détruisant la gauche, Caroline V , 16 mai 2006

              Ce qui est étrange c’est qu’en dehors de cette critique géniale du pouvoir, du capitalisme, du réformisme, des authentiques réactionnaires, des contre-révolutionnaires, des voyous, des casseurs, des empêcheurs de casser en rond, des flics, des militaires, des bourgeois, des lycéens, des étudiants et des autonomes, les mises en question sur des sujets aussi essentiels tels que le sexisme, les discriminations racistes sont peu présentes.


          • le capital et l’Etat ne seront détruits qu’en détruisant la gauche, jef, 15 mai 2006

            "l’empire sera de gauche", sans blague.

            la gauche s’est dissoute depuis longtemps dans le corps de l’Etat (au plus tard les années 60 pour le PCI italien), a cessé de longue date de jouer le rôle de la médiation des conflits surgissant de l’intérieur de la société au travail, de l’interface étatique entre la classe au travail et l’Etat de classe, l’être-là de l’unité du capital, de sa société. la gauche est une unité de production de personnel politique sur un marché fortement oligoposlitique, dispensant des services personnels aux affidés - et éventuellement, pour la base résiduelle des crétins complets, portion désormais en déclin de l’électorat, la promesse de l’assomption jadis du rôle de ladite méditation des intérêts extérieurs de la classe au travail.


            • le capital et l’Etat ne seront détruits qu’en détruisant la gauche, N., 19 mai 2006

              Bonjour,

              Je suis assez d’accord avec l’analyse de Jef et je reconnais que mon affirmation « L’Empire sera de gauche ou ne sera pas » était au moins forcée, voire assez fausse. On peut effectivement dire, et c’est en un sens une banalité admise par à peu près tout le monde, que l’Empire est par delà droite et gauche, et c’est même toute sa puissance que d’avoir pu ou su dépasser les anciennes antinomie.

              Cependant, je maintiens que, d’un point de vue que j’appellerais « sociologique », la gauche existe bel et bien, à titre de « fausse conscience », cela malgré la disparition de sa « base matérielle" (puisque, d’après le marxisme, il me semble, la superstructure évolue moins vite que l’infrastructure). Il suffit d’écouter les « gens » (et j’emploie à dessein cette catégorie indéterminée et vide) pour s’en convaincre. Beaucoup partagent encore l’illusion que ce qui se présente comme la gauche, ou les gauches, dans les rangs de la nouvelle intellectualité parisienne, ou de ce personnel politique en situation d’oligopole, représente une alternative politique sérieuse et crédible à la ci-devant gestion impériale. S’il est vrai que la représentation politique a atteint un stade de décomposition avancée, il n’en reste pas moins que les projets divers de participation (ce que l’on appelle, dans « nos » milieux le « citoyennisme », la vertu civique de l’ère impériale) font encore des adeptes, et que leur nombre ne va pas déclinant.

              Qui plus est, la Théorie de la justice de Rawls demeure une référence pour tous les partisans d’un « renouvellement de la politique », comme disent les journalistes et les politiciens, (Rawls se présente expressément comme social-démocrate, de même qu Habermas, pour ne citer que quelques noms célèbres) et la littérature sociologique sur le « lien social » ne s’est jamais mieux vendue que de nos jours.

              On peut donc soutenir, sans contradiction, que la gauche demeure la dernière chance du Capital et qu’elle constitue, à ce titre, l’ennemi principal.

              Je maintiens aussi tout ce que j’ai dit sur les réflexes militants du « Il faut détruire l’Etat et le Capital » (et, en écrivant cela, je me rends compte à quel point ce « Il faut » est éthiquement exécrable).

              Bonjour chez vous

              N.

              [email protected] [adresse email valide, mais temporaire et "jetable" - comme ce monde]


              • le capital et l’Etat ne seront détruits qu’en détruisant la gauche, jef, 19 mai 2006

                au fond, présenté comme ça, je suis entièrement d’accord : le pire ennemi est le faux ami, puisqu’il fait illusion et donc déperd les énergies ; la classe au travail s’est donné de tout temps en guise de dirigeants les représentants de l’ennemi - les "programmatistes", qui n’étaient pas plus une nécessité historique du procès de développement du désir communiste comme désir d’abolition du salariat qu’il ne faut "attendre" la restructuration de la production, qui n’est que la restructuration du camp d’en face, le camp général en temps de décrue, pour inaugurer un nouveau cycle de luttes - pas plus qu’aucun cycle de luttes n’est palpable à l’heure actuelle, sauf à considérer quelques heures arrachées à la plus-value ça et là comme l’indice d’une reprise cyclique de l’offensive révolutionnaire, de la (dé)classe ou encore du communisme (il suffit de lire le manifeste de 1848, où il est question d’abolition du travail, en italique par papa marx/engels, pour se rendre compte que ce prétendu purgatoire programmatiste est une vaste blague inventée par les marxistes, c’est-à-dire la police interne de la classe en lutte, ou encore le mouvement ouvrier). les cycles du capital sont imposés par les cycles de la lutte, et pas l’inverse. le capital n’est cyclique que parce que les luttes le sont. que les luttes cessent, et le capital n’a plus "besoin" de cycles. l’attaque à la plus value précède toujours la crise de rentabilité qui inaugure la crise de surproduction. mais en l’absence de luttes ? trois cent millions d’enfants travaillent gratuitement pour produire de la plus-value réalisée par la troisième demande, patrimoniale : d’où ralentissement de la croissance, voire annulation, mais explosion du taux de profit général.

                simplement, la résiduelle affiliation de la classe au travail aux partis de gauche est l’effet d’une hystérésis précaire en regard de la fulgurance de la restructuration de la production qui est tout uniment la dé-structuration de la (dé)classe comme autonomie, substance séparée du capital. Les générations qui viennent (à l’âge adulte) ne savent plus la différence entre la gauche et la droite. en ce sens, la ’superstructure’ - mais il faut oublier

                tout ce vocabulaire platonicien - retarde sur la "réalité" de "l’infrastructure" étatique :

                aidée en cela certes par la gauche qui se soucie d’entretenir une spécificité (de moins en moins nette pour la masse de plus en plus grande des illettrés, et de moins en moins crédible pour les autres), démocratie oblige, c’est-à-dire rivalité sur le marché de la loyauté aux maîtres ; mais aidée aussi par les papys qui racontent encore à leurs petits enfants des histoires de justice sociale. le reste de la réalité a tôt fait 1. de démentir ces tout aussi réels racontars, 2 ; de noyer toute possibilité de distinguer les partis sur une base classiste, possibilité dont me^me les partis se gardent soigneusement (la spécificité est soignée "palliatif", mais encore une fois, difficilement réductible à une affaire de justice sociale, encore moins à une affaire de (dé)classe). prenons l’italie. sait-on que le noveau PSI de michelien/craxien était allié à berlusconi au cours des dernières élections ? que prodi est tout sauf un dirigeant historique élu de la gauche ? que le programme qu’il vient de présenter au parlement ne revendique rien d’autre que la lutte contre la criminalité en col blanc et l’hémorragie des capitaux en général ?

                la spécificité de la gauche, ce serait l’affaire de candidats individuels, charismatiques, courageux, honnêtes, travailleurs, beaux, élégants. point barre. autant dire que le succès de la gauche ou de la droite n’a plus rien à faire avec la productivtié discursive de ces catégories. il s’agit de distinguer des bandes mafieuses officielles et rivales pour le contrôle de l’appareil de torture provincial - rome étant à washington. royal et sarko ont le me^me discours nazi, des patrons de droite annoncent qu’ils vont voter royal parce qu’elle est plus bandante, plus virile, plus ceci plus cela, le patronat italien a soutenu prodi de me^me que le sun soutenait blair. blair ! ami de bush/berlusca etc. etc.

                donc, n’exagérons pas l’importance, la résonance du discours universitaire et son cortège de pleureuses de gauche. ceux qui veulent se faire une idée sérieuse de l’état du monde ne lisent pas le diplo, ni rawls ni (plus guère) habermas. et les autres sont dans la gadoue pure, le néant neuronal sans si ni mais. on en est à max weber, le métier/vocation de la politique : dans ce système concentrationnaire, ce sont les chefs charismatiques qui décident, et ceux de la pire espèce : pas les prophètes/magiciens, mais les chefs de guerre et les démagogues. ne parlons même plus des légalistes : avec la fin de l’Etat de droit, les chefs légalistes/kelseniens qui se proposent en rempart de la loi contre la rapine d’Etat érigée en système, sont ’objectivement’ dépassés, laminés. Jospin.

                il n’y a plus de vérité prophétique, rappel à la loi cachée/bafouée, pas même de vérité légaliste prônant la soumission à l’impersonnalité de la loi : juste un désir de masse de salut individuel, le besoin de se soumettre pour sauver sa peau, se sentir épargné, non terroristifié, non banni - auquel répondent/correspondent les chefs charismatiques non prophétiques. la période des années 30 est illuministe en regard de celle-ci. le nazisme est la quintessence du bordel, mais la quintessence est aujourd’hui épurée - ou quasi, parce que toujours encore quasi, jusqu’à extinction complète de tout site web de ce genre-ci, par exemple, ou de toute culture vivrière dans le jardin.


              • le capital et l’Etat ne seront détruits qu’en détruisant la gauche, Patlotch, 19 mai 2006

                On peut donc soutenir, sans contradiction, que la gauche demeure la dernière chance du Capital et qu’elle constitue, à ce titre, l’ennemi principal.

                Votre « contradiction », par celle du capital (l’exploitation) qui ne tient pas à la gauche, c’est que le capital pourra continuer sans la gauche, du moins ce qui tient à ses caractéristiques telles que vous les décrivez. Le conseillisme et l’auto-organisation, le principe de l’autonomie contre et dans le capital, ne sont pas des valeurs ou des formes portées par la gauche, son aile radicalement démocratiste se contentant pour l’heure de promouvoir un mélange de démocratie directe et participative. Ces formes apparaissent aussi contre cette gauche dont vous parlez, et ce depuis qu’elles existent et reviennent dans les luttes. Et pourtant, le capital pourra parfaitement s’en accommoder. C’est le genre de questions abordées ici, parce que les luttes actuelles les posent pour le communisme comme mouvement de destruction du capital.

                J’aurais tendance à me méfier non pas de mes ennemis, mais de n’en voir qu’un seul et de considérer que c’est le "principal", ou celui qui conditionne les autres. Le capital a besoin de l’Etat et ne peut exister sans lui. Mais on peut tout à fait imaginer une société sans Etat, autogérée, sur la base de l’auto-organisation des travailleurs entre eux : une société des travailleurs exploités par eux-mêmes, portant leurs chaînes comme des médailles. C’est ce qui est critiqué ici, au-delà de la gauche "ennemi principal" ou pas.



  • Mouvement étudiant : l’impasse ultra-gauche, anti gauche, 23 avril 2006

    Mouvement étudiant : l’impasse ultra-gauche

    La levée des blocages s’opère dans beaucoup de facultés. Beaucoup d’étudiants ressentent l’abrogation du CPE comme une grande victoire, et la grande majorité, qui ont manifesté contre la précarité souhaite passer leurs examens.

    Dans quelques facultés, des minorités, souvent impulsés par l’ultra-gauche, tentent de s’opposer par la force à des votes, ou bien à la reprise des cours.

    Parfois, dans d’autres lieux, ils opèrent des actions spectaculaires, pour faire parler d’eux. C’est ce qui s’est passé ce mardi, au quotidien économique « La Tribune », propriété du patron de LVMH Bernard Arnault, par ailleurs première fortune de France.

    Un groupe de cent cinquante personnes, affirmant représenter à la fois la coordination nationale étudiante de Nancy, les sans-papiers, les intermittents du spectacle et les précaires, a envahi les locaux de la rue Vivienne, à Paris.

    Prise immédiate de parole d’un représentant, expliquant aux étudiants qu’ils étaient dans le cour de la désinformation au service du capital.

    Immédiatement, un ouvrier du Livre CGT, présent, a tenu à prendre la parole.

    Il a expliqué que dans ce quotidien, d’obédience libérale, il y avait des ouvriers, syndiqués à la CGT, mais aussi des journalistes qui, bien que salariés dans un journal appartenant à Bernard Arnault, avaient participé aux manifestations contre le CPE, et étaient capables d’exprimer, dans certains papiers, des positions pertinentes sur l’économie, qui n’allaient pas toutes dans le sens du modèle dominant.

    Cette nuance apportée ne fut pas du goût de tout le monde, notamment de ceux qui pensent que le monde doi être blanc ou noir, et qu’un salarié de « La Tribune » est obligatoirement un agent du capital.

    Des discussions ont commencé. Les étudiants (dont les porte-paroles étaient assez âgés pour des étudiants) ont lu un texte interminable, avec des côtés intéressants (l’explication que le CPE n’était qu’une partie de la loi pour l’égalité des chances, et qu’il fallait abroger totalement cette loi) et des revendications plus contestables, telles que l’amnistie et la levée des poursuites contre tous les participants des mouvements sociaux (émeutes de novembre-décembre, mouvement actuel). Traduction : libérez les incendiaires d’écoles et les voyous frappeurs racketteurs.

    Le responsable de la rédaction, par ailleurs libéral bon teint, François-Xavier Pietri, a discuté avec les étudiants, de manière courtoise, mais leur a fait savoir qu’en aucun cas, il n’accepterait de passer dans le journal le communiqué (fort long) qu’on voulait lui imposer.

    Des discussions eurent lieu un peu partout, dans la rédaction, avec des journalistes, et avec les ouvriers du Livre. T

    rès rapidement, les militants ouvriers les plus avertis constatèrent que le groupe était composé de deux entités : des étudiants sincères et déterminés, convaincus qu’il fallait continuer le combat, et toute une mouvance ultra-gauche, porteuse d’un discours dont les cibles étaient essentiellement les organisations syndicales étudiantes, dont l’Unef, et les organisations syndicales ouvrières, dont la CGT.

    Ainsi, celui qui apparaissait comme le responsable le plus écouté des cégétistes n’accepta pas le discours de type CNT tenu par un des manifestants, agressif verbalement, par ailleurs âgé d’une cinquantaine d’années, qui affirma que la CGT était vendue aux patrons et aux flics, et était prête à brader le mouvement pour avoir la direction de l’Unedic. Il le fit virer de la salle, et lui dit de ne pas remettre les pieds dans ce local.

    Un autre tract, hallucinant, l’ « Appel de Raspail » fut distribué.

    Intitulé « Pour la désindustrialisation du Monde », il réclamait, de manière provocatrice, la fin d’un emploi stable pour chacun, et que la crise s’aggrave. On parlait aussi de décroissance. Les ouvriers CGT firent remarquer à quelques étudiants que c’est avec ce genre de conneries que les usines ferment, et que le chômage progresse. La position des ouvriers du Livre CGT, tout au long de l’occupation, fut claire : on ne fait pas grève parce que vous avez envahi le journal, on est solidaires du mouvement étudiant, et on ne travaillera pas tant que vous serez présent.

    Mais on protège l’outil de travail, les ordinateurs, et on vous demande de ne rien toucher sans notre accord. Finalement, il fallait une conclusion. Après une heure et demie d’occupation, une centaine de gendarmes mobiles, bouclier au poing, pénétrèrent dans les locaux, pour procéder à l’évacuation du journal.

    Là encore, les représentants de la CGT discutèrent, et obtinrent que l’évacuation se passe sans violence, et qu’aucune interpellation n’ait lieu dans la rue. Mais ils ne s’opposèrent pas à la présence policière dans l’entreprise, ni à l’évacuation. Cela prit environ une heure. S’il y eut quelques bousculades, manifestement, les forces de l’ordre avaient des consignes qu’il n’y ait pas de casse de matériel, ni de blessure.

    Seuls quelques salariés inexpérimentés, qui n’ont pas dû faire beaucoup de manifestations dans leur vie, virent des brutalités policières dans cette évacuation. Une fois tout le monde sorti, on vit un spectacle surréaliste, rue Vivienne. Cent cinquante manifestants, encadrés par plus de deux cents gendarmes mobiles armés de mégaphones, furent escortés jusqu’au métro, accompagnés par les ouvriers et par des journalistes, qui veillèrent à ce qu’aucune interpellation n’ait lieu.

    Arrivé à l’angle de la rue Vivienne et du boulevard, les gendarmes s’écartèrent, et laissèrent partir les manifestants. Journalistes et ouvriers reprirent ensuite le travail, et le journal a quand même été bouclé, même en retard, et sera présent dans les kiosques dans le lendemain, avec même un coup de pub gratuit pour lui, puisque l’information de l’occupation a été relayée par nombre de médias.

    Reste une question politique : sans nier la sincérité des étudiants présents, la manipulation de l’ultra gauche, et le discours hostile aux organisations syndicales, représentatives de la réalité du mouvement social et de la victoire contre le CPE, est patente.

    On ne peut donc que se poser ces questions : ces actions et ces discours aident-ils le mouvement social et le monde du travail dans sa lutte contre le libéralisme, et à qui

    profitent les actions groupusculaires de l’ultra gauche ?

    Pierre Caspi

    le jeudi 20 avril 2006 à 18h05


    • La brèche de "l’ultra-gauche", Apnée, 23 avril 2006

      Ces actes et paroles sont la lutte contre le capitalisme, et non le « libéralisme ». Il n’y a pas de « mouvement social » ou de « monde du travail » à aider. Car un mouvement est historique, quelle que soit son intensité, ou rien : « social » est un adjectif de journaleux ayant pour sens la spectacularisation et l’objectivation de ce qu’à d’historique et de subjectif un mouvement. Il s’agit d’imposer au lecteur une position théoricienne de sociologue observateur distancié pour le convaincre qu’il serait situé en dehors du « social ». Et par ailleurs il n’y a pas non plus un « monde du travail » qui serait à côté d’un autre monde : le capitalisme c’est la réduction du monde au travail. Enfin, ces actions ne « profitent » pas, ça arrive, parfois, même dans le « monde du travail » !


    • Mouvement étudiant : l’impasse ultra-gauche, Bernard Lyon, 23 avril 2006

      Ce message vient bien-sûr d’un anti-ultragauhe, apparemment d’un CGTiste, mais il est très utile pour savoir ce qui s’est fait à "La tribune" et comment peut (ou ne peut pas ) s’articuler la critique communiste avec un mouvement de lutte revendicatif même de masse et "radical" dans ses formes. En tout cas le nom d’ "ultragauche" qui avait fini par être attribué aux ex-gauchistes démocrates radicaux, nous est revenu ! Dommage que c’est un peu tard, il nous reste à nous faire attribuer le terme "communisateur" ( ne me dites pas "à quoi bon ?" svp)

      Salut à tous, et à bientôt qu’on se voit, il me semble qu’on a des choses à se dire !

      BL



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 23 avril 2006

    AG en lutte l’Assemblée générale en lutte se réunira lundi prochain, 24 avril à 19 heures au local dit "La serre volant", sis au 52, rue Servan à Paris 19e arrondissement (Métropolitain rue Saint Maur, ligne 3). La derniere réunion tenue mercredi a poursuivi les débats autour de la question d’un lieu permanent et des projets qu’il pourrait accueillir et les moyens d’y parvenir. Par ailleurs, la question de la périodicité a également été soulévée. Ciboulette et Julie le vendredi


    • « 2007 ? NON MERCI ! », tract distribué à Avignon lors de la manifestation du 1er mai 2006., x, 2 mai 2006

      2007 ? NON MERCI !

      « Le problème c’est qu’aujourd’hui, c’est qu’y en a qui croient faire la révolution par les urnes. Moi, personnellement, ppfff... j’en ai rien a foutre, j’y crois pas, j’irais pas voter » C. étudiant bloqueur, dans un bistrot

      LE RETRAIT DU CPE n’est pas réellement une victoire puisqu’il a été remplacé par un nouveau contrat aidé, que le reste de la loi sur l’égalité des chances (LEC) est passé sans encombre (apprentissage dès 14 ans, travail de nuit dès 15 ans etc.), sans compter les autres revendications officielles du mouvement (lois Sarkosy...), le CNE qui reste en place... difficile de parler de victoire. Ce qu’il faut signaler c’est que la mobilisation a tout de même obligé le gouvernement à un recul tactique. Cette reculade, orchestrée avec l’action de ses alliés objectifs que sont médias et syndicats, a permis la démobilisation. Mais, lors de ces deux mois de lutte, la rue a rappelé qu’elle conservait tout son pouvoir corrosif, l’état la craint et fait de son mieux pour la combattre.

      LES SYNDICATS n’ont pas trahi le mouvement après lequel ils couraient, mais ont assumé pleinement leur rôle, celui de médiateur, de canaliseur, de modérateur, de négociateur... brandissant bien haut le possible appel à une grève générale que tous les pouvoirs craignaient (eux en premier). L’utilisation de grandes journées de dé-mobilisation tout en calmant la base était une condition nécessaire pour qu’il se pose à tous en représentant d’un mouvement auquel ils étaient totalement étrangers.

      LES POINTS POSITIFS du mouvement dit anti-CPE :

      - Rejet des syndicats considérés très lucidement comme inutiles et nuisibles.

      - Rejet des leaders et fonctionnement collectif horizontal (parfois en se passant de délégués élus et révocables).

      - Action directe, au-delà du symbolique (s’attaquer à l’économie), le refus des manifs pépéres, planplan, de digestion.

      - Utilisation de la violence, questionnement quant à son usage (contre la condamnation initiale des « casseurs » et du moindre semblant de dégradation, on en est venu à se questionner, à proclamer « nous sommes tous des casseurs ! », à parler de « réapropriation de la violence »).

      - Passer outre la légalité, outre les directives de la police, les services-d’ordre syndicaux (manifs sauvages...).

      - Volonté de dépasser le catégoriel. Appel à l’amnistie des « émeutiers de novembre ». Très rapidement, dans la lutte quotidienne, les actions, les AG, les étudiants ont été rejoints par les lycéens, puis de jeunes travailleurs et chômeurs. Les trois millions de manifestants, même si la reconduction de la grève n’a pas eu lieu, montrent qu’il ne s’agissait pas de soutenir, d’aider, les étudiants, mais que cette lutte était celle de tous. Travailleur et chômeurs « plus âgés » ont individuellement rejoint le mouvement. Appel à des AG interpro constant (le terme « interpro » reste pourtant encore limitatif, puisqu’il prend en compte la division capitalistique en différentes « professions » qui s’y trouveraient ainsi juxtaposées, alors qu’il aurait été bien plus percutant de les dépasser).

      - Envies de dépasser le cadre revendicatif. Contre de simples réformes, conscience de se battre contre un système (le Capitalisme que certains n’osent nommer).

      - Création d’espaces de vie, d’expérimentation, de solidarité, de réflexion collective.

      Les acteurs du mouvement, tout comme ses adversaires, ont pris conscience que la généralisation de ces points était LE réel danger.

      LA POURSUITE DU MOUVEMENT ? Courons-nous assez vite pour le rattraper ? C’est plutôt lui qui viendra nous chercher. Les « irréductibles » ne provoqueront pas sa réapparition, ne le referont pas revivre artificiellement par la constitution de collectifs, les gesticulations politiciennes ou l’adhésion à des syndicats et organisations politiques. Les récupérateurs, recycleurs de cadavres encore chauds préparent déjà le terrain pour Ségolène (le mélange Thatcher/Blair à la française). Les élections de 2007 ? Rien à foutre !

      GUERRE SOCIALE ! MORT AU CAPITAL !

      CREVE LA DEMOCRATIE ET TUTTI QUANTI !

      BIC (Brigade d’Intervention pour la Communisation et l’anarchie)



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE [Réunion post AG en lutte], , 10 mai 2006

    vendredi 12 mai 2006

    19H00 - La Serre Volante 52 rue servan metro rue saint maur - Réunion post AG en lutte

    A ceux qui veulent vider le vase, nous répondons : brisons-le ! réunion sur la base du texte suivant le vendredi 12 mai à 19h précises au 52, rue Servan, M° Saint Maur

    A ceux qui veulent vider le vase, nous répondons : brisons-le !

    L’AG en lutte s’est constituée dans le cadre du mouvement dit « anti-CPE ». Le contexte n’étant plus le même, cette AG n’a plus de raison d’exister. Ce mouvement n’a pas trouvé les moyens de perdurer au-delà des consignes syndicales , ni de sortir du cadre étudiant. Nous sommes nombreux à avoir participé aux AG. Nous avions des positions différentes, cependant une chose nous unissait : le CPE n’était qu’un outil de plus d’exploitation du capitalisme ; son retrait n’empêchera pas ce système de poursuivre ses offensives. Le CPE n’était qu’une goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Certains espèrent le vider en écopant. Que ceux qui pensent que le seul moyen est de s’organiser pour le briser se retrouvent le vendredi 12 mai à 19h précises au 52, rue Servan, M° Saint Maur.

    Après la dernière AG en lutte



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE [Le CPE, une goutte d’eau dans un lac de rage], , 11 mai 2006

    Le CPE, une goutte d’eau dans un lac de rage

    Quelques remarques sur la violence, l’illégalité et l’orientation des luttes sociales (Grenoble, avril 2006)


    par Les enragé-e-s ouvrent le bal

    Ce texte mêle en vrac quelques réflexions nées à Grenoble lors de ce qu’on appelait jusqu’à il y a encore peu de temps le mouvement anti-CPE... Il n’est pas forcément très construit mais a pour oblectif de lancer des pistes à creuser. C’est toujours ça.

    La violence comme moyen de se faire entendre

    « S’il y avait connexion entre les étudiants et les banlieues, tout serait possible. Y compris une explosion généralisée et une fin de quinquennat épouvantable. »

    Nicolas Sarkozy, Ministre de l’Intérieur, dimanche 12 mars 2006, cité dans "La grande peur de Sarko", en page 2 du Canard enchaîné (n°4455, 15 mars 2006).

    « Les émeutes, ce n’est pas un hasard. Les profs sont au service du gouvernement, pas au service de l’élève. »

    Un professeur vacataire en lutte dans le 94, lundi 20 mars 2006, sur France Inter.

    « Ma grande crainte est que l’on ne se retrouve plus dans de l’opposition au CPE, mais dans de la provocation et dans un enchaînement de violence.. J’en appelle donc au retrait du CPE, à la responsabilité et au retour de la paix sociale. On est dans une situation folle. Il faut voir l’image qu’à la France en ce moment à l’étranger ; surtout après ce qui s’est passé en novembre. Une image épouvantable. »

    Michel Destot, Maire de Grenoble, interviewé dans le Dauphiné Libéré du vendredi 31 mars 2006 (n°19092).

    Au fil des semaines, dès les premières manifs du mois de février, le mouvement étudiant-lycéen-syndical contre le CPE s’est peu à peu transformé en révolte sociale, renouant avec certaines des pratiques violentes d’octobre-novembre 2005, lorsque des émeutes avaient éclaté dans de nombreux quartiers populaires un peu partout en France.

    Aujourd’hui, alors que le CPE a été "remplacé" (pour ne pas dire "retiré"), alors que la gauche dans son ensemble parle de grande victoire, alors que la société reste la même, alors que partout c’est la merde, ni la gauche ni la droite au pouvoir ni les médias ne diront que la chute du CPE est due avant tout aux débordements permanents du mouvement. Pourtant, sans la violence, sans les différentes pratiques illégales des manifestant-e-s, nous en serions encore à nous demander le cul vissé devant la télé "mais pourquoi rien ne change alors que nous étions des millions à manifester sagement dans la rue ? notre citoyenneté n’a donc aucune valeur ?". L’ironie de départ de ce texte se situe dans ce paradoxe :

    Si le CPE est mort, c’est parce que des dizaines de milliers de révolté-e-s ont foutu le bordel de Paris à Toulouse, de Rennes à Grenoble, etc. Pourtant, la plupart de ces révolté-e-s restent plein-e-s d’insatisfaction et de rage, leur révolte reste intacte. Le CPE n’était pour eux et elles qu’un détail.

    Ceux et celles qui crient victoire devant les caméras et se réjouissent au micro de la mort du CPE sont les mêmes par qui rien ne serait jamais arrivé si l’on avait suivi leurs mots d’ordre ("dispersez-vous !"). Ce sont également les mêmes qui ont hurlé au scandale face aux "casseurs", les mêmes qui ont empêché toute manifestation "sauvage", les mêmes qui ont tenté de canaliser la révolte vers la légalité des défilés officiels et autorisés. De l’UNEF à la CGT, tou-te-s devraient reconnaître que c’est avant tout grâce aux casseur-e-s, grâce à tou-te-s celles et ceux qui ont participé aux actions de blocage et de sabotage, grâce à tou-te-s celles et ceux qui ont pris au pied de la lettre leurs slogans "... ou alors ça va péter, ça va péter !" (tandis qu’eux-mêmes n’avaient qu’une peur, celle que cela se réalise bel et bien), que le CPE est mort-né et que Villepin a été ridiculisé au sommet de l’Etat.

    Tout ceci n’aurait bien sûr pas été possible non plus sans la mobilisation des centaines de milliers voire des millions de personnes lors des diverses manifs de début février jusqu’à mi-avril. Au-delà des conflits avec les syndicats, la complémentarité des moyens d’action a été une de nos grandes forces.

    Mais en réalité, ce que nous retiendrons de tout ça, c’est bien plus que le "remplacement" ou le "retrait" du CPE. Nous nous souviendrons longtemps de cette union pour un mouvement populaire opposée à l’autre Union pour un Mouvement Populaire, nous retenons ce qui s’est passé entre nous, ce que nous avons commencé à construire ensemble comme ce que nous avons commencé à détruire ensemble.

    A Grenoble, la première manif (le 7 février) a annoncé la couleur puisqu’en fin de manif le parvis de la préfecture a été envahi par des dizaines de manifestant-e-s, qui ont descendu les trois drapeaux nationaux pour les remplacer par des drapeaux rouge et noir. La frontière de la légalité était déjà franchie. Et cela n’a plus cessé, jusqu’aux actions du 11 avril visant en vrac agence d’intérim, agence immobilière, ANPE et médias locaux (Dauphiné Libéré, France Bleu Isère, M6-Grenoble).

    Le 18 mars, en fin de manif, alors que la BAC en était encore à parader au milieu des manifestant-e-s, une grosse partie du rapport de force s’est joué pour la suite du mouvement à Grenoble : après avoir arrêté deux personnes, la BAC est obligée de sortir flashballs et tonfas pour repousser les manifestant-e-s en colère, qui se mettent à caillasser en vrac la BAC et les CRS. Les mecs de la BAC reviendront casqués et resteront dès lors bien à part des manifestant-e-s. La prise de conscience et la révolte prennent de l’ampleur.

    Les 23 et 28 mars, ça part carrément en émeutes dans le centre-ville. Ce que redoutait Sarkozy se réalise, la connexion entre étudiant-e-s et jeunes des banlieues est intense (on pourra bien sûr regretter que ces moments de lutte commune soient bien souvent restés sans lendemain, pour le moment en tout cas). Le rapport de force est tangible, la révolte n’est plus symbolique mais bien concrète. En nuisant à la police et plus largement aux tenants du maintien de l’ordre, nous sortons de la résignation et de l’impuissance habituellement ressenties. Destructions et transformation de la ville pacifiée en lieu d’émeute sont synonymes de création, et inversement. Nous avons tou-te-s plus ou moins conscience que vivre dans un monde que nous choisirions devient impossible sans la destruction complète du monde actuel. Ainsi, lorsque nous détruisons ce qui nous opprime, nous participons à ouvrir les brèches qui nous permettent de créer de nouveaux rapports sociaux.

    La violence insurrectionnelle (et donc destructrice) des manifestant-e-s porte en elle les germes de la construction d’une vie passionnante, une vie dépassant le cadre de la survie (que celle-ci soit sous-prolétaire ou bourgeoise, "occidentale" ou du "tiers-monde"), une vie réappropriée des mains de l’Etat et des patrons, abolissant le travail-famille-patrie-télé. La créativité contenue dans cette violence exprime l’impatience d’en finir avec la dépossession de nos vies, la négation en actes des rôles dans lesquels nous sommes censé-e-s rester enfermé-e-s.

    Si les moments d’émeutes à Grenoble n’ont pas été aussi violents qu’à Paris ou qu’ailleurs, si les débordements ont été plus discrets dans certaines villes qu’à Grenoble, il paraît clair qu’un même état d’esprit insurgé se retrouvait partout. Les moyens spontanés ont parfois manqué pour matérialiser la révolte. Peut-être que des connexions vont se solidifier et s’inscrire dans la durée. Peut-être que nous saurons mieux prendre des initiatives émeutières, sans attendre que les flics eux-mêmes déclenchent l’affrontement (on a vu le 4 avril qu’ils pouvaient rester muets face à des caillassages quand ceux-ci arrivaient dans des moments stratégiquement gênants pour eux).

    Dans l’ensemble du mouvement, les actions directes ont été utiles. Caillasser les flics, briser une vitrine ou retourner une voiture, ça n’a pas forcément un impact direct sur le pouvoir en place, mais ça augmente la tension, ça nuit à la paix sociale, ça augmente l’impact de notre lutte.

    Bien sûr, il reste encore plus intéressant, dans la mesure du possible, de cibler nos actions.

    L’illégalité comme conséquence de la désobéissance

    « Le refus d’être esclave est vraiment ce qui change le monde. »

    Raoul Vaneigem, Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, 1967, p.265.

    La délinquance, comme désobéissance spontanée, comme opposition radicale à la citoyenneté, porte en elle la contradiction profonde de l’organisation des lois de cette société. Face au mépris généralisé qui lui est renvoyé sous forme passive (désintérêt massif pour la vie citoyenne ou la politique institutionnelle) ou active (délits de toutes sortes - émeutes, sabotages, destructions, vols, économie parallèle, etc.), le pouvoir ne cesse d’accroître les moyens dont il dispose pour contrôler la population.

    Comme le veut la très citoyenne remarque : "plus vous commettrez d’infractions, plus ils mettront en place des moyens de contrôle pour vous en empêcher". Tout bon citoyen devrait aller au bout de ses idées policières et conclure par un "soumettez-vous, cessez donc de vivre", qui serait du meilleur effet.

    La démocratie s’est arrangée pour acheter la paix sociale avec son lot de divertissements (télé, gadgets, tout le matériel du spectacle). En rajoutant la couche participative (associations, festivals, élections, débats avec nos sauveurs les "élus", etc.) [1], la gauche citoyenne a espéré canaliser les mécontentements sociaux, mais elle n’a pas plus réussi en cela que les religieux et autres récupérateurs de tous bords.

    En réalité, la solution ultime pour la coalition Etat/capital est bel et bien la répression et sa meilleure alliée : la prévention sécuritaire. L’idéologie sécuritaire n’a pas attendu l’accroissement de la délinquance et des pratiques illégales pour renforcer son dispositif (police, armée, milices privées, services "sociaux", prisons, vidéo-surveillance, satellites et autres contrôles des moyens de communication, puces RFID, biométrie, etc.). A nous de renverser la remarque citoyenne précitée : "plus l’Etat et les entreprises privées mettront en place des moyens de contrôle pour nous empêcher de vivre en toute illégalité, plus nous mettrons en place des moyens d’y résister et d’y échapper". Tout-e bon-ne délinquant-e devrait aller au bout de sa désobéissance active et conclure par un "insoumission ! c’est maintenant que nous vivons" qui serait du meilleur effet [2].

    Dans le genre banale délinquance, tous les médias se sont jetés récemment sur les prétendus et controversés 300 000 euros de dégâts commis dans la galerie des amphis (UPMF), "saccagée" essentiellement par des graffitis inscrits sur tous ses murs... Ce lieu, habituellement étroitement limité à la réception passive de cours menant les étudiant-e-s droit à l’intégration dans un monde privé ou fonctionnaire, dans l’objectif d’être toujours rentables et soumis-es, est devenu pendant une bonne trentaine de jours d’occupation un lieu de vie, d’échanges humains, et quoi qu’on en dise, de création et d’autogestion, parfois de création à travers la destruction (toute partielle) d’un lieu de toute façon inhabitable et aux mains d’un président d’Université (monsieur Courlet) qui représente à lui seul tout ce qu’il y a de plus puant dans les institutions de ce monde (l’arrogance du pouvoir, mais aussi son hypocrisie, ses mensonges et manipulations, par dessus tout ses volontés de préserver ses privilèges). Qui décide de quoi au sujet de cette galerie des amphis ? Qui décide de quoi dans cette université comme dans les autres ? Qui décide de quoi dans ce monde ? Qui peut décider de quoi ?

    Bien sûr, l’autogestion, comme mode de création d’une vie nouvelle, était pour la plupart d’entre nous une découverte. Pratiquée dans les squats ou dans certains collectifs, il nous reste à l’expérimenter sur du plus long terme, en étant de plus en plus nombreux-euses à l’envisager comme moyen et comme fin en soi. Sachant que le pouvoir a vis-à-vis de cette démarche deux intentions qui suivent une même logique, celle de nous mettre des bâtons dans les roues :

    utiliser la loi et la force contre nos expérimentations, nécessairement illégales puisque autonomes. Ceci rend l’autogestion et l’autonomie partielles car "précaires", dépendantes du rapport de force mis en place face aux autorités du système duquel nous sommes prisonnier-e-s de toute façon.

    nous pousser à pratiquer l’autogestion (ou la cogestion) au sein d’entreprises ou de lieux dépendants du système de manière légale (critères de sécurité, loyer, objectifs restreints / assos, etc.).

    Le but est toujours de faire rentrer dans le rang, de nous rendre acceptables et inoffensifs.

    Des médias et de l’orientation des luttes sociales

    Les médias, tentant de fabriquer la réalité, ne cessent de relayer des propos anti-grévistes au moindre blocage. Ce n’est pas nouveau, et cela s’est vérifié lors de ces deux derniers mois. Les journalistes, dans leur grande bonté, donnent la parole au peuple. Mais pas n’importe quel peuple, plutôt celui qui se plaint, celui qui se lamente, celui qui est une victime perpétuelle, celui qui n’a rien à redire des patrons et de l’Etat mais qui ne supporte pas qu’on l’empêche d’aller travailler, celui qui n’envisage pas un seul instant de se placer en solidarité avec les grévistes.

    Parmi les joies ressenties lors de ce mouvement, il y a eu les rencontres et les forces collectives pendant les émeutes et autres manifs sauvages. Il y a eu les forts bouleversements des rapports sociaux pendant l’occupation de la galerie des amphis ou les blocages de lycées. Il y a aussi eu les joies qui provenaient des différents signes de solidarité, effectués par toutes sortes de personnes, que ce soit pendant les manifestations ou pendant les émeutes... Parfois, des travailleur-euse-s étaient vraiment emmerdé-e-s par certaines formes de blocage, mais il nous paraissait parfois complètement dingue, alors que la ville était le lieu de plusieurs émeutes simultanées, que la vie continue pour certain-e-s comme s’il ne se passait rien de spécial (ce ne fût pas toujours le cas, puisque certains jours, des rues commerçantes entières avaient fermé leurs boutiques préventivement ou en voyant affluer manifestant-e-s et odeurs de lacrymo).

    « Le 9 février 1961 à Naples, des ouvriers sortant le soir des usines ne trouvent pas les tramways qui les transportent habituellement, dont les conducteurs ont déclenché une grève-surprise parce que plusieurs d’entre eux viennent d’être licenciés. Les ouvriers manifestent leur solidarité aux grévistes en lançant contre les bureaux de la compagnie divers projectiles, puis des bouteilles d’essence qui mettent le feu à une partie de la gare des tramways. Puis ils incendient des autobus, affrontent victorieusement la police et les pompiers. Au nombre de plusieurs milliers, ils se répandent dans la ville, brisant les vitrines et les enseignes lumineuses. Dans la nuit, on doit faire appel à la troupe pour ramener l’ordre, et des blindés font mouvement sur Naples. »

    Internationale situationniste n°7, "Notes éditoriales" (Les mauvais jours finiront), 1962, p.11.

    On a une fois de plus constaté, lors du mouvement contre le CPE et son monde, que le pouvoir comme les médias ne parlent de nous en termes "positifs" que quand ils nous considèrent comme inoffensifs, comme pour canaliser l’orientation de notre lutte. Quand nous devenons menaçant-e-s, dangereux-euses pour leurs privilèges, pour le statu quo, pour la paix sociale, le discours peut changer du jour au lendemain et nous sommes alors transformé-e-s en "casseurs", "voyous", qui n’avons "rien à voir avec les manifestant-e-s". A partir de là, c’est à nous de faire connaître nos luttes, à nous de créer des médias indépendants et d’intervenir directement le plus souvent possible (par la parole et la rencontre). On nous a trop habitué-e-s à communiquer indirectement (notamment à travers ce texte - nous ne voulons pas dire qu’il faut cesser d’écrire, simplement rappeler que ce qui s’est passé de plus fort lors de ce mouvement a été vécu directement, de vive voix).

    Les médias, encore eux, cherchent à décrédibiliser notre lutte en annonçant partout que les grands gagnants du mouvement anti-CPE sont Sarkozy (qui devient le seul présidentiable envisageable pour l’UMP), le PS (la gauche unie profite toujours aux plus pourris) et les syndicats (en particulier la CFDT dont le grand mérite serait d’avoir été présent jusqu’au bout... jusqu’au bout de quoi ?).

    Ce que nous savons, c’est que nous ressortons plus déterminé-e-s que jamais de ce mouvement. Ce mouvement, nous le prolongeons, sous d’autres formes. Pendant ces semaines de lutte, d’émeutes, de blocages, d’occupations, nous avons vécu ce que nous choisissions de vivre (dans la mesure ou "choisir" était possible). Nous n’avons pas fait comme on nous a dit de faire. Nous avons rencontré des gens avec qui nous avons des pratiques et des réflexions communes, pratiques et réflexions qui tranchent avec les politiques institutionnelles et électoralistes.

    C’est en restant calmes que nous aurions fait "le jeu" de Sarko, du PS et de la CFDT ! C’est à coup sûr en nous calmant que ceux-ci se réjouissent des perspectives électorales de 2007. Pourquoi on resterait calme ?

    L’autonomie actuelle de nos luttes est forte en ce qu’elle est incontrôlable et agissante.

    Tout en restant incontrôlables, nous serions encore plus fort-e-s en étant organisé-e-s en réseaux d’entraide. Restons en contact, continuons d’en créer de nouveaux. Répandons nos désirs.

    Grenoble, 20 avril 2006

    Les enragé-e-s ouvrent le bal

    Les enragé-e-s ouvrent le bal


    [1] Notons que la gauche est loin d’avoir le monopole du "participatif" puisque toutes les émissions de télé ou de radio appellent leurs téléspectateur-ice-s ou autiteur-ice-s à "participer" en "intervenant" d’une façon ou d’une autre (poser une question à l’antenne, participer à un jeu, un sondage, un "vote", sans oublier bien sûr tout ce qui touche à la "télé-réalité"). C’est aussi ça la "démocratie participative"..

    [2] Et au-delà de la démarche individuelle, penser l’organisation collective de réseaux criminels (au sens subversif du terme) de résistance et d’offensive semble nécessaire, non ?



  • Chronique(s) de la lutte contre le CPE, , 18 mai 2006

    Appel à coordination nationale des collectifs ni cpe ni cdi

    Le dernier mouvement qui a été amorcé par le refus du CPE à mis en lumière une crise bien plus profonde. Comme pour la révolte de novembre 2005, les médias ont bien évidement caché l’essentiel : une partie de la population s’oppose à ce système et lutte en dehors du carcan politico-syndical habituel.

    Pendant le mouvement les syndicats ont une fois de plus joué leur rôle de sabotage social en appelant pas à la grève générale. Depuis 1968 la place de ces syndicats au côté du pouvoir est évident, mais cette fois-ci, ils se sont complètement fait déborder par la spontanéité de la lutte. Des nouvelles méthodes ont été inventé : blocage économique comme en Argentine, appel direct à la grève général auprès des travailleurs, déménagement des ANPE et agences d’intérims... On a vu aussi beaucoup de textes circuler dans toute la France refusant le salariat, la valeur travail et le rapport marchand.

    On pourrait dire qu’une tendance « Ni CPE-Ni CDI » a vu le jour spontanément. Pour toutes ses raisons l’ancien collectif Chômeur-Précaire-Etudiant de Toulouse fait un appel à une rencontre nationale auprès de toutes les personnes ayant lutté dans ce sens. Ce sera l’occasion d’échanger ensemble, de débattre et peut être de s’organiser en vue luttes futures.

    Cette rencontre aura lieu le Samedi 17 et Dimanche 18 Juin au parc de la Mounéde à Toulouse à partir de 10H à l’occasion du festival L’ATIPIK. Des hébergements seront proposés.

    contacter [email protected]


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