dimanche, 14 mai 2006
Provocateurs ?
Nous publions ce texte diffusé durant la lutte par Mouvement Communiste sous forme de tract parce qu’il est une position politique et théorique qu’il faut traiter en tant que telle, comme ce que nous avons à combattre,
comme quelque chose qui a sa réalité actuelle dans la lutte de classe. En
tant que telle il faut montrer ce qu’ils disent et peut-être font, dire
qu’ils sont devenus et ne pourront se confirmer que comme acteurs (entre
autres) d’une mise en forme de ce que nous avons à combattre dans ce cycle
de luttes. Défendant le prolétariat, ils se préparent et se manifestent
déjà dans la mesure de leur possibilité à faire office de police contre
tout mouvement ou dynamique de lutte qui pourrait contenir sa remise en
cause. Il est devenu évident qu’ils se rallieront à toutes les forces du
capital pourvu qu’elles préservent une existence qu’ils posent en idéal du
prolétariat, ce qui est la contre-révolution même. Ce ne sont pas les
quatre pitres du MC qui sont ici en cause, mais la compréhension dans le
présent de la dynamique qui le dépasse et dans laquelle nous devons
prendre position.
Théo Cosme
Certains passages ont été soulignés par nous ;
On peut voir l’original ici
POUR OBTENIR LE RETRAIT DU CPE/CNE, IL EST NECESSAIRE QUE TOUS LES TRAVAILLEURS REJOIGNENT LA LUTTE
Cette journée d’action arrive bien tard et risque de ne pas être suffisante pour obtenir
le retrait du CPE/CNE. Les tractations entre centrales syndicales et gouvernement n’ont
aucune chance d’y aboutir si le front de lutte ne s’élargit pas. La mobilisation étudiante etlycéenne a atteint un palier. Pour l’essentiel, le mouvement tient encore mais il a besoin d’unnouveau souffle pour réussir.Le gouvernement et les patrons font de cette affaire une bataille politique. Ils sont convaincus que, s’ils cèdent, leur programme de flexibilisation du marché du travail se retrouvera bloqué pour plusieurs années.
Les confédérations syndicales, de leur côte, n’ont rien fait pour accroître la volonté des travailleurs de se joindre à ce combat. De très rares assemblées générales, organisées localement, ont été tenues dans les entreprises.
Pourtant, cette lutte est vitale pour un grand nombre de salariés. Dans beaucoup d’usines, de magasins et de bureaux, les patrons utilisent amplement les différentes formes de précarité déjà existantes. A Flins, chez Renault, la moitié des ouvriers de chaîne sont intérimaires. A la Poste, un tiers des travailleurs ne sont pas titulaires du statut de postier. En 2005, près de 14% des salariés en France n’avaient pas des contrats à durée indéterminée.Et ceux qui bénéficient des emplois les plus stables, sont, eux aussi, de plus en plus exposés aux licenciements et à la précarité. Rien qu’en janvier 2006, 16.000 travailleurs en CDI ont subi des licenciements économiques, 53.600 autres ont été mis à la porte pour des raisons différentes. En moyenne, le temps passé au chômage est désormais de 12 mois. La durée des CDI est loin d’être à vie. Dans le secteur marchand non agricole, elle n’est que de 110 mois en moyenne.
Face à ces réalités, la réponse syndicale n’est pas de contribuer à unir les travailleurs
par delà leur condition. La défense syndicale à tout crin de l’entreprise et de l’outil de travail, le patriotisme économique dont ils font sans cesse preuve, la recherche continue de la compromission avec l’Etat, leur action de cogestion de l’exploitation, les en empêche.
Les syndicats et les partis de gauche qui claironnent leur opposition au nouveau
contrat ne font rien pour favoriser la convergence sur le terrain de la lutte entre le mouvement en cours et les travailleurs. Comme la précédente, la manifestation de mardi est un excellent moyen pour eux d’exploiter les énergies dégagées par la lutte à des fins électorales (2007 approche...) et/ou pour renforcer leur pouvoir contractuel vis-à-vis du gouvernement.
C’est pourquoi, le mouvement contre le CPE/CNE doit prendre directement en main la perspective de l’élargissement et de l’enracinement de
la lutte. Le mot d’ordre de grève générale, en l’état, n’est pas crédible. Des
nombreux pas doivent être faits pour parvenir à un combat global de la
classe ouvrière contre la précarité dans toutes ses formes, anciennes et
nouvelles.
Il faut éviter de rester campés dans une logique de lutte purement étudiante. Le seul
chemin praticable est celui de la recherche de l’établissement de liaisons directes entre
étudiants, lycéens et ouvriers. D’autant plus que, très souvent, les étudiants sont
majoritairement déjà des salariés. Bien plus de la moitié d’entre eux doivent travailler pour survivre et payer leurs études.
Dans les facs, dans les lycées et dans les collèges, et à proximité, il existe de nombreux
lieux de travail précaire. Les salariés qui le subissent n’ont pas toujours la force de se révolter.
Le mouvement contre le CPE peut représenter un catalyseur et un centre d’organisation de ces prolétaires.
Diriger les manifestations vers les usines, les magasins et les bureaux, et en priorité
ceux qui sont connus pour employer massivement du travail précaire et/ou qui licencient.
Diffuser des tracts, faire des prises de parole auprès des salariés, expliquer les raisons du combat ; les inviter à la rejoindre ; impulser l’auto-organisation et la coordination entre foyers de lutte, voilà la perspective. Mais pour ce faire, il faudra d’abord encore élargir le mouvement dans les Universités, les IUT, les lycées et les collèges. La mobilisation contre le CPE et le CNE doit gagner des secteurs étudiants et lycéens encore passifs. Elle doit être plus efficace dans l’explication des motifs de notre refus de ce nouvel instrument de précarité qui accroît la soumission au patron.
Il faut également que le mouvement se préserve des provocateurs en bande qui ont
sévi en nombre contre des manifestants pacifiques lors des derniers défilés parisiens. Se défendre n’est pas un luxe, c’est désormais devenu une nécessité. La peur ne doit pas s’installer dans nos rangs. Ces bandes organisées font le jeu des forces de répression. Pire, elles font leur travail. En appeler à la police n’est pas la solution. Celle-ci exploite abondamment ces exactions pour justifier sa présence agressive. Les incursions de ces provocateurs peuvent servir de prétexte pour des interventions musclées des forces de répression au sein même des manifestations. Le Ministre de l’intérieur n’a pas manqué l’occasion d’ordonner la présence renforcée d’équipes de policiers en civil dans les cortèges.
Les partis politiques de gauche et d’extrême gauche et les organisations syndicales, même sur ce terrain élémentaire, n’ont pas tenu à assurer la moindre protection des
manifestants. Se cantonnant à patrouiller leurs pré-carrés, ils ont livré la plupart des manifestants à la violence réactionnaire et gratuite de ces provocateurs.
Pour leur part, des éléments souvent étrangers à la lutte et qui se disent très radicaux
ont tantôt exalté ces actes de pillage en les reliant aux « émeutes des banlieues » de novembre 2005, tantôt refusé de le combattre sous prétexte que leur priorité est de « s’affronter aux flics ». Ces révolutionnaires de pacotille n’ont pas à coeur le développement du mouvement contre le CPE/CNE. Ils préfèrent mener des actions certes très médiatiques mais parfaitement contre-productives, à l’image de l’occupation/dévastation de l’EHESS, à Paris.
Il faut mener une bataille d’ensemble contre toutes les formes de précarité ; contre les licenciements et pour une meilleure rémunération des chômeurs.
Les travailleurs aux emplois les moins menacés doivent s’unir à leurs frères de classe menacés de licenciement.
Les ouvriers des grandes usines doivent s’opposer fermement, sur leur lieu de travail, à l’intérim, aux CDD et aux CPE et impliquer dans ce combat les
salariés de la sous-traitance.
Les étudiants, dont bien plus de la moitié sont des travailleurs précaires, doivent abandonner le simple terrain de l’Université pour rejoindre les autres
salariés et leur proposer de se battre ensemble.
Seule une lutte qui est capable de durer, de se généraliser et de s’enraciner sur les lieux de production peut faire reculer le patronat et son État.
Paris, le 27 mars 2006.
MOUVEMENT COMMUNISTE
Pour toute correspondance écrire, sans autre mention, à : BP 1666, Centre Monnaie 1000, Bruxelles 1,
Belgique.
Consulter le site Internet de Mouvement Communiste : www.mouvement-communiste.com
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Provocateurs ?, Patlotch, 18 mai 2006Il apparaît que ce type de commentaires (ceux soulignés en gras) a traversé toute la palette des organisations engagées dans la lutte "anti-CPE". La formulation en est différente selon la base idéologique et les aspirations politiques, entre ceux très investis dans le "démocratisme radical" (PCF, LCR, syndicalistes) et ceux très scotchés au "programmatisme" (LO, CCI, Mouvement communiste), avec les variantes intermédiaires de circonstances dans ce cycle (la forte rémanence dans le démocratisme du fond programmatisme, chez ceux qui se revendiquent encore du communisme ou se disent "révolutionnaires"), et au-delà, chez de plus libertaires ou post-situs (cf la controverse avec François Lonchampt sur le réseau international de discussion (voir http://patlotch.free.fr/text/1e9b54...). Cela dit, il n’y a pas homogénéïté de position au sein des organisations "programmatistes" et les épisodes évoqués ont produit des réactions assez contrastées chez les militants, selon leur expérience sociale.
Certains se rendent bien compte que leurs fondements théoriques ne sont plus du tout à même de rendre compte de ce qui se passe, d’autant que leurs orgas tranchent dans le vif sans se préoccuper de l’expérience réelle de ceux qui connaissent vraiment les "casseurs", la "racaille"... Cela produit toutes sorte de contorsions que seul le discours maître de l’organisation peut recadrer, mais avec un décalage et une tension qui ne manqueront pas de produire des ruptures, et des questionnements qui justifient d’autant notre intervention.
Quand je dis toute la palette des "anti-CPE" je suis gentiment réducteur, puisqu’on retrouve le même fond chez ceux qui, au pouvoir, ont voulu distinguer « vrais manifestants » et « casseurs », au premier rang desquels Nicolas Sarkozy et Chirac, dans la manoeuvre d’ensemble pour relégitimer les « négociateurs" vaincus ou victorieux. Cela ne devrait pas nous étonner, puisque contenir dans ses limites le mouvement, et plus généralement dans les luttes de ce cycle le capitalisme, cela renvoie (ou renverra) à terme dans le même camp tous ceux qui n’en remettent (remettront) pas en cause les fondements, y compris quand ils se revendiquent (revendiqueront) de la révolution et du communisme, ce qui est le cas de Mouvement communiste.
Poser la question en ces termes dès aujourd’hui apparaît certes marginal si on ne retient que le nombre et la puissance des poignées de militants qui sont derrière. Mais c’est parce qu’elle n’a pas atteint dans les luttes le point d’évolution et le seuil quantitatif propres à produire un basculement qualitatif, un dépassement des limites, ou du moins en révéler (en "annoncer") les enjeux comme en Argentine, avant que l’on connaisse des affrontements où cette question sera réellement posée comme affrontement explicite de ces limites.
Il est donc judicieux de mettre ce texte en ligne ici (et peut-être d’autres dans le genre), et d’en faire la critique à laquelle invite le chapeau introductif :
Défendant le prolétariat, ils se préparent et se manifestent déjà dans la mesure de leur possibilité à faire office de police contre tout mouvement ou dynamique de lutte qui pourrait contenir sa remise en cause. Il est devenu évident qu’ils se rallieront à toutes les forces du capital pourvu qu’elles préservent une existence qu’ils posent en idéal du prolétariat, ce qui est la contre-révolution même.
Cela va dans le même sens que ce que j’écrivais au point 8 de ma Lettre ouverte à Meeting...
Il est tout à fait significatif qu’en lisant certains textes "authentiquement communistes et révolutionnaires", on partage pas mal de points tranchants avec l’alternative radicale, et puis boum ba da boum, tout s’effondre sur des passages tels que ceux relevés, ou à la chute sur "le grand parti ouvrier" ou telle lubie autogestionnaire. Il nous faudra aborder ces polémiques sans états d’âmes.
Patlotch, 18 mai
- Provocateurs ?, , 22 mai 2006
Il me semble que le premier passage souligné ne dit pas autre chose que beaucoup de textes et interventions parues sur le net après cette fameuse manif : il faut que les manifestants apprennent à se défendre contre ces agressions, tout simplement.
Dois-je me laisser exploser la tête parce que mon agresseur viens de banlieue (donc prolo) et en plus est d’origine immigrée (donc victime-du-racisme-des-anciens-colons-que-nous-sommes-tous, etc.) ?Il faut en tout cas constater que la fausse conscience est chez elle aussi bien au PS qu’à l’ultra gauche.
- Provocateurs ?, Bernard Lyon, 22 mai 2006
Il faut comprendre ce que les mots veulent dire, et "provocateur" dans le langage de ceux qui se veulent révolutionnaires veut dire flic tout simplement. Il n’y a pas de fausse conscience là-dedans ni de barartin anti-raciste ou anti-fasciste et c’est enfoncer une porte ouverte que de dire : il faut se défendre et pas se laisser éclate la tête par quiconque.Par ailleurs il y a totale continuité entre les deux passages soulignés et déjà MC se lamentait en novembre de voir des "voitures d’ouvriers"être brulées en banlieue (voir ailleurs sur le site "Meeting")
Quant à pouvoir dire que Meeting est Ultra-gauche, il faudrait pour ça que l’Ultra-gauche soit pour la communisation immédiate ce qui n’est pas du tout le cas (voir sur le site ;"Plus radical que moi tu meurs") l’Ultra-gauche pose l’affirmation du prolétariat et du travai productif, donc d’une classe propre sur elle et qui ne casse pas les équipements sociaux.
Avant de parler on s’informe et on apprend que Meeting n’a aucune admiration, a-priori, pour les prolos et n’a aucune trace d’anti-colonialisme et de la mauvaise conscience qui va avec
- Provocateurs ?, Patlotch, 22 mai 2006
il faut que les manifestants apprennent à se défendre contre ces agressions, tout simplement
« Tout simplement » ? Rien n’est si simple, et ces affrontements n’ont pas été inventés par la so called « ultra-gauche » pour sauver sa « conscience », vraie ou fausse, ni même sa théorie : ce sont des faits. Il faut donc essayer de les comprendre, non pas moralement, mais théoriquement. Perso je ne suis pas avec des « manifestants » simplement parce qu’ils manifestent : ce qu’ils demandaient ("non au CPE" et pas "oui au CDI"), il existe une partie de la population pour qui ça ne change déjà plus rien. Il faut peut-être commencer, tout simplement, par prendre en compte son existence, pour comprendre comment certains peuvent être amenés à réagir. Cela n’en fait pas un nouveau sujet révolutionnaire, mais des acteurs impliqués de la lutte des classes telle qu’elle se présente aujourd’hui, avec ses contradictions internes à la classe prolétaire, ce qui traduit aussi l’illusoire poursuite de l’unité ou de la convergence politique.
Les jeunes de banlieues mais aussi les marginaux de tous les systèmes scolaires ne pouvaient qu’être là, mais leur seule présence était la manifestation physique (personnalisée) de l’inanité de la revendication du retrait du CPE, une telle nature du rapport à l’intérieur du mouvement entre ses divers éléments ne prend pas la forme du cours d’un long fleuve tranquille. La dynamique était contradictoire, une contradiction pouvant aller jusqu’à la violence entre les acteurs. Cette dynamique et les actions non-encadrées et offensives, remettant en cause les formes d’auto-organisations au fur et à mesure qu’elles les créaient peut être qualifiée d’écart à l’intérieur de l’action en tant que classe entre n’exister que comme classe du capital et, par là même, se remettre en cause comme classe : une contradiction interne de l’action en tant que classe. Le point d’explosion de la revendication
Autrement dit :
1) L’analyse de Mouvement communiste est aveugle à cette contradiction, et vous semblez oublier dans ce passage ces phrases :
Ces bandes organisées font le jeu des forces de répression. Pire, elles font leur travail.
2) Cette analyse et cette phrase ne sauraient être séparées du deuxième passage, qui est une condamnation en règle de tout ce qui ne défile pas en bon ordre :
Pour leur part, des éléments souvent étrangers à la lutte et qui se disent très radicaux ont tantôt exalté ces actes de pillage en les reliant aux « émeutes des banlieues » de novembre 2005 [...] Ces révolutionnaires de pacotille n’ont pas à coeur le développement du mouvement contre le CPE/CNE [...]
« Eléments très radicaux » qui se sont multipliés comme par hasard chez les lycéens, étudiants, ou autres bien au-delà des activistes plus traditionnels, grâce à quoi le mouvement ne s’est pas enlisé : eux ne demandaient pas (ou pas que) le retrait du CPE, mais sans eux il n’aurait pas été retiré.
3) Qui relie le mouvement Anti-CPE aux émeutes de novembre ? C’est nous :
En conséquence, on peut considérer comme une évidence qu’aucune compréhension du mouvement anti-CPE n’est possible en dehors de l’ensemble formé par cette lutte et les émeutes de novembre. Au-delà d’une situation objective commune, la liaison entre les émeutes de novembre et la lutte anti-CPE fut consciemment vécue et pratiquée dans le mouvement anti-CPE. C’est précisément là le problème. Louis MARTIN, Id.
Il y a par conséquent dans ce texte de Mouvement communiste un double voire triple amalgame en cascade, comme par hasard dans le miroir des explications de la police (et encore les flics les plus intelligents ont bien compris que c’était moins simple que vous le dites en particulier avec votre allusion à l’origine immigrée, et c’est pourquoi ils se sont mis d’accord avec les SO syndicaux : tous ensemble Yeah ! parti de l’ordre établi jusque dans les manifs, c’est le bras armé de la contre-révolution qui s’annonce).
En quoi, soutenant les « Eléments très radicaux », je me sens moi agressé par Mouvement communiste, même si ce n’est que sur le papier, et je considère qu’il faut que les "éléments très radicaux" apprennent à se défendre contre ces agressions, tout simplement.
Patlotch (qui n’est pas un ancien colon), 22 mai
- Provocateurs ?, jef, 23 mai 2006
ce n’est pas parce que tout le monde le dit que c’est prodigieusement perspicace ; cela dit, présenté de cette dernière manière, la "défense contre les provocations" prend un sens tout à fait particulier : il s’agit d’auto-défense physique ! si tel est le cas, je vois mal qu’il y ait parade à l’argument de MC. en revanche s’il s’agit de défendre l’intégrité "discursive" du mouvement en "condamnant" les composantes qui se livrent à des "débordements" qui ne mettent pas directement en péril les autres composantes, sinon par invitation au débat amical, si je puis dire, alors il faut répondre que toute lutte est contreproductive et fait le jeu du pouvoir et de la répression, TOUTE. toute initiative même la plus rangée s’expose à la calomnie et aux médisances de l’appreil de propagande, la moindre grève, même déclenchée par le syndicat soi-me^me, comme on vient de l’observer en Belgique l’hiver dernier, est "anticompétitive, conservatrice", tout ce qu’ils veulent, bref. lutter c’est s’exposer à la l’illégitimité de la contestation de la seule légitimité possible, celle souveraine de l’Etat, au personnel régulièrement recruté d’autorité, malgré la mascarade (quasi)plébiscitaire de la consultation électorale, ou plutôt en vertu de celle-ci, quand elle la participation est obligatoire - et quand elle ne l’est pas, il suffit d’un quorum : l’Etat a besoin d’un quota de volontaires pour applaudir les équipes du personnel politique qui s’apprêtent à les passer à la casserole. il s’oblige à réunir les volontaires. à défaut d’un taux d’applaudissements suffisant, il y a trop d’ingrats, le pouvoir ne s’abaisse pas à faire le bien des gens à leur place, si les gens ne sont pas assez convaincus qu’on ne leur veut que du bien.
- Provocateurs ?, Bernard Lyon, 22 mai 2006
- Provocateurs ?, , 22 mai 2006
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