Histoire du massacre Ludlow, massacre d’ouvrières du charbon, ce qui a été une des attaques les plus brutales sur le travail organisé en Amérique du Nord. Cela a été le point culminant de la garde nationale et des briseurs de grève qui, sous le commandement de la famille Rockefeller, qui a essayé de détruire une grève de plus de 12 000 personnes.
Depuis plusieurs années, avant la première guerre mondiale, des problématiques concernant le travail ont frappé les USA et cela avait résulté en des grèves un peu partout, surtout à l’ouest du pays. Quand, à la fin de l’année 1913, un travailleur syndiqué avait été tué, cela avait amené à une grève de la force de travail de l’entreprise de Colorado Fuel and Iron Corporation’s (CF+I). Les mineuses avaient alors quitté leur camp le 23 septembre, afin de manifester contre des salaires trop faibles, des conditions de travail insuffisantes, et la répression des activistes syndicales. Cela allait marquer le début de sept mois particulièrement difficiles, qui avaient montré une brutalité continue et une répression de la part des patrons.
Les mineuses de CF+I bénéficiaient d’une paie de 1,68 dollars par jour et à avaient pour obligation d’aller travailler dans des conditions particulièrement dures. Cela était particulièrement vrai dans le Colorado, où les erreurs fatales étaient au nombre du double de la moyenne nationale. Les petits salaires étaient payés sous forme de titres provisoires, qui ne pouvaient être utilisés que dans le magasin de l’entreprise, dans lequel les prix étaient élevés.
Des efforts pour créer des syndicats pour les travailleuses des mines remontaient à la première grève de 1883, au cours de laquelle il y avait eu une tentative de rejoindre l’organisation de la Western Federation of Miners (fédération occidentale des mineuses) et en 1913, elles essayaient de rejoindre le syndicat United Mine Workers of America (les travailleuses unies des mines d’Amérique). Plus tard, elles ont rejoint le syndicat IWW (Industrial Workers of the World).
Les demandes de la UMWA auprès du CF+I étaient comme suit :
«… La reconnaissance des United Mineworkers of America comme l’agent négociateur pour les travailleuses des mines dans le Colorado et au Nord du Nouveau-Mexique, un système effectif de personnes vérifiant la masse des personnes qui remontent, présent dans toutes les mines, une compensation systémique pour les personnes minant du charbon en grande quantité sur des masses de 2000 pounds (environ 900 kg), être payées toutes les deux semaines, en argent plutôt qu’en bons, la fin de toutes les discriminations contre les personnes membresses de syndicats, et le renforcement strict des lois étatiques pour ce qui est des obligations des opérateurs pour le bois de charpente, les rails, les autres matériaux utilisés par les travailleuses en sous-sol. »
Les demandes par les syndicats et la grève qui continuait ont énervé la famille Rockefeller qui, avec la propriété sur les mines, avait en effet la mainmise sur la région. Les travailleuses ont été expulsées des maisons de l’entreprise, les laissant (avec toute leurs familles) faire face aux mois hivernaux du Colorado sans le moindre abri. Avec des groupes du syndicat UMWA, les personnes en grève ont organisé des « villes-tentes » qui étaient proches de l’entrée du canyon qui amenait vers les campements miniers. Cela a amené lui à la création de campements pour le charbon (dans une tentative d’empêcher les briseurs de grève qui voulaient les remplacer) et a permis de continuer leur grève.
Avec l’aide de plusieurs agences, l’entreprise avait été capable d’embaucher plusieurs personnes pour commencer un chapitre plus agressif contre les travailleuses en grève. Des gardes armés ont été appelés pour harceler les grévistes, ainsi que les organisatrices syndicales. Une voiture bélier, avec une mitraillette, avait même été construite, et avait été nommée la « faiseuse de mort » par la garde de l’entreprise. Alors que la tension montait entre l’entreprise et les grévistes, les mineuses ont construit des puits de mines de protection derrière leurs tentes, afin de se protéger, elles et leurs familles, contre des tirs de snipers aléatoires et des tirs de mitraillettes de la part des gardes de l’entreprise. Le 17 octobre, la « faiseuse de mort » avait été utilisée pour attaquer la colonie des tentes Forbes, ce qui avait résulté en la mort d’une mineuse. Une jeune fille avait été tuée en lui tirant dans la tête pendant que la jambe d’un jeune garçon était également transpercée par des balles de mitraillette. Les affrontements entre les travailleuses en grève et les briseurs de grève amenaient également à des mortes. Le 28 octobre, le gouverneur du Colorado, Elias M. Ammons, avait fait appel à la garde nationale pour reprendre le contrôle de la situation.
Cela dit, les mineuses ont persévérées. Des membresses syndicales et des organisatrices ont été enlevées, frappées, on leur a tiré dessus, et elles ont été expulsées des campements par des briseurs de grève et des soldats de la garde nationale. L’hiver rude qui a eu lieu cette année-là a eu un grand impact. Se faisant du souci sur le prix d’allais coûter le fait de conserver la garde nationale, le gouverneur Ammons a accepté une offre par la famille Rockefeller, qui proposait de déguiser des employés avec des uniformes de la garde nationale.
Le 10 mars, un détachement de grévistes a été découvert à côté de la voix de chemins de fer, à côté du campement Forbes, et la National Guard’s General Chase (la direction de la garde nationale) a donné l’ordre que la colonie soit détruite. La grève arrivait à son paroxysme, et la garde nationale a reçu l’ordre de vider les tentes restantes autour des mines, malgré qu’elles soient sur des terres appartenant à la UMWA.
La colonie Ludlow était aussi la plus grande, et au matin du 20 avril 1914, les troupes ont ouvert le feu sur le campement à la mitraillette, visant toute personne qui faisait un mouvement. Les mineuses ont contre-attaqué, et le combat a fait rage pendant au moins 14 heures.
L’après-midi, un train de fret qui passait par là a fait un arrêt à côté du camp et a permis à un certain nombre de mineuses de monter pour s’enfuir vers l’est, vers une région appelée « Black Hills ». Après de nombreuses heures d’échanges de feu avec l’armée, l’organisateur principal du campement, Louis Tikas, a eu un rendez-vous avec le lieutenant Linderfelt, l’officier en charge de l’assaut par la garde nationale sur le campement de Ludlow, afin d’arranger une trêve. Avec la crosse de son fusil, Linderfelt a frappé Louis Tikas, le faisant tomber, et des soldats ont tiré à plusieurs reprises dans son dos alors qu’il était étendu par terre, le tuant.
Le soir même, sous la couverture de la pénombre, les hommes de l’armée sont entrés dans le campement et ont mis le feu aux tentes, tuant deux femmes et 11 enfants qui s’étaient mis à couvert de la tuerie dans un puits de mines qui étaient sous la tente. 13 autres personnes ont également été tuées.
Alors que la nouvelle du massacre s’étendait, des travailleuses dans tout le pays se sont mises en grève par solidarité avec les mineuses restantes en grève du Colorado, ainsi que pour montrer de la solidarité envers celles qui avaient perdu des proches pendant le massacre de Ludlow. Certaines villes du Colorado ont été occupées par des mineuses et par certains membres de la garde nationale qui ont même abaissé leurs armes et ont refusé de combattre.
Cependant, les travailleuses n’ont pas réussi à faire accepter leurs demandes, ni la reconnaissance des syndicats, et beaucoup ont été remplacées par du personnel qui n’était pas syndiqué. Aucun membre de la garde nationale n’a été poursuivi pour avoir cela, même si 66 personnes avaient été tuées à la fin des combats.
En 1918, un monument avait été érigé pour commémorer le souvenir des personnes ayant perdu la vie pendant la grève.
Article original (en anglais) par Sam Lowry, édité par l’équipe de libcom, traduit en français par Rafaelle Bisbarre
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