Un regard critique sur la vie du révolutionnaire Latin-Américain, Ernesto « Che » Guevara

Après que ces restes ont été exhumés en Bolivie pour être renvoyés vers Cuba quelques années après, l’intérêt public pour le Che a rejailli. Le culte héroïque qui s’est développé à son encontre a redémarré. Des photos de sa campagne en Bolivie et deux nouvelles biographies ont été publiées.

Submitted by Rafaelle on November 11, 2018

Si son image (sur des tasses, des t-shirts, des logos de bière), continue de créer de l’argent pour les capitalistes, il semble exister une renaissance dans la jeunesse des idées du Che, comme héro idéaliste et combattant de la liberté. Ce culte du héro semble avoir une grande prise sur un grand nombre de jeunes radicales. Certaines d’entre elles se décrivent d’ailleurs comme anarchistes. Voilà un regard sur ça

Pour beaucoup, la vérité pourrait ne pas être concevable. Après tout, le culte du Che est toujours utilisé pour obscurcir la nature véritable du Cuba de Castro qui demeure l’un des derniers bastions du Stalinisme. Alors que les stalinistes désabusées ou les trotskistes en train de voyager vont célébrer l’anniversaire du Che, nous allons nous atteler à découvrir l’humain véritable derrière la légende.
Né en Argentine et issu d’une famille aristocratique cubaine, qui connaissait des temps difficiles mais avait toujours une richesse considérable, Guevara avait reçu une éducation baignant dans l’opulence. Quand Juan et Eva ‘Evita’ Peron ont commencé leur accession au pouvoir, utilisant le populisme et appelant les travailleuses et les paysannes afin d’installer leur régime qui avait beaucoup de facettes fascistes, (1944-1952) Guevara était encore jeune. À ce moment, il semblait être remarquablement désintéressé par la politique. Il n’avait exprimé aucune opinion à propos du régime Peron.
Les événements au Guatemala allaient changer cela : Arbenz, un officier de l’armée à gauche avait été élu président. En 1952, il avait nationalisé les propriétés de la ’United Fruit Company’, qui était une des entreprises principales des États-Unis, à laquelle appartenait beaucoup de terre, et avait une grande influence à la fois économique et politique. Il avait également commencé à nationaliser les terres des grandes fermières alentour. Guevara avait montré un grand enthousiasme pour cette expérimentation du « socialisme » qui avait pris racine dans les esprits des jeunes prolétaires latines-américainres. Juste avant un voyage au Guatemala, il avait écrit : « j’ai juré devant une photographie du vieux camarade regretté Staline que je ne prendrais pas de repos, avant d’avoir vu l’ordure capitaliste être annihilée. »

L’armée
Guevara était au Guatemala lorsque les USA ont soutenu l’invasion militaire qui a détruit le régime de Arbenz. Il avait été capable de s’enfuir jusqu’au Mexique. Là-bas, il avait rejoint les cubaines autour de Fidel Castro et de son frère Raul. En novembre 1956, le Che et 80 autres membresses du mouvement du 26 juillet (J26M) qui avait été fondé par Fidel avaient débarqué à Cuba pour commencer une guérilla contre le dictateur Batista, qui était soutenu par les États-Unis. À cette occasion, le Che a montré qu’il était le leader le plus brutal et le plus autoritaire de la guérilla. En fait, le Che avait monté une armée classique avec une discipline stricte et une hiérarchie, avec des bandes de volontaires issues de la guérilla. Comme il l’avait lui-même écrit : « du fait du manque de discipline dans mes rangs… Il est nécessaire d’établir une grande discipline, d’organiser un haut commandement et d’établir une équipe dirigeante. » Il avait demandé la peine de mort pour « les taupes, pour les personnes manquant de subordination, pour les personnes s’annonçant malades, pour les déserteuses. »

Lui personnellement avait participé à des exécutions, en effet, la première exécution qui avait été faite contre une informatrice étant faite par le Che. Il avait écrit : « j’ai mis fin au problème, lui tirant dessus avec un pistolet .32 du côté de sa cervelle. »
À une autre occasion, il avait décidé d’abattre un groupe de guérilleras qui avait commencé une grève de la faim du fait de la mauvaise nourriture. Fidel était intervenu pour le stopper. Une autre membresse de la guérilla, qui avait osé questionner le Che, avait reçu l’ordre de partir sans aucune arme.
À part l’élan vers une plus grande militarisation des groupes de la guérilla, le Che a eu un devoir autre. Avec les J26M - un groupe de guérilleras et d’ouvrières cubaines – il s’est placé comme la personne répandant le plus le stalinisme. Il a secrètement travaillé pour une alliance avec le parti socialiste populaire – le parti communiste cubain. Jusque-là, il n’y avait que quelques stalinistes dans les J26M. D’autres groupes constitués d’anti-Batista comme le « Directorate » (un groupe d’intervention spéciale) et les anarchistes étaient clairement anti-stalinistes.

Les communistes étaient grandement impopulaires parmi les forces anti-batististes. Il y avait eu des alliées du régime qui étaient particulièrement jeunes, et qui avait ouvertement condamné les précédentes attaques par Fidel Castro contre Batista en 1953. Elles ont rejoint la guérilla.
Avec la victoire de Fidel Castro en 1959, le Che, avec son copain Raul Castro avait été mis en charge de construire le contrôle de l’État. Il a purgé l’armée, a pris sous son bras la rééducation des classes, dans le même esprit, et a été le bourreau suprême en charge des exécutions des supporterices de Batista. Dans les premiers mois 550 ont été tuées.

Il était vu comme étant extrêmement impitoyable par les personnes l’ayant.vu au travail. En 1960, ces tortures, les meurtres à l’encontre des supporteurices de Batista ont été étendus à toute personne qui, bien que dans le prolétariat, critiquait le régime de Fidel Castro.

Les anarchistes et les anarcho-syndicalistes ont eu leurs presses fermées, et beaucoup de militantes se sont vues être emprisonnées. Le Che a été directement impliqué là-dedans. En 1962, ceci a été suivi par le fait que les trotskistes soient bannies et le fait que les militantes se fassent enfermer. Le Che a déclaré : « vous ne pouvez pas être pour la révolution et être contre le parti communiste cubain. » Il a répété ce vieux mensonge contre les trotskistes, disant qu’elles été contre l’impérialisme et des provocatrices.
Il a aidé à former une police secrète, le C-2 et a eu un rôle clef dans la création des comités pour la défense de la révolution, qui, localement comme régionalement, avaient pour rôle de contrôler la masse de la population.
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La transaction des missiles
Le Che était un maillon important, il était en effet l’architecte des relations de plus en plus proches entre Cuba et l’union soviétique. L’accord au sujet des missiles nucléaires, qui a presque résulté en une guerre nucléaire en 1962 avait été conçue par le Che du côté cubain. Quand les Russes ont fait marche arrière en face des menaces États-Uniennes, le Che avait été furieux, et avait déclaré que s’il avait été en charge des missiles, les personnes auraient été virées.
En 1963, le Che réalisait que le stalinisme russe était un vrai désastre, après une visite en Russie durant laquelle il avait vu les conditions de vie de la majorité des personnes. Ainsi, après, la « planification de style soviétique » dans l’économie cubaine avait été défaite par lui.
Au lieu d’adopter une critique libertarienne du stalinisme, il a commencé à embrasser le stalinisme chinois. Il a dénoncé la politique de l’union soviétique, de coexistence paisible. Cette politique admettait que l’Amérique latine était la base arrière des USA. Il ne supportait plus aucun mouvement contre un contrôle par les États-Unis. Fidel avait l’obsession, maintenant, de sauver l’économie cubaine, lui-même essayant d’argumenter en faveur de l’apaisement. Contre cela, le Che avait parlé d’étendre la lutte armée à l’Amérique latine, si nécessaire en utilisant une guerre nucléaire pour arriver à cela.

Le désastre :
Sur ces bases, le Che a quitté Cuba et n’est jamais revenu. Il est allé au Congo, où il a travaillé avec l’armée de libération congolaise, qui était supportée par le stalinisme chinois. La campagne a été désastreuse. Le Che a fini par s’isoler après la mort d’une grande partie de sa bande. Malgré cela, le Che avait toujours une grande croyance en la guérilla faite par une petite minorité. La dernière campagne, qui lui sera fatale, avait été en Bolivie.
Là encore, cela a été un fiasco. Ce basant principalement sur des vieilles stratégies castristes, il n’a pas réussi à s’identifier au prolétariat industriel. Le prolétariat bolivien, plus particulièrement les mineuses d’étain, était déjà conscientisé depuis peu. Les paysannes, par ailleurs, avait été démobilisées par la réforme des terres cultivables en 1952. Ainsi, le Che a été incapable de gagner la confiance des personnes, que cela soit des travailleuses, ou des paysannes. Le parti communiste local n’a pas réussi à lui apporter son support. N’ayant pas de support, le Che a été encerclé par des forces armées dans les Andes, a été capturé, puis exécuté.

C’est un fait, le Che était particulièrement brave physiquement parlant. Oui, sa seule vision, c’était ce qu’il identifiait comme la révolution et le socialisme. Oui, il refusait le privilège, la luxure, que les meneuses du Cuba castriste avaient, étant payé moyennement, travaillant dur, remplissant chacune de ces taches gouvernementales. Mais beaucoup de militaires fascistes, de religieuses fanatiques, partagent ces caractéristiques de bravoure et de sacrifice personnel.
Le Che était visuellement attractif, sa mort de « martyr » faisant de lui une icône. Une icône complètement exploitée par les personnes voulant faire de l’argent facile et rapide en vendant du chic « révolutionnaire. »
Cela dit, la beauté visuelle, comme la bravoure, cela camoufle ce que le Che était réellement. Un stalinisme autoritaire et sans pitié, qui nourrissait une admiration pour les nationalistes du couple Perron (couple dictatorial en Argentine). Le Che agissait comme étant un agent volontaire de l’URSS afin d’étendre leur influence.
Même lorsqu’il se brouilla avec l’URSS, sur la possibilité d’une guerre de guérilla en Amérique latine, il est toujours resté convaincu sur son admiration des lignes politiques de la Chine et de la Corée du Nord. Son désaccord avec l’URSS n’était pas sur le genre de société qu’il fallait – un état-capitaliste, autoritaire et bureaucratique, et méprisant les masses.
Le Che ressemblait peut-être à l’archétype romantique du révolutionnaire. En réalité, il était un instrument du pouvoir staliniste et un partisan de la guerre nucléaire. Ses actions ont révélé qu’il n’était pas un ami du prolétariat, de la paysannerie non plus.

Article traduit de l’anglais par Rafaelle Bisbarre, original tiré de la revue Organise !,, journal théorique de l’Anarchist Federation.

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