Buenaventura Durruti (1896-1936)

Durruti, Buenaventura, 1896-1936

Une biographie de l’anarchiste espagnol légendaire et combattant de la guerre civile espagnole Buenaventura Durruti.

Réduire en quelques centaines de mots la vie d’une figure mythique n’est pas tâche aisée. Il peut être dit sans peur de se tromper que Buenaventura Durruti a symbolisé, en sa personne, la lutte courageuse des travailleu-se-r-s et des paysan-ne-s de ce pays et a, plus spécifiquement, symbolisé l’esprit de l’anarchisme espagnol.

Submitted by Rafaelle on August 6, 2017

Il est né, fils d’un travailleur du rail, le 14 juillet 1896, à Leon, une ville au centre de l’Espagne. À l’âge de 14 ans, il quitte l’école pour devenir mécanicien stagiaire dans le domaine du chemin de fer. Comme son père, il rejoint le syndicat UGT. Il prend une part active dans la grève d’août 1917, quand le gouvernement a renversé un accord entre le syndicat et l’employeur. Dans la branche, cela était rapidement devenu une grève générale. Le gouvernement avait fait appel à l’armée et en trois jours, les grévistes avaient connu la défaite. Les troupes avaient agi avec une brutalité extrême, tuant 70 personnes et faisant 500 blessé-e-s. 2000 grévistes avaient été jeté-e-s en prison.

Durruti avait réussi à s’échapper jusqu’en France, où il était entré en contact avec des anarchistes en exil, dont l’influence l’avait amené à rejoindre le syndicat de la CNT, dès son retour en janvier 1919. Il avait rejoint le combat contre les employeu-se-r-s dictatoria-les-ux dans les mines Asturiennes et avait été arrêté pour la première fois en mars 1919,s’échappant et, la décennie suivante, se jetant dans le combat pour la CNT et pour le mouvement anarchiste.
Pendant ces années, il s’impliqua dans plusieurs grèves, étant forcé à s’exiler. De manière involontaire, le gouvernement espagnol avait « exporté » la rébellion. En effet, Durruti et son proche ami, Francisco Ascasi, rejoignaient joyeusement les luttes pour la liberté à tous les endroits où ils arrivaient : que ce soit en Europe ou en Amérique latine.
La monarchie espagnole était tombée en 1931 et Durruti avait bougé sur Barcelone, accompagné par sa compagne française Emilienne, enceinte de leur fille, Colette. Il avait rejoint la Fédération Anarchiste Ibérique (FAI), une organisation spécifiquement anarchiste, et, avec d’autres militant-e-s, il avait fondé le groupe « Nosotro ». Il y avait là des membres de la CNT qui avaient une tendance radicale à ne se faire aucune illusion sur le fait d’espérer avoir du respect pour la république récemment proclamée, gardant comme opinion que le moment était venu pour une révolution.
En février 1936, après la victoire par le Front Populaire entre les Libéraux et les Réformistes, la Gauche et la Droite étaient en conflit, qui avait très rapidement été initié par la rébellion militaire de Franco du 19 juillet 1936. La CNT et la FAI avait confronté l’armée avec courage, organisant une mobilisation massive – c’était la révolution espagnole.
Malgré la domination fasciste tant au niveau des armes que des ressources, le triomphe a été majoritaire en Espagne. La contribution anarchiste a été décisive dans la résistance au fascisme à travers tout le pays et en Catalogne où les rebelles avaient été défaits facilement, Durruti étant, pendant cette bataille, l’un des combattants les plus effrontés. C’est ici que Francisco Ascaso a perdu la vie.
Le 24 juillet, à Barcelone, où le rêve anarchiste d’un contrôle par les travailleu-se-r-s, de la démocratie directe et de la liberté commençait à être une réalité, Durruti est parti avec une colonne armée vers Saragosse, qui était occupée par les fascistes. Après de grandes batailles, cette milice de travailleu-r-se-s, sans officiers ou autre hiérarchie, a avancé et a sauvé le front d’Aragon contre des troupes beaucoup mieux équipées.
En parallèle à cela, les forces anarchistes ont apporté une transformation sociale, significative de l’établissement de collectifs agricoles en Aragon, contrariant les communistes et les socialistes, autoritaires. D’après eux, la guerre ne pouvait être gagnée alors que la révolution arrivait. Guerre ou pas, ces décideu-se-r-s à la petite-semaine n’auraient jamais aimé une démocratie des travailleu-se-r-s.
Après la libération de l’Aragon, Durruti avait été interviewé par Pierre van Passen du journal de Toronto le « star ». « Pour nous » Durruti avait dit, « l’intérêt est de détruire le fascisme une bonne fois pour toute. Oui, et le gouvernement n’y pourra rien. Il n’existe aucun gouvernement au monde qui combatte le fascisme jusqu’à la mort. »
« Quand la bourgeoisie à vue le pouvoir lui échapper, elle a eu recours au fascisme afin de se maintenir. Le gouvernement libéral d’Espagne aurait pu, longtemps avant, rendre les éléments fascistes obsolètes, au lieu de chercher le compromis ou de tergiverser. »
Là, Durruti a rigolé : « vous ne pourrez jamais dire, vous voyez, le gouvernement du moment peut très bien avoir besoin des forces rebelles afin d’écraser le prolétariat. »
« Nous savons ce que nous voulons. Pour nous, qu’il existe une union soviétique quelque part dans le monde ne veut absolument rien dire. Pour sa tranquillité et sa paix, les travailleu-se-r-s de Chine et d’Allemagne ont été sacrifié par Staline aux barbares fascistes. Nous voulons la révolution ici, en Espagne, maintenant, pas peut-être après la prochaine guerre européenne.
« Nous donnons encore plus de souci à Hitler ou Mussolini par neuf révolutions que toute l’armée rouge de Russie. Nous donnons l’exemple au prolétariat allemand ou italien ; nous lui montrons comment résister au fascisme. »
Mais, répondit van Passen, même si vous gagnez, « vous resterez assis sur un monceau de ruines. » Durruti répondit à cela « nous avons toujours vécu dans des taudis et dans des trous dans les murs. Maintenant, nous allons savoir comment nous adapter. Par ce que, vous ne devrez pas l’oublier, nous savons également construire. Ce sont les travailleu-se-r-s qui ont bâti ces palais et ces villes. Ici en Espagne, en Amérique, partout.
« Nous autres travailleu-r-se-s nous pouvons construire à leur place, et en mieux ! Nous ne sommes pas effrayé-e-s le moins du monde par les ruines. Nous allons hériter de la terre, cela ne fait pas le moindre doute. La bourgeoisie peut détruire et ruiner son propre monde, avant de quitter la scène de l’histoire. Nous transportons un monde nouveau, ici, dans nos cœurs. Ce monde grandit maintenant. »
Durruti symbolisait les sentiments et les buts du prolétariat, étant un « chef » particulier, dont le but était de combattre en première ligne et dont le seul grade était l’estime que ses égaux avaient pour lui. En novembre de la même année, sa vie courageuse a pris fin. Le 15, Durruti était arrivé avec une armée de 1800 hommes afin de renforcer la défense de Madrid, où ils ont directement été au contact des combats les plus violents. Le 19, Durruti a été frappé par une balle. Il est mort le 20, à l’aube. Son corps a été enterré deux jours plus tard dans le cimetière de Montjuich, à Barcelone. Son cercueil a été accompagné par 500 000 personnes qui portaient des drapeaux rouges et noirs. Le cortège funéraire le plus grand jamais vu dans la ville.
Il s’agissait d’un homme qui a combattu pour son syndicat et pour des idéaux anarchistes. Il n’a jamais recherché un privilège spécifique à lui-même, il a toujours agi autant qu’il a lu ou pensé. Il a aimé, rêvé et a été déterminé à laisser ce monde dans un État meilleur que celui où il l’avait trouvé.
Joe King
Workers' Solidarity Movement (Ireland)
Traduit par Matthieu Bisbarre.

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