la première gay pride

Une histoire brève du Gay Liberation Front
1er juillet 1972.
Un compte rendu court à propos du Gay Liberation Front (mouvement de libération homosexuel) au Royaume-Uni qui, même si nous ne sommes pas d’accord avec quelques parties, contient quelques informations historiques utiles.

Submitted by Rafaelle on June 30, 2017

Le 27 juin 1969, suivant sa politique de fermer les bars homosexuels, la police de New York est arrivée à l’auberge de Stonewall, dans le but de passer à tabac certain-e-s client-e-s et de procéder à quelques arrestations. La crème de la police new-yorkaise s’est affrontée avec des drag queen blanches et noires, des personnes homosexuelles des deux sexes, qui en avaient marre de la brutalité policière et qui, étant provoqué-e-s physiquement parlant, ont riposté. La bagarre s’est étendue à l’extérieur, jusque dans les rues et, alors que des renforts policiers arrivaient, une émeute générale a commencé et s’est étendue dans tout le quartier de West Village, ce qui a continué pendant trois nuits d’affilées. Le 4 juillet, les personnes lesbiennes et gay du quartier de Matachine Society (New York), en réponse à ces émeutes, ont commencé une marche jusqu’à la Alternative University de Greenwich Village, où iëls ont fondé le « Gay Liberation Front ».

Aubrey Walter et Bob Mellor avaient fondé le Gay Liberation Front à Londres, le 13 octobre 1970, à la LSE (London School of Economics and political science), là où Bob était étudiant. Cet été-là, Aubrey et Bob passaient du temps indépendamment l’un de l’autre dans le GLF de New York, ils se sont rencontrés pour la première fois au « Revolutionary People Constitutional Convention » de Philadelphie, qui avait été appelé par le « Black Panther Party ». « Non seulement les libérationnistes sont allées à Philadephie pour montrer leur solidarité avec le mouvement noir, mais c’était également la première fois que Huey Newton, en tant que leader du parti, donnait un support clair à la cause homosexuelle, disant que, probablement, les personnes homosexuelles étaient les plus opprimées de la société américaine. Donc, il s’agissait là des personnes les plus potentiellement révolutionnaires. » Aubrey avait également visité San Francisco où « j’ai rencontré Konstantin Berlandt qui avait prévu (dans une robe de sequin rouge et avec une perruque blonde) d’intervenir pendant la convention « American Psychiatrists Convention », et j’étais resté dans le groupe. Cette convention devait être très importante, et il est important de se rappeler que la majorité de l’idéologie du GLF venait du West Coast Group, pas de New York »
Le 13 novembre, le GLF a tenu sa toute première manifestation publique dans le monde au Royaume-Uni par des lesbiennes ainsi que par des hommes homosexuels dans le quartier de Highbury Fields, à Islington, afin de protester contre l’utilisation de « jolis policiers », agent provocateurs utilisés par la police afin d’attraper des personnes homosexuelles hommes en acte d’indécence. Il agissait là d’une pratique policière courante, un moyen facile pour eux d’améliorer leurs chiffres en termes de détection du crime et de poursuites judiciaires.

Un média avait été créé, qui produisait le journal du GLF, « Come Together », qui a existé jusqu’à sa 16e édition. Ils s’agissaient d’un groupe anti psychiatrie, qui se concentrait et analysait l’ordre psychiatrique établi, l’acceptance à grande échelle du préjudice judéo-chrétien, de l’autorité biblique, des programmes d’utilisation de chocs électriques ou de drogues vomitives sur des personnes homosexuelles qui ne trouvaient pas leur place ou alors, qui étaient jugé-e-s coupables. Il avait également été formé un « Women’s group » un « Street Theater Group », un « Communes Group », le groupe de la jeunesse réservé aux personnes de moins de 21 ans, qui combattait pour une réduction de l’âge du consentement sexuel.
Il existait également un “Action Group”, qui organisait des danses GLF publiques dans des salles de fêtes de petites bourgades, et plus tard, les journées homosexuelles dans les parcs, les Steering Group, plus tard les comités coordonnés ont oganisé des rendez-vous généraux les mercredis soir.
En décembre, les demandes et les principes du GLF ont été acceptés, et en octobre 1971, « avec la publication du manifeste de GLF, ‘les homosexuel-le-s ont montré le chemin. D’une certaine manière, nous sommes déjà en dehors de la famille et, en partie au moins, nous avons rejeté la ‘masculinité’ou la ‘féminité’ qui peuvent être trouvées dans la société. Dans une société dominée par une culture sexiste, il est très difficile, sinon impossible, pour un homme ou pour une femme hétérosexuel-le d’échapper à leur norme genrée rigide. Mais les hommes homosexuels n’éprouvent aucun besoin d’oppresser les femmes dans le but d’exprimer leur propre rôle psychosexuel. Les femmes lesbiennes n’ont pas besoin de créer une relation quelconque avec le mâle oppresseur. Donc, à ce moment, la relation la plus libre que nous puissions imaginer est une relation homosexuelle. »

En tout, environ 100 hommes et femmes homosexuel-le-s étaient acti-f-ve-s dans des groupes du GLF. Ceci dit, à la mi-janvier, « en 71, il y avait jusqu’à 500 personnes par semaine qui était actives dans les différents groupes du GLF » cela laisse à penser que plusieurs milliers d’hommes et de femmes en ont passé la porte.
Les ‘Think Ins’, dont le premier à ouvert en janvier, a fait débuter la structure – ou le manque voulu de structure – ainsi que les buts du mouvement. Trois règles ont été établies :

1. Personne ne pouvait servir dans un Steering Committee pendant plus de deux mois.
2. Les hétérosexuel-le-s ne pouvaient pas faire partie d’un Steering Commitee.
3. Personne ne pouvait faire partie du collectif officiel pendant plus de trois mois.

Le GLF a manifesté contre ‘The Industrial Relations Bill’ et a travaillé avec les démocrates du ‘Anti-internment Bill’ d’Irlande du Nord qui avaient déclassés les syndicalistes de marché et les hétérosexuel-le-s à la fin de la manifestation.
À la fin, les femmes ont manifesté contre la politique anti-personnes homosexuelles du ‘Gateways Club’ et les ‘Red Lesbians’ ont attaqué le Stock Exchange. Une longue campagne contre les Pan Books (maison d’édition) la maison d’édition du Docteur David Reuben, ainsi que contre le livre « tout ce que vous avez toujours voulu savoir au sujet sexe – mais que vous aviez peur de demander », qui disait énoncer des faits simples, qui évitait tout jugement moral, et qui, dans la section consacrée aux personnes gays et lesbiennes contenait des références à des ampoules, des concombres ainsi que des cintres, dans la section sur les avortements.
Une autre campagne importante a permis la défaite du groupe chrétien fondamentaliste « the Festival of the World » qui a été détruit après le rallye d’inauguration qui avait été totalement interrompu avec l’aide des membre-sse-s du groupe « Counter-Culture readers of the Underground Press », qui était organisé et dirigé par le GLF.
Lorsque le groupe GLF a déménagé au « All Saints Church Hall », dans le quartier de Notting Hill, la police a prévenu les propriétaires des pubs qu’iëls ne devaient pas servir quiconque qui portait un badge GLF. Cela a amené à une confrontation avec la police ainsi qu’à une campagne de sit-in victorieuse, ce qui impliquait que la police devait lire les droits de chacune des personnes concernées avant de les emmener vers l’extérieur. La police a arrêté son harcèlement.
En août, il y a eu un Gay Day dans Hyde Park, qui a été suivi par une marche jusqu’à Trafalgar Square, menée par le « Ginger Baker Band » et organisée par le « Youth Group ». En juillet 1972, la première Gay Pride a quitté Trafalgar Square et a marché jusqu’à Hyde Park, pour la « Gay Pride Party », avec plus de 1000 personnes prenant part à la manifestation, ainsi que 2000 polici-ère-er-s. Des manifestations conséquentes contre les établissements psychiatriques ainsi que des assauts contre leurs conférences ont eu lieu. Le GLF, en prenant le contrôle de l’organisation, a finalement amené à l’idée selon laquelle l’homosexualité n’était pas une maladie psychiatrique.
Après plusieurs tentatives (se soldant à chaque fois par des échecs) à essayer de rejoindre les femmes pour la liberté, en 1971 le « Women’s Group » a rejoint « The Women’s Liberation National Co-ordinating Conference » de Skegness. Les lesbiennes de GLF ce sont vues dire, par l’aile des « women’s lib », qui était dominé par les hommes, qu’elles étaient une divergence bourgeoise. Les femmes de la GLF ont pris possession du micro et ont mené une révolte qui partait de la base et qui a totalement transformé la conférence, finalement plaçant le lesbianisme dans l’agenda des féministes.
À la fin de l’année 1971, des dissensions sérieuses ont eu lieu entre les hommes, qui voyaient le « coming out » comme étant la première étape dans la transformation de l’homme homosexuel et la deuxième confrontation avec les idéaux sociaux de la masculinité, le sexisme, tout en suivant le Manifesto, dont le but était d’avancer vers le fait de vivre en communauté. Le volume sonore avait également été augmenté et les hommes homosexuels étaient travestis et on ne pouvait pas se tromper en les prenant pour des personnes hétérosexuelles.
Par opposition, on pouvait trouver les hommes qui ne suivaient pas le Manifesto, et qui refusaient d’admettre leurs qualités hétérosexistes. Ils apprenaient à mener des campagnes sur des problématiques uniques, mais avaient besoin, comme tout homme hétérosexuel, d’une structure de lutte organisée, dans laquelle travailler, une structure que le « Gay Lib » n’allait clairement pas apporter, et cela de manière délibérée. Ces hommes homosexuels n’étaient pas intéressés par un travail en commun. Au contraire, ils étaient intéressés par le fait de promouvoir leur personne de manière individuelle au sujet de problématiques ou de campagnes que la GLF poursuivait ou créait chez ses opposant-e-s. Ils étaient connus comme étant les « homosexuels hétéros ».
En novembre de l’année 1971, le GLF de Camden avait été créé en réponse au grand nombre encombrant et aux techniques de drague ayant lieu pendant les meetings du mercredi. Il y avait également le processus de localisation du GLF, qui devait amener une prise de conscience dans les communautés locales. Cette nouvelle mode était le résultat des clubs GLF de l’est de Londres, du Sud de Londres et du quartier de Notting Hill. En février 1972, les femmes se sont séparées du «Gay Lib ». Dépassées en nombre et ignorées par les hommes homosexuels, elles ont décidé de continuer à travailler séparément.
Cet événement a amené à la polarisation du mouvement sur les deux factions masculines. En juin, la première publication de « Gay News » est parue. Elle avait été publiée par un groupe auquel appartenaient de nombreux « hommes hétérosexuels » du groupe d’action GLF. Cela a directement amené à la création de quelque chose pouvant sauver le pays des reines rouges criantes et des pédés du Gay Lib . Cette situation a dominé le « All London Weekly General Meetings » jusqu’à l’exclusion d’un certain de personnes. C’est donc devenu une affaire mensuelle, ce qui a amené à une tentative vide et sentimentale de regagner sa prestance passée.
L’« Office Collective » avait été négligée, et avait été changée en une administration, par les supporterices de « Gay News », ainsi que par celleux aimant être proches des échanges d’informations et d’argent. Certain-e-s de ses membre-sse-s n’avaient jamais été à des rendez-vous publics, ne pensant pas que cela avait la moindre importance. Personne ne pouvait connaître la date, la localisation ou le numéro de téléphone exact des rendez-vous hebdomadaires de « Office Collective », que ce soit pour diffuser l’information ou pour l’obtenir.
En octobre 1973, les drag queens du collectif « Bethral Rouge Bookshop Collective » ont mis un terme à cela en opérant un raid sur leur bureau, et en ramenant les documents à ce qu’ils étaient au début. La réponse de « Gay News » avait été des mensonges et de la méchanceté, basé-e-s sur des idées reçues selon lesquelles les drag queens étaient violentes . Lors du dernier rendez-vous « GLF Think » du Sussex, en novembre 1973, le groupe des Bethral Rouge avait été innocenté par GLF Manchester ainsi que par GLF Leeds, ce qui avait donc mis fin à la loi édictée par l’ « Office Collective » . D’ici à la fin de l’année, le GLF avait disparu.
Identifié et stéréotypé de manière nationale par « Gay News », en février 1974 les Bethnal Rouge sont apparus, avec invitation au Goldsmith College Gay Soc. afin de faire un discours avant le disco. Pour l’occasion, Iëls étaient habillé-e-s dans leur plus beaux habits disco. Alors qu’iëls prenaient un verre avant leur discour, iëls ont été sauvagement passé-e-s à tabac par le Groupe 4 Total Security pendant que la police de Lewisham était appelée par le même groupe de sécurité qui venait d’attaquer les Bethnal Rouge. Une des drag queens a même eu besoin de traitements hospitaliers, une autre qui avait été frappée à la tête a perdu deux dents de devant. Une autre avait été arrêtée et, plus tard dans la nuit, avait été jeté à travers une vitre du commissariat de police. Le reste s’en était sorti.
En dehors du GLF de Londres, le FAHR de Paris avait été créé, et grâce à Mario Mieli, le FUORI ! italien. Du groupe anti-psychiatrique sont venus les Icebreakers. Il y avait un Gay Switchboard, les Bethnal Rouge, The Brixton Faeries, les Gay Men’s Press from the Media Group, et le groupe de théâtres mondialement connu ‘Bloolips’, issu du Street Theatre Group. Les groupes qui faisaient campagne Stonewall et Outrage ! se sont développés sur les mêmes bases. L’une des bonnes choses laissées par le GLF a été que, quand le virus du sida/HIV a été identifié, il existait déjà des groupes et les réseaux d’individu-e-s faisant parti (ou bien touchés par) la révolution sexuelle qui avait lieu, et qui avait commencé par le Gay Liberation Front. En prenant l’exemple du GLF, les nouve-lles-aux activistes des campagnes anti-sida ont été capables d’immédiatement faire face aux attitudes envers les hommes homosexuels dans l’orthodoxie médicale et, ainsi, il en a été de même pour toute la culture qui subissait la pandémie.

Stuart Feather (traduit par Matthieu Bisbarre)

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