dimanche, 25 mai 2008
L’auto-organisation des femmes dans celle du prolétariat
est le premier acte de l’abolition des hommes…
et des femmes, la suite s’effectue, comme communisation, contre toute auto-organisation
L’auto-organisation des femmes ...
Note préalable
La note sur l’auto-organisation des femmes n’est pas de la théorie au sens « dur », c’est bien plutôt un scénario ( Une conjecture exploratoire euphorisante et très certainement bancale ) calqué sur le texte : « L’auto-organisation est le premier acte de la révolution, la suite s’effectue contre elle » est inspiré par
1°(de très très loin) de ce que disaient les femmes de « Mujeres libres » avant le début de la guerre d’Espagne, en voulant en quelque sorte doter de valeurs maternantes la solidarité issue de la révolution.
2° Des bribes d’info qu’on a pu avoir sur l’Argentine où les rapport h/f n’étaient pas toujours idylliques parmi les gens en lutte, et où les femmes avaient un grand rôle et où aussi apparemment elles se sont beaucoup occupé de la prise en main de la « matérielle » bouffe, enfants, logements et aussi de culture et formation, sans du tout
renoncer à intervenir sur les coupures de route et dans les discussions.
3° Du mouvement des femmes en France surtout dans les années 70 où elles insistaient sur la nécessité d’un mouvement « non-mixte » pour pouvoir lutter réellement contre la domination masculine mais aussi des femmes des groupes gauchistes ou anarchistes contre les conditions spécifiques de l’exploitation capitaliste des femmes.
Sur le plan à plus proprement parler théorique de l’analyse de l’existence sociale des femmes posées comme telles par et dans la société, ce scénario postule qu’il n’y a pas 2 contradictions : une contradiction prolétariat/capital (k/p) et une contradiction hommes/femmes (h/f), mais qu’il y a une opposition h/f qui est une articulation interne à la contradiction k/p, articulation constitutive, indispensable et indépassable dans le capital comme mode de production et comme société sexués
La note part de la « fin » : L’individu immédiatement social qui n’est pas déterminé par la reproduction d’une spécificité sociale et donc contingente. La communisation produit la génitalité, ainsi que toute la corporéité, comme dimension absolument inhérente à l’individu et qui ne le détermine pas pour un rôle social (il n’y a plus de rôle sociaux), la génitalité n’est plus qu’une possibilité érotique et /ou reproductrice.
A partir de là, l’idée est que de la même manière que l’action du prolétariat est révolutionnaire parce que de classe mais que c’est que simultanément sa limite à dépasser en tant que catégorie du capital, l’action des femmes est destructrice de la domination masculine, mais est simultanément limitée par son caractère d’action sexuée qui n’est évidemment pas au-delà de la sexuation.
Ces deux points de base s’intègrent, c’est dans l’action de classe, des hommes et des femmes, que les femmes remettent en cause l’exploitation et son articulation sexuée, elles le font à partir des conditions immédiates spécifiques de leur exploitation de femmes prolétaires.
La simultanéité de l’apparition du mouvement moderne de luttes des femmes et d’une forte conflictualité de classe dans l’immédiat après 68, montre bien l’intime liaison entre lutte de classe « générale » et lutte des femmes contre la domination masculine et leur détermination comme femmes et non comme hommes tout simplement
. Cette lutte féministe nouvelle se déroule dans la fin de la forme programmatique de la lutte de classe, forme programmatique qui pour les femmes, avançait au mieux une égalité formelle et démocratique dans le cadre de l’affirmation du travail et du prolétariat tel qu’ils étaient.
La critique féministe de l’analyse de l’exploitation capitaliste des hommes et des femmes, telle qu’elle est vue dans le programmatisme, comme essentiellement indifférenciée, débouche sur la description de 2 exploitations dans 2 modes de production :
le MP Capitaliste et le MP Domestique, cette critique n’intègre pas les 2 réalités, ne s’en sort pas et recoure à la pirouette d’une « formation sociale » intégrant 2 modes de production juxtaposés, elle critique un « marxisme » qui ne parlerait que d’une exploitation indirecte des femmes prolétaires via leurs maris et donc pose à l’inverse une exploitation des femmes par leur mari à côté de l’exploitation capitaliste, qui finalement en profite quand même et la garantit.
Ce qui est essentiel dans cette critique c’est qu’à cause de son refus fondé de la naturalisation de la domination des femmes qui serait fondée sur le fait « naturel » que les femmes font les enfants, elle ne considère pas la production des enfants comme soumise à une exploitation de classe dans le cadre étatiquement normé de la famille (enfantement et élevage) et que cette exploitation là ne peut se faire que par l’appropriation des femmes tout entières et pas seulement de l’activité de gestation.
Cette critique féministe qui se dit « matérialiste » rate que c’est justement la capacité enfantante de la moitié des humains que la société de classe s’approprie, en tant capacité de produire la force de travail, en instituant « La femme » comme statut social et en organisant la domination masculine qui met en œuvre cette appropriation.
La critique de cette critique d’un point de vue communisateur, qui part de la production de l’individu immédiatement social, c’est non pas un retour à l’exploitation globalement indifférenciée du programme mais l’intégration de l’exploitation des femmes, socialement instituées donc mères et ménagères, comme dimension indépassable de l’exploitation capitaliste.
Les femmes subissent une exploitation spécifique (pour les « bourgeoises » la question n’est pas évidente) et les femmes prolétaires une double exploitation de leur capacité d’enfantement car cette exploitation implique une domination de la femme toute entière dans toutes ses activités alors que l’exploitation en tant que prolétaire « normal » (donc homme) suppose au contraire des individus « libres » (de toute propriété). L’exploitation des femmes en tant qu’enfantantes se déroule dans le cadre de la famille (ou de divers dispositifs qui y suppléent) pour les prolétaires (Pour les bourgeoises la famille aussi s’approprie leurs enfants mais c’est dans le cadre de leur propre appartenance à la classe dominante, il n’y a pas symétrie…) cette famille est le cadre de la production complète de la force de travail pour le capital, cette famille prolétaire réalise le croisement de deux exploitations, l’enfantement/élevage et le travail domestique qui le contient et le prolonge (ou trois pour celles qui « travaillent », puisqu’il est encore souvent dit que ménage, cuisine lessive et gestion de la dépense du salaire n’est pas du travail, que « les femmes au foyer » ne travaillent pas) puisque leur travail domestique est exploité par le capital dans le cadre de l’achat global de la force de travail de la famille inclus dans l’achat de la force de travail du mari en tant que chef de famille. La force de travail du mari produit directement de la plus-value, celle de la femme en produit indirectement par l’activité de mise en œuvre de la consommation productive du salaire du mari abaissant ainsi la valeur sa force de travail, puisque cette valeur est celle biens et des services entrant dans sa reproduction. La diminution de la part du travail nécessaire dans la journée de travail du prolétaire du mari est un dégagement de surtravail, mais seulement potentiel et qui devra encore être réalisée par le mari pour son capitaliste.
Le mari est l’agent d’effectuation des deux exploitations capitalistes à domicile de sa femme :
1° En faisant des enfants de sa femme des prolétaires.
2°En étant lui-même reproduit en partie par le travail de sa femme comme prolétaire prêt au travail exploité au plus juste prix. pour le capital
Cette production physique de nouveaux prolétaires et cette reproduction, physique aussi, de ceux qui existent déjà, sont le « bras prolétaire » (reproduction élargie d’un prolétariat prêt à se faire exploiter face au capital) du double moulinet de la reproduction du capital.
Ce croisement des 2 exploitations à domicile n’est pas contredit par l’exploitation directe en parallèle des femmes salariées, cette salarisation est organisée selon des modalités spécifiques qui permettent et même garantissent le maintient de ce cadre où se croisent maintenant 3 modalités de l’exploitation capitaliste. A l’heure actuelle cette garantie se fait massivement par le travail à temps partiel, mais aussi par toutes les entraves à la « mobilité verticale » des femmes dans le travail c’est-à-dire en bloquant leur salaire qui ainsi reste « 2ème salaire » plus ou moins d’appoint. Il y a aussi entrave à la « mobilité horizontale » qui confirme le blocage des salaires féminins à la hausse, cette salarisation se faisant dans un marché du travail spécifique peu diversifié et majoritairement peu complexe, très peu payé et comprenant beaucoup d’emplois globalement liés au travail domestique : élevage, entretient, soins etc. Tout ceci limite les risques, pour le capital, de désarticulation de ce travail salarié d’avec le travail domestique.
Indiscutablement il y a :
1° Sexuation sociale assignant les femmes à une fonction reproductrice et à l’élevage des enfants.
2° Appropriation de cette fonction assignée, comme création de petits prolétaires sous l’égide de l’Etat capitaliste.
3° Mise en œuvre de cette appropriation dans le cadre domestique de la famille nucléaire capitaliste étatiquement encadrée.
4°Exploitation du travail domestique par l’abaissement du travail nécessaire du mari - chef de famille.
5° Exploitation salariée spécifiquement accentuée pour s’articuler avec l’exploitation dans le cadre domestique.
L’exploitation des femmes n’est pas une « autre » exploitation, mais apparaît nécessairement comme telle, dans le cadre de la domination masculine de la société capitaliste sexuée. Paradoxalement c’est grâce à cette domination que la société capitaliste nie son caractère sexué, puisque apparemment aclassiste elle lui permet de le poser comme naturel, comme non construit, qu’elle le nie comme définitoire et qu’elle se donne comme « La société ». Tout comme elle ne se pose pas comme capitaliste en soi, mais comme ayant une économie capitaliste éventuellement à réformer, elle ne se pose pas comme sexuée mais comme ayant du sexisme, du machisme à corriger. L’exploitation des femmes dominées apparaît ainsi être autre et plus ou moins marginale, en tout cas comme un archaïsme prédémocratique à dépasser. En réalité la sexuation est forcément domination masculine, tout comme la société est forcément capitaliste, parce que sa fonction c’est l’exploitation spécifique des femmes par leur assignation à la production de la force de travail. Une sexuation essentielle égalitaire ne serait plus une assignation à cette production et on voit immédiatement qu’à ce moment-là il n’y a plus sexuation et donc que cette sexuation n’est pas essentielle et ne peut pas être égalitaire, tout comme le travail ne peut se libérer du salariat en restant du travail c’est à dire une activité individuelle non - immédiatement sociale
-L’auto-organisation des femmes dans celle du prolétariat
est le premier acte de l’abolition des hommes…
et des femmes, la suite s’effectue, comme communisation, contre toute auto-organisation.
Le dépassement des genres dans la communisation s’effectue dans le mouvement de lutte de classe, qui dans un premier temps est auto-organisation des prolétaires contre le capital. Dans les emparements d’éléments du capital par leurs salariés ou usagers auto-organisés, apparaît l’autogestion, cette autogestion, par et pour la lutte, est porteuse conflictuellement de son dépassement en communisation ou de son enlisement non –révolutionnaire, voire contre-révolutionnaire en socialisation.
Les femmes, de par leur existence sociale spécifique (qui les fait être femmes et pas hommes comme tout le monde) dans la société sexuée capitaliste où l’exploitation de leur capacité enfantante implique son articulation par la domination masculine , mettent en place dans le mouvement d’auto-organisation des prolétaires contre le capital et dans les emparements qui s’ensuivent, une auto-organisation spécifique, aussi bien dans les unités de production « générales » que dans les structures d’action médico-socio-éducatives préexistantes maintenant autogérées où elles étaient majoritaires, que dans les structures crées surtout par elles dans la lutte. Ces structures correspondent encore à des activités posées par le capital comme féminines, d’ordre domestique « « materno-centrées », ravitaillement, cuisine, garde des enfants, entretient général des conditions de reproduction de la vie encore quotidienne, vie qui, de vie familiale, deviens dans le mouvement : vie communautaire de lutte. Cette dissolution de la vie familiale dans le mouvement d’auto-organisation dans la lutte est un élément essentiel de l’abolition de la société et de sa division hiérarchique et exploitante des anthropes en femmes et hommes.
L’autogestion toute entière, dans son extension, est remise en cause au sein de ses acteurs, car cette extension est, en tant qu’extension même contre le capital, radicalisation qui a pour sens et contenu la communisation comme mouvement qui n’accumule jamais d’acquis, car des acquis en tant qu’acquis à défendre sont potentiellement rapidement mortifères. De même l’autogestion et la collectivisation par les femmes de « leurs » activités ainsi « rationalisées » les libèrent pour la lutte « générale » et par là radicalise leur lutte, en leur permettant de, et en les poussant à, s’emparer des rôles spécifiquement masculins, c’est-à-dire bien évidemment de s’emparer de l’orientation générale de la lutte. Cette extension du domaine de la lutte des femmes, grâce à leur auto-organisation, leur donne une importance essentielle dans la remise en cause de l’autogestion même, dans et par son extension, car les secteurs autogérés féminins, par leur spécificité, ont une position centralisatrice des activités et exige le dépassement de l’échange entre les activités autogérées, les remettant ainsi en cause comme simplement autogérées. La généralisation contre le capital de l’autogestion est mouvement (jamais acquis) du dépassement de l’échange et donc de la valeur. Cette unification/radicalisation dépassant l’échange dans la constitution d’une communauté de lutte, est remise en cause de la division du travail et de l’assignation à une activité qui lui est consubstantielle.
La constitution de cette communauté de lutte contre le capital est, en tant qu’elle fait toujours face au capital, communauté de prolétaires intégrant pour leur survie les couches petites-bourgeoises, voire des bourgeois ruinés et retournés, elle est le processus de communisation dans son mouvement victorieux ou inversement de défense du socialisé si le mouvement régresse. Dans cette communauté de lutte, dans des activités dépassant la division du travail et ayant leurs raisons d’être dans le développement de cette communauté comme lutte, c’est à dire dans l’unité toujours plus grande du mouvement, le rôle des femmes est toujours grandissant en étant l’exigence de cette unité, et les relations sociales toujours moins médiées car l’unité et les femmes qui l’exigent sont dépassement de l’échange. C’est l’unité de l’acte productif quel qu’il soit avec son but et l’accomplissement de cela collectivement qui fait être immédiats les rapports des individus, qui produit l’immédiateté sociale de l’individu. La communauté de lutte s’unifiant pose la société comme étant le capital en face (ce qu’elle a toujours été) les rapports deviennent strictement ceux des individus, ils ne sont plus médiés que par la lutte contre la société que l’on abolit.
Le dépassement de l’échange est mouvement du dépassement de l’existence de secteurs opposables et de la division du travail, l’unité de la communauté de lutte est ce dépassement, c’est dans le cours victorieux du mouvement de ces dépassements, que s’accomplit le dépassement de l’existence d’activités spécifiquement féminines et masculines. La défense des spécificités sexuées et d’extériorités de secteurs sera la défense du caractère sexuée des relations et donc la défense de la domination masculine qui la met en œuvre en tant qu’élément de l’exploitation capitaliste. La domination masculine, constitutive de la sexuation sociale, garantit l’exploitation toute entière par la défense de la valeur qu’est la défense de toute division du travail, division impliquant immédiatement l’échange. La défense, contre les femmes, de la spécificité féminine dans le moment du mouvement de dépassement de la division du travail est contre-révolution à l’inverse de ce que l’organisation de cette spécificité était au début de la lutte.
Dans ce moment l’auto-organisation des femmes impulse le dépassement des genres ! Elle n’est déjà plus affirmation d’une égalité et donc d’une « féminitude ». L’unité véritable s’oppose à l’unité formelle qui n’est qu’organisation démocratique de la division. Paradoxalement (pour nous maintenant) l’auto-organisation des femmes est, dans ce moment, lutte contre la sexuation sociale, lutte contre la division du travail, lutte contre l’échange et la valeur, lutte contre le capital, lutte contre la société, elle n’est plus reprise en charge d’une spécificité imposée pour en faire une arme. La lutte contre la division du travail est à ce moment lutte contre l’auto –organisation du prolétariat qui ne peut exister que dans le cadre des éléments de la société capitaliste dont on s’empare, La lutte contre la société capitaliste c’est la lutte contre le caractère de classe du capital qu’est le prolétariat, caractère qui lui est encore et toujours donné par le capital son ennemi maintenant clairement face à lui, mais que les prolétaires en révolution détruisent aussi dans leur propre organisation en la faisant tendre, dans et par leur lutte, à ne plus en être une, à être communauté des individus immédiatement sociaux.
L’auto-organisation des femmes ne doit pour autant pas être vue comme l’avant-garde radicale et incorruptible de la révolution, l’organisation des femmes, tant qu’elle n’aura pas essentiellement dépassé la reprise des activité spécifiquement féminines, pourra voir cette spécificité parce qu’elle est centrale dans l’ensemble des activité se retourner d’aile marchante du mouvement vers la communisation en courant exigeant un arrêt et des compromis pour préserver des acquis devenus vitaux dans un ralentissement du mouvement ( mais peut-être sera-ce là du génie stratégique permettant de reculer pour mieux sauter ?).
L’auto-organisation des femmes, centrale dans la révolution, au sein de l’auto-organisation du prolétariat, se dépasse elle-même en organisant le dépassement de l’auto-organisation du prolétariat en organisant la production du communisme au-delà des classes, des genres, des races et des nationalités, dans l’infinité des individus totalement différents en rapports immédiats.
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