L'environnement : une introduction

Une brève présentation et étude de ce qui est à l’origine de la crise écologique et des réponses qu’on peut y apporter.

Submitted by donaldo on February 5, 2017

La planète est confrontée à une crise environnementale d’une ampleur inégalée dans l’histoire humaine. Cette crise cause déjà aujourd’hui beaucoup de souffrance et, si elle se poursuit, risque d’aboutir à l’extinction de notre espèce sur terre.

Les problèmes environnementaux

Les problèmes environnementaux les plus néfastes auxquels nous faisons face aujourd’hui sont les suivants :

  • la pollution de l’air : source du changement climatique, c'est-à-dire de l’augmentation générale des températures qui perturbe les conditions météorologiques causant des inondations, des sécheresses et donc la mort de millions de personnes. La pollution de l’air détruit également la couche d’ozone (qui contribue à filtrer les radiations dangereuses et cancérigènes provenant du soleil) et crée des problèmes respiratoires et autres maladies qui tuent plus de 6 millions de personnes par an, selon l’organisation mondiale pour la santé.
  • les déchets solides : notre environnement maritime et terrestre est intoxiqué par le déversement de déchets industriels dangereux (comme le mercure ou les déchets nucléaires). L’utilisation de matériaux non-biodégradables pour des produits et des emballages a transformé des territoires entiers en de vastes déchetteries, empoisonnant et blessant les gens qui y vivent et travaillent.
  • l’érosion du sol : ce phénomène est le résultat de plusieurs facteur, comme l’emploi de fertilisant chimiques, de pesticides etc. Par conséquence, le sol s’érode plus rapidement qu’il se renouvelle, et participe à l’appauvrissement rural. Certain-e-s scientifiques pensent qu’en 2030 plus que 20 % des forêts mondiales seront encore existants, dont 10 % dans de très mauvaises conditions.
  • l’extinction des espèces : des plantes et des animaux sont menacés d’extinction à un rythme jamais-vu depuis la disparation des dinosaures. Cette perte d’espèces déstabilise l’écosphère dont dépend toute forme de vie.

Qu’est-ce qui est à l’origine de la crise écologique ?

Souvent on entend dire que la cause de la crise actuelle est le surpeuplement de la planète ou l’utilisation des nouvelles technologies.

Mais la plupart des pratiques destructrices pour l’environnement ne se font pas au bénéfice du plus grand nombre, et la plupart des nouvelles technologies industrielles ne sont pas non plus systématiquement mauvaises pour l’environnement.

Le problème n’est pas qu’il y ait trop de gens sur la planète ou que la technologie moderne soit néfaste en soi. Le problème se situe plutôt dans nos sociétés – et surtout dans l’industrie – et la manière dont elles sont organisées aujourd’hui. C’est plus particulièrement l’usage de combustibles fossiles comme le pétrole, le charbon et le gaz, libérant du dioxyde de carbone (CO2), principal facteur du réchauffement climatique, qui fait courir la planète vers une catastrophe.
Mais les choses ne doivent pas forcément se passer ainsi.

Pour de nombreuses technologies et substances dangereuses, il existe des alternatives. Au lieu de brûler des combustibles fossiles, des sources d’énergie renouvelables peuvent être utilisées, comme le vent ou l’énergie solaire. Des plastiques d’origine pétrochimique (comme les sac en plastiques) qui ne sont pas biodégradables peuvent être remplacés par des plastiques à base d’amidon (qui se décomposent sans causer de dommages à l’environnement).

Il est possible de vivre dans le respect de l’environnement sans pour autant baisser son niveau de vie. La crise écologique n’est pas causée par des gens ordinaires qui oublient d’éteindre la lumière ou qui utilisent le mauvais savon. C’est ce système de production, gaspilleur et guidé par le profit, qui n’est pas durable. Le blâme pour la crise environnementale doit être jeté sur le capitalisme, ses gouvernements et sur la société qui génère ces forces destructrices.

Le capitalisme

Le capitalisme est un système de production incroyablement gaspilleur, orienté par la compétition sur le marché et la recherche de profit. Pour que les entreprises puissent survivre dans cette compétition, elles doivent maximiser leurs profits. Et afin de maximiser les profits, elles cherchent à baisser leurs coûts. Tout comme les salaires des travailleur-se-s qu’elles cherchent à baisser, elles vont essayer de limiter les coûts que représentent la protection de l’environnement et la gestion responsable des déchets. Vous pouvez trouver notre introduction au Capitalisme en suivant ce lien.

Le fait d’installer du matériel de sécurité et de surveiller l’emploi des substances dangereuses coûte de l’argent et réduit la marge de profit potentielle. Il est plus rentable de faire supporter ces coûts à la population sous forme de pollution.

Citons aussi toutes ces choses qui sont produites de manière inefficaces, gaspillant énormément de ressources. De nombreux produits sont conçus et construits de manière à ce qu’ils ne durent pas longtemps pour pousser les consommateur-trice-s à les racheter (l’obsolescence programmée). Des produits inefficaces ou inutiles sont vendus à coup de publicité agressive, souvent avec l’aide de politiques publiques (par exemple dans le secteur automobile, au détriment des transports publics). Ces mêmes stratégies de publicité nous amènent à considérer les objets dont nous disposons comme « dépassés », que nous devons donc remplacer par une nouvelle version.

Les biens qui sont produits dans le capitalisme ne sont même pas tous consommés. Des fois, des entreprises produisent plus qu’elles ne réussissent à vendre sur le marché, ce qui peut générer une chute des prix et une récession. La solution du patronat est alors de détruire les biens « superflus », au lieu de les distribuer auprès de celles-ceux qui en auraient besoin. En 1991, 200 millions de tonnes de céréales étaient retenus du marché volontairement afin de maintenir les prix. 3 millions de tonnes aurait suffit pour éliminer la faim en Afrique dans cette année – aujourd’hui la situation n’est guère différente, considérant que, au niveau de la planète, près de la moitié des aliments est jeté chaque année.

L’état

Dans une société capitaliste, le succès et l’échec d’un état dépend des performances du capitalisme sur son territoire. C’est pour cette raison que la promotion du profit et de la croissance économique représente un devoir primordial que se donne tout état d’une société capitaliste. Vous pouvez lire noter introduction à l’état en suivant ce lien.

L’état ne va pas de bon cœur mettre en place une législation qui protège l’environnement, mais qui est contraignante pour les entreprises et limite leurs profits (et donc également ses propres revenus fiscaux).

En plus de cela, des lois de protection environnementale risquent de rendre un pays peu attrayant pour des investissements. Par exemple, en 1992, les grandes entreprises des pays bas ont empêché la mise en place d’une taxe sur la pollution causée par le carbone en menaçant de délocaliser leurs sites de production vers l’étranger.

L’environnement ne peut donc pas être protégé par les outils étatiques, ou par le « parti écolo ». Les partis écologistes, comme tous les partis d’opposition, affichent des positions radicales tant qu’elles sont dans l’opposition mais, une fois au pouvoir, elles agissent comme les autres. En Allemagne en 2001, le parti écolo faisait partie du gouvernement et a dénoncé des mouvements de protestation contre des transports de déchets nucléaires. Le parti était co-responsable du déploiement de 17 000 policier-ère-s contre des résident-e-s contestataires.

En 2007, le parti des verts irlandais, qui avait soutenu la campagne « shell to sea » contre l’extraction de gaz naturel dans le nord-est de l’Irlande, est entré au gouvernement. Ils ont vite fait de retourner leur veste, et un homme politique des verts était même chargé de superviser le projet pendant sa participation au gouvernement.

Les classes

De manière générale, il est évident que la crise de l’environnement affecte tout le monde et menace la survie de l’espèce humaine dans son ensemble.

Mais, bien que la crise écologique soit une menace globale, les personnes issues de la classe ouvrière sont les premières concernées. Nous sommes celles-ceux qui vont effectuer les travaux dangereux, source de destruction environnementale, et qui vont devoir vivre dans les zones polluées, tandis que les gens fortunés peuvent se permettre d’aller vivre ailleurs.

Tandis qu’à long terme le changement climatique affectera tout le monde, tout le monde n’a, dans l’immédiat, pas les mêmes intérêts pour le combattre : les patron-ne-s et les états profitent de ce processus qui détruit l’environnement. Seule la classe ouvrière à actuellement un intérêt à défendre l’environnement.

Nous devons rejeter les débats largement médiatisé qui opposent « emploi » versus « environnement ». Premièrement, parce que celles-ceux qui travaillent dans des usines sources de pollution seront aussi souvent amené-e-s à vivre dans l’environnement que cette industrie détruit. Leur santé, et celle de leurs ami-e-s et de leur famille est mise enjeu, à la fois au travail et au foyer.

Deuxièmement, parce que les préoccupations que peuvent feindre l’état et les employeur-se-s sont complètement faussées. Quand il s’agit de faire des bénéfices, ils-elles seront les premier-ère-s à prétendre que la priorité, c’est de créer de l’emploi. Et quand une industrie cesse d’être rentable ou économiquement importante, ils-elles la ferment, sous prétexte qu’il-elles veulent protéger l’environnement, mettant tout le monde à la rue, comme nous l’avons vu avec les travailleur-se-s d’ILVA en Italie.

Comment pouvons-nous résoudre le problème ?

Étant donné que le capitalisme est un système profondément destructeur, en fin de compte la seule manière de mettre un terme à la crise environnementale est de créer une nouvelle société orientée vers les besoins humains, et non vers les profits.

Mais ça ne veut pas dire que rien ne peut être fait en attendant le grand changement. La crise environnementale a été causée par le capitalisme, s’opposer à ce système signifie s’opposer à la destruction de l’environnement. Comme l’état fait partie de ce système, il est vain d’espérer une solution de sa part. Seules des actions massives de démocratie de base constituent un mode de résistance efficace.

Pour cela, le mouvement pour la protection de l’environnement doit être pensé en lien direct avec les besoins quotidiens de notre classe. A l’inverse, des discours écologistes abstraits, déconnectés de la lutte des classes, n’ont pas beaucoup d’utilité à nos yeux.

Sur le lieu de travail

Étant celles et ceux qui produisent tous les biens dans notre société, les travailleur-se-s ont la capacité, par l’action sur le lieu de travail, de forger une arme puissante contre le patronat.

Puisqu’une grande partie de la destruction de l’environnement trouve sont origine dans l’industrie et puisque les travailleur-se-s et notre entourage sont les principales victimes de la pollution, les luttes ouvrières pour la santé et la sécurité sont souvent en première ligne pour la défense de l’environnement.

En considérant les menaces environnementales comme intrinsèquement liées aux enjeux de santé et de sécurité, nous pouvons faire converger les luttes pour de meilleurs conditions de travail, pour notre santé (sur et en dehors de notre lieu de travail) et pour l’environnement. Nous pouvons dénoncer l’emploi de substances toxiques dans l’industrie, exiger que les entreprises recyclent autant que possible et qu’elles trouvent des alternatives aux produits nocifs pour l’environnement.

Si les travailleurs-se-s construisent un rapport de force sur leur lieu de travail, ils-elles peuvent imposer des mesures écologiques dans les industries polluantes. Par exemple, dans les années 1970, des travailleur-se-s du secteur du bâtiment en Australie ont réussi à empêcher des investissements dans des projets de construction polluants (par des « green bans »), là où les gens refusaient de travailler sur ces sites nocifs.

Dans notre quartier et notre entourage

Beaucoup d’initiatives pour la protection de l’environnement naissent localement, dans des quartiers ou des communautés, comme par exemple les campagnes pour de meilleurs transports en commun permettant de réduire la dépendance de l’automobile.

Certaines initiatives empêchent la construction ou le fonctionnement des projets destructeurs pour l’environnement. Par exemple au Royaume Uni, au début des années 1990, à travers tout le pays des gens se sont opposés à des projets de construction d’autoroutes. Bien que toutes les oppositions n’aient pas abouties, l’organisation locale et en communautés a conduit à ce qu’en 1995, 300 nouvelles routes qui devaient traverser des zones de protection naturelle ou des zones résidentielles ont été annulées.

En 2012, les résident-e-s de Shifang, en Chine occidentale, ont forcé le gouvernement à renoncer à son projet de construire une usine pour alliages de cuivre qui, comme le craignaient les habitant-e-s, auraient pu générer une pollution considérable et de graves problèmes de santé. En Italie aujourd’hui, nous trouvons de nombreux exemples d’environnementalisme ouvrier, comme le mouvement No TAV qui lutte contre la construction d’une ligne ferroviaire pour un train à grande vitesse qui traverserait les montagnes du Piémont. Ce mouvement implique des communautés entières qui utilisent l’action directe dans leur lutte pour la survie.

Conclusion

La destruction de l’environnement ravage de grandes parties de la planète, et menace l’existence de toutes les espèces, y compris la nôtre. Cependant, elle n’est pas le fruit de mauvais choix faits par des individus, mais de notre organisation sociale.

Les entreprises maximisent leurs profits en ignorant la protection de l’environnement, et les gouvernements encouragent des investissements au lieu d’imposer des régulations strictes.

Il appartient donc à la classe ouvrière de protéger l’environnement, étant donné que nous sommes les seul-e-s ayant un intérêt immédiat à le défendre. Aujourd’hui, nous devons utiliser l’action directe pour nous opposer à la destruction de l’environnement. A terme, c’est par la force collective que nous pourrons construire un nouveau monde, basé non pas sur la poursuite incessante de profit, mais sur la réponse aux besoins humains, y compris celui d’un environnement propre et sain.

Pour plus d’informations (en anglais)

Ecology and class: where there's brass, there's muck - Anarchist Federation – un ouvrage qui examine la crise écologique actuelle et ce qui est fait pour la combattre et qui donne une idée de ce que pourrait être un monde durable selon une vision communiste libertaire.
Social Ecology versus Deep Ecology: A Challenge for the Ecology Movement - Murray Bookchin – La critique de Murray Bookchin de l’écologisme “mystique” et sa conception d’un environnementalisme porté par et pour la classe ouvrière.
Climate change and capitalist growth - Joseph Kay – Un regard sur les réponses capitalistes au changement climatique et ses conséquences.
Nature, Neoliberalism and Sustainable Development: Between Charybdis and Scylla - Harry Cleaver – Une approche autonome marxiste sur l’impact du développement capitaliste sur l’environnement.
The politics of anti-road struggle and the struggles of anti-road politics - the case of the No M11 -
Un super article qui analyse en profondeur le mouvement contre la construction de routes au Royaume Uni dans les années 1990.
1971-1974: Green bans by builders in Australia – une histoire de la campagne massive de l’action sectorielle par les travailleurs-se-s du secteur de la construction qui ont protégé l’environnement et des communautés locales en refusant de travailler dans des conditions nocives pour leur santé et pour l’environnement.

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