samedi, 17 mars 2007
Il y a en ce moment un film à voir « Volem rien foutre al païs ! » J’ai adapté son titre dans un sens plus proche de la réalité empirique. Il s’agit d’une critique du travail sous la forme d’un documentaire qui se donne comme le rebond, près de 40 ans plus tard, de « L’an 01 ».
On assiste à 3 réjouissantes attaques du travail qui se conjuguent
Une apologie didactique du RMI liée à des images hilarantes d’un imbécile politique expliquant qu’il y a quelques millions à récupérer sur les fraudeurs.
Plusieurs exemples de retour collectifs à la terre, mais retours raisonnés (appuyés sur le RMI) qui ne se donnent pas vraiment pour la révolution en marche.
Un reportage sur des actions à Barcelone en faveur du « Dinero gratis » ( Pognon gratos), d’occupations d’appartements vides et « d’expropriation » collectives et festives dans des supermarchés.
Des critiques polémiques publiques contre le productivisme et les consommations de produits « merdiques » élaborés comme nécessaire par le marketing.
La critique du travail prend le relais de la critique du salariat en ce que le programme de libération du travail et de l’érection du prolétariat en pôle absolu de la société a été liquidé par la restructuration capitaliste - et l’ « an 01 » montrait le début de cette liquidation. Cette critique est un élément constitutif du Démocratisme Radical avec lequel les théories de la communisations sont embarquées.
La critique que nous faisons du démocratisme radical est celle des propositions politiques et économiques alternatives, qui se constituent sur les limites des luttes actuelles et les solidifient en obstacles à la lutte. Dans ce film, on voit des tentatives d’échapper au travail mais elles ne sont pas présentées comme une véritable alternative, on assiste à des manifestations de salariés confrontés la fermeture de leurs usines, il n’y a pas de dévalorisation de leurs actions, mais profonde solidarité.
On voit aussi une discussion sur la différence entre le travail qui existe actuellement et « l’activité » libre. Les protagonistes passent totalement à côté du plus important : que le travail n’existe que comme travail salarié et « qu’après » on ne se livrera pas à « l’activité » mais à des activités infiniment diverses et incommensurables entre elles, et c’est ainsi que le travail ne sera plus, « l’activité », quant à elle, n’est qu’un travail honteux.
Une seule intervention explique que le prolétariat c’est fini et que maintenant c’est l’espèce et l’individu, mais ce n’est pas la tonalité générale du film qui est celle d’une perspective de lutte contre le capital. Lutte contre l’aggravation des conditions de vie, et images de modes de résistance à l’esclavage salarié.
Ce film est un moment de grand plaisir, qui n’est pas gâché par des dithyrambes politiciennes, altermondialistes ou « alter - économiques ».
Les images des discours aux patrons de Sellières donnent envie de lui faire rentrer ses paroles dans la gorge, mais sans se faire d’illusions, en sachant que c’est dans la crise qui vient que ce sera au finish
Tempus Fugit
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