Grèves intermittentes - Tract CNT-AIT, Marseille

lundi, 31 mai 2004

Submitted by Craftwork on January 24, 2017

Ayant pour but de réduire le déficit de la caisse d’assurance-chômage, l’accord signé par les partenaires sociaux le 26 juin 2003 consiste à faire des économies essentiellement sur le dos des salariés.

Si cet accord est mis en application, il aura pour effet d’exclure un grand nombre de travailleurs du spectacle du régime spécifique de chômage. Perdre son chômage ne veut pas dire forcément perdre son travail, donc nous continuerons à travailler et à cotiser mais de moins en moins d’entre nous percevront une allocation.

Cet accord prévoit la création de deux annexes distinctes, l’une pour les techniciens, l’autre pour les artistes. Cette division, sur des critères d’emploi occupé et non plus d’employeur, laisse présager lors de prochaines négociations une mise en concurrence des deux annexes quant à leur “rentabilité”.

Une seule arme : la grève

Depuis quelques semaines de nombreux travailleurs du spectacle ont manifesté leur désaccord face à cette décision de la commission paritaire de l’Unedic, et continuent de s’opposer à tout agrément du gouvernement. Il y a eu diverses manifestations dans le cadre de l’exercice de nos métiers (grèves et prises de parole publiques) ou en dehors de ce cadre (défilés, actions anti-MEDEF, prises de parole publiques). Parfois, lors de ces actions on a pu voir au coude-à-coude employeurs et employés. Comme on a pu entendre des directeurs de festival ou de compagnie soutenir publiquement les intermittents en lutte. Cependant, de-ci de-là des contradictions sont apparues entre employeurs et employés sur les méthodes à utiliser. En effet ces premiers préfèrent les prises de parole lors des représentations à la grève du personnel. Une prise de parole ne nuit ni aux festivals ni aux compagnies à l’opposé de la grève (ou du blocage) qui nuit aux intérêts économiques des employeurs. Mais les employés n’ont pas le choix des moyens : face à une attaque économique, il ne peut y avoir qu’une riposte économique, et c’est la grève.

Attaque économique

Les cotisations versées aux différentes caisses dont celle du chômage sont la part socialisée de notre salaire. Et, comme pour l’assurance maladie ou les retraites, ceux qui travaillent cotisent pour ceux qui ne travaillent pas. C’est de la solidarité sociale. En décidant de diminuer les montants reversés aux chômeurs, aux retraités, aux malades, ceux qui nous gouvernent détruisent cette solidarité.

Dans le nouvel accord ceux qui travaillent plus et donc cotisent plus, toucheront plus d’indemnité. C’est un glissement de la solidarité vers l’épargne individuelle.

Sous prétexte d’équilibrer les comptes de la caisse d’assurance-chômage, de plus en plus d’allocataires sont et seront exclus.

On pourra considérer sereinement l’équilibre des différentes caisses quand l’État aura versé les sommes faramineuses qu’il doit et que les patrons cesseront d’être exonérés de charges. Pour l’instant, la seule chose que l’employé peut y faire c’est de toucher un excellent salaire et donc de cotiser hautement.

Déjà, nos employeurs devraient nous salarier chaque heure travaillée ; mais il est parfois d’usage, grâce à une complicité entre patron et salarié, que notre travail soit “rémunéré” en partie par nos allocations-chômage. Ceci profite toujours plus à l’ensemble des employeurs qu’à l’ensemble des employés en fin de compte.

Ce n’est pas par un contrôle étatique qu’on empêchera ces pratiques corporatistes ; c’est en exigeant que chaque journée, chaque heure de travail soit salariée, que nos allocations retrouveront leur fonction - qui est de permettre aux travailleurs sans emploi de vivre et non pas aux patrons de nous faire travailler sans nous payer de salaire

Offensive patronale et étatique généralisée

Aujourd’hui le nouvel accord sur l’assurance-chômage des intermittents rentre dans le cadre d’une offensive généralisée visant à abaisser le coût du travail, et va dans le sens de l’intégration des annexes 8 et 10 dans la nouvelle convention chômage générale, le PARE.

Les négociations de ce type d’accord associent des représentants des employeurs et des représentants des salariés - représentatifs par le seul fait de la Loi.

Cet accord doit avoir l’aval du gouvernement pour être appliqué. Le mouvement d’opposition actuel porte sur ce dernier point. L’État refusant son agrément, l’accord serait renégocié. Une renégociation ne concernerait que nos conditions d’indemnisation et pas nos salaires.

S’il est nécessaire aujourd’hui de s’opposer à la remise en question de notre chômage cela ne nous libère pas de la nécessité de lutter pour de meilleures conditions de travail et un meilleur salaire. Et cette lutte permanente est l’affaire de chacun d’entre nous tant que le salariat existera.

... grève générale !

Une forte augmentation des salaires directs etsocialisés, dans le spectacle comme ailleurs, renflouerait donc les caisses et réglerait, au moins pour un temps, les problèmes du chômage, des retraites, de l’assurance maladie.

Mais une telle perspective est en totale contradiction avec le capitalisme qui n’a de cesse, pour faire du profit, d’abaisser le coût du travail et donc aujourd’hui d’attaquer massivement les salaires.

Chaque offensive du capitalisme détériore un peu plus nos conditions de vie et nous contraint à nous opposer au coup par coup. Tant que nous restons sur la défensive, ce système, qui se nourrit du fruit de notre travail, perdure et même se renforce.

C’est par une contre-attaque générale que nous pourrons aller au-delà. Pour cela notre force est la solidarité de classe entre tous les exploités. C’est en s’organisant entre nous, en décidant à la base et en agissant directement, dès à présent, que nous pourrons abolir le salariat pour vivre dans un monde sans classes, sans État, sans exploitation ; un monde d’individus libres.

Vive la grève générale !
Vive la révolution sociale !

Confédération Nationale du Travail - Association Internationale des Travailleurs
Union Locale de Marseille (secteur spectacle)

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