dimanche, 13 juillet 2008
Dans notre groupe de théorie (qui va bientôt produire le premier numéro de la revue Endnotes) on estime qu’il y a un élément de la théorie qui est en effet sous-théorisé dans Théorie Communiste : il s’agit de toute la question de l’ontologie de la valeur dans le mode de production capitaliste. Quelle est cette “chose” appellée valeur, et pourquoi, en tant que capital, doit-elle se valoriser ? Il s’agit donc d’un présupposé trés important de la théorie de TC : un pôle de la rélation capital–travail où capital-prolétariat, en effet le pôle qui subsume l’autre, son autre, dans cette rélation à la fois asymmétrique et d’implication réciproque. En fait qu’est-ce qui amène le capital a se valoriser, et à subsumer le travail sous lui-même ?
Nous estimons que la théorie de la forme de la valeur et de la dialectique systématique du capital peut éclaircir cette problématique, et donc faciliter une meilleure compréhension du capital, et nous croyons aussi que ces théories sont parfaitement compatibles avec les thèses de TC. En effet, TC s’appuye beaucoup sur la théorie de la chute tendentielle du taux de profit et la tendance à l’inessentialisation du travail avec la croissante composition organique du capital, qui représente l’aggravation de la contradiction interne des rapports sociaux capitalistes – c’est à dire de la relation d’exploitation : comme dit Roland, “le travail nécessaire, c’est toujours de trop pour le capital”. C’est dans ce sens qu’on peut comprendre ces tendances “objectives économiques” comme étant (et ne pas provoquant) la lutte de classes. Cependant il faut signaler que ces théories marxiennes présupposent une conception dialectique de ce qu’est le capital en tant que valeur en procés ; et comme on l’a déja dit, nous considérons que la théorie de la forme de la valeur et de la dialectique systématique du capital sont indispensables à cet égard. On dirait même plus, l’enjeu du texte est d’essayer de faire ressortir le lien entre la logique de l’auto-valorisation du capital en tant que système qui se réproduit, et l’histoire de la subsumption du travail sous le capital, c’est à dire le développement historique contradictoire et conflictuelle du rapport entre le capital et le prolétariat.
Ceci dit, l’enjeu du texte n’est pas simplement didactique, mais aussi critique – le fait de vouloir faciliter une meilleure compréhension théorique de la lutte de classe et les perspectives de communisation comme dépassement produit à partir des contradictions internes de la relation d’exploitation ; il a par là aussi un enjeu critique ou politique, qui est celui de remettre en cause toute conception politique basée sur l’affirmation du prolétariat en tant que producteur de la valeur. Donc ici, encore une fois, la théorie de la forme de la valeur peut être le complément adéquat aux thèses de TC, cette fois sur la caducité du programmatisme, période historique où la révolution communiste, nécessairement, n’était pas l’abolition de la valeur. Nous estimons que la théorie de la forme de la valeur et la dialectique systématique du capital, telles qu’elles sont développées dans ce cycle de luttes, peuvent complémenter et même fonder les théses de TC sur la nécessité historique (de par le dépassement produit de la contradictoire relation d’exploitation) de l’abolition de la valeur comme procéssus immédiat de communisation des rapports entre individus.
Trois avertissements :
les tenants de la théorie de la forme de la valeur et la dialectique systématique du capital n’ont pas forcément cette même compréhension de l’enjeu de leur théorie.
Ces présupposés ne restent pas tout à fait sans élaboration chez TC (comme Roland m’a indiqué à Marseille, voir pp. 605–620 de Fondements critiques d’une théorie de la révolution).
Ceci ne doit pas être pris comme la formulation définitive des positions de notre groupe, c’est seulement l’idée que je m’en fais.
Nick
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