jeudi, 19 janvier 2006
Cette contribution à la discussion préparatoire à la réunion de mars comprend deux parties. Dans une première partie, je m’intéresse à la distinction que propose Denis entre "auto-organisation du sujet" et "auto-organisation de la lutte" ; dans une seconde partie je critique la notion d’ "aire de la communisation". Les deux parties ne sont pas sans lien : la recherche dans les luttes de pratiques posant des questions qui sont de même nature que celles qui mèneront à la production du communisme au moment de la révolution.
"Auto-organisation du sujet" / "auto-organisation de la lutte"
Je ne cherche pas, dans ces quelques pages, à dire qu’actuellement il n’y a pas (plus) de luttes auto-organisées, c’est même la période de "l’amère victoire de l’auto-organisation". C’est pour cela qu’il ne faut rien lâcher sur la critique de l’auto-organisation. Je ne dis pas que l’on ne doit pas s’auto-organiser, autant vouloir que la terre soit immobile et que le prolétariat ne soit pas une classe du mode de production capitaliste ; ce que je critique c’est de concevoir entre les luttes actuelles et la révolution un processus évolutif continu dont l’auto-organisation serait le vecteur ou la substance (le fil), ce que l’on fait chaque fois que l’on abandonne la critique de l’auto-organisation quelle que soit l’appellation qu’on lui donne et que l’on cherche à lui conférer une valeur universelle ce qu’elle ne peut manquer d’acquérir en tant que qu’ "auto-organisation de la lutte".
Dans auto-organisation, il y a toujours "auto". Qu’il s’agisse de l’ "auto-organisation d’un sujet" ou de l’ "auto-organisation des luttes", au-delà du simple fait qu’il y a toujours quelqu’un (un sujet ?) qui lutte, trois objections demeurent.
Une occultation de la rupture nécessaire
C’est la rupture qu’il faut mettre en avant. Conserver l’auto-organisation sous quelque forme que ce soit, ne peut que conduire à continuer à penser la révolution comme continuité par rapport aux luttes revendicatives. Même si la continuité ne se veut que formelle, il faut la critiquer, en outre il n’existe pas de forme qui ne soit un contenu. Même si l’on parle d’auto-organisation de la lutte, cela comporte un prolongement nécessaire : l’auto-organisation du sujet qui lutte. Le saut qualitatif c’est la remise en cause du sujet qui est celui de l’auto-organisation, c’est-à-dire la transformation des prolétaires en individus immédiatement sociaux. Cette transformation s’amorce dans la lutte revendicative et va au-delà d’elle, allant au-delà d’elle, elle est amenée à aller au-delà de ce que ne peut que formaliser l’auto-organisation et l’autonomie : être une classe de cette société qui est l’ultime limite de l’abolition de cette société. Le prolétariat se fait lui-même, à partir de ce qu’il est, classe révolutionnaire dans un processus d’auto-transformation. Il s’organise mais ne s’auto-organise pas car le moteur de cette auto-transformation c’est avant tout la production de ce qu’il est comme une contrainte extérieure : sa raison d’être à l’extérieur de lui-même. En cela l’auto-organisation de la lutte ne se différencie pas, dans la critique que l’on peut en faire, de l’auto-organisation du sujet. Avec les premières mesures communisatrices la lutte change de terrain, elle crée son propre terrain en entrant en contradiction avec tout ce qui est reproductible et à reproduire, tout ce qui est "auto...", hormis se changer soi-même.
On peut toujours soutenir que l’auto-organisation est le flux même de ce changement dans la lutte des classes, mais on aura mis dans la forme ce qui appartient à l’activité et ce faisant on n’aura pas considéré la forme dans son contenu. On aura d’abord fait disparaître la rupture et ensuite on aura dissocié ce qui dans l’activité révolutionnaire est homogène : la coïncidence du changement des circonstances et de l’activité. La forme, l’absence de délégation dans la conduite de la lutte et la fixation de ses objectifs, ne se définit comme auto-organisation que pour autant que le prolétariat peut historiquement se présenter comme un être là, en tant que tel et en lui-même contradictoire au capital. Chaque fois que le prolétariat agit ainsi, il s’auto-organise, mais par là il entérine, confirme sa propre situation comme indépassable. Quand, dans le cours de la lutte il est contraint de remettre en cause ce qu’il est lui-même, il n’y a pas d’auto-organisation parce que le cours de la lutte ne confirme aucun sujet préexistant tel qu’il serait en lui-même en dehors de la lutte. La lutte peut alors être indépendante de tout parti, syndicat, institution, elle n’en est pas pour autant auto-organisée car elle ne trouve pas son principe en elle-même comme mise en forme de ce qu’est le prolétariat en lui-même. On ne peut alors parler d’auto-organisation de la lutte, si on parle d’auto-organisation de la lutte c’est que l’on parle de l’auto-organisation du sujet.
Tout cela ne va pas (et n’ira pas) sans organisation, les prolétaires assument diverses nécessités s’imposant dans les développements de la lutte. Cette organisation n’est jamais la formalisation de ce que l’on est dans la société actuelle comme base ou point d’ancrage de la société nouvelle à construire en tant que libération de ce que l’on est, c’est-à-dire qu’elle n’est pas auto-organisation, elle ne formalise l’existence d’aucun sujet préalable, même si elle ne peut que partir de la situation du prolétariat dans sa contradiction avec le capital, c’est-à-dire de sa situation dans le mode de production capitaliste. Mais cette organisation ne trouve pas non plus en elle-même, face au capital, ses lois de constitution, elle est un rapport au capital dans lequel le prolétariat abolit ce qui le définit dans ce rapport. Non seulement la situation de prolétaires n’est plus quelque chose à organiser, à défendre et libérer, mais quelque chose à abolir, mais encore la lutte elle-même n’a pas sa raison d’être en elle-même. La lutte est organisée, elle n’est pas auto-organisée.
Continuer à parler d’auto-organisation comme un flux, un processus, de rupture c’est entretenir la confusion et diluer le contenu même de la rupture.
La question de la relation entre luttes revendicatives et révolution est alors occultée soit au profit d’une dynamique de la forme, soit au profit de l’acceptation d’une forme qui recouvre des contenus divers et surtout dont l’un de ses contenus (la révolution) serait le dépassement d’un autre (les luttes actuelles). Sous aucune forme il ne peut maintenant exister de transcroissance des luttes revendicatives en mouvement révolutionnaire. Parler d’auto-organisation de la lutte en la différenciant d’une auto-organisation du sujet n’est-ce pas, d’une certaine manière, sous couvert d’une transformation de l’auto-organisation, conserver un continuum entre les luttes actuelles et la révolution ? Quand l’on commence à envisager concrètement ce que signifient des mesures communistes, il est évident que défendre une quelconque forme d’auto-organisation ou d’autonomie c’est s’enfermer dans les catégories du mode de production capitaliste. On peut parler "d’auto-organisation de la lutte", cela n’empêche que dans ces luttes les prolétaires ne trouvent que toutes les divisions du salariat et de l’échange et aucune forme organisationnelle ne peut surmonter cette division, seul le peut le changement de contenu de cette lutte, mais alors c’est la rupture consistant à reconnaître dans le capital sa propre nécessité en tant que classe (à l’extérieur de soi), le contraire même de tous les "auto...".
Parler de rupture ne signifie pas qu’il existe quelque chose comme une « dynamique objective des luttes » que pourrait exprimer une forme organisationnelle quelconque. Le prolétariat n’est pas un acteur pris dans une « dynamique » comme une courroie de transmission de cette « dynamique », c’est lui-même qui engage un processus de rupture, de négation, de dépassement de son ancienne façon de lutter, de son ancienne situation.
Il est devenu impossible d’attendre de l’auto-organisation autre chose ou d’en espérer une dynamique interne qui serait son dépassement, sa transformation en une autre forme, à partir d’elle-même et non contre elle. "Contre elle" n’appelle pas à de nouvelles formes organisationnelles (le passage d’une "auto-organisation du sujet" à une "auto-organisation de la lutte" ?) mais à des pratiques dans lesquelles le prolétariat se remet en cause comme classe dans une forme organisationnelle qui dans aucun cas, en aucune façon, ne peut être à elle même sa référence. Au cours de la lutte, le sujet qui était celui de l’autonomie se transforme et abandonne ses vieux habits pour ne plus se reconnaître comme existant que dans l’existence du capital, c’est le contraire exact de l’autonomie et de l’auto-organisation. Ce changement est une rupture. Ce n’est pas une question de définition de l’auto-organisation ou de l’autonomie, c’est d’un processus social dont il s’agit, un processus de rupture dans la lutte de classe, l’auto-transformation d’un sujet qui abolit ce qui le définit. Il ne faut pas passer à côté de ce moment essentiel : le prolétariat comme sujet de la révolution s’abolit comme sujet de son auto-organisation quelle qu’elle soit. S’il y a auto-organisation des luttes alors elle se perd dans les conflits que la diversité des situations impliquent, s’il y a lutte (au singulier) alors il y a unification ce qui signifie le dépassement de toutes les situations antérieures.
Tant qu’aucun affrontement de classes n’entamera de façon positive, en tant qu’action de classe contre le capital, une communisation des rapports entre les individus, l’auto-organisation demeurera la seule forme disponible de l’action en tant que classe. Parler d’une "auto-organisation des luttes" qui ne serait plus "auto-organisation du sujet", c’est encore la recherche de la "vraie auto-organisation », c’est une démarche qui en fait indique le contraire de ce qu’elle cherche : en prenant pour cible l’auto-organisation réellement existante, elle indique que l’auto-organisation est à dépasser. Un tel changement (s’il existe) ne pourrait être qu’une tension à l’intérieur de l’auto-organisation.
Ce que l’on est a sa raison d’être dans le capital.
L’auto-organisation et pire l’autonomie (mais l’une va rarement sans l’autre) supposent que les luttes trouvent en elles-mêmes leurs lois, leurs raisons d’être (en cela "l’auto-organisation du sujet" et "l’auto-organisation des luttes" sont identiques). Trouver en soi ses lois cela peut être (paradoxalement) une réalité tant que les luttes demeurent un moment de l’autoprésupposition du capital ou tant que la révolution peut être libération. En revanche, la rupture, le saut qualitatif, c’est produire ce que l’on est dans le capital, c’est l’appartenance de classe comme une contrainte extérieure, c’est la conscience de soi comme conscience de l’autre (ce qui ne signifie pas que le prolétariat soit une pure négativité). C’est l’exact inverse de l’auto-organisation et de l’autonomie quelle que soit le sens que l’on cherche à donner aux mots. C’est la négation par le prolétariat de son existence comme classe à l’intérieur de son action en tant que classe. Ce n’est pas l’auto-organisation, même des luttes, qui est l’existence possible d’un courant communisateur mais l’écart à l’intérieur du fait d’agir en tant que classe que l’auto-organisation (quelle qu’elle soit) formalise et entérine : un écart par rapport au contenu même de l’auto-organisation. Agir en tant que classe c’est actuellement d’une part n’avoir pour horizon que le capital et les catégories de sa reproduction, d’autre part, c’est, pour la même raison, être en contradiction avec sa propre reproduction de classe, la remettre en cause. L’auto-organisation est et sera de plus en plus traitée comme perpétuation de la société capitaliste, comme principal obstacle à l’approfondissement et à l’extension même de ses luttes par le prolétariat.
La communisation c’est l’abolition par le prolétariat de tout ce qui le définit en tant que classe y compris et en premier lieu son autonomie. Aucun mouvement révolutionnaire ne pourra être qualifié d’autonome ou d’auto-organisé car il ne pourra être que l’abolition de tout ce qui peut être autonome ou auto-organisable (une situation particulière, dans les rapports capitalistes). Si le prolétariat s’abolit, il ne s’auto-organise pas. L’activité est toujours organisée, pas toujours auto-organisée (reproduction / libération d’un sujet préalable). S’il faut une appellation, on peut, pourquoi pas, parler de "communauté d’action". Se reconnaître comme classe ne sera pas un "retour sur soi" mais une totale extraversion comme reconnaissance de soi-même en tant que catégorie du mode de production capitaliste. Ce que l’on est comme classe n’est immédiatement que notre rapport au capital. Cette "reconnaissance" sera en fait une connaissance pratique, dans le conflit, non de soi pour soi, mais du capital.
L’auto-organisation d’une lutte exprime et revendique le caractère autosuffisant du mouvement ce qui n’est pas immédiatement le mouvement dans sa particularité est considéré comme autre : jonction, soutien, solidarité. "Nous devons rester maîtres de notre lutte", telle est la proclamation de base de l’auto-organisation. Elle s’adresse évidemment à toutes les manipulations. Cela signifie que l’on considère le reste de la société comme un environnement hostile ou favorable. Une lutte auto-organisée, c’est une lutte qui cherche à se déterminer d’abord en elle-même puis face à un environnement social.
Si l’auto-organisation désigne le refus de la manipulation et la volonté de rester directement maître de sa lutte et de ses revendications c’est simultanément l’affirmation que la lutte trouve son fondement en elle-même, elle considère l’extérieur comme simplement extérieur. L’auto-organisation est une pratique qui pose la définition sociale d’un groupe comme inhérente à ce groupe, quasiment naturelle, et les rapports définis au cours de la lutte comme rapports avec d’autres groupes pareillement définis. Là où il y a organisme elle ne voit qu’addition, là où il y a activité et rapport elle ne voit qu’objet et nature. Que les acteurs d’une lutte ne remettent à personne d’autre le soin de déterminer la conduite de leur lutte ce n’est pas nécessairement de "l’auto-organisation", dépasser l’auto-organisation c’est considérer que le groupe en lutte ou la fraction de la classe, ou la classe dans son ensemble, n’ont pas leur définition en eux-mêmes, de façon inhérente. Ce que fait l’auto-organisation de la lutte, en cela elle est tout autant critiquable que l’auto-organisation du sujet, et les deux critiques ne peuvent que se confondre.
L’auto-organisation suppose que la définition de la clase ouvrière lui est inhérente, passer du sujet à l’activité ne change rien à cela. Il ne s’agit pas de se battre sur le sens des mots, ce que l’on met en général dans une auto-organisation qui serait plus ou moins révolutionnaire ou en prise avec la révolution est totalement différent de toute auto-organisation réellement existante, il y a rupture c’est cette rupture qui doit nous intéresser. Si on estompe cette rupture c’est que l’on conserve, sous différentes formes, l’ancien schéma de l’autonomie. Mais on ne sort pas d’une incohérence : d’une part affirmer, ce qui est maintenant incontournable, que la révolution est abolition des classes ; d’autre part, fonctionner sur un schéma qui valorise l’auto-organisation comme processus révolutionnaire ou même seulement, comme le fait Denis à la fin de ses Réflexions autour de l’Appel, comme "posant des questions qui ont trait à la communisation" (Meeting 2, p. 40). L’auto-organisation poserait ces questions dans la mesure où elle est le "refus des médiations", mais outre que l’on a ici ce qui a toujours été l’antienne de l’Ultra-gauche, ce qui annonce la rupture ce n’est pas le refus des médiations mais la remise en cause de ce qui fait qu’il y a médiation : être une classe. Ce ne sont pas des individus indéfinis qui "apprennent" en dehors de toute médiation à se "gouverner eux-mêmes". C’est contre ce qu’ils auront "appris" à gouverner eux-mêmes, leur propre position de classe de cette société, que les prolétaires auront à faire la révolution.
L’universalisation du concept et le flou de la périodisation des cycles de luttes
La question de l’auto-organisation c’est aussi la question de la périodisation du mode de production capitaliste et des cycles de luttes. L’auto-organisation ne désigne pas n’importe quelle activité où des individus, fussent-ils des prolétaires, se concertent directement pour savoir ce qu’ils vont faire ensemble, elle est une forme historique déterminée. Il semblerait qu’il n’y a pas d’histoire derrière le terme d’auto-organisation ou que cette histoire n’est qu’un contenu passager et ne touchant pas une forme neutre, n’ayant aucune incidence sur elle. La forme d’un côté, le contenu de l’autre. Cette séparation montre bien qu’en réalité l’important c’est la forme, un fétichisme de la forme, c’est-à-dire que la forme devient son propre contenu. L’auto-organisation et l’autonomie en tant que perspective révolutionnaire appartiennent à une époque où le prolétariat a la capacité de trouver, dans son rapport au capital, la base pour se constituer en classe autonome. C’est ce qui a disparu.
A partir du milieu des années 1980, l’auto-organisation devient la forme dominante de toutes les luttes, elle n’est même plus rupture d’avec toutes les médiations par lesquelles la classe serait une classe du mode de production (rupture libérant sa nature révolutionnaire), elle n’est plus qu’une forme radicale accompagnant le syndicalisme. S’il y a actuellement des luttes qui rompent avec toutes ces médiations, il faut se demander si on peut pour autant les qualifier d’auto-organisées. Ont-elles quelque chose à auto-organiser ? Je ne le pense pas, et ce serait rester à l’apparence des choses que de croire que ce quelque chose serait la lutte elle-même. Elles ne peuvent maintenant rompre avec ces médiations qu’en ayant en leur sein la remise en cause de l’appartenance de classe elle-même, c’est-à-dire en remettant en cause ce par quoi il y a des médiations.
"L’aire de la communisation"
Parler d’un passage de "l’auto-organisation du sujet" à "l’auto-organisation de la lutte" postule une auto-organisation qui se détruirait elle-même, une sorte d’auto-dépassement dans lequel elle irait au-delà d’elle-même, qui serait en fait non plus auto-organisation mais pourquoi pas communauté révolutionnaire. Une action et une communauté de lutte de prolétaires contre le capital, un processus de dégagement de celui-ci, les prolétaires se constituant en communauté d’individus révolutionnaires qui communisent leurs rapports. Une sorte de phase inférieure de l’immédiateté sociale des individus. On ne ferait qu’isoler les aspects les plus radicaux des luttes actuelles en leur cherchant une dynamique propre et surtout on enrichirait l’ "aire de la communisation" d’un élément qui tempérerait son aspect bien alternativiste. Ce sauvetage de l’auto-organisation est explicite quand Denis écrit : "Vouloir mener une lutte tout en s’affranchissant de toutes les médiations mises en place par le capital (les syndicats, la politique, les médias, le droit, etc.) est un exemple évident d’une manière de poser des questions qui ont trait à la communisation." (p. 40). C’est surtout un exemple évident de ce qu’à toujours été, depuis la révolution allemande et la gauche germano-hollandaise, l’auto-organisation dans sa perspective révolutionnaire de libération de la classe comme affirmation de son être véritable qui, dégagé des médiations capitalistes, ne pouvait être que révolutionnaire. Tout cela est devenu maintenant purement formel. Ce qui est maintenant important et ce qu’il est essentiel de repérer et de promouvoir, c’est ce qui à l’intérieur de ces luttes auto-organisées va contre (remet en cause) l’existence du prolétariat comme classe du mode de production capitaliste, c’est-à-dire non pas les médiations mais ce qui fait que ces médiations existent : être une classe, c’est-à-dire ne se définir que dans un rapport d’implication réciproque. Je frise peut-être ici le procès d’intention, il me semble cependant que c’est ce qui est implicitement contenu dans cette citation de la page quarante.
Dans le texte "Réflexions autour de l’Appel" (Meeting 2, pages 33 à 40), Denis cherche une troisième voie entre l’alternativisme de l’Appel et la "position rigoureusement anti-alternativiste (qui) se trouve par exemple chez Théorie Communiste". Cette troisième voie se reconnaîtrait dans "chaque tentative pratique (c’est moi qui souligne) de poser la question communiste" ; ce qui est exprimé également sous la forme : "il est possible de poser pratiquement (c’est moi qui souligne) des problématiques qui ont à voir avec le communisme...". Quelques lignes plus loin, la formulation devient : "le mouvement communisateur se caractérise par le fait qu’il se pose déjà dans les luttes des questions qui sont de même nature (c’est moi qui souligne) que celles qui mèneront à la production du communisme au moment de la révolution : mais que les réponses qu’il y donne, bricolées avec ce que le capital rend possible actuellement, ne sont pas elles-mêmes communistes". Remarquons qu’au long de ce même paragraphe (p. 37), on est passé des "tentatives pratiques de poser la question du communisme" à "poser pratiquement des problématiques" et enfin à "des questions qui sont de même nature". Je ne pense pas que ces trois formulations soient équivalentes et l’euphémisation progressive de la position au cours du paragraphe traduit un certain embarras. Il aurait été intéressant d’avoir quelques exemples permettant de mieux cerner pratiquement ce que Denis entend par ces "tentatives", ces "problématiques" ou ce quelque chose de "même nature". Nous nous intéresserons donc aux présupposés requis par l’existence de telles choses et aux conclusions que cette existence implique pour déterminer leur existence.
L’embarras ( la fréquence dans le texte des "je dis ceci, mais cela ne veut pas dire") dans lequel se trouvent ces "Réflexions..." provient de ce que Denis doit éviter le Charybde de TC et le Scylla de l’Appel en jouant l’un contre l’autre. Après avoir évité le "rigoureux anti-alternativisme" il faut éviter "l’alternativisme confrontatif". Ces "tentatives pratiques" ou cette possibilité de "poser pratiquement des problématiques qui ont à voir avec le communisme" ne doivent pas oublier, c’est la suite du raisonnement, qu’il est « impossible de vivre actuellement quelque chose qui "tende vers" le communisme ou en soi la préfiguration ». Il faut donc arriver à différencier les "tentatives pratiques", les "problématiques qui ont à voir avec le communisme" ou les "questions de même nature" et les "préfigurations" ou les "tensions vers". La tâche est difficile, mais Denis parvient à le faire. Il serait possible de "poser la question communiste", mais toutes les réponses qui y sont données "ne sont pas elles-mêmes communistes" (p.37). Pourquoi ne sont elles pas "communistes", parce qu’elles sont "bricolées avec ce que le capital rend possible actuellement". Si elles sont "bricolées" c’est que « effectivement, certains de ceux qui se retrouvent actuellement dans des milieux où à mon sens, on tente de poser la question de la communisation ont pu vivre une forme de "sécession" : mais une telle rupture s’inscrit dans la logique d’une époque où la communisation est une question marginale » (p. 39). Donc, tant que la question de la communisation demeure marginale, toutes les réponses sont "des réponses de notre époque : c’est-à-dire destinées à se périmer dès que la situation sera suffisamment modifiée pour qu’une question jusque là minoritaire soit désormais dans toutes les bouches".
Mais alors, poursuit Denis, par rapport à ce moment là, ce ne sont pas seulement les réponses actuelles qui sont "inadéquates" mais encore la question elle-même qui est "mal posée" car de façon subjective : "Toute pratique actuelle qui se voudrait communisatrice devrait donc garder à l’esprit qu’elle répond de manière inadéquate à une question mal posée" (p. 40). Cette formule radicale doit être lue attentivement, elle n’est pas la critique définitive de toute pratique actuelle qui se voudrait communisatrice, elle n’est que l’énonciation de ses critères de validité. Pour en revenir aux premières formulations, il est "possible de se poser pratiquement des problématiques qui ont à voir avec le communisme" ou des "questions qui sont de même nature" ou même des "tentatives pratiques de poser la question communiste", tout cela est possible et d’après Denis existe, mais il faut le faire en sachant que ce sont "des réponses inadéquates à des questions mal posées". De cette façon Denis évite le "rigoureux anti-alternativisme" et "l’alternativisme confrontatif". Mais il n’a trouvé de passage entre Charybde et Scylla qu’en succombant aux chants des sirènes alternatives. Denis ne critique pas l’alternativisme de l’Appel mais l’immédiatisme de cet alternativisme. Il abstrait quelque chose qui serait le questionnement conservant sa "valeur" quelles que soient les réponses apportées et même quelle que soit la façon dont il est formulé. Une telle abstraction ne pourrait se fonder que dans ce que Joachim Fleur dans "Prolétaires encore un effort..." (Meeting 2) appelle "cette tendance anthropologique au dépassement des conditions existantes" (p. 32).
S’il est "possible de se poser pratiquement des problématiques qui ont à voir avec le communisme"c’est qu’il y a "forcément un rapport entre ce que sont les prolétaires actuellement et ce qui les rendra capables de produire le communisme un jour...". La chose est précisée un peu plus loin dans le commentaire d’une proposition de l’Appel, la proposition VI : "d’une manière générale, nous ne voyons pas comment autre chose qu’une force, qu’une réalité apte à survivre à la dislocation totale du capitalisme pourrait l’attaquer véritablement c’est-à-dire jusqu’à cette dislocation justement" ; pour Denis c’est une telle position qui fait que "tout en posant une critique de l’alternative (l’Appel) penche malgré tout irrésistiblement vers celle-ci". A mon sens, il n’y a pas de critique de l’alternative dans tout l’Appel et cette proposition VI non seulement est alternativiste mais en plus platement programmatique, cette réalité qui croît dans le mode de production capitaliste et qui est "apte à survivre" cela aurait pu être la Social-démocratie allemande ou la glorieuse classe ouvrière de la Troisième internationale. Le plus important est la suite du commentaire : "toute la difficulté de la théorie révolutionnaire se tient cachée derrière cette phrase (la proposition VI de l’Appel, nda) : il s’agit de comprendre le renversement du capitalisme comme un processus qui ne soit pas lui-même capitaliste, puisqu’au bout du compte il a la capacité de détruire le capitalisme, et qui pourtant prend naissance dans le rapport social capitaliste. C’est en ce sens que l’Appel est représentatif du débat qui traverse l’aire qui pose la question de la communisation" (p. 37).
Toute la difficulté de la théorie révolutionnaire ne se tient pas cachée derrière cette phrase. Cette phrase a même pour vertu de faire disparaître toute difficulté. Si on considère qu’il peut y avoir quelque chose "apte à survivre" ou "un processus qui ne soit pas lui-même capitaliste" et que tout cela existe comme un "rapport entre ce que sont les prolétaires actuellement et ce qui les rendra capables de produire le communisme un jour", alors il n’y a plus de problème, plus de difficulté. Nous avons, dans le capitalisme, une positivité du communisme qui le mine et qui parviendra bien à le surpasser. On ne voit pas comment une action de classe, en demeurant action de classe (nous sommes selon les critères mêmes de Denis avant la généralisation de la question du communisme et l’effondrement du rapport social capitaliste), pourrait contenir et encore moins être "un processus qui ne soit pas lui-même capitaliste". Denis ne nous dit rien sur la nature de ce "rapport" ou de ce "processus", mais nous savons qu’il existe. Il existe si bien que les "réponses inadéquates" et "la question mal posée" sont tout de même "tout à fait adéquates pour donner aux luttes actuelles un sens qu’elles ne possèdent pas sans elles (c’est moi qui souligne) et qui peut se révéler ensuite déterminant pour la possibilité de produire le communisme" (p. 40). L’Appel, comme le dit Denis, est représentatif du débat qui traverse l’aire de la communisation, mais seulement au sens où il est alternatif, où il exprime une autonomisation de la dynamique de ce cycle de luttes et seulement en ce que l’aire de la communisation est elle-même une idée (ou une réalité imaginaire pour ceux qui pensent y appartenir) qui exprime en elle-même cette autonomisation. Le courant communisateur n’est plus saisi comme un précipité interne (largement ou exclusivement -j’hésite - théorique en tant qu’objet ayant une continuité) de la lutte de classe la plus générale de la période, mais, devenant "aire de la communisation", comme une existence particulière ayant ses pratiques propres à côté des formes générales des luttes actuelles auxquelles, en tant qu’aire de la communisation, elle donne un sens.
La troisième voie que Denis tente de définir repose une possibilité d’existence actuelle pratique et positive (je qualifie cette existence de positives dans la mesure où ces pratiques auraient le privilège tout en étant des pratique de classe de ne pas être le simple produit du fait que l’action en tant que classe est la limite de ce cycle, de ne pas être un simple écart à l’intérieur de cette limite), de tentatives de poser la question communiste ou des problématiques qui ont à voir avec le communisme juxtaposées au cours général des luttes actuelles. Toute la difficulté à laquelle il est confrontée est de conserver les termes dans leur juxtaposition : l’aire de la communisation qui pose la question communiste ne doit pas s’émanciper sous peine de tomber dans les "réponses inadéquates à la question mal posée" et le cours général des luttes doit, quant à lui, trouver "son sens" dans les questions que pose cette aire. La principale objection que l’on peut faire à cette théorie est de considérer la façon dont actuellement peut se présenter la question communiste comme des activités propres à une aire particulière qui serait "l’aire de la communisation" dont les questions viendraient "donner aux luttes actuelles un sens qu’elles ne possèdent pas sans elles" et non comme rien d’autre qu’un écart à l’intérieur de l’action en tant que classe c’est-à-dire de ce qui est la limite même de ce cycle de luttes. Denis dit bien que cette "aire" ne peut "exister à part ou se perpétuer en dehors de la lutte de classe en général" (p. 33), mais elle fait de la production du communisme un processus existant pour lui-même et ayant ses acteurs propres au sein de la lutte de classe en général. D’où la nécessité pour Denis de constamment conjurer l’alternativisme. D’où également la seconde objection qui est de vouloir sauver l’alternativisme, celui-ci peut comme le souligne Denis mal poser la question et répondre de manière inadéquate, mais cela "en même temps n’enlève rien à sa valeur" (p. 40).
Il me semble que Denis comprend le cours actuel de la lutte de classe comme la juxtaposition de deux sortes (je ne trouve pas de mot plus précis) de luttes : celles posant la question du communisme et les autres. Je pense que cette dualité est le résultat d’une illusion d’optique, à mon avis il n’existe qu’un seul mouvement qui nous autorise à parler de la révolution comme communisation : le cours de la lutte des classes comportant ce que j’ai appelé « l’écart ». "L’aire de la communisation", comme une sorte de moyen terme entre le "courant communisateur" et le "mouvement communisateur" à mon avis n’existe pas, pas plus que le "mouvement communisateur". Pour le courant communisateur sa définition se ramène à ce que l’on peut dire de la théorie et à tout ce que l’on a pu essayer de dire à propos du "qu’est-ce que nous faisons ?". Dans cette typologie (je fais référence ici à la série de définitions - très utiles - fournie en note à la page 33), il faudrait ajouter un quatrième terme : le reste de la lutte de classe, il faut reconnaître que ce quatrième terme pour l’instant serait massif et que de sa conversion en mouvement communisateur dépendrait la révolution tout comme de cette conversion dépendrait que l’ "aire de la communisation" formule adéquatement les questions et les réponses qu’elle formulait mal mais qu’elle formulait cependant.
En tant que pratiques, "l’aire de la communisation" ne constitue pas une autre tendance ayant sa définition propre par rapport au cours actuel de la contradiction entre le prolétariat et le capital. Toutes ses activités sont parties intégrantes de la situation actuelle, non comme les acteurs de ce courant se l’imaginent, en tant que questionnement sur le communisme ou pire (et, comme Denis le reconnaît, ce pire n’est jamais très loin) « expérimentation », mais en tant que pratiques dans lesquelles la dynamique de ce cycle s’autonomise et en tant qu’appartenant avec sa spécificité (spécificité qui ne réclame pas plus une dénomination propre que n’importe quelle autre) à ces pratiques qui actuellement définissent un écart à l’intérieur de la limite des luttes : agir en tant que classe. Je ne nie pas l’existence de ces pratiques, ce avec quoi je ne suis pas d’accord c’est sur leur constitution en objet singulier, particularisé, identifié de façon propre. "L’aire de la communisation" peut dire ce qu’elle veut sur le communisme et le désirer autant qu’elle en est capable, elle n’est qu’un élément, parmi d’autres, spécifique mais ni plus ni moins remarquable, du cours quotidien de la lutte des classes. Je persiste à penser que ce que l’on appelle "aire de la communisation" n’est que l’autonomisation de la dynamique de ce cycle et tous les "apports" qui peuvent être les siens n’existent que marqués de cette autonomisation et n’ont de valeur qu’une fois décryptés. Denis pourrait être d’accord avec la nécessité de les décrypter, mais là où nous divergeons c’est que pour moi le décryptage commence dans le fait même de poser ces "questions" et non dans le fait qu’elles soit "mal posées" ou que les réponses soient "inadéquates" et "bricolées".
Si on peut, en apparence, y voir des "tentatives pratiques de poser la question du communisme" ou "des problématiques qui ont à voir avec...", ce n’est simplement que parce que sortant la dynamique de ce cycle de son cours dans la lutte des classes en tant que cours du mode de production capitaliste (l’autonomisation de la dynamique), leur question n’est que le reflet de la réponse qu’ils ont déjà donnée, elle n’est que la question qu’ils doivent se poser pour comprendre, vis-à-vis d’eux-mêmes, leur propre existence. Il ne faut pas croire "l’aire de la communisation" sur paroles, ses interrogations sur la révolution et le communisme, la forme même qu’elle leur donne et le contenu même de ses réponses sont "bricolées avec ce que le capital rend actuellement possible". Mais ce ne sont pas que les réponses ce sont aussi les questions qui sont bricolées de même. Denis veut tout de même conserver la pertinence des questions, leur "valeur", elles ne souffriraient finalement que d’un certain immédiatisme. Mais on ne voit pas quelle "valeur" peuvent avoir des "réponses bricolées" à des questions "mal posées". Dans l’ "aire de la communisation" la "tentative pratique de poser la question communiste" ne pose que la question à laquelle sa pratique "immédiatiste" répond.
Si l’on prend "l’aire de la communisation" au pied de la lettre, on sépare la réalité actuelle avec d’un côté des gens qui « posent la question du communisme », et, de l’autre, les autres. "L’aire de la communisation" contient des éléments que nous ne pouvons ignorer, mais elle n’est qu’une somme d’activités et de pensées à l’intérieur du présent et ne l’excède d’aucune façon par les questions qu’elle poserait. Elle n’est qu’un élément des conditions présentes ce qui revient finalement à lui conférer une importance plus grande que celle qui serait la sienne si l’on se contentait de le prendre au pied de la lettre. Elle est une de ces activités qui permettent de définir un écart à l’intérieur du fait d’agir en tant que classe. Sa spécificité est d’avoir autonomisé le moment de la remise en cause, par là n’étant pas simplement embarqué dans le cours de la lutte des classes comme reproduction du mode de production, elle est amenée à réfléchir sur elle-même, à devenir théorique, à penser son rapport à la reproduction capitaliste sur la base d’un face à face avec elle, d’où son auto-compréhension comme "posant des questions qui sont de même nature que celles qui mèneront à la production du communisme" et inévitablement comme "expérimentation".
Parler d’ "aire de la communisation" c’est chercher à relier "d’où on part" à "où on arrive", au travers d’une tendance actuelle qui serait positivement déjà l’existence d’un "entre-deux". Bien sûr c’est la fameuse question "des luttes actuelles à la révolution", mais le "rapport" entre les deux n’est pas quelque chose définissable et existant pour lui-même à l’intérieur du cours de la lutte des classes. S’il y a dans les luttes actuelles des éléments qui nous permettent d’ores et déjà de parler de courant communisateur et du communisme, ce ne sont que des écarts à l’intérieur de la limite de la lutte des classes, à l’intérieur du fait d’agir en tant que classe, les pratiques que Denis cherche à rassembler sous la dénomination particulière d’ "aire de la communisation" en font partie, ni plus ni moins que les autres, elles n’ont pas la fonction particulière que Denis leur accorde : "donner le sens". Elles ne constituent pas une "aire de la communisation".
Les thèmes et les pratiques de la dite "aire de la communisation" sont un retravail de ce que ce cycle peut nous dire sur la révolution et le communisme, un retravail effectué par ceux qui se comprennent comme ses acteurs, au travers des prismes et des miroirs déformants de leur isolement et de leur existence même entérinant l’autonomisation de la dynamique de ce cycle de luttes (la contradiction du prolétariat avec le capital comporte sa propre remise en cause comme classe dans son action de classe). L’ "aire de la communisation" fait de la " remise en cause" un moment particulier pouvant exister et être poursuivi pour lui-même. Pour Denis, les thèmes et les pratique de cette "aire" sont "bons" mais limités par leur immédiatisme, "l’aire de la communisation" devrait seulement avoir la patience de concorder avec son temps. Cette "aire" serait seulement indifférentes aux conditions présentes qui "ne permettent pas de réaliser la moindre initiative communiste à l’intérieur du capitalisme". Mais le problème n’est pas de ne pas pouvoir réaliser des "initiatives communistes", mais précisément de croire en avoir. La notion d’"aire de la communisation" repose implicitement sur l’existence d’une "tendance" plus ou moins (plutôt plus que moins) en avance sur son temps. Ce que dit Denis à cette "aire" c’est qu’elle doit savoir attendre. Si encore une fois nous nous référons à ce qui tend à devenir le paradigme argentin, il me semble que désigner quoi que ce soit comme "aire de la communisation" tomberait complètement à plat. Les questions qui "ont à voir avec la communisation" ne donnent pas un "sens" à la forme générale des luttes, je serais tenté de dire que c’est l’inverse. Une notion comme celle d’ "aire de la communisation" ne peut qu’être l’idéologie auto-justificative d’une marginalité vécue comme une "sécession" et pour tout dire une avant-garde malheureuse. Dans le cas argentin tout ce qui pourrait être compris comme une positivité existant pour elle-même des "questions qui ont à voir" s’effondre et l’on s’aperçoit que les questions "qui ont à voir" loin d’être le fait d’une "aire" particulière sont la résultante même de la lutte. Il ne s’agit pas de voir cela comme une "aire de la communisation" qui dans la généralisation de la lutte se dissoudrait, avant cette généralisation, nous avons de la théorie et en aucun cas une pratique.
Bien sûr, tout ce qui est regroupé sous le vocable d’ "aire de la communisation" fait partie intégrante de la lutte de classe (Denis à raison de le rappeler dans l’avant-dernier paragraphe de son texte), l’erreur, à mon avis, est de les faire jouir d’un statut particulier. Les thèmes et les pratiques ainsi regroupés n’ont aucune raison d’être propre et surtout pas celle d’exprimer le rapport de la lutte de classe avec le communisme, rapport acquérant en eux une existence propre et positive (malgré toutes les limites que leur reconnaît Denis). "Il faut bien qu’il y ait un rapport entre le prolétariat actuel et le communisme", oui, bien sûr, mais ce rapport c’est la nécessité à s’abolir qu’il trouve dans sa contradiction avec le capital. Ce rapport n’est pas dans le prolétariat en lui-même (il n’est pas une "nature révolutionnaire") ou dans un certain type de pratiques repérables et existant pour elles -mêmes. Les liens entre les conditions présentes et le communisme ne sont que des initiatives qui créent un écart à l’intérieur de l’action en tant que classe et ces initiatives sont tout ce que nous savons pour explorer des perspectives communisatrices. Nous retrouvons dans ce débat sur l’aire de la communisation le clivage récurrent depuis l’effondrement théorique du programmatisme entre opposition et contradiction ou, sous une autre forme le clivage entre la compréhension de la lutte des classes comme un affrontement communisme / capitalisme ou prolétariat / capital. Le communisme n’est jamais dans la lutte de classe une question pratique formulée pour elle-même, ceux qui pensent le faire ne formulent que l’idéologie de leur propension à l’alternative ; le dépassement communiste de la lutte de classe n’est annoncé que comme une contradiction interne du fait d’agir en tant que classe, jamais comme des problématiques, des questions, des pratiques se constituant pour elles-mêmes et en elles-mêmes et se situant dans la lutte des classes (de classe ?) comme ayant pour objet propre la communisation. Contrairement à Amer Simpson d ans son dernier texte (Contribution à ce que nous faisons déjà, 12 décembre 2005 ), je dirai que le courant communisateur est confondu avec l’écart.
Je n’identifie pas ce que dit Denis dans ses "Réflexions..." et ce qu’écrit Simpson dans son dernier texte, si je vais en parler ici, c’est que Simpson, bien que présentant d’une autre façon l’existence de cette "aire qui pose la question de la communisation" en arrive également à lui donner une existence distincte de l’écart, bien qu’interne à lui. C’est-à-dire que l’on se trouve également dans une problématique où "poser la question de la communisation" est non seulement le fait d’une fraction identifiable et spécifique dans la lutte de classe mais en outre une activité propre en relation avec les luttes immédiates. Il existerait dans la société capitaliste une activité qui en elle-même consisterait à "poser la question du communisme". En cela, Denis et Simpson ont quelque chose en commun, ils supposent que la "remise en cause" se pose pour elle-même, cette "remise en cause" se posant pour elle-même, ce serait alors "l’aire de la communisation". Si je joints à cette critique des "Réflexions..." des remarques sur le dernier texte de Simpson, c’est pour tenter de mieux faire comprendre ce avec quoi je ne suis pas d’accord.
Chez Simpson, la chose résulte d’un glissement quasi infinitésimal, mais aux lourdes conséquences, dans sa définition de l’écart. Je ne prétends personnellement à aucune propriété sur le concept, mais s’il y a des définitions différentes il faut qu’elles soient clairement identifiées, d’autant plus que Simpson m’attribue cette définition dans laquelle il a introduit un glissement des termes : "...l’écart (...), pour reprendre les termes de Roland Simon, est le produit interne de la limite de ce cycle de luttes : agir en tant que classe, n’avoir pour horizon que le capital et les catégories de sa reproduction et d’autre part (c’est moi qui souligne), d’être en contradiction avec sa propre reproduction de classe, la remettre en cause". Dans le texte où je répondais à Simpson j’avais écrit : "Agir en tant que classe c’est actuellement d’une part n’avoir pour horizon que le capital et les catégories de sa reproduction, d’autre part, c’est, pour la même raison, être en contradiction avec sa propre reproduction de classe, la remettre en cause. Il s’agit des deux faces de la même action en tant que classe". Que se passe-t-il dans la reprise de Simpson ? "Agir en tant que classe" n’est pas la dualité mais devient un des termes de la dualité, en conséquence on peut rendre autonome une aire de la communisation "qui pose la question de la communisation" dans la mesure où la "remise en cause" devient un terme opposé à "agir en tant que classe". Il me semble que c’est quelque chose de cet ordre qui se trouve toujours derrière la positivisation comme activité spécifique, pouvant se reconnaître dans son existence pour elle-même, de "poser les questions du communisme". Aucune pratique ne pose la question du communisme, la lutte de classe se débat dans une contradiction interne à sa limite intrinsèque, c’est seulement théoriquement que de cela nous posons, nous abstrayons la question du communisme. Que l’abstraction soit légitime ne la fait pas pour autant se confondre avec la pratique.
A partir du moment où ce glissement (faire passer ce qui est duel en simple pôle de la dualité) est effectué se pose la question du "rapport", de la "relation" entre "l’immédiateté des luttes" et la "perspective révolutionnaire" (Simpson). Question qui n’a de sens que dans ce glissement. Il faut trouver quelque chose qui pose la question, quelque chose qui soit dans l’écart sans y être, quelque chose qui soit seulement "en rapport" avec lui. Quelque chose qui soit dans l’écart mais ne se confonde pas avec lui, quelque chose qui ne soit pas purement et simplement la contradiction de la limite (agir en tant que classe), quelque chose qui existe pour soi en rapport à "l’immédiateté des luttes" : "l’aire de la communisation".
Je ne reviens pas en arrière par rapport sur ce que je disais dans ma précédente réponse à Simpson : "il ne s’agit pas de défendre un credo, mais nous pouvons nous faire entendre et infléchir. L’écart n’existe pas comme une force sous-jacente qui pourrait ou non venir à la lumière, il n’existe que dans des expressions et des pratiques sinon il n’existe pas, ce n’est pas une potentialité. Tout ne peut pas arriver, mais ce qui arrive doit être fait. L’inflexion c’est une action, une attitude, une prise de position dans les affrontements inhérents à toute lutte, c’est reprendre au vol ce qui, parfois très brièvement, est dans l’humeur du moment, le formaliser, insister...Si ce que nous disons du cycle de luttes actuel est valable alors l’inflexion par des positions communisatrices (telles que définies plus haut) existe." L’ "inflexion" n’est pas "en rapport", elle n’est qu’une des activités qui définissent cet écart dans le fait d’agir en tant que classe. A mon avis, il n’existe pas de corpus que l’on pourrait appeler "les questions de la communisation" ou "qui ont à voir avec elle", même si l’on dit que ce corpus est imbriqué dans les luttes, le problème c’est de sous-entendre dans l’écart un corpus et de l’individualiser sous le titre d’ "aire de la communisation". A partir de là se pose inexorablement le problème de la liaison de cette "aire" ou de ce corpus avec les "luttes immédiates". Simpson parle de "rapport", Denis de "pratiques" qui "donnent un sens". Il arrive que la remise en cause soit spécifiquement annoncée, mais non qu’elle existe pour elle-même en tant qu’objet propre.
Peut-on inclure dans "l’aire de la communisation" le militant piqueteros qui met en avant la subjectivité, la critique du travail et sape l’auto-organisation, le kabyle qui considère les aarchs comme quelque chose qui lui est étranger et par là même qui se transforme lui-même en se considérant comme étranger à ce qu’il est dans cette société, le « sauvageon » de l’entreprise, l’activiste du mouvement d’action directe (à la rigueur), l’ouvrier « suicidaire », le chauffeur de car de Milan ou le métallurgiste de Melfi qui lutte contre le capital sans considérer que ce qu’il est dans la société est la base d’un faire valoir social... Le faire, ce serait la détruire ; ne pas le faire c’est dire qu’elle n’existe pas.
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De la théorie formaliste ou d’un consensus entre sourds ?, Bof !, 19 janvier 2006Quoi qu’il en soit, il en ressort un problème qui transparaît dans ce débat Denis-Roland RS. Le contenu de ce problème correspond à la forme qu’il prend dans Meeting, en ce que Meeting s’est construit sur la base, grosso-modo, de la rencontre entre ceux qui pensent comme Denis et ceux qui pensent comme Roland.
Ce problème vient du fait que Denis critique Théorie communiste sur la base de l’acceptation de l’essentiel de Théorie communiste, et, dans la mesure de son système, c’est une mission impossible, parce que Denis ne parvient pas au stade où, même partant d’intuitions qu’il formule dans le langage de la théorie, il ne les formule théoriquement que dans la forme, c’est-à-dire sans les relier aux contradictions du Capital. Dans la mesure où l’on ne sait pas, à travers ses interventions, qui ont un caractère et un objectif ’politiques’, ce qu’il retient ou non de la cohérence "systémique" de TC, il la perd sans en refonder une autre, il prête le flan aux réponses de Roland, qui a la partie (relativement) facile pour lui répondre car il n’est "attaqué" que sur son terrain.
Voilà pourquoi ça peut durer et tourner en rond autant que l’écart, et sans produire rien de plus théoriquement, ni pratiquement. L’abstraction théorique ne trouvera pas de concrétisation pratique dans la voie (la brèche ?) que tente d’ouvrir Denis, et de ce point de vue, Roland a raison : sa démonstration est implacable et sans faille, formellement, à l’intérieur du système TC dont Denis est lui même l’otage.
Autre chose sont les questions de Christian Charrier, car il en pose qui portent sur les fondements de TC, et par conséquent de Meeting ou de l’échange avec Denis, il tend à quitter le terrain commun, et pas seulement de façon méta-théorique.
Entre autres questions, où sont aujourd’hui les contradictions du capital (et de l’Etat) et comment s’articulent-elles avec celle de l’exploitation, posée comme essentielle par TC ? Une fois clarifiées ces articulations théoriquement, au fond, alors oui, les positions de Denis prendraient une autre allure parce qu’elles prendraient de l’épaisseur en contenu, et l’on serait amené à leur faire écho sur un autre terrain que le monopole de la pensée-TC. On sortirait par la même de la rhétorique, ou de ce que certains nomment un peu vainement théoricisme (dès lors qu’ils ne discernent pas le point de rupture entre théorie et théoricisme), et qui tend effectivement à le devenir, prisonnier de soi-même.
Denis posent de bonnes questions à Roland qui fait de bonnes réponses. On peut remplacer "bonnes" par "mauvaises" ; ça ne changera strictement rien au cours quotidien de la lutte des idées sur Meeting.
La boucle consensuelle de Meeting est ainsi bouclée, c’est un ruban de Moebius qui se referme tantôt sur une face tantôt en face, entre genèse et dépassement (théorique) impossible à produire.
Amical’, à tous !
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de la critique de l’auto-organisation aux modalités concrètes d’organisation auto-communisatrices, Patlotch, 28 janvier 2006Je crois qu’une grosse difficulté, dans ce débat, est le lien entre le conceptuel et le concret, entre maintenant et le moment de la communisation. Dit comme ça, ça a l’air d’une évidence.
La critique de l’auto-organisation
Sur le plan conceptuel, théorique, j’ai beau avoir tendance à "aller contre", à chercher la faille, l’erreur, je ne la trouve pas dans le développement de RS et dans ses points forts. A ce niveau théorique, je partage ses critiques à "l’aire de la communisation", parce qu’une façon ou d’une autre, le ver de "l’immédiatisme" en pratique est dans le fruit de la communisation comme immédiateté révolutionnaire, rupture. Pour moi, il n’existe pas d’actions révolutionnaires possibles aujourd’hui, et les luttes dans lesquelles sont mises en évidence les limites de la reproduction du capital ne le sont pas davantage que les autres. Je fais une distinction car comme le dit RS, c’est pratiquement l’ensemble des luttes revendicatives qui tendent à l’auto-organisation depuis quelques temps déjà. Cette pratique, y compris la revendication d’autonomie, est largement présente dans ce qui relève du "démocratisme radical", elle en est même une contradiction interne compte tenu de son caractère politique : contradiction dans le sens où la sphère politicienne organisée (partis, réseaux et militants) tente de donner un prolongement institutionnel (un projet, un programme, un gouvernement, une rupture avec l’ultralibéralisme...) au "mouvement social". Ce n’est pas un hasard si c’est idéologie peut rassembler d’ex-bolchéviques et des anarchistes, si la LCR ratisse large au nom de la "social-démocratie libertaire". Peut-être que ça n’a rien à voir formellement avec l’auto-organisation dans la lutte au niveau d’une entreprise ou d’un territoire (l’Argentine), mais dans le contenu, il s’agit bien de la même "utopie", de la même illusion, pour ne pas dire de la même idéologie, quant à la possibilité de pousser cette logique au bout, même si ce bout n’est pas le même pour les démocrates radicaux (leur bout est sans bout, que la démocratie jusqu’au bout) et pour les rupturistes (leur bout est un changement qualitatif par extension quantitative). Affirmer le contraire, ce serait laisser entendre que des luttes peuvent aujourd’hui avoir un caractère révolutionnaire, être "communisatrices". Et le penser, c’est détruire le concept de communisation comme immédiateté de la révolution. Je ne pense pas qu’il puisse y avoir, ni conceptuellement, ni pratiquement, de moyen terme.
Alors pourquoi ne suis-je pas técéiste ?
S’il n’y a pas de problème dans le cheminement conceptuel général de la production de la révolution chez TC, il y en a plusieurs pour moi, je l’ai abordé ailleurs, dans l’analyse des contradictions du capitalisme contemporain et leur articulation à la contradiction essentielle de l’exploitation, les différentes formes de dominations qu’il génère aux différents niveaux de généralités dans l’espace temps. Dans le passage de la reformulation de toutes ces contradictions par le capitalisme en subordination réelle au communisme en tant qu’il en termine avec "la préhistoire humaine", par la médiation des luttes au présent (de la communisation)pour l’abolition du capitalisme. Dans la définition de l’écart qui en découle et dans le champ d’observation que l’on se donne en tant que veille théorique communisatrice.
"ce que nous faisons"
Je tends à penser que "ce que nous faisons" ne peut être que ce que nous faisons ici ou dans les luttes, dans le double mouvement d’attention à ce qui s’y produit et de diffusion des analyses qui en découlent. Il est indéniable que cela produit des effets, si ce n’est sur ce qu’on fait, du moins sur ce qu’on ne fait plus, ou qu’on n’a plus envie de faire. Après tout, il y a encore des militants complètement englués dans le "programmatisme" qui n’en sont pas pour autant moins avides de révolutions que des anti-citoyennistes labellisés. C’est dans les luttes qu’on peut considérer et critiquer ce que font les uns ou les autres. On peut les pousser jusqu’au bout (les luttes), mais il ne faut pas confondre le fait d’être acculé à des luttes quasi-suicidaires pour sauver sa survie d’exploité, et s’y intégrer en prétendant en tirer autre chose qu’une éventuelle satisfaction partielle de ses revendications. Si : de la théorie, de la compréhension interne, pratique, expérimentale, des limites sur lesquelles on bute, celles du capital, et de la nécessité qu’il y aura à les dépasser, non parce qu’on en a conscience, mais parce qu’un jour on n’aura plus le choix, la revendication perdra son caractère revendicatif dans le temps même ou le capital ne pourra plus se reproduire. D’une certaine façon on peut dire que l’initiative aura alors changé de camp dans la lutte de classes, et que cette fois c’est le capital qui sera sur la défensive (de là à dire qu’il aura des revendications...). Tout cela, évidemment, à un niveau suffisamment ample et puissant pour que ça sorte du caractère local, national, pour se poser mondialement.
De la critique de l’auto-organisation aux modalités concrètes auto-communisatrices
La difficulté que j’évoquais au début de cette intervention porte sur le fait d’enfermer dans auto-organisation à la fois les formes et le contenu, aussi bien maintenant que dans la communisation. Ou plutôt de ne pas distinguer entre d’une part, le concept d’auto-organisation et sa critique, et d’autre part les modalités de l’organisation qu’il faudra bien se donner dans la communisation, et ceci aux différents niveaux micro et macro, local et mondial, avec les articulations adéquates à l’ampleur de la tâche, les coordinations, mises en phases et en résonnance, et même les structures pour le faire, y compris des considérations stratégiques et tactiques, en discernant quelles mesures prendre en priorité etc (pas de pratique révolutionnaire sans théorie révolutionnaire) : en face ils sauront encore s’organiser. Toute la question (si j’ai bien compris) du débat sur l’auto-organisation, est que celle-ci ne devra jamais être un but en soi, et pas plus dans ces formes de coordination que j’évoque, mais toujours un moyen de poursuivre la communisation, la destruction des fondements du capital, l’absorbtion dans le prolétariat des autres "classes" sociales produisant leur dissolution, et l’invention d’autres rapports ni sociaux, ni asociaux.
Une fois cette mise au point acquise, je ne vois pas ce qui s’oppose à considérer que des formes d’organisation, de coordinations, dès aujourd’hui, constituent un excellent exercice pratique pour acquérir une expérience qui sera précieuse les jours venus. De toute façon, on n’a pas le choix, ces formes sont là, elles appartiennent à ce cycle, et si la rupture doit être produite, elle n’inventera pas ses formes de combat de rien.
Une dernière remarque. Dans mon imagination délirante, et c’est une raison supplémentaire de ne pas partager l’idée d’une "aire de la communisation", je vois plutôt un surgissement, une émergence comme on dit maintenant, à partir de tous les lieux où les limites s’exprimeront, et dans une crise globale, elles s’exprimeront partout. D’où l’intérêt d’élargir le champ d’observation actuel. Les luttes révolutionnaires seront alors produites depuis les situations singulières mêmes et dans les caractéristiques spécifiques des limites de la reproduction, qui pour être celle, globale, du capital, n’en prend pas moins des formes et diversifiées selon les secteurs d’activités et les zones géographiques, d’où il découlera des enjeux et des tâches communisateurs différents, à coordonner. Mais cette coordination ne sera pas la propagation de directives communisatrices à partir d’un cerveau central irrigué par la théorie communisatrice. On peut penser qu’il serait bon que d’ici là, elle se soit emparée des masses, non pour mettre en pratique cette théorie, mais pour connaître les enjeux de ses actes et rendre possible la cohérence du tout communisateur, sa puissance à abolir le capital global, à partir de ses parties auto-communisatrices.
(On excusera la forme définitivement athéoricienne et naïve de mes interventions, qui ne font pas échos à la rigueur et à la richesse des textes en présence. J’espère seulement que je ne suis pas complètement à côté de la plaque).
Amical’
Patlotch, 27 janvier
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