Questions préliminaires - Amer Simpson

mardi, 28 juin 2005

Submitted by Craftwork on February 3, 2017

Je commencerai par dire qu’il n’y a rien de telle qu’une discussion de vive voix autour d’une bonne bière. L’écriture ayant chez moi la fâcheuse tendance de se compliquer pour dire finalement que peu de chose...

COMMENT FAIRE ?

Les deux questions qui ne peuvent être contournées sans compromettre les révolutionnaires dans leurs désirs les plus honnêtes est de savoir comment se préparer à mener la révolution à bon terme et comment saisir les conditions présentes afin de comprendre d’où on part pour arriver à cette foutue révolution. À la première question, je dirais qu’au niveau pratique c’est la tendance que je résumerai grossièrement par « autonomiste » qui cherche à y répondre. Loin de moi, ici, de prétendre que la révolution se fait essentiellement par ceux et celles qui la veulent et prétendent la faire ici et maintenant, mais force objective est de constater que la frange dite révolutionnaire de la population est celle qui peut et veut la saisir adéquatement pour la mener à bien et qui agit en sorte qu’elle arrive un jour ; c’est donc à partir de cette frange que la question se pose et qu’elle est débattue. C’est pourquoi, la question de savoir comment se préparer à la révolution se pose en premier lieu à ceux et celles qui la veulent.

En quoi la tendance « autonomiste » est concernée par cette question, la réponse se situe dans leur pratique, bien entendu. La raison en est assez simple, cette tendance s’affirme par ce qu’il font pour se sortir des contraintes de ce monde et par leur discours qui justifie cette façon de faire. En quelque sorte, cette tendance exprime la volonté de vivre le communisme en appliquant ses conséquences immédiatement : abolir la propriété par le vol et le squat, confronter l’autorité par la violence et l’organisation horizontale, détruire la marchandise par le pillage et la gratuité des services publiques, mettre fin au salariat par la récupération, la débrouillardise collective, le partage des responsabilités et du savoir-faire... Dans un certain sens, c’est l’apport du mouvement d’action directe tel que décrit par T.C. dans un des derniers numéros de leur revue. Ce que cette tendance exige, c’est que le communisme ne soit pas juste un volonté abstraite qui attend la venue du jour J pour trouver les moyens d’appliquer l’abolition des conditions présentes, mais plus précisément qu’elle soit une expérimentation au jour le jour qui permet de se préparer aux conditions que cette révolution impliquera nécessairement demain ; comme il est dit souvent, la révolution n’est pas une partie de carte. Voilà, autrement dit, ce que la Tiquunerie essaie de faire comprendre théoriquement de la pratique des dits « autonomistes » et qui n’est rien de moins que la volonté de préparer dès aujourd’hui les armes qui critiqueront cette société un jour.

D’une certaine autre façon, les groupes anarchistes qui n’ont dans la bouche que l’organisation et qui par-là cache mal leur volonté de former un parti du prolétariat aussi historique soit-il, on eux aussi la prétention de préparer les bases de la révolution par ce qu’ils nomment la démocratie directe, le fédéralisme et la responsabilité collective. Malheureusement pour eux, cette nécessité de l’organisation fait l’économie du but : soit l’abolition des conditions présentes ; et finalement, malgré eux, ils font le jeu de la politique autogestionnaire de l’économie, créant ainsi les conditions pour revenir en arrière. C’est probablement là une des raisons pourquoi les autonomistes ne participent que très rarement aux initiatives des formalistes organisationnels. En dernière analyse, il ne serait pas faux de dire que l’un et l’autre se renvoient la balle du comment faire ici et maintenant sans comprendre là où ils partent.

Ceci étant dit, la question reste toutefois pertinente. Comment faire autrement que de rester assis sur son cul à décortiquer l’histoire pour en trouver la faille ? Créer des liens entre camarades reste probablement la meilleur chose à faire. Personnellement, les expériences autonomistes ou ce qui s’en réclame est loin de m’avoir convaincu. Plus souvent qu’autrement, ces initiatives expriment le peu de moyen qu’il nous reste ; la communauté ouvrière, longtemps le foyer d’un réel réseau de camarades géographiquement stable et fidèle, n’a plus cour aujourd’hui ; le combat se situant dorénavant sur le terrain éclaté d’une classe sans identité, l’ensemble des efforts est concentré sur la reproduction toujours précaire de cette communauté résiduelle de quelques camarades près à survivre dans la quasi-illégalité. Les fameuses lignes de résistance qui se voient comme des embryons de la révolution à venir n’ont comme seule perspective à offrir que la gestion des nécessités matérielles que la misère ambiante les contraint à résoudre. Toutefois, cette débrouillardise que n’importe quel prolétaire est à même d’assumer venant sa nécessité n’est pas à négliger sans considération. Car il y a dans cette débrouillardise autonomiste toujours la volonté d’articuler le quotidien avec les idées dans finir avec le monde qui produit cette misère et ses contraintes. C’est justement dans cette écart d’une pratique quotidienne contre le vieux monde que la tendance « autonomiste » ouvre des perspectives qui méritent notre attention.

Afin d’évacuer toutes mauvaises interprétations, loin de moi l’idée de dire que cette tendance répond adéquatement à la question comment faire ici et maintenant. Mais cette tendance qui refuse parfois toutes formes de représentation, contient déjà certains éléments que le mouvement communiste ne peut ignorer. Que cet tendance cherche à mettre en pratique leurs désirs contre cette société sans se compromettre avec cette société rejoint déjà ces quelques grèves qui n’ont rien à revendiquer sinon la fin de cette société : n’est-ce pas là le meilleur exemple qui soit d’une perspective qui ne veut rien d’autre que l’abolition des conditions présentes ? Que cette tendance soit limité dans sa propre lutte est évident et c’est pourquoi la question ne se résume pas à un simple comment faire, mais également à une question de point de départ, de conditions présentes qui sont celles que nous devons abolir. Il ne suffit pas de vouloir mettre en pratique nos plus beaux espoirs, encore faut-il savoir dans quelles conditions ces espoirs peuvent trouver un point d’appui et se réaliser. Nous voilà donc arrivé à la deuxième question qui nous interpelle comme révolutionnaire : comment saisir les conditions présentes afin de comprendre d’où on part pour arriver à cette foutue révolution ?

LES CONDITIONS PRÉSENTES...

Les limites de la tendance « autonomiste » se trouve probablement dans cette négation des conditions présentes qui ne permettent pas de réaliser la moindre initiative communiste à l’intérieur du capitalisme. Mais là, les ambiguïtés n’ont pas fini de se répandre telle une boite de Pandore. Quelles sont ces conditions présentes qui produisent à la fois la nécessité de les abolir et renvoient perpétuellement à la nécessité de sa reproduction ? Voilà l’écart où s’engouffre indistinctement toutes les tendances du communistes, y compris le courrant communisateur.

Il n’est pas simple de dire que les conditions présentes de part la contradiction qui en est la dynamique produit son dépassement dans le communiste. Car il faut bien que ce dépassement soit produit par ceux et celles qui sont en position, dans la contradiction, de le faire ; et le prolétariat, tout comme le capital, n’étant jusqu’à ce jour qu’une abstraction qui nous permet de rendre compte de la contradiction dans les termes opposés qui la définissent, ne nous en dit pas plus sur la façon de préparer cette révolution qui abolira les conditions présentes. À moins de croire à ces conditions objectives qui feront la job à notre place, les révolutionnaires ne peuvent se contenter de vérifier leurs théories sur ce que le prolétariat a fait ou n’a pas fait ; nous avons un rôle à jouer qu’on le souhaite ou non. Je ne parle pas de ces avant-gardes qui ont plus à cœur de construire leur parti que de répondre aux questions que l’époque pose prioritairement, mais de ceux et celles qui agissent de façon à rendre possible cette révolution sans s’illusionner sur leurs agissements. Si nous sommes embarqués dans cette lutte de classe, nous y sommes avec des questions et des réponses et c’est de ça qu’il s’agit : du comment faire sans perde de vue que ce « faire » dépend des conditions présentes et de leur évolution.

En tant que communiste, nous savons ce qu’est le capital et ce qu’est son abolition : propriété, marchandise, valeur d’échange, division du travail, force productive, état-nation, classe et j’en passe... Nous savons également que ce mode de production produit essentiellement les conditions de son renouvellement, soit les moyens matériels de contraindre une masse de population à se vendre pour vivre et ceux qui permettent à une minorité de la population à l’utiliser pour s’enrichir ; c’est par ces conditions matérielles que le capital est objectivement opposé au prolétariat et c’est par ces mêmes conditions que le prolétariat est en mesure de combattre le capital jusqu’à son abolition. Théoriquement, tout paraît simple mais comment faire pour que la lutte du prolétariat dans sa réalité concrète comme lutte de classe ne soit pas reproduction des prémisses qui rendent possible le renouvellement du procès d’exploitation dans son ensemble. Ainsi présenté, nous n’avons pas avancé d’un pas.

Mais voilà, nous savons qu’il existe des initiatives qui créer l’écart nécessaire pour définir le lien entre les conditions présentes et la révolution et ces initiatives sont tous ce que nous avons pour explorer des perspectives communisatrices. Cette exploration ne se veut pas expérimentation dans le sens autonomiste mais bien définition du comment cela va se faire selon ce que nous sommes en moyens de définir à partir des conditions présentes en lien avec la révolution ; c’est de cette façon que j’entend perspective. Depuis le début des années 90, sans compter tout ce qu’à pu nous apporter les luttes des années 70 et 80, ces perspectives ont fait surface et ont trouver encre à leur plume. Probablement que ces plumes qui ont permis d’écrire les nombreux compte-rendus de la révolte qui a suivi l’effondrement économique du pays argentin, pour ne nommer que celle-là, a trouver son encre dans ce que ce mouvement avait de plus difficile à saisir ; c’est pourtant là que la perspective révolutionnaire peut puiser ses meilleurs exemples.

D’expérience que nous n’avons que trop souvent pas réellement vécu mais que nous savons regarder avec l’œil du faucon, nous sommes en mesure de mettre quelques évidences au claire. Malgré l’énorme progrès du capitalisme vers une subsomption sans égale de la communauté humaine, il reste que néanmoins la représentation et son corollaire la revendication à fait ses preuves ; base du syndicalisme et de la social-démocratie et maintenant, depuis la destruction de la classe ouvrière, du démocratisme radical, la formalisation des intérêts de la classe prolétarienne n’a toujours servi que les intérêts de la classe dominante qui avait besoin d’un pallier juridico-politique pour s’appuyer et parfaire sa démocratie. La différence aujourd’hui n’est pas tant dans son contenue fondamental mais bien dans sa forme en tant que contenu historique ; le syndicalisme n’a plus nécessairement la même forme mais conserve la même fonction ; que ce soit pour combattre le racisme ou la précarité, il permet de revendiquer des droits et de finalement de produire son lot de représentants afin de défendre ces droits peu importe la violence et l’autonomie organisationnelle investie pour les revendiquer. En fait, l’essentielle est là : défendre les intérêts du prolétaire en tant que prolétaire, qu’il soit membre de la classe ouvrière en décrépitude ou d’une minorité quelconque. C’est là que nous retrouvons nos chers autonomiste qui mènent des luttes sans aucune revendication mais avec une certaine difficulté d’y échapper si nous considérons l’ensemble des mouvements qui se revendiquent des « sans » et les autres centres sociaux alternativistes qui dérive plutôt vers un aménagement circonstancielle des conditions présentes.

Nous voilà donc arrivé dans l’écart où immédiatisme et perspective révolutionnaire cherchent leur point de rencontre et se questionnent l’un l’autre. De toute évidence, ce questionnement n’a que très peu d’écho ; en dehors de Meeting, il y a probablement que Dauvé et Nesic qui ont fait état des lieus avec leur texte : un Appel, une Invite. Le débat ne fait que commencer... À suivre !

Commentaires :


  • > Questions préliminaires, , 29 juin 2005

    Je ne vais pas répondre à tout ce qui est dit dans ce texte, je vais seulement répondre à ce qui me semble la question essentielle que ce texte pose ; "Que faire" et oui encore et toujours "Que faire" ! Mais il n’y a rien à faire ! c’est tout ce qu’on peut répondre cette question car il n’y a de question que si l’on pense qu’on n’est pas dans la lutte des classes de tous les jours et aussi des grands jours parce qu’elles sont nôtres. Si j’ai fait grève contre le lundi de Pentecôte travaillé, c’ètait tout simplement pour ne pas travailler ce jour-là et j’ai fait cette grève en communisateur et non en tant que communisateur c’est à dire avec tout ce que je pense, sans le cacher ni faire de leçon. "Que faire" est une question qui ne peut se poser que si être dans les luttes et en faire la théorie révolutionnaire est vu comme insuffisant, comme être assis sur son cul ! Ca me semble étrange d’autant que l’activité théorique proprement dite peut et même doit être socialisatrice, tisser des liens, constituer un courant, qui en retour aide à cette activité théoriquement et personnellement. Encore faut-il ne pas se poser la question de à quoi peut "servir" la théorie, communiste, elle se "sert" à rien, son action n’est pas différente de ce qu’elle énonce, elle n’est pas un arrière plan à l’action, son action c’est son contenu, elle n’est en rien un programme et elle se fonde sur la participation aux luttes de classe réellement existantes. C’est dans les lutte que sont posées les questions théoriques auxquelles la théorie au sens restreint de "discours théorique" essaie de répondre. C’est ainsi que les luttes sont théoriciennes et plus la théorie sera un élément réel des luttes. Moins on se demandera "Que faire" et plus on fera.

    BL.


    • > Questions préliminaires, jef, 30 juin 2005

      je vois que les forums ont été rouverts et m’en réjouis.

      je ne saurais qu’applaudir à ce discours, BL. la théorie est toujours entendue (malement) au sens restreint parce qu’abstrait, au lieu d’^etre saisie comme action inchoative, commençante.

      cela dit, il faudra que tu m’expliques la différence que tu fais entre gréver en communisateur et gréver en tant que communisateur : c’est plut^ot douteux pour moi.


      • > Questions préliminaires, , 30 juin 2005

        Quand on a la pédanterie d’écrire inchoative on ne met pas la traduction après, par ailleurs grèver veut dire aloudir de charges financière et non pas "faire grève" mais sans doute est-ce trop banal, alors que grèver à la fois distancie et remet le faire grève sur le plan de n’importe quelle activité au choix.(bien sûr on répondra que ce n’est pas ça, que c’est juste pour amener un peu de fantaisie dans le vocabulaire, mais c’est ça). Ce que veut dire faire grève en communisateur ou en théoricien (mâle et donc viril sans doute) c’est expliqué clairement, mais je peux préciser plus : ce n’est pas "POUR" participer et observer pour ses positions soient présentes dans le mouvement, qu’on fait grève (Dans ce cas on serait grèviste "en tant que") mais pour le but même de le grève en question, il n’y a pas un niveau supérieur au gréviste qu’on est. La théorie communiste au sens étendu c’est le caractèrisation spécifique de la conscience du prolétariat, conscience qui ne peut pas être directe sauf à être pure idéologie du travail en capital comme il y a celle du capital et celle de la terre (cf. la trinité de Marx) la conscience du prolétariat est donc toujours médiée par le capital, elle est toujours critique du capital. C’est pourquoi les luttes sont théoriciennes (au sens étendu) et que donc je parle de théorie au sens restreint quand j’évoque les analyses qu’un grèviste révolutionnaire peut en faire (en général après mais ça devrait tendre à la simultanéité) cqfd

        J’aimerais qu’on se départisse totalement de toute pédanterie et de toute posture radicale, de toute distance badine (cfc le malement) Je ne me suis pas mis à intervenir pour des échanges aigres-doux ça me gonfle. "Faire de la théorie" est pour moi une activité révolutionnaire, sans me faire de films pour aurtant. donc stop à toute pose. Salut, fraternité et sororité (!) BL


        • > Questions préliminaires, jef, 4 juillet 2005

          à vos ordres maréchal (nous voilà). c’est pas ici qu’on va commencer un débat sur esthétique et politique. tu voulais dire grever, sans doute, au lieu de grèver. mais peu importe(nt) les mots. comme disait un vieux con de stalinien de ma connaissance, "le socialisme tout le monde sait ce que ça veut dire,pas besoin de faire de chichis". waow. n’oublie pas que le distinguo (tellement subtil que je n’ai toujours pas compris) entre "en tant que" et "en", ce n’est pas moi qui l’ai introduit. alors, faire le procès du pédantisme, ça commence pa expliciter un peu ses propres nuances. quand je pense que je me tords autour des conséquences pratiques d’une différence entre valeur comme prix des MP+produit de valeur et valeur comme valeur des MP + produit de valeur, je me rends compte que je prête à marx des chichis qu’il était loin de se figurer. grand salut.


          • > Questions préliminaires, Hélène, 4 juillet 2005

            Bonjour,

            Je trouve assez minable de rapprocher Pétain et la réponse de B.L,pourquoi tant de hargne dans tes propos Jef ?

            Hélène


            • > Questions préliminaires, jef, 5 juillet 2005

              (re)lis le message auquel ma hargne répond.

              je ne suis pas pour abandonner la méticulosité aux vrais pédants de l’université. au contraire : je dirais : méticulosité contre pédanterie.

              et pensais que n’étais pas le seul, puisque BL distingue "en communisateur" et "en tant que communisateur", là où je ne vois que parfaits synonymes : je suis donc débordé sur ma méticulosité, ou alors sur ma pédanterie.


              • > Questions préliminaires, Patlotch, 5 juillet 2005

                (Jef) .../... méticulosité contre pédanterie. et pensais que n’étais pas le seul, puisque BL distingue "en communisateur" et "en tant que communisateur", là où je ne vois que parfaits synonymes : je suis donc débordé sur ma méticulosité, ou alors sur ma pédanterie.

                Pour la pédanterie je laisse tomber, vu que tu n’es pas le seul à enrichir mon vocabulaire, et tant que je n’ai pas compris ce que ça veut dire, j’attends des jours meilleurs, qui finissent toujours par venir.

                Par contre, la distinction entre « agir en théoricien » ou « agir en tant que théoricien », BL a répondu, d’autres y sont revenus, et l’on trouve cette distinction dans plusieurs textes. Exemple :

                Ce cours quotidien des luttes est producteur de théorie, il s’agit d’y être en théoricien et non en tant que théoricien, la distinction est d’importance. Dans le premier cas, on considère le cours des luttes comme réellement productif de leur dépasssement et donc productif de théorie, dans le second cas, on aurait un discours tout prêt, une abstraction du but, préalable à sa production, quelque chose à appliquer ou à conserver par devers soi pour des jours meilleurs. On ne peut pas sauter par-dessus le fait que la contradiction entre les classes est production de son dépassement dans le même mouvement où elle est reproduction de la société existante. L’attitude consistant à se situer "en tant que théoricien" avec son discours, son but, le parcours à accomplir, tout cela comme un corpus "théorique" préalablement fixé et fixe, est donnée de façon caricaturale par le préambule du texte sur la lutte des chômeurs et précaires du groupe interventionniste Le Mouvement communiste. Tout est dans ce qui est dit et surtout le ton professoral de l’"éducateur" face à la lutte de classes [citation]

                Il n’y a aucun "dispositif théorique communiste" qui soit le "maître-étalon" de la lutte de classes. La production de théorie est inhérente à la lutte de classes ; avoir une activité théorique, travailler à son affirmation ce n’est pas n’avoir rien à faire en attendant la révolution [je souligne pour tous]. La production théorique est un moment nécessaire du cours quotidien de la lutte de classes, ni en avance, ni l’éclairant, ni en retard, ni phare, ni lanterne rouge. Elle participe de ce cours quotidien pour autant qu’elle s’y produit et reproduit.Celui qui possède quelques "acquis théoriques" se laisserait piéger par eux en les considérant comme "de la théorie", ils ne sont que de la "théorie en soi". Tout comme la valeur des moyens de production n’est transmise au preoduit final que par l’activité du travail vivant et l’on ne retrouve cette valeur dans le produit fini que comme cadeau offert gratuitement par le travail vivant nouveau qui s’est cristallisé ; de même les "acquis théoriques" ne sont de la théorie que de par leur reproduction dans la production théorique nouvelle, c’est un cadeau de celle-ci que reproduire cet "acquis" comme théorie. C’est la production théorique nouvelle que porte le cycle de luttes qui reproduit comme théorie la production théorique antérieure, que ce soit la conception du trvail salarié, du chômage, de la démocratie, des formes de luttes, des syndicats, de l’objectivité des contradictions "économiques, de la nature de la révolution...

                Il faut considérer concrètement la théorie. La théorie, dans son sens restrient, c’est des gens qui parlent quelque part, qui agissent, ce sont des revues, des textes qui circulent, des tracts, des affiches, des réunions, des discussions... Même si nous disons quel est le sens de tel ou tel conflit, la tendance générale de telle ou telle période, c’est maintenant que nous le disons, et le fait de le dire maintenant, participer de sa constitution présente, ce n’est pas plus être en avance que d’autres seraient en retard, pas plus extérieurs que d’autres seraient à l’intérieur, c’est être dans l’activité théorique de la lutte des classes, au sens large. . Théorie du communisme, vol.1, Roland SIMON, 2001 // Chap 7, Abolir le capital, Section 3, Division 2 : Que faire ? p 703-705 voir Sommaire

                J’ai cité longuement, il faudrait d’ailleurs faire de même relativement à d’autres termes ou expressions "fondatrices" de cette approche théorique (par ex. la praxis comme rapport :La lutte des classes est la praxis, p 662). Cela pour deux raisons : 1) un minimum d’appropriation d’un langage commun sans lequel la discussion flotte entre les significations variables pour les uns ou les autres 2) éviter, en l’occurrence, les procès d’intention, quand il est reproché aux théoriciens de la communisation d’être dans la posture inverse de celle qu’ils tentent de tenir réellement.

                De ce point de vue, on pourrait envisager un glossaire d’idées clés renvoyant à des textes où les choses sont définies clairement, ou s’élaborent en lien avec des situations : c’est précisément le cas, à mon avis, du livre cité. Il n’aura échappé à personne que Roland SIMON se répète beaucoup, reformule en spirale (voir les textes ici...). C’est peut-être moins musical que du Thomas Bernhard (un autre lion), mais c’est pas pour faire des bibliographies inutilisables ;-)))

                Bon, Jef, tu nous promets que tu ne diras plus que "en théoricien" et "en tant que théoricien" sont synonymes ?

                Patlotch, 5 juillet


        • > Questions préliminaires, , 4 juillet 2005

          Pas de se pose en tout cas, même si on simule d’obéir à un maréchal, ensuite le "en tant que" est tout simplement de l’interventioin militante et répond à la question "Que faire ?" le "Comment faire ?" supposant qu’on a déjà répondu au "Que faire ?" dans le sens de la nécéssité de l’intevention. Pour être quand même d’accord avec Jef le "Que faire ?" est en effet "Que nous ne fassions déjà"

          Je ne crois pas qu’il y ait une confrontation entre un immédiatisme et la perspective révolutionnaire dans Meeting, d’ailleurs les 2 articles du N°2 qui critiquent "L’appel" sont de participants qui ne sont pas dans le collectif TC. (Calvaire n’est pas un immédiatiste, il est réformiste et démocrate pas trop radical)

          La discussion sur le "faire" est sans réponse et sans utilité, on ne peut discuter que des actions, ou des analyses, que l’on fait réellement, le reste tient lieu d’action. La perspective révolutionnaire n’existe comme attente que si on n’est pas dans l’activité de résitance au capital, parce qu’on est pas attaqué par le capital. Il faut beaucoup mépriser les actions des prolétaires pour se poser la question du "Quoi ?" ou du "Comment ?"

          Que Meeting contienne une dualité c’est certain, mais l’évolution du N°1 au N°2 montre que les positions se sont rapprochées.

          Si nous nous centrons sur les activités de lutte et de critique que nous menons tous, le contenu théorique ( Au sens d’auto-critique des luttes de classe) de la revue, deviendra prépondérant par rapport à des hypothèses sur les voies de la communisation ou plutôt ces hypothèses seront beaucoup plus articulées aux luttes actuelles (cf. l’écart)

          Le "Comment faire" devient alors : Comment avoir une participation productive ? la participation étant un donné. A cette question la réponse qui me vient c’est qu’il faut discuter plus, il faut faire plus de réunions de participants, réunions préparées de discussions de fond et pas seulement de rédaction.

          La communisation va se répandre comme concept, il nous faut être en mesure de nous opposer aux dérives réformistes de tous types qu’il va encore plus connaître, cette opposition risque fort d’être une activité qui nous sera imposée. Seule la présence dans les luttes ou leur soutient attentif donne la capacité de développer la communisation comme révolution des prolétaires c’est dire des travailleurs

          Salut ! rompez !


          • > Questions préliminaires, Calvaire, 6 juillet 2005

            ’’Calvaire n’est pas un immédiatiste, il est réformiste et démocrate pas trop radical)’’ J’aimerais bien savoir en quoi je suis réformiste, démocrate et pas trop radical ? Facile à dire sans argumenter, c’est votre vide qui raisonne.


    • > Questions préliminaires, C.C., 3 juillet 2005

      Sur le fond, je suis d’accord avec BL et je vois bien ce qu’il veux dire. Moi–même, dès que j’ai lu le texte de Simpson j’ai répondu tout de suite : « Y’a rien à faire ! » Mais, à la réflexon, c’est peut–être aller vite en besogne.

      AS, en fait, ne pose pas la question du « Que faire ? » mais celle du « Comment faire ? », ce qui n’est pas tout à fait la même chose, même si notre vieux fond antiléniniste (à l’époque où nous étions « anti ») nous a tout de suite fait bondir. Les deux questions ont en commun le fait de se situer dans l’ordre d’un « agir », et par là de supposer un libre choix et l’existence d’un espace de liberté (d’« autonomie ») dans lequel exercer cet agir – et cela est déjà si non criticable en soi, du moins à critiquer… Mais ce n’est pas là–dessus que je veux intervenir, c’est sur la différence entre les deux.

      La différence entre le « Que faire ? » et le « Comment faire ? » est de l’ordre de celle qui existe entre le « quoi » et le « comment ». Ce n’est pas un jeu sur les mots. D’abord derrière le quoi il y a bien sur le « qui du quoi », le qui fait quoi, qui n’est pas forcément impliqué directement par le comment – ce qui permet à Simpson de jouer sur les deux registres : « ceux » et « celles » pour le « comment faire » et le prolétariat pour ce qui est des « conditions présentes » (mais aussi la « masse de la population » contrainte de se vendre vs la « minorité qui s’enrichit ») Ensuite, l’autre différence – c’est le plus important : le « Que faire ? » pose implicitement la question du « quoi » et en ce sens il appelle tout de suite la réponse : « rien », il n’y a rien à faire, comme son corollaire, alors que l’on ne peut pas répondre « rien » à la question « comment faire ? » Le comment faire suppose ainsi déjà ce quoi faire en question et se centre sur les modalités d’effectuation de celui–ci, ce qui est moins abstrait et pose nécessairement la question au présent et non au passé ou au futur et c’est pour cela que Simpson doit passer ensuite obligatoirement à la question du « point de départ », c’est–à—dire des « conditions présentes », ce qui est le plus important dans la mesure où la qualification de ces conditions suppose les modalités. mais reste à savoir ce qu’est ce quoi du comment : bien sur, c’est cette « foutue révolution » et, en l’espèce, sa « préparation » ici et maintenant, et parce que ce point de départ est abstrait (pas faux mais trop général : « En tant que communiste nous savons ce qu’est le capital… ») le point d’arrivée l’est également et Simpson tourne en rond : « Ainsi présenté nous n’avons pas avancé d’un pas ». Je suis d’accord. Mais c’est bien la question du « comment faire ? » qui est posée et pas celle du « Que faire ? ». À celle–ci, je suis bien d’accord avec BL, il n’y a qu’une réponse : Rien.

      Dans un message mis en ligne le 25 juin, Simpson posait sa problématique en ces termes : « la réflexion que je trouve pertinente [dans Meeting, N.d.A.] entre la vie au jour le jour et la volonté d’en finir avec ce monde archéologique ; réflexion qui ne peut pas se contenter d’un espoir du grand soir orageux ; sans toutefois tomber dans l’exigence moralisatrice de vivre immédiatement des pratiques révolutionaires qui n’auront de réaliste que leur misérable prétention de former une base d’expérimentation de la survie augmentée. » Il conclut le présent texte par ces mots qui renvoient, dit autrement, à la même dichotomie : « Nous voici donc arrivé dans l’écart où immédiatisme et perspective révolutionnaire cherchent leur point de rencontre et se questionnenet l’un l’autre. De toute évidence, ce questionnment n’a que très peu d’écho, en dehors de Meeting… » C’est très bien vu, sauf que l’absence d’écho existe surtout et avant tout dans Meeting au sein de laquelle les deux tendances cohabitent sans se confronter, et en évitant soigneusement de le faire, au risque de l’implosion… Jouons au jeu du comble : quel est le comble de Meeting ? Réponse : le fait que beaucoup des textes les plus intéressants concernant la question de la communisation ne se trouvent pas dans Meeting ! Ce qui renvoie d’une certaine façon au propos de Denis dans « Ceci pourrait être un éditorial » : « Meeting ne réussira dans son projet que si la communisation est en débat ailleurs que dans Meeting. » Alors, pourquoi en être plutôt que ne pas en être ? That is the question. Rien que parce qu’il permet de poser cette question, le texte de Simpson est important.


      • > Questions préliminaires, jef, 4 juillet 2005

        au ’rien’ en guise de réponse au sempiternel ’que faire’, j’ajouterais volontiers "qu’on ne fasse déjà (ou défasse)".

        c’est un distinguo antibordiguiste, si je puis dire. sinon le rien passe pour de l’attentisme.


      • > Questions préliminaires, Amer Simpson, 4 juillet 2005

        Bien que C.C. est saisi certaines nuances dans mes propos avec ces développements sémentiques - développements auxquels je n’aurais aucunement songés -, d’autres devront être soulignées davantage afin de rendre plus explicite mes propos. De toute évidence, comme vous le constaterez vous mêmes, je ne suis pas exempte de contradictions et de certaines incohérences ; la pensée étant un fluide difficile à coaguler.

        Ce qui est particulier dans la réponse de B.L. et C.C., c’est le reflex instinctif de considérer mon double questionnement comme un choix volontariste, d’où le besoin de travestir mon questionnement en un "que faire" programmatique. À première vue, il semble effectivement aller de soi que je fais le choix de me poser certaines questions, mais là n’est pas du tout le cas. Les problèmes auxquels je cherche des réponses, l’époque suffit à les poser ; de plus, je ne fais pas le choix d’y répondre, mais seulement le choix des réponses. Et ces réponses : c’est l’agir de mon "comment faire" comme dirait l’autre. Bref, je fais ce que tout le monde fait : je cherche comment faire pour répondre adéquatement aux questions que pose actuellement l’époque dans laquelle je suis embarqué.

        C’est en raison de quoi, je ne comprend pas la suffisance d’une réponse aussi vide de contenu que : "il n’y a rien à faire" ; car justement, s’il y a bien une chose qu’il est impossible de faire c’est ce "rien". À moins de sombrer dans un cynisme de bas étage en débattant d’une fin à laquelle on a longtemps perdu l’ombre d’un désir d’y parvenir ; ou que soit par ambition vaniteuse d’en découdre théoriquement sans le moindre soucis des échos que porte nos idées sur le cour des événements ; donc au-delà de ce simple psychologisme humain trop humain, tous et chacun que nous sommes avons une pratique quelconque qui cherche à répondre... et cette pratique couvre l’ensemble des activités qui comprend l’indifférence totale à l’activisme militant le plus aveugle en passant par le débat théorique tel que choisit par les membres de Meeting. En d’autres mots, ce que je cherche à dire avec un peu de difficulté, c’est que malgré votre volonté d’être à l’écart d’un "faire" quelque chose, vous avez choisi de débattre de la pertinence de créer une revue sur la communisation et ça, c’est déjà faire le choix d’une pratique, d’une réponse à la question "comment faire".

        Ceci dit, toutes les pratiques, ou les réponses, ne s’équivalent pas. Premièrement, étant donné que les questions sont dans les conditions présentes, c’est d’elles qu’il faut partir, de leurs analyse, critique et compréhension. Sans quoi, les pratiques font l’économie des conditions matérielles qui les déterminent et par conséquent, de leur dynamique, de leurs limites et du dépassement que produisent par nécessité ces dernières.

        Deuxièmement, puisque nous avons quand même fait le choix de considérer la révolution communiste comme la réponse adéquate aux contradictions de notre époque, nous prenons l’engagement d’agir en conséquent et donc de saisir le lien qui permet d’explorer des perspectives entre l’ici et maintenant et l’objectif visé. Sans quoi, tout devient vain, les rapports sociaux sont ramenés à de pures forces objectives qui agissent de façons autonome et les individus que nous sommes à de ridicules pantins de l’Histoire sans désir ni conscience ; s’il est exacte de dire que la conscience tout comme l’activité des prolétaires est subsumé par le Capital et que c’est au travers lui que se médie la crise sociale, il est tout aussi exacte de dire que c’est l’activité des prolétaires qui produit le dépassement du capitalisme par la communisation et donc que l’objectivité du Capital n’est pas la seule dynamique des conditions présentes ; bref, nous ne choississons pas notre époque ni ses contradictions, mais nous choississons notre façons d’agir dans cette époque avec tout ce que cela comporte de déterminations.

        Troisièmement, ne pouvant séparer les conditions présentes de l’objectif visé, il est donc absurde de se cantonner à un programme quelconque qu’il soit par étapes ou immédiattement applicable. La nécessaire crise de reproduction des classes impliquant un saut qualitatif qui implique à son tour une négation des classes interdit de construire à l’intérieur du capitalisme des germes de communisme et donc, toutes formes de transcroissance des luttes. Toutefois, cela n’empêche aucunement de chercher des réponses, car la pratique aussi théorique qu’elle soit n’est jamais vaine, puisqu’elle participe au développement des conditions présentes en tant qu’activité de la crise ; elle n’est donc pas un germe en puissance mais le mouvement même de la crise que porte en elle la lutte de classe.

        J’espère avoir permit d’éclaircir certains points fort obscure de mon texte.

        Amer Simpson


        • > Questions préliminaires, Patlotch, 5 juillet 2005

          Je n’ai effectivement pas bien compris pourquoi le texte d’Amer Simpson avait pu être lu comme posant la question du "Que faire ?" Il me semble que la plupart ici s’accordent à considérer que le problème, c’est que cette question n’est pas la leur (... la nôtre) : ici encore le problème n’est-il pas dans la question ? C’est sans doute dommage de canaliser la discussion en y entrant par autre chose que la batterie de concepts ou de thèses qui sont partagées par le collectif, et précisément quand il s’agit de mettre les points sur le i de ce que nous sommes, de ce que nous nous proposons de faire.

          Ce que j’ai cru comprendre (où j’essaye de discerner ce qui serait, qu’on le veuille ou non pour ne pas jouer sur les mots, un "Que faire ?" au sein du courant communisateur :

          S’il y un "Que faire ?", il n’est pas pour nous celui de la praxis* (de la lutte de classe) qu’on ne choisit pas, ni même celui de tout le courant communisateur, puisque ni nous (ni personne) ne saurions le représenter : c’est néanmoins modestement et patiemment le "Que faire ?" de ceux qui font "Meeting", matériellement en tant que Revue certes, mais surtout comme miroir le plus pertinent possible, lieu de rencontres et d’échanges dans le courant communisateur, et de plus en plus si possible, dans les luttes.

          * Si la praxis est la contradiction en mouvement, dont l’activité des deux pôles, des deux classes antagonistes, répond à la règle du jeu du toujours plus fort (jusqu’à la révolution, cad à la communisation comme ensemble de mesures communistes de destruction de cette règle du capital et des pôles qui le définissent), alors on n’a pas le choix d’agir en tant que sujet autonome structurant le pôle "classe des prolétaires" contre le capital, et moins encore par l’autonomie de la théorie, "en tant que théoricien". Autrement dit : parce qu’on ne choisit pas les termes ni le rythme de la lutte de classes, tant qu’on n’en produit pas le dépassement, on ne peut qu’y agir pour le meilleur, pour déborder ses limites, et se confronter aux échecs de façon critique, analytique, théorique et pratique (entre autres, pour ceux qui le sont, "en théoricien") : ceci ne saurait être l’affaire d’un courant. Par voie de conséquence, on a encore moins le choix, sauf à se contredire, à se trahir (retour du refoulé objectiviste ?), d’agir "en tant que théoricien" dans les luttes : quoi ? l’avant garde du courant communisateur comme sujet politique ?!?

          En ce sens je partage cette affirmation :

          Le "Comment faire" devient alors : Comment avoir une participation productive ? la participation étant un donné. A cette question la réponse qui me vient c’est qu’il faut discuter plus, il faut faire plus de réunions de participants, réunions préparées de discussions de fond et pas seulement de rédaction.

          La communisation va se répandre comme concept, il nous faut être en mesure de nous opposer aux dérives réformistes de tous types qu’il va encore plus connaître, cette opposition risque fort d’être une activité qui nous sera imposée. Seule la présence dans les luttes ou leur soutien attentif donne la capacité de développer la communisation comme révolution des prolétaires...

          Il y a bien un ensemble de tâches qui constituent le "Que faire et comment ? " de Meeting, imposées par la situation dans laquelle nous somme embarqués dans une position singulière (celle du courant communisateur), les choix que nous faisons, les moyens que nous nous donnons, sauf à renvoyer le contenu de la Revue ou les prises de positions dans les luttes de ceux qui s’y reconnaissent, à une posture "en tant que théoricien" (au demeurant de divers calibres ;-)...

          Du blé à moudre en sachant que le "Que faire ?" de Meeting n’est pas celui de la classe ou du courant communisateur ... ensemble de tâches que personne ne voudrait appeler "propagande", "communication", ou "pédagogie"... Pour autant, est-il nécessaire d’en rajouter aux états d’âmes pour s’éviter le pire objectivisme de « la conscience apportée de l’extérieur à la classe », du « studieren, organisieren, propagandieren », car il s’agit bien aussi d’un travail d’élaboration, de diffusion, de présentation, de clarification, d’écoutes, de réponses, de polémiques... et d’organisation... pour creuser l’écart ?

          Patlotch, 5 juillet



  • > Questions préliminaires, antyphon d’abder, 2 juillet 2005

    Cher tous,

    Je decouvre votre site et vos activitées cyber. J’ignore encore comment vous faites , à partir de quoi avec quels moyens . si je prends la parole et viens me manifester à vous , c’est essentiellement dans le but de trouver des solidarité matérielles et affectives , un espace et des gens , pour sortir de l’enclos qui nous tient si souvent séparé, trouver quelqu’un à qui parler où il soit possible de laisser être cette reconnaissance , dont on ignore quel démon lui empêche de venir au jour. Je suis naturellement ouvert à la correspondance . mon mail figure à la fin de mes propos qui s’organises en une suite de remarques .

    1

    il est un texte édité par mutine sédition, intitulé la contre révolution négriste en france , (disponible sur infokiosques.net,ou http://mutineseditions.free.fr/negr... )qui se présente comme une attaque en rêgle du négrisme , et une mine d’information sur ce qui apparait comme une stratégie de contre feux de la part des adèptes de la multitudes , si bien quelle semble incarner cette nouvelle gauche , en mesure par ces positions comme le revenu d’existence inconditionnelle au salariat , de garantir , en bon néokénésianiste , l’ordre social pour ces 50 prochaines années . cette critique part d’une position qui peut être aussi celle de "l’appel"(texte largement diffusé dans le milieu libertaire bordelais) , et qui consiste à rompre radicalement avec la gauche (extrême) institutionnelle et toute forme de parlementarisme , pour ne voir le salut que dans les pratiques insurrectionnelles tel que le squat , l’autonomie politique et des aventure qui rompt avec la pratique de la politique classique (réunion éléction manifestation ), pour s’adonner pleinement au jeux des rencontre , des affiliation et des affrontement entre des mondes et des subjectivités rebels et définitivement irrécupérables . la position est difficile à résumer en quelques mots , c’est d’ailleurs plus un pari qu’une véritable position , celui de la possibilité de construire un mouvement révolutionnaire victorieux , une stratégie du refus des compromis douteux . mais il est vrai qu’a l’heure de la création d’une nouvelle forme d’esclavage moderne ( revenu minimum d’activité ) et du retour à la pire des sauvagerie pour faire travailler les pauvres , l’opposition au revenu d’existence ( type un smig pour tous de la majorité à la mort , en contrepartie d’une activité d’intérêt public de nature à régénérer le tissu social ) semble difficilement concevable, voir réactionnaire , mais on la comprend tellement aussi en voyant ce brave yann moulier boutang (au comité de rédaction de la revue multitude ) appeler au nom des vert et pour des stratégie electoraliste à dire trois fois oui à la constitution européenne . le débat est loin d’être clos.

    Si ces deux stratégies (révolutionaire et parlementaire ) ont tendance en France à s’opposer et même à se combattre (cf l’histoire de la mouvance autonome française ) on peut aussi , et ce fut le cas en Allemagne , les considérer comme complémentaires. De plus il y a une vielle tradition ( il serait d’ailleurs intéressant de voir ce qui la détermine ) qui consiste à dire que plus les conditions de vies faites aux hommes sont insupportables , plus le mouvement révolutionnaire à de chance de ce développer . or , on remarque que la crise des 20 dernières années profite plus à l’ extrème droite , maintenant 3ème parti de France , qu’aux partis de gauches . les politiques libérales(comme mouvement actif d’anéantissement ) , menées pendant plus de 20 ans semblent avoir conduit plus à l’enfoncement des gens dans leur trous noirs. Enfoncement qui ne laisse présager aucun retour. Même en voulant garder une perspective révolutionnaire globale , dont l’espoir est rendu possible par l’existence de quelques noyaux de résistance et de radicalité sur lesquels la pression du monde dominant est toujours plus grande, on est quand même forcé d’admettre la nécessité de passé par une reconstruction même partielle, de nos société . pour prendre l’exemple du revenu d’existence , on aurait envie de dire que si la société n’en passe pas par là (et par une relocalisation de l’économie , un retour a une démocratie de face à face ), elle ne passera nul part. et c’est déjà mieux que rien , ou pire le RMA . on peut-être révolutionnaire , sur du court terme avec les négristes tout en s’en distinguant , sans pour autant être un terroriste .

    2

    la question du comment faire , me rappelle un texte de tiqqun du même nom. La solution proposées était simple : une apologie de la présence à l’autre , pour refonder le rapport intersubjectif, à savoir crever l’écran de la présence pour laisser advenir l’évènement dans toute son anormalité , sa demande . si la création de colonies expansives de squatt , de ferme autogérée , de radios libres, … serait de nature à pouvoir changer nos vies , je ne crois pas qu’elle soit de nature à générer une réelle bascule collective vers un autre horizon que celui, semble t’il indépassable, de ce capitalisme financier à courte vue et de cet idéal ascétique qui rend les comportement et les rencontres si agressives , si pénible. On se demande d’ailleurs sur quel sol pourrais s’appuyer une telle bascule . j’ai longtemps cru qu’il était possible dans notre pays , et plus particulèrement dans ma région ( l’aquitaine), de s’appuyer sur les marges et les minorités actives , qui à mes yeux demeuraient encore vivace dans les grands centre urbains. Si la société dans son ensemble ne pouvait laisser advenir sur les ruines de son enferment et de son asceptie qu’un désert , j’ai le sentiment non sans raison que ce qui vivait encore , vivait contre cette société , à sa marge . ma stratégie était la suivante constituer une sorte de loboratoire écosophique (cf guattari) , où aurais pu se créer un petit groupe de gens gagnés à la critique ( en particulier la pensée d’une écologie mentale et sociale ) et qui se lancerait dans l’exploration et la cartographie de la marge urbaine : lieux « alternatif » collectifs militants, d’artistes ,…. Il s’agissait de tout recenser et d’assurer par la création de médiations de passerelles via divers dispositif( université populaire , centre de ressource , projet-débat, revue, festival …) la contagions des attitudes et des savoirs qui aurait pu être dégagé par la constitution de ce groupe sujet ( sorte d’équipe de recherche élargit ) . contagions qui se serait faite concentriquement par cadre sucessif , de proche en proche et pour finalement rayonner vers des territoires moins bien lotis comme la campagne sous la forme de services au collectivités térritoriales de type coopératives municipalisé. C’est-à-dire par la création d’institution locales (comme l’envisage jean zin sur son site ) qui soit de nature à regenerer du lien et une dynamique sociale au niveau des différents térritoires . l’activité locale s’inscrivant à chaque fois dans des réseaux alternatifs de plus en plus larges . le projet était ambitieux . j’avais prévu d’y passer au moins 10 ans de ma vie. Or au bout de 2 ans d’activité , je constate qu’un certain nombre de dispositifs politique nouveaux viennent fragiliser l’émergence des « réseaux alternatif »sur bordeaux : la loi sur la sécurité intérieur de se brave sarkozy, empêche le mouvement squat ( déjà moribond à bordeaux ) de se développer, criminalise des usagers de droques ( un ami à pris 2 mois de taule pour s’être fait prendre dans la rue avec un joint) . le spéculation immobiliaire sur tous les qartier populaires de bordeaux contraint les populations les plus pauvres à quitter la ville ( beaucoup des gens que je fréquente ont des problèmes de logements , si bien que les réseaux militant ( athénnée libertaire ) ne travaillent plus que sur la question du précariat et du logement. Enfin une réforme toute récente qui attribut au conseil généraux la gestion du RMI , débouche sur une véritable guerre au pauvres , un racisme d’une sauvagerie sans précédant, avec une intensification du contrôle sur les projet et les choix indivuduelles . voilà trois mesures récentes qui tendent vraiment à enfoncer les gens dans leur trous et à démanteler lentement mais surement la marge bordelaise ( où ce qui l’en restait).

    Bref vous comprendrez j’espère que sur bordeaux et l’aquitaine ( si j’habitait à toulouse où paris j’aurais peut-être fait un constat différent), il n’y à plus rien à espérer , sauf de façon épiphénoménale et éphémère, sur la possible arrivé d’une quelconque révolution. Je crois personnellement que le temps et venue de rassembler le peu de forces qu’il nous reste pour imposer une reconstruction même partielle de nos société ( revendication de revenu, de logement de nourriture physique et spirituelle, doublée d’une volonté de revenir à une démocratie de face à face , partout où l’occasion pourra en être prise, pour régénérer le lien social ).

    [email protected]



  • > Quelque chose de l’ordre de l’évidence, R.S., 21 juillet 2005

    Le texte est ici


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